L’ECONOMIE INFORMELLE, UN FREIN A L’INDUSTRIALISATION

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Pourquoi l’industrie et que signifie économie informelle ?

Dans le contexte actuel où il est de plus en plus question de conquête du marché international, l’industrie est essentielle pour l’a venir de Madagascar (Section 1), mais le pays, tout comme la plupart des pays du Tiers Monde, est confronté au problème lié à l’informalité (Section 2).

L’industrie

Le rôle essentiel de l’industrie dans le développement économique et social

L’industrie est l’ensemble des activités économiques ayant pour objet l’exploitation des richesses minérales et des diverses sources d’énergie ainsi que la transformation des matières 1 premières (animales, végétales ou minérales) en produits fabriqués.
Les activités industrielles rassemblent donc les activités dont la finalité est, à partir d’une ou de plusieurs matières premières ou produits semi-finis, de fabriquer des produits de nature différente, en grand nombre ou en quantité mportante,i à l’aide de moyens techniques, dans une structure particulière : l’usine.
Du point de vue sectoriel, ces activités sont regroupées dans le très vaste secteur secondaire. Les activités figurant dans le secteur secondaire sont les industries extractives, le bâtiment et les travaux publics, la production d’ea u et d’électricité ainsi que les industries manufacturières. Ce sont toutes des activités à forte valeur ajoutée et d’intensité capitalistique importante.
Tout ce que nous utilisons au quotidien a été produit, pour la plus grande partie, par des industries dont nous sommes les clients : le lit et les draps dans lesquels nous dormons, les bureaux et fournitures scolaires avec lesquels nous travaillons, les livres, téléviseurs, les installations dans lesquels nous pratiquons nos sports favoris, etc.
De fait, nous ne saurions pas produire seuls ces objets, ou en tout cas pas à un prix raisonnable. Même un simple briquet, rares sont ceux qui seraient capables d’en fabriquer tout seul, et s’ils y arrivaient, il leur reviendrait très cher. Combien de personnes mangeraient des yaourts si, pour cela, elles étaient obligées d’élever leurs propres vaches ? Combien de chance les malades auraient-ils de guérir s’ils devaient fabriquer eux-mêmes leurs médicaments ?
Sans usine, Madagascar se trouverait dans un état quasi primitif, un état où l’économie repose en grande partie sur l’agriculture et le tourisme. Cette spécialisation dans des activités à faible valeur ajoutée ne contribue pas à l’amélioration du bien-être de la population et accroît la dépendance vis-à-vis de l’extérieur. En effet, si les biens industriels ne sont pas produits dans le territoire national, ils doivent être achetés à l’étranger (les médicaments par exemple). Une telle situation appauvrirait Madagascar et fragiliserait sa position dans le commerce international.
D’une manière générale, l’industrie demeure un desprincipaux moteurs de l’activité économique en termes de valeur ajoutée, d’emploi stable, et d’amélioration du bien-être dans la fourniture de biens à prix compétitif.
La dynamique industrielle implique soit la création d’entreprises industrielles, soit la modification de la taille des PME (Petites et Moyennes Entreprises) à caractère industrielles. Parallèlement à la création pure d’industries, il y a aussi le cas des reprises (totales ou partielles) de l’activité d’une autre unité de production, ainsi que les réactivations c’est-à-dire la reprise de l’activité d’une entreprise l’ayant auparavant cessé.
Dans tous les cas, elle nécessite la mise en place d’un socle technique, d’outils et d’une méthodologie bien définie. Dans l’aménagement de nouvelles unités industrielles par exemple, l’État y joue un très grand rôle. Il est l’unique i nstitution capable de garantir la sécurité, de mettre en œuvre une politique industrielle (aide fi scale, allègement des droits de douane, politique de recherche, etc.), faire régner la justice et l’équité sociale, depallier aux défaillances du marché,etc. Bref, instaurer un climat propice au développement du secteur privé, notamment l’industrie.
Ce processus n’est pas seulement à la charge de l’É tat, les entrepreneurs et travailleurs y trouvent également leur responsabilité. La continuité de l’activité ainsi que son développement
à long terme implique le savoir-faire des entrepren eurs, la compétence des travailleurs et l’existence d’une accumulation efficiente du capita l. C’est la combinaison de ces trois conditions qui fait le dynamisme d’une industrialisation.
En effet, selon la mobilisation du capital accumulé, il existe deux types de croissance : la croissance interne et la croissance externe. La première se fait par augmentation des moyens propres à l’entreprise (travail, capital, progrès t echnique, etc.) alors que la seconde consiste plutôt à des prises de participations ou de contrôl e visant une autre entreprise déjà existante (absorption, fusion, filialisation, etc.) ou à une création d’une entreprise similaire (sans changement technique).
Au niveau macroéconomique, les effets des deux modalités d’extension de la taille des entreprises sont différents. En effet, la croissance interne augmente le stock de capital et le niveau d’emploi tandis que la croissance externe, même si elle est dans une certaine mesure, une source d’emploi, est davantage faite pour augmenter la part de marché ou répondre aux besoins du marché.
Notons l’importance de la croissance intensive dans le processus d’industrialisation puisqu’elle sous-entend l’existence d’un progrès technique. Une accumulation de capital, pour qu’elle soit efficiente, doit être accompagnée d’unprogrès technique.
Un progrès technique se définit comme la mise en aplication de découvertes et de connaissances nouvelles qui génère des innovations organisationnelles ou technologiques améliorant le processus de production ou les produits eux-mêmes [Bruno A., 2005, p.356].
Il s’exprime en termes de satisfaction et de coût. Soit, à un moment ou au cours d’une période, un niveau de satisfactions et de coûts. À ce propos François Péroux a dit « à un moment ou au cours d’une période ultérieure nous pourrons dire qu’il y a progrès si nous constatons une plus grande satisfaction à coût égal, une égale satisfaction à moindre coût, ou une plus grande satisfaction à moindre coût » [Péroux F., 1960]. Ces propositions sont exactes pour un individu ou pour un groupe d’individus ; elles le sont, que les satisfactions et les coûts soient exprimés en termes réels ou en termes monétaires.
Pour un groupe quelconque, une nation par exemple, le progrès technique se manifeste par une plus grande quantité de biens et services obtenus à coût de travail égal ou par une quantité égale de biens et de services obtenus à moindre coût de travail, ou par une plus grande quantité de biens et services à coût de travail moindre. Ce produit, signe du progrès économique, engendrera un bien-être d’autant plus randg que si les revenus sont également répartis.
En général, on peut définir le progrès technique mmeco tout phénomène permettant l’obtention d’un niveau de production plus élevé sans que le volume des facteurs de production utilisés ait été modifié. Il se manifestsoit par une hausse de la productivité (une heure de travail apporte beaucoup plus de produits), soit par une hausse du revenu.
Les formes du progrès technique sont très diverses,mais il agit soit en élevant la productivité du travail, soit en augmentant celle des machines (capital). 6
Ainsi, l’introduction des machines de plus en plus performantes permet d’accroître, pour un nombre de travailleurs et heures de travail inchangés, une plus grande quantité de produits. De même, une meilleure organisation du travail (standardisation, travail à la chaîne, etc.) augmente également la production à capital égal.
Dans la réalité, pour une quantité donnée et une mbinaisonco constante et donnée des autres facteurs de la production, pour une demande constante et donnée elle aussi, si le capital utilisé augmente, la courbe de sa productivité, après avoir passé par un maximum, décline. Ce phénomène est connu sous le nom du rendement marginal décroissant du capital.
Aussi, faut-il que, pour que l’accumulation conserve sa fécondité, elle se combine à l’innovation (derrière l’innovation, il y a le savoir-faire des entrepreneurs et la compétence des travailleurs). Pour une demande donnée, elle modifie la combinaison des facteurs de la production soit que, dans une technique déterminée et constante, elle fasse naître des occasions favorables sur le marché, soit qu’elle modifie la technique de la production ou de la vente.
Ainsi, se référant à l’analyse marxienne de l’investissement dans son Essai sur les Classes Sociales de 1927, Schumpeter [Schumpeter, 1972, cité par Arena Richard et Festré Agnès, 2002, p. 650] écrit : « Il est évident que la plus-value ne s’investit pas toute seule, mais qu’il faut que quelqu’un prenne une décision d’investissement, ce qui signifie d’abord que le capitaliste ne doit pas l’utiliser à des dépenses de consommation et ensuite, ce qui est essentiel, qu’il doit l’investir à bon escient.
Ces deux exigences nous font sortir du schéma de l’automatisme anonyme et ramènent au comportement du capitaliste et aux motifs qui le poussent ; il nous faut donc revenir de la force sociale à l’individualité – qu’il s’agisse de l’individu ou de la famille – et de l’objectif au subjectif (…)
La logique sociale ou la situation objective, si l’on n’y inclut pas les dispositions des individus ne détermine pas de façon univoque quelle proportion des bénéfices sera investie ni de quelle 7
façon ; dans l’hypothèse inverse, la « logique soci ale » n’est plus déductible du système en tant qu’il est séparé entièrement de la personnalité et des attitudes de l’industrie »

Qu’est-ce que l’économie informelle ?

Définitions de l’économie informelle

Le mot définitions est expressément mis au pluriel,car l’économie informelle admet plusieurs définitions compte tenu de sa forte hétérogénéité. Elle désigne des réalités très diverses (gargote, atelier de réparation, salon de coiffure, commerce de rue, etc.). Il y a ceux qui la définissent à partir du caractère délictueuxet illégal de l’activité, le non-enregistrement à l’administration fiscale ou statistique ou comme un secteur qui fait la transition entre le secteur moderne et traditionnel, etc. La première composante de l’économie informelle est axée sur le ménage ou plus exactement, sur la nature du revenu familial. Devant la pauvreté grandissante dans le milieu urbain, les ménages ne tirent plus leurs revenus uniquement du secteur formel, mais ils cherchent aussi à saisir l’opportunité que leur offre le secteur informel.
Parmi les critères permettant de définir le secteurinformel, sera retenu dans notre analyse le non-enregistrement administratif, tout particulièrement la non-inscription dans le registre de la statistique (N°STAT). En effet, la d étention d’un tel registre est nécessaire pour les autres enregistrements administratifs (identification fiscale, Sécurité Sociale, OSTIE).
D’ailleurs, les enquêtes effectuées par l’INSTAT montrent que 90 % des entreprises informelles ne disposent pas de ce numéro. Nous désignerons également par la suite les établissements informels par Unité de Production Informelle ou UPI dans la mesure où la plupart d’entre eux ne disposent pas de véritable ocal.

Des difficultés dans le repérage du secteur informel

Actuellement, la juxtaposition des deux mots secteur2 et informel suscite encore beaucoup de débats que certains préfèrent user duermet économie informelle. Avant tout, pourquoi l’attribution d’un nom à ce phénomène pose-t-elle tant de problèmes ? Quel est l’intérêt de cette dénomination ?
Le mot qui pose le plus problème est le mot secteur. Statistiquement parlant, un secteur regroupe des types d’entreprises similaires qui, par leurs objectifs, leurs fonctions et leur comportement, présentent certaines caractéristiquescommunes. Ce qui en résulte n’est pas nécessairement un groupe homogène d’entreprises. Ilpeut être utile, aux fins d’analyse et d’élaboration des politiques, de subdiviser ce secteur en secteurs plus homogènes [BIT, 2002, p.142].
S’il est possible de séparer totalement le formel de l’informel, un gouvernement peut agir directement ou mettre en œuvre une politique ciblée sur l’un des deux secteurs. C’est là l’intérêt du découpage sectoriel. Nous pouvons mettre en évidence l’utilité d’une organisation sectorielle dans le fameux secteur d’activité élaboré par Colin CLARK et Jean FOURASTIE. Selon eux, les activités peuvent être réparties entrois secteurs :
• Le secteur primaire qui regroupe les activités productrices de matières premières telles que l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’exploitation des forêts ;
• Le secteur secondaire rassemblant les activités tournées vers la transformation des matières premières issues du secteur primaire (industrie manufacturière, bâtiments et travaux publics, l’énergie électrique,etc.) ;
• Le secteur tertiaire concentre les activités productrices de services (banque, commerce, transport, tourisme, hôtellerie, etc.).
Plus tard, vient s’ajouter un quatrième secteur : le secteur quaternaire qui inclut les technologies de pointe et les nouvelles technologies de l’information et de la communication, mais nous ne nous attarderons pas dans les détails concernant les secteurs d’activité. Ce qui nous intéresse c’est que chaque secteur a ses propres particularités qui permettent d’identifier l’appartenance de toutes les entreprises formelles, cela dans le but de former un ensemble homogène. Ainsi, il est possible d’élaborer une politique spécifique à chaque secteur comme une politique industrielle pour le secteur secondaire, une politique agricole pour le secteur primaire.
Ce même procédé est souhaitable pour le cas des activités formelles et informelles. Mais, il semble que cette intention soit tout de suite vouée à l’échec. Intuitivement, il paraît évident que si on peut définir un secteur formel, ce qui n’y est pas inclus constitue un secteur informel. Cette intuition est fort commune, et peu de gens la remettent en question. Pourtant, elle n’est pas justifiée.
Le découpage sectoriel est impossible pour deux raisons :
1- Il est impossible de séparer les activités formelles des activités informelles : nous appuierons cette hypothèse dans le cas des sous-traitances. Il existe en effet de grandes firmes qui sous-traitent une partie de sa production à des microentreprises non déclarées. Ces dernières, à son tour, peuvent sous-traiter à des p etits ateliers non déclarés. Pour les firmes donneuses d’ordre, voici les arguments en faveur de la sous-traitance1 :
• Elle évite de faire des investissements spécifiques, quand les quantités à produire sont faibles ;
• Elle évite des coûts d’embauche et de licenciement en période d’incertitude conjoncturelle élevée;
• Elle évite à la firme d’atteindre une taille trop grande, qui impliquerait un risque de perte du contrôle par la famille propriétaire ;
• Elle permet d’éviter le franchissement de « seuils » en matière d’application du droit social (nécessité d’admettre les syndicats principalement) ;
• Elle permet d’éviter les conflits du travail ;
• Le contrôle de la qualité est plus aisé.
Par ailleurs, au sein même d’une entreprise formell (c.-à-d. entreprise déclarée) il existe souvent des travailleurs dont les rémunérations nesont pas soumises à des charges sociales.
Et, à l’inverse (contre toute attente), il est fréquent que la législation soit partiellement respectée dans les microentreprises non enregistrée. Nous pouvons aussi constater que la plupart des commerçants de rue paient des taxes sou s la forme de patente alors qu’ils ne sont pas déclarés à l’administration. De même, tous lesdomestiques, souvent inconscients, paient des impôts (TVA) à l’État quand ils effectuent des achats.
Ainsi, dans la réalité, rares sont les entreprises qui sont totalement formelles ou informelles.
À ce propos, Bruno Lautier 1 [Lautier, 1994, p. 43] a dit : « On appellera économie informelle l’ensemble des activités à dominante informelle (étant entendu qu’elles regroupent des pratiques informelles et des pratiques formelles)».
2- Il est impossible de séparer les actifs formels des actifs informels. Il est fréquent par exemple de trouver des fonctionnaires ou des salariés qui travaillent toute la semaine dans le secteur formel, mais qui cherchent un revenu supplémentaire dans l’économie informelle durant le week-end (par exemple en vendant des friperies, en conduisant un taxi, en s’occupant d’un salon de coiffure ou d’une petite gargote, etc.). Leurs revenus proviennent alors du secteur formel et du secteur informel.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : L’ECONOMIE INFORMELLE, UN FREIN A L’INDUSTRIALISATION
Chapitre 1 : Pourquoi l’industrie et que signifie économie informelle ?
Section 1 : L’industrie
Section 2 : Qu’est-ce que l’économie informelle ?
Chapitre 2 : L’absence de progrès technique dans l’économie informelle
Section 1 : Les activités informelles comme activité de survie
Section 2 : Les obligations familiales
Section 3 : Les risques liés à l’extension de l’activité
Chapitre 3 : La domination des activités du secteur tertiaire et une main-d’oeuvre faiblement qualifiée
Section 1 : La domination des « commerces de détail » et des activités de service
Section 2 : Une main-d’oeuvre faiblement qualifiée
Chapitre 4 : La difficulté d’accéder aux crédits
Section 1 : Sources de financement de l’économie informelle
Section 2 : Les contraintes à l’accès au financement externe
Chapitre 5 : Des manques à gagner en matière fiscale et l’étroitesse du marché
Section 1 : Un manque à gagner pour l’État
Section 2 : Une faible demande adressée à l’économie informelle
PARTIE II : LES FACTEURS DE PROLIFÉRATION DE L’INFORMALITÉ
Chapitre 1 : La qualité et le coût de l’enseignement
Section 1 : L’inadéquation de l’enseignement post-primaire aux besoins du marché du travail
Section 2 : Le coût de l’enseignement
Chapitre 2 : Le climat des affaires
Section 1 : L’excès de réglementation
Section 2 : L’instabilité politique
Section 3 : Le coût et la qualité de l’électricité
Chapitre 3 : La passivité de l’Etat
Section 1 : Politique de l’emploi d’inspiration keynésienne
Section 2 : Le choix politique de libéralisation
Section 3 : Le contrôle du flux migratoire rural-urbain
CONCLUSION
Bibliographie
Annexe

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