Les erreurs de langage

Les erreurs de langage

Accessible à tous les bacheliers, largement ouverte aux échanges, parfois dès la deuxième année, lieu d’un brassage grandissant des cultures juridiques avec, notamment, le succès des programmes Erasmus, la licence en droit rassemble aujourd’hui non seulement des étudiants de tous niveaux et de toutes cultures mais encore de diverses nationalités. Ces changements, signes de vitalité et de richesse, appellent de la part des enseignants un regain d’attention aux difficultés que soulève l’obtention du diplôme. Parmi celles-ci, une maîtrise incomplète ou imparfaite de la méthodologie figure souvent parmi les principales causes d’échec, en raison de l’incapacité des étudiants d’exprimer leurs connaissances dans le cadre formel requis, cas pratique, commentaire de texte, etc…sans parler de ce fameux plan français de la dissertation en deux parties, si déroutant pour les étudiants étrangers ! Le document de méthodologie élaboré par l’équipe de licence s’adresse donc à tous les étudiants de licence, de la première à la troisième année. Son élaboration répond à plusieurs objectifs. Le premier objectif est de permettre à ceux qui le souhaitent d’avoir une vue d’ensemble des différents types d’exercices juridiques dont la maîtrise est un gage incontestable de réussite des études supérieures. Rassemblés dans un document unique, consultable autant que de besoin, ces exercices sont assortis de conseils pratiques et parfois d’exemples.

Il ne s’agit pas, bien entendu, de remplacer les conseils méthodologiques dispensés dans le cadre de chaque enseignement et en particulier dans le cadre des travaux dirigés. Il ne s’agit pas davantage de remplacer les conseils individualisés dispensés dans le cadre du tutorat. Mais il s’agit de compléter ceux-ci en offrant à chaque étudiant, avec cet outil de travail supplémentaire, une vue interdisciplinaire de la méthode. Le caractère novateur de ce document ne s’arrête pas là. L’équipe de formation de licence exprime le souhait que celui-ci serve de lien entre l’équipe de formation de licence, les étudiants et les équipes pédagogiques des différentes matières. En effet, destiné à être régulièrement actualisé, ce document pourra éventuellement répondre à des besoins méthodologiques spécifiques dont les étudiants de licence ou les équipes pédagogiques voudraient saisir l’équipe de formation (par courrier, casier 20, salle des enseignants). D’ores et déjà, chacun pourra y trouver, par exemple, des conseils précieux sur « l’art et la manière de s’exprimer », en attendant l’ouverture d’autres rubriques. En espérant que ce document saura être utile à chacun, il ne reste plus à l’équipe de formation de licence qu’à souhaiter de brillants succès aux étudiants en Droit de Paris-X.- « Le justiciable se demande devant quelle juridiction doit-il faire appel », « Le citoyen ne comprend pas qu’est-ce qu’une consti-tution. »

Ces phrases ne tiennent pas compte du style indirect, qui impose de dire : Le justiciable se demande devant quelle juridiction il doit faire appel ; le citoyen ne comprend pas ce qu’est une constitution.  – « Le Code civil et la jurisprudence stipulent que… » Seuls les contrats stipulent. On doit dire : Le Code civil (ou encore une constitution, une loi, un traité international, etc.) dispose que …. ; et la jurisprudence (ou un jugement, un arrêt, etc.) décide que…  – « À force d’être pris en otages, la grogne des usagers ne fait que s’accentuer. » Cette phrase entendue dans un journal télévisé signifie que c’est la grogne des usagers qui est prise en otage ! Il faut dire : À force d’être pris en otages, les usagers manifestent davantage leur grogne.  – « Il s’avère exact que l’économie de la France est rien moins que dégradée. » Cette phrase est doublement fautive. D’abord, s’avérer veut dire : se révéler exact ; l’expression s’avérer exact est un pléonasme. D’autre part rien moins veut dire à l’origine : tout sauf, absolument pas ; mais comme personne ne le sait plus, il vaut mieux éviter cette formule ! On dira donc : Il s’avère que l’économie de la France est tout sauf florissante (ou est vraiment dégradée).  – « Les décisions juridiques visent, sur ce point, à pallier aux imprécisions de la législation. »

On dit : Les décisions judiciaires visent, sur ce point, à pallier les imprécisions de la législation. Si on pallie quelque chose (transitif direct), en revanche on supplée à quelque chose.  – « Car en effet ce litige ressort de la compétence du juge judiciaire. » Car en effet est un pléonasme. D’autre part, il ne faut pas confondre le verbe ressortir (terme juridique dérivé de ressort, qui désigne le domaine de compétence d’une juridiction ou d’un organe administratif) et le verbe ressortir (terme du langage courant dérivé de sortir). Ces deux verbes ne se conjuguent pas et ne se construisent pas de la même manière. Il faut dire : En effet ce litige ressortit à la compétence du juge judiciaire.  – « Malgré ce qu’il argue, le défenseur est condamné aux dépends. » Malgré que n’est pas correct. Il ne faut pas confondre un défenseur et un défendeur. Quant aux dépens d’une instance, il se rattachent à l’idée de dépense et non de celle de dépendre. On doit donc dire : En dépit de ce qu’il arguait, le défendeur est condamné aux dépens. La prononciation du verbe arguer pose également un petit problème : le u doit être prononcé et c’est le e qui est muet (comme dans l’anglais to argue, d’ailleurs issu du français).  – « Quelque soit l’époque, comme l’écrit Monsieur le professeur X dans son manuel, l’administration s’accapare petit à petit des compétences qui font naître une foultitude de problèmes voir de conflits dans ses rapports avec l’autorité législative. Celle-ci finit par donner l’impression de tenir les reines du pouvoir au détriment de celle-là. »

 

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