L’environnement: un facteur de développement régional

LA NOTION DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL 

La notion de développement régional a fait l’objet de nombreuses définitions. Pour souligner des situations de progrès économique , plusieurs auteurs utilisent indifféremment les termes croissance et développement. Certains y apportent toutefois une distinction fondamentale .

Selon Futado , le concept de croissance exprime l’accroissement de la production réelle dans le cadre d’un sous-ensemble, c’est-à-dire d’un secteur productif.  Ainsi, l’idée de croissance s’applique pour décrire l’évolution d’une entreprise ou d’un secteur de production. Appliqué en particulier à l’ activité minière, l’accroissement observé dans ce secteur se traduirait par une croissance économique.

Quant à François Perroux, il définit le développement comme « la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global. »  Cette définition inclut les facteurs sociaux, économiques, politiques et culturels d’une société. Ainsi, le développement implique un changement de structure à l’intérieur d’une société. Par conséquent, un facteur de développement aura des répercussions sur l’ensemble de la structure de cette société.

Le concept de développement contient donc l’idée de croissance. La croissance est davantage un phénomène observable à court terme. Le développement, d’autre part, est la manifestation des effets d’entraînement à long terme de la croissance.

Les premières expériences de développement régional au Québec remontent à l’époque de la révolution tranquille. Au cours des années 60, alors que l’État s’immisçait dans tous les secteurs de la vie économique, la notion de croissance était souvent assimilée à celle de développement. La croissance correspondant à l’augmentation de l’activité économique dans un secteur donné, cette conception s’est traduite en faveur des régions qui affichaient le meilleur potentiel de développement. Le développement de Montréal et celui des secteurs les plus prometteurs et les plus productifs de l’ économie du Québec ont cons ti tué les principaux objectifs en matière de politique de développement régional.   Dans un tel contexte, les régions moins favorisées étaient laissées pour compte.

Au début des années so, l’affirmation progressive des régions et la crise budgétaire de l’ État provoquée par la récession économique ont vite fait d’introduire la notion de développement endogène.  La promotion d’un nouveau partenariat entre le gouvernement provincial et les populations régionales s’est concrétisé par l’institution des sommets économiques. Cette étape de l’évolution a amené les intervenants régionaux à associer aux préoccupations d’ordre économique, les préoccupations sociales et culturelles dans un concept de développement élargi. Dans ce contexte renouvelé, la région était appelée à assumer une part plus importante de responsabilités dans son propre développement.

Aujourd’hui, avec l’aboutissement d’une prise de conscience collective face aux problèmes environnementaux engendrés par la pollution et l’épuisement des ressources, une nouvelle notion est apparue comme devant englober toutes les autres, celle de développement durable. Dans un contexte global, le développement durable est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs  » ,   Le développement régional se place de ce point de vue dans une perspective à long terme et ouvre le débat sur les relations entre la croissance économi que et l’environnement.

Ainsi, progressivement en l’ espace de trois décennies, la région est passée de la notion de développement égale réduction des disparités par la croissance économique à celle de développement durable. Cette dernière notion intègre à la fois les idées d’environnement et des perspectives de développement social et culturel, et non seulement de développement économique.

Le concept moderne de développement régional, auquel nous intégrons la dimension environnementale, a été traduit en un modèle par un économiste et chercheur, Paul Prévost. Cet auteur fait reposer la société régionale sur cinq soussystèmes d’activités: socio-économiques, spatio-démographiques, financières, décisionnelles et socio-culturelles.

Les relations en cause dans ce modèle font qu’ « une activité économique orientée vers le développement sera celle qui optimise le couplage de l’ ensemble des sous-systèmes composant le système régional.  » Cette recherche étant spécifique au sous-système d’activités socio-économiques dans une perspective de développement durable, nous limiterons succinctement notre analyse aux relations qu’entretient ce sous-système d’activités avec les autres sous-systèmes. Les explications quant à la nature de ces relations sont données à la suite.

Les liaisons entre le sous-système d’activités spatiodémographiques et le sous système d’activités socioéconomiques s’exercent au ni veau du marché des biens et services, au ni veau du marché des facteurs de production (matière première, capital, main d’oeuvre) et au ni veau structurel par la création d’externalités* économiques. Au niveau des facteurs de production et par conséquent des biens, les entreprises ne seront pas sans être affectées par les limites écologiques imposées à la croissance industrielle. Ces limites se rapportent aux conditions suivantes: danger d’épuisement prématuré de ressources non-renouvelables; des pénuries énergétiques; des coûts d’extraction croissants pour plusieurs ressources primaires; les dangers de pollution et de menaces à l’équilibre de l’écosystème.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I: L’ENVIRONNEMENT: UN FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
1.1 La notion de développement régional
1.2 La structure régionale de production
1.3 L’environnement et le développement industriel
1.4 Le développement industriel de l’Abitibi -Témiscamingue
CHAPITRE II: L’ÉTAT DE LA SITUATION ENVIRONNEMENTALE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
2.1 Le cadre d’analyse
2 .1.1 Le concept de développement durable
2 .1. 2 Le concept de filière de production
2.2 La filière de production du bois
2.3 La filière de production des pâtes et papiers
2.4 La filière de production minérale
2.5 La filière de production du cuivre
CHAPITRE III: LA DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
CHAPITRE IV: LE POTENTIEL RÉGIONAL DE DÉVELOPPEMENT ISSU DE LA VALORISATION DES DÉCHETS INDUSTRIELS
4.1 Les ressources renouvelables
4.2 Les ressources non-renouvelables
4.3 La récupération et recyclage
L’utilisation des sous-produits de l’industrie forestière
La filière de production d’énergie
La filière de production de matériaux composites
La filière de production horticole
L’utilisation des sous-produits de l’industrie minière
La filière de production d’éléments de construction
La filière de production chimique
CHAPITRE V: L’IMPACT DE LA VALORISATION DES DÉCHETS INDUSTRIELS SUR LA STRUCTURE RÉGIONALE DE PRODUCTION INDUSTRIELLE
5.1 L’industrie forestière
5.2 L’industrie minière
5.3 La structure régionale de production industrielle
5.4 Le prolongement des filières de production existantes
5.4.1 L’élargissement d’une filière de production
5.4.2 La spécialisation d’une filière de production
5.5 La constitution de nouvelles filières de production
CONCLUSION

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