Les déterminants en devenant l’entrepreneur en série

L’entrepreneur et l’entrepreneuriat

Selon Davidsson (2005), les entrepreneurs sont certaines personnes qui, plutôt que de travailler pour quelqu’un d’autre en vertu d’un contrat de travail, se retirent du marché d’emploi et deviennent des travailleurs indépendants ou des propriétaires-exploitants d’une entreprise indépendante. Selon un autre point de vue : un entrepreneur est quelqu’un qui peut prendre n’importe quelle idée, avoir les compétences, la volonté et le courage de prendre le risque extrême de faire tout ce qu’il faut pour transformer un concept en réalité et non seulement l’amener au marché, mais en faire un produit viable, que les gens veulent ou dont ils ont besoin (Pott et Pott, 2012). Lazear (2004) théorise qu’un entrepreneur est un « touche-à-tout », ou un « généraliste ». Un généraliste est celui qui n’a pas besoin d’exceller dans une compétence, mais qui est compétent dans plusieurs domaines. Pourquoi un généraliste a-t-il une valeur particulière dans l’entrepreneuriat ? L’entrepreneur doit mobiliser des ressources provenant de nombreux domaines différents, et il doit être capable d’identifier les talents créatifs des employés dans des nombreux domaines différents, comme le propose la théorie de l’efficacité de l’effectuation sur l’expertise entrepreneuriale: un ensemble de compétences, de modèles et de processus pouvant être acquis par les entrepreneurs avec le temps et la pratique délibérée (Read et Sarasvathy, 2005). Les entrepreneurs sont preneurs de nsques (Kihlstrom et Laffont, 1979; Vereshchagina et Hopenhayn, 2009; Fairlie et Holleran, 2012), optimistes (De Meza et Southey, 1996), riches (Holtz-Eakin, Joulfaian et Rosen, 1993; Hurst et Lusardi, 2004; Andersen et Nielsen, 2012). De plus, dans certains environnements culturels et économiques, ils ont tendance à se regrouper, suggérant qu’ils apprennent les uns des autres, comme lorsqu’ils sont physiquement entourés d’autres entrepreneurs (G1aeser, Kerr et Ponzetto, 2010).

Plusieurs études ont montré que les femmes expriment moins l’intention de créer une entreprise que les hommes (Langowitz et Minniti, 2007; Hessels, Grilo, Thurik et van der Zwan, 2011; De Hoe, Giacomin et Janssen, 2016). Les travaux sur l’intention entrepreneuriale montrent que l’âge a un effet négatif sur la probabilité de démarrer une nouvelle entreprise (Minniti, 2004; Hessels, Grilo, Thurik et van der Zwan, 20 Il; De Hoe, Giacomin et Janssen, 2016). Plus précisément, l’ effet de l’âge sur l’intention d’entreprendre peut être représenté par une courbe en forme d’U inversé, les personnes plus jeunes étant moins susceptibles de démarrer une entreprise en raison de leur manque de capital humain, social et financier tandis que les personnes d’âge moyen sont plus susceptibles de lancer une entreprise et que les séniors rebutent au risque plus élevé et ne souhaitent plus travailler de longues heures (Parker, 2004; De Hoe, Giacomin et Janssen, 2016). L’entrepreneuriat est souvent décrit comme un moteur de croissance économique. Dans cette étude, nous abordons le processus entrepreneurial à partir d’un niveau d’analyse individuel. Plusieurs définitions concernent l’ entrepreneuriat. Kirzner et Davidsson posent que l’entrepreneuriat est le comportement concurrentiel qui anime le processus de marché (1. M. Kirzner, 1983; Davidsson, 2005). Selon certains autres auteurs, l’entrepreneuriat est beaucoup plus large que la création d’une nouvelle entreprise. Son coeur est un état d’esprit: une façon de penser et d’agir, d’imaginer de nouvelles façons de résoudre les problèmes et de créer de la valeur (Pott et Pott, 2012; Bachenheimer, Isaak et Isaak, 2014). Un ancien président du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), Acs (2006) a distingué deux différents types d’entrepreneuriat comme « entrepreneuriat de nécessité », le fait de devenir entrepreneur parce qu’on n’a pas de meilleure option, et « l’entrepreneuriat d’opportunité », qui est un choix actif pour démarrer une nouvelle entreprise basée sur la perception qu’une entreprise inexploitée ou une opportunité commerciale sous-exploitée existe.

Le capital humain général

Le capital humain a un lien fort avec la croissance économique, c’est l’une des ressources critiques liées à tous les concepts de cette étude et qui reviendra régulièrement dans le mémoire. Le capital humain augmente les capacités des propriétaires à découvrir et exploiter les occasions d’affaires, il aide les propriétaires à acquérir d’autres ressources utilitaires telles que le capital financier et physique et contribue à l’accumulation de connaissances et compétences nouvelles. Le capital humain contient les éléments suivants: l’éducation formelle, la formation, l’expérience de travail, l’expérience de démarrage, l’expérience de propriétaire, les antécédents parentaux, les compétences spécifiques, les connaissances et autres (Unger, Rauch, Frese et Rosenbusch, 2011). Selon les facettes du capital humain, il peut être considéré en deux parties: le capital humain général et le capital humain spécifique. Le capital humain général dénote le mveau d’éducation et l’expérience professionnelle: ce sont des éléments concrets et vérifiables (DeTienne et Cardon, 2008; Amaral, Baptista et Lima, 2011). Un grand nombre d’études lie le capital humain général aux différentes étapes de l’activité entrepreneuriale (Stam, Audretsch et Meijaard, 2008; De Hoe, Giacomin et Janssen, 2016) et l’éducation est la mesure la plus courante du capital humain général. Cependant, le rôle de l’éducation dans le succès d’un start-up reste incertain (Nielsen et Sarasvathy, 2016). Les personnes ayant un niveau de scolarité supérieur peuvent entrevoir plus facilement des opportunités d’affaires et choisir un secteur propice à la création de leurs entreprises. D’autres auteurs ont deux visions du capital humain général : l’une est que les individus les mieux éduqués sont dotés de meilleures compétences et aptitudes et, par conséquent, sont mieux informés, ce qui entraîne qu’ils sont plus efficaces pour évaluer les nouvelles opportunités entrepreneuriales; l’autre est que les niveaux plus élevés de capital humain général peuvent faciliter les transitions vers l’employabilité (l’emploi salarié), réduisant ainsi la probabilité de l’entrepreneuriat (Amaral, Baptista et Lima, 2011).

Le capital humain spécifique

Par rapport au capital humain général, le capital humain spécifique est défini comme l’expérience managériale ou fondatrice acquise au cours d’une activité entrepreneuriale courante ou antérieure, y compris les connaissances et les compétences associées (Amaral, Baptista et Lima, 20 Il; Hessels, Grilo, Thurik et van der Zwan, 20 Il). Par conséquent, il serait restreint aux entrepreneurs d’expérience et aux ex-entrepreneurs. Ce capital humain spécifique à l’entrepreneuriat se développe notamment lorsqu’une personne travaille au sein d’une petite ou moyenne entreprise ou qu’elle développe son expérience en tant que fondateur et dirigeant d’entreprise (Hessels, Grilo, Thurik et van der Zwan, 2011; De Hoe, Giacomin et Janssen, 2016). Le capital humain spécifique est intangible, et donc difficile à mesurer. Dans cette étude, nous nous centrons sur le capital humain spécifique d’ex-entrepreneurs, soit ceux ayant l’expérience d’une sortie entrepreneuriale récente. Plusieurs études ont montré que le capital humain spécifique, surtout l’expérience entrepreneuriale, favorise l’intention d’entreprendre (Hessels, Grilo, Thurik et van der Zwan, 2011; De Hoe, Giacomin et Janssen, 2016). Dans une étude de De Hoe, Giacomin et Janssen (2016), les entrepreneurs ayant liquidé, abandonné ou connu l’échec de leur première entreprise y ont acquis des compétences entrepreneuriales et ils peuvent mieux que d’autres estimer les nouvelles opportunités d’affaires et sont ainsi plus susceptibles de créer une nouvelle entreprise.

Un ex-entrepreneur détectera plus facilement des opportunités et pourra se servir de ses connaissances et compétences acquises lors d’une précédente expérience (Stam, Audretsch et Meijaard, 2008) et, prospectivement, cette expérience peut l’aider à mieux gérer les défis liés à une nouvelle entreprise et à faciliter la pénétration sur un nouveau marché (Shrader, Oviatt et McDougall, 2000). Une sortie d’entreprise confirme l’accumulation de capital humain spécifique lié à l’entrepreneuriat (Hessels, Grilo, Thurik et van der Zwan, 20 Il; De Hoe, Giacomin et Janssen, 2016). Ainsi, le capital humain spécifique pourrait être associé à la vigilance entrepreneuriale, un concept qui est au centre de la théorie autrichienne de l’entrepreneuriat de Kirzner (1973, 1997, 1999 et 2009). Un ex-entrepreneur possède une vigilance entrepreneuriale qui lui pennet de réagir plus rapidement au changement de l’environnement du marché de sorte qu’une sortie entrepreneuriale serait un indicateur nécessaire à la vigilance entrepreneuriale (Gaglio et Katz, 2001; Tang, 2008; Valliere, 2013a, 2013b; Sharma, 2018). Nous reviendrons sur ce sujet de façon plus détaillée à la Section 2.1.3 ci-dessous.

Table des matières

SOMMAIRE
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES TABLEAUX
USTE DES ABRÉVIATIONS
REMERCIEMENTS
INTRODUcrION
1. PROBLÉMATIQUE
2. LA REVUE DE LI’ITtRATURE
2.1. L’INTENTION DE CRÉER UNE NOUVELLE ENTREPRISE APRÈs UNE
SORTIE EN’TREPRENEURIALE
2.1.1. L’entreJ»renear et l’entrepreneurlat
2.1.2. L’intention d’entreprendre, le capital humain, IOdaI et de flnander
2.1.2.1. L’intention d’entreprendre
2.1.2.2. Le capital humain général
2.1.2.3. Le capital humain spécifique
2.1.2.4. Le capital social
2.1.2.5. Le capitalfinancier
1.1.3. La vigilance entrepreneuriale
2.1.3.1. Les sorties entrepreneuriales
2.1.3.2. L ‘entrepreneuriat en série
2.1.3.3. Les déterminants en devenant l’entrepreneur en série
2.2. LA GRANDE CRISE ÉCONOMIQUE ET VINTENTION DE CRÉER UNE NOUVELIE ENTREPRISE
1.1.1. La Grande Récession de 1008 et 1009
1.1.2. La Grande Récession et l’intention de crier une nouvelle eatrepriJe
2.3. I..ES HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
3. LA MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
3.1. I..A STRA’TÉGIE DE RECHERCIIE
3.2. L’ÉCHANTILLONNAGE
3.3. LA DESCRIPTION DES VARIABLES
3.3.1 La variable dfpendante
3.3.2 la variables expUeatlves
3.3.2.1 Le statut d’ex-entrepreneur
3.3.2.2 Les pérloda du cycle économique
3.3.2.3 L’effet d’interaction entre le statut d’ex-entrepreneur et les périodes
3.3.2.4 Les autres variables explicatives existantes dans le GEM
3.3.3 Les variables contrÔles
3.3.4 Un résumé des variables
3.3.4.1 Analyse descriptive des variables
3.3.4.2 Les analyses de corrélations des variables
3.4. LA MÉTHODE D’ESTIMATION
4. L’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
4.1.LES ANALYSES HIÉRARC1DQUES DE VESTIMATION DU MODÈLE GISTIQUE
4.1.1. Les analyses des modèles de régression logistique avant la crise
4.1.2. Les analyses des modles de régression logistique pendant la Grande Récession de 2008 et 2009
4.1.3. Les analyses des modles de rigressIon logistique pendant la reprise économique
4.2. L’ESTIMATION DE LA VALIDATION DES HYPOTHÈSES
4.3. UN RÉsUMÉ DES RÉSULATS
5. DISCUSSION
S.l. DISCUSSION DES RÉSULTATS
S.2. LIMITES
S.3. RECHERCHE FUTURE
6. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES
ANNEXE Al :RÉSULTATS DÉTAILLÉS DES ANALYSES EMPIRIQUES (logit)
ANNEXE A2:DÉTAIL DU PROGRAMME DE CODE EXÉCUTÉ DANS LE LOGICIEL D’ANALYSE STATISTIQUE STATA (logit)
ANNEXE BI:RÉSULTATS DÉTAILLÉS DES ANALYSES EMPIRIQUES (probit)
ANNEXE B2:DÉTAIL DU PROGRAMME DE CODE EXÉCUTÉ DANS LE LOGICIEL D’ANALYSE STATISTIQUE STATA (probit)

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