Les différentes démarches sur la collecte des données

Antananarivo

Lors de notre court séjour à Antananarivo, nous avons visité la Bibliothèque Nationale. Bien souvent, les ouvrages correspondant aux titres des répertoires ont disparu. Pour notre prochaine recherche, nous allons rester le plus longtemps possible à Antananarivo afin de pouvoir : premièrement nous documenter dans les autres bibliothèques et centres de documentation, notamment le Centre Culturel Albert Camus à Analakely, la bibliothèque de l’Université d’Antananarivo, les bibliothèques des départements d’Histoire et de Géographie, la bibliothèque de l’Institut Catholique de Madagascar ; deuxièmement pour nous permettre d’obtenir et lire au maximum les documents relatifs à notre thème. Nous avons consulté les différentes sources de renseignements suivants : les ouvrages, les articles, les différents rapports et études élaborés sur la question par diverses ONG (Organisations Non Gouvernementales), par des recherches étrangères et nationales. A travers ces centres et bibliothèques fréquentés, fouillés, peu d’ouvrages traitent notre région d’étude ; plus particulièrement, ils ne traitent pas l’objet de notre préoccupation de recherche, à savoir la valorisation des abandons culturaux. Nous avons alors décidé de recourir à des ouvrages généraux qui traitent le problème environnemental des autres régions. L’objectif essentiel est d’obtenir une vision d’ensemble en comparant les résultats des études effectuées sur l’environnement terrestre. Faute d’ouvrages qui traitent notre travail de recherche, il nous fallait descendre sur le terrain pour voir la réalité sur place et avoir des données fiables en respectant les principes d’observation et les stratégies d’approche reconnus.

L’enquête sur le terrain Arrivé dans la localité, nous faisons, en premier lieu, une visite de courtoisie auprès des personnels administratifs (souvent sous la direction du président du fokontany) de cette localité, comme une marque de respect mais aussi pour signaler notre présence, signifier notre mission et pour demander leur collaboration. Nous adoptons la même démarche envers les notables et les chefs coutumiers. Lorsque nous arrivons dans le site, nous nous plions aux us et coutumes du lieu, attitude et comportement strictement recommandés quand on est sur le terrain. Quand nous avons affaire à un site ou lieu historique sacré ou profane, nous évitons de nous y rendre de notre propre initiative. Enfin, chaque déplacement est effectué en compagnie d’un guide, habitant les lieux. Concernant les contacts avec les informateurs des villages, nous avons souvent des rencontres provoquées ; nous nous présentons à ces informateurs et nous nous donnons un rendez-vous, c’est-à-dire qu’il y a une préparation au préalable. Nous apprécions cette méthode car l’informateur est prévenu bien à l’avance et cela lui donne le temps de réfléchir à ce qu’il va nous raconter à notre retour. Cependant, il y a aussi des fois où nous venons à l’improviste, mais nous calculons le moment où tout le monde rentre du travail. Auparavant, nous avons adopté les méthodes de recherche suivantes : La première forme d’approche choisie est – la M.A.R.P. (Méthode Accélérée de Recherche Participative), un processus intensif et rapide de recherche qui nous a permis de collecter des informations riches et fiables sur le terrain. Nous avons souvent organisé des réunions des Fokonolona dans les villages riverains de la forêt des Mikea afin de pouvoir cibler les personnes ressources pour entreprendre des interviews semi-structurés (I.S.S.). D’autres moments ont été consacrés à des discussions et entretiens auprès des défricheurs pour faire apparaître librement leurs sentiments, leurs idées et leurs opinions concernant le défrichement ou déboisement.

Nous sommes allé plusieurs fois sur le lieu non seulement pour évaluer la biodiversité mais surtout pour observer tout ce qui se passe à l’intérieur ou à l’extérieur de la forêt des Mikea. L’utilisation de la MARP est en fait une méthode de mobilisation de l’ensemble des habitants du village cible. Pour se prêter au schéma d’une recherche tant qualitative que quantitative, nous devons rester statiques, des documents et matériels, des notes sont en main après avoir tissé nos relations pendant plusieurs jours avec la population. Les habitants interviewés nous signalent toutes les informations dont nous avons besoin, ce qui permet de faire des vérifications tout autour des sites. La deuxième méthode A + (Méthode Pluridisciplinaire d’une unité sociale localisée). Cette méthode est caractérisée par l’écoute attentive des autres, grâce aux questionnaires proposés préalablement sur des fiches. Les interrogateurs ne font que poser les questions nécessaires et prennent uniquement les réponses données par les interrogés selon les conditions établies. Cette méthode est nécessairement qualitative. Les questions menées auprès des interrogés ont été bien préparées. Ici, on travaille sur des questionnaires bien définis avant la descente et ce, pour mieux gérer le temps des interviewés.

Une autre méthode est celle d’un focus groupe, c’est-à-dire que les groupes de personnes réunies proviennent de différentes classes (riches, pauvres, représentants des associations et des services existants). Nous avons pris en considération l’âge et le sexe, ce qui nous a permis une grande participation des interviewés à tous les thèmes d’entretien. Ceci répond à une donnée fondamentale des cultures traditionnelles des Masikoro : les femmes accompagnées de leur mari ne parlent pas dans une réunion publique. Les villages et campements enquêtés sont choisis parmi ceux qui sont représentatifs des diverses situations dans lesquelles peuvent se trouver les communautés villageoises et les Mikea. Nous avons considéré l’orientation des activités comme un critère essentiel de notre choix. Cela nous a conduit à établir un tableau pour mentionner les villages et campements ainsi que les formes d’approche adoptées. En nous limitant à la commune rurale d’Ankililoaka faute de données d’ailleurs, nous établissons le tableau de la population des sites cibles, c’est-à-dire riveraines de la forêt de Mikea.

Les problèmes de collecte de données sur le terrain

Après l’inventaire de la documentation dans beaucoup de bibliothèques et avoir noué des contacts avec les experts de la forêt des Mikea et examiné les modes de vie des Mikea, une descente de collecte de données a été réalisée sur les sites couverts par notre domaine de recherches. Le but est d’avoir une vision détaillée sur le cadre de vie des Mikea et des villageois installés en marge forestière. Mais la complexité de l’identité mikea exige une étude attentive et particulière si on veut réussir au projet de collecte de données, notamment celles qui touchent leur façon de vivre et de penser. L’insuffisance des recherches portant sur ce groupe est un autre problème et constitue une grande lacune dans le processus de collecte des données. C’est la phase la plus délicate dans la mesure où elle demande plus de familiarité avec les gens, une complexité du terrain. Selon notre informateur de terrain, si on veut bien avoir des données sur les Mikea, il faut vivre avec eux pour asseoir une confiance mutuelle et non pas les juger à distance, ce qui rallonge les séjours au terrain et le temps de rédaction, car la première semaine de visite sur le terrain est consacrée à l’observation des gens sur leurs activités afin de pouvoir enregistrer les aspects importants de leur vie.

Le but de longs séjours est de fournir un cadre dans lequel les Mikea et les villageois peuvent répondre librement aux divers questionnaires sans méfiance ; en effet, une bonne relation génère des informations spontanées qui peuvent être plus importantes que les réponses aux questions préparées. En principe, les entretiens doivent être courts pour faciliter la mémorisation des réponses, puisque nous n’utilisons pas le papier ni le crayon ou le stylo sauf si cela leur fait plaisir. Souvent, les enquêtés n’acceptent pas qu’on écrive ce qu’ils disent ou qu’on recourt à un appareil quelconque, car tout ce qui est imprimé revêt, à leurs yeux, un caractère officiel. Tout ceci nous a contraint à visiter plusieurs fois une famille et donc à prolonger les séjours pour asseoir une relation plus étroite avec elle. Pour nous offrir le schéma d’une recherche de qualité, nous devrons prolonger nos séjours pour tisser des liens avec les enquêtés en nous impliquant dans leurs activités quotidiennes ; cela nous a permis d’avoir une représentation des conditions de vie des Mikea, de vérifier les données obtenues et de fortifier l’amitié avec le groupe étudié.

Les problèmes d’ordre matériel et financier

Notre terrain de recherche se trouve à plus de 70 Km de Tuléar ville, ce qui exige des moyens financiers, c’est-à-dire qu’il faut payer les frais de taxi-brousse de Tuléar à Ankililoaka, voire à Basibasy. D’Ankililoaka aux villages des marges forestières, Ankatepoke, Andravitrazo, il faut payer une charrette et compte tenu de l’insécurité rurale, les charretiers sont difficilement trouvables à cause de leur peur des voleurs de boeufs. Quelquefois, nous nous déplaçons à pied et dans ce cas, nous devons payer quelqu’un pour assurer le déplacement (guide et porteur des bagages). Mais comme la zone d’étude est située loin de la ville de Tuléar, il faut donc faire des va- et- vient entre les deux endroits afin d’obtenir des informations utiles et pertinentes. Il faut donc avoir de l’argent suffisant pour assurer ces trajets sans compter les provisions nécessaires durant les séjours. Et comme dans la forêt des Mikea, l’eau est une denrée rare, il faut acheter des bouteilles d’eau vive à Tuléar où les prix sont moins élevés par rapport à ceux d’Ankililoaka ; le nombre de bouteilles achetées est proportionnel à la durée des séjours. Pour bien illustrer ces problèmes d’ordre financier, nous avons pris comme exemple la visite du Campement d’Andravitrazo déjà enquêté en 2007.

En 2008, les Mikea et les villageois ont le souvenir de la précédente enquête et, de ce fait, ont demandé un paquet de paraky (tabac à chiquer) pour nous guider dans la forêt pour voir des échantillons de monka et nous montrer la pratique culturale des Mikea. Dans chaque campement ou village, nous avons pu bénéficier, le soir, des discussions libres auprès des notables mikea et d’autres villageois. En dehors de ces activités quotidiennes, nous avons pu assister à la cérémonie traditionnelle (bilo, savatse,…) pendant laquelle nous avons pu prendre des photos dont les dépenses en pellicules sont lourdes. A cela s’ajoutent les différents cadeaux donnés aux Mikea et aux villageois, qu’ils nous acceptent pour la satisfaction de nos recherches. Enfin, pour mieux comprendre de quelle façon les moyens financiers sont importants, nous avons pu comptabiliser le temps et les dépenses consacrés par rapport à nos disponibilités financières. Combien l’apprenti chercheur qui n’est pas un enfant de Tuléar et ne bénéficiant d’aucune bourse de recherche a-t-il été durement frappé par le goût amer des carences matérielles et financières ? Cette situation a retardé la finition de nos travaux de recherches.

Table des matières

SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
1- LA PROBLEMATIQUE
2- CHOIX DU SUJET ET DU SITE
Première Partie ENQUETE ET METHODOLOGIE
CHAPITRE I : LES DIFFERENTES DEMARCHES SUR LA COLLECTE DES DONNEES
I-1- LA DOCUMENTATION
I.1.1.Toliara
I.1.1.2-Antananarivo
I.2. L’ENQUETE SUR LE TERRAIN
I.1.2.2. L’enquête sur le terrain
I-3- ENQUETE ADMINISTRATIVE
CHAPITRE II : LES PROBLEMES RENCONTRES
II.1. LES PROBLEMES DE COMMUNICATION RECIPROQUE
II. 2. LES PROBLEMES DE COLLECTE DE DONNEES SUR LE TERRAIN
II. 3. LES PROBLEMES D’ORDRE MATERIEL ET FINANCIER
II. 4. LES PERSPECTIVES
Deuxième Partie LES ELEMENTS DE LA BIBLIOGRAPHIE
CHAPITRE III : LA LISTE DE LA BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
CHAPITRE IV : LA BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE
Troisième Partie LES PREMIERS RESULTATS
CHAPITRE V : LES PAYSANS ET LEUR RECHERCHE D’ALTERNATIVE POUR DES TERROIRS DURABLES
V.1. LES PROBLEMES FONCIERS ET LA RECHERCHE DE NOUVEAUX TERROIRS
V.1.1 Le développement de la riziculture
V.1.2. La limitation des terroirs d’élevage
V.2. L’ARRIVEE DES MIGRANTS POUR ACQUERIR DES TERRES
V.2.1. Le problème de métayage
V.3. LES MESURES PRISES PAR L’ETAT
V.3. 1. Le constat de la dégradation de la couverture forestière.
V.3.1.1. La perturbation climatique
V.3.2. La création d’Aire Protégée (A. P.)
V.3.3. Le zonage forestier
V. 3.3.1. Le noyau dur
V.3.3.2. La zone de protection
V.3. 3.3. La zone tampon
V.3. 3.4. La zone de culture
V.4 : LA LOCALISATION DES TERROIRS EXPLOITABLES
V.4.1. L’importance topographique
V.4.1.1. Le terroir herbacé
V.4.1.2. Le terroir d’arbustes
V.5. L’UTILISATION DESMONDRA
V.5.1. L’usage agricole des mondra
V.5.1.1. Le mondra à manioc (manihot )
V.5.1.2. Le mondra à maïs
V.5.1.3. Les problèmes rencontrés au niveau de l’exploitation agricole du mondra
V.5.1.3.1. L’insuffisance de terres à cultiver
V.5.1.3.2. Le problème matériel, en herbement et financier
V.5.1.3.3. Les vols des produits agricoles
V.5.2.1. Le mode d’occupation du territoire villageois par le bétail
V.5.2.2. Le système d’élevage dans le mondra
V.5.2.3. Le pacage à monto arboré
V.5.2.4. Les problèmes rencontrés au niveau de l’exploitation pastorale de mondra
V.5.2.4.1. Le règlement de compte lié à l’invasion des troupeaux de boeufs aux mondra cultivés
V.5.4.2.2. La recrudescence des vols des boeufs
CHAPITRE VI: LES CONSEQUENCES APPORTEES PAR CETTE NOUVELLE TECHNIQUE
VI.1. Les conséquences sociales et économiques
VI.1.1. La paupérisation
VI.1.2. Le défrichement illicite
VI.2 : Les conséquences environnementales
VI.3. Les perspectives
VI.3.1. Les avantages
VI.3.1.1. Les avantages économiques
VI.3.1.2. La stabilité des ménages
CONCLUSION
1- LES OUVRAGES GENERAUX ET ARTICLES SUR LES PAYS EXTERIEURS
2- OUVRAGES GENERAUX ET ARTICLES SUR MADAGASCAR
PLAN PROVISOIRE DU PROJET DE THESE DE DOCTORAT

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