Les démarches de conception

Les démarches de conception

Malgré les efforts importants de formalisation, d’organisation et de structuration de l’activité de conception, les méthodes et outils utilisés par les bureaux d’études présentent d’importantes lacunes. Ainsi, plusieurs démarches de conception ont été proposées dans le but de combler ces déficiences. L’objectif de ce paragraphe est donc d’identifier celles qui couvrent le plus large spectre par rapport à l’activité de conception et à la problématique de cette étude. Pour cela, elles sont décrites à travers leurs principales caractéristiques puis une synthèse en présente les apports et les limites. Les démarches de conception suivantes sont abordées : la conception systématique, Axiomatic Design, la conception intégrée et l’ingénierie système. La conception systématique (ou réglée) est souvent surnommée « l’école de conception allemande ». Elle a été développée par G PAHL et W BEITZ au début des années soixante-dix. Ils proposent un processus générique de conception qui a été formalisé à partir des méthodes et outils couramment utilisés par les concepteurs et qui sont issus de la genèse de la conception (voir figure 2-36). Même si ce travail s’appuie largement sur des éléments existants, il fait progresser l’activité de conception dans plusieurs domaines. Par exemple, les besoins du client sont entièrement intégrés au processus de conception ce qui permet de contrôler les dérives par rapport aux objectifs de performances du produit [Pahl 96].

Axiomatic Design

Dans un autre registre, H YOSHIKAWA et N SUH proposent de guider le concepteur dans son travail et dans ses choix en traçant les données de conception depuis la définition des besoins du client jusqu’à la description complète du produit [Suh 90]. Pour cela, ils créent une démarche au début des années quatre vingt dix qu’ils nomment « Axiomatic Design » et qui repose sur le postulat suivant : la conception est une interaction continue entre ce que le concepteur doit faire et la manière dont il doit le réaliser. Un cadre précis composé de quatre domaines séquencés et complémentaires est fixé (voir figure 2-37). Il contient : Les éléments peuplant ces quatre domaines interagissent ensemble de deux manières différentes : à travers des liens de décomposition entre les éléments d’un même domaine et à travers des liens entre deux domaines consécutifs assurant la cohérence de l’ensemble. Plusieurs règles permettent de gérer simultanément ces deux types de liens. Deux axiomes complémentaires permettent d’analyser les structures relationnelles créées par le concepteur et l’aident dans ses prises de décisions. Même si cette démarche s’appuie sur une vision globale de l’activité de conception à travers la prise en compte des interactions entre les différents domaines, elle se focalise exclusivement sur le produit sans aborder les autres facettes de l’activité de conception telle que l’organisation.

La conception intégrée

Ainsi, la norme AFNOR NFX 50415 en propose la définition suivante : « l’ingénierie intégrée est une approche qui permet une conception intégrée et simultanée des produits et de processus liés à ces derniers, y compris la production et le soutien. Elle est destinée à permettre aux développeurs de prendre en compte dès l’origine toutes les phases du cycle de vie du produit depuis sa conception jusqu’à son retrait, y compris la qualité, les coûts, les délais et les exigences des utilisateurs ». Ses principaux objectifs sont donc : Pour atteindre le premier objectif, la conception intégrée s’inspire de l’ingénierie concourante qui préconise de ne plus organiser la conception de manière séquencée, mais de favoriser une organisation qui soit la plus parallélisée possible (voir figure 2-38). Quant aux deux derniers objectifs, ils reposent sur l’ingénierie collaborative qui propose des méthodes et des outils de gestion des collaborations entre les concepteurs [Kamrani 08] [Corboz 02]. Deux explications justifient ce choix. D’une part, le processus de conception d’un produit est considéré comme un résultat qui ne peut pas être prédéfini étant donné que la conception de chaque produit est unique. D’autre part, chaque concepteur est vu comme un spécialiste œuvrant dans une discipline particulière. Il a donc une culture technique et des pratiques qui lui sont propres. Par conséquent, en conception intégrée l’organisation d’un projet de conception de produit n’est pas prédéterminée : elle est assurée au niveau opérationnel par la gestion des collaborations entre les différents intervenants. extraire du système d’informations un ensemble de données permettant de générer une vue spécifique du produit qui réponde au besoin d’un spécialiste donné et ceci à n’importe quel stade de la conception. Celui-ci peut alors modifier ou enrichir via ses logiciels métiers les données de conception qui ont été mises à sa disposition avant de restituer le tout au système d’information. Les nouvelles données sont alors traitées afin de maintenir la cohérence et la validité de l’ensemble des données de conception. Afin de favoriser les collaborations et le travail concourant, celles-ci peuvent être mises à disposition des spécialistes sans être préalablement validées. Un niveau de « maturité » leur est alors attribué permettant d’informer chaque utilisateur du degré de fiabilité de chacune d’entre elles.

 

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