LES LAVAKA

LES LAVAKA

Parmi les formes d’érosion les plus actives, le lavaka est le plus fréquent sur les Hautesterres malagasy. Lavaka est un mot malgache entré dans le vocabulaire géomorphologique international grâce à Riquier (1954) qui signifie littéralement « trou, fosse, caverne » utilisé pour décrire des profondes excavations (Hoeblich, 1992). C’est une cavité elliptique dont le petit axe est horizontal et le grand axe, qui va du sommet à l’orée, est incliné suivant la ligne de plus grande pente de l’ancienne surface topographique (Andriamampianina, 1985). Il est souvent situé à mi-pente ou en bas de pente des versants moyens ou abrupts constitués d’épaisses couches d’altération argilo-sableuse ou d’argile latéritique (Raunet, 1984 ; Andriamampianina, 1985).

NOTION D’EROSION

Les eaux courantes, la mer, les vents, le soleil et les glaciers sont les principaux agents d’érosion qui sculptent les formes topographiques du paysage à partir des modifications subies par les roches (endogènes ou exogènes). Une altérite peut-être définie comme une roche provenant de l’altération ces roches mères. Dans la nature, l’érosion peut être résumée en 2 types comme suit :  Décompositions chimiques : Elle résulte de la réaction des minéraux des roches en présence des agents chimiques véhiculés par l’eau: l’oxygène, le gaz carbonique, les acides produits par les plantes. Les effets en sont très variés: la dissolution, l’oxydation, l’hydrolyse.  Désagrégations mécaniques : ce sont essentiellement des dislocations des roches mères dues aux actions mécaniques des forces endogènes ou exogènes et aux variations de température entraînant le déchaussement de la roche en agrégat ou en minéraux. Par ces deux phénomènes les éléments rocheux se morcellent et sont réduits de volume jusqu’à la taille des sables, limons ou argiles et qui sont ensuite drainé en aval par les agents érosifs.

DESCRIPTION DES LAVAKA

Un lavaka est en général caractérisé par des parois quasi verticales formant un cirque ovoïde, prolongé à l’aval par un chenal d’écoulement qui est un étroit goulot, et se terminant par un cône de déjection plus ou moins sableux. Sa profondeur peut varier en moyenne de 10 à 50 mètres (Riquier, 1954 ; Raunet, 1984). L’érosion en lavaka se produit sur des sols de type ferralitique, pour le cas de Madagascar, ce type de sol couvre plus de la moitié de la superficie de l’île (Riquier, 1966). Un 22 lavaka est le produit de l’accentuation de l’érosion en ravin, sa forme particulière est due à la texture des argiles latéritiques. L’intérieur d’un lavaka est le plus souvent encombré de l’effondrement des éboulis des terrains qui les avoisinent. En effet les parois verticales, sous l’effet de l’écoulement des eaux de pluie, se fragilisent progressivement et finit par s’effondrer. A l’intérieur d’un lavaka, le profil est soit en V, soit en U ; on peut y trouver de la végétation lorsque le lavaka se stabilise. La figure 8 suivante va illustrer toutes ces caractéristiques : Figure 8: Description d’un lavaka et ses effets en aval (J. Riquier, 1953) Typologiquement, on peut classifier les lavaka sous trois formes (figure 9) : ‐ Lavaka linéaire : caractérisé par un tracé horizontal en ligne ‐ Lavaka piriforme : ayant l’aspect d’une poire ‐ Lavaka digité : enrichi de plusieurs lobes mais à exutoire commun Figure 9: Les différents types de lavaka

ORIGINES, FACTEURS ET EVOLUTIONS

Origines

D’après Andriambolasoa (2002), les lavaka sont en général engendrés par une situation hydrogéologique naturelle et d’autres facteurs externes tels que l’homme et les troupeaux d’animaux. L’aspect hydrogéologique s’explique par le fait d’une forte densité d’écoulement souterrain induisant aux affaissements internes qui se répercutent en surface. Dès que la couche supérieure plus compacte est fissurée, le ruissellement de surface s’engouffre dans les fentes et atteint la couche altérée sous-jacente. Ainsi, l’écoulement latéral favorise l’arrachement de terre à cet endroit. Riquier (1954) affirme ce rôle majeur du ruissellement. Il attribue la formation des lavaka au décapage de l’horizon superficiel compact des sols qui permet à l’eau d’atteindre et d’affouiller l’horizon meuble sous-jacent. En parlant des actions de l’homme et des animaux, Hoeblich (1992) atteste que les mécanismes relatifs à la genèse et l’extension des lavaka reposent aux processus d’origine anthropique. Les feux de brousses, l’exploitation des versants pour les cultures et le piétinement bovin à la surface du sol produisent des fentes de dessiccation, favorables au déclenchement de l’érosion en lavaka lors de la saison de pluie. Raharijaona et al. (2001) ont montré deux mécanismes de formation des lavaka. Un lavaka se forme généralement par les couches inférieures. L’eau pluviale pénètre dans le sol, enlève les matériaux les plus fins et fait glisser les couches supérieures sur une couche appelée couche-savon. Ensuite, il y a effondrement des couches supérieures quand les matériaux des couches profondes ont été emmenés. C’est après ces étapes que le lavaka commence à prendre forme sur le terrain. Selon Andriamampianina (1985), ces sont les sols ferralitiques et les colluvions qui présentent des caractères aptes à la formation des lavaka à cause de l’existence d’un matériel basal friable et sableux, d’un matériel kaolinique plus ou moins épais et d’une teneur en limon toujours élevée dans ces types de sols.

Les facteurs de formation d’un lavaka

Ces différentes théories ne devraient toutefois pas s’exclure l’une de l’autre, l’érosion en lavaka faisant très vraisemblablement appel à la synergie de tous les processus évoqués par ces auteurs. Rakotondraompiana et al. (2003) ont montré les différents facteurs naturels et anthropiques qui ont une influence sur la formation des lavaka. Le choix de ces facteurs a été basé sur la répartition de leurs propriétés parmi les zones en présence de lavaka. Ces facteurs ont été pris en considération selon leurs influences sur les zones soumises à l’érosion. Les 24 résultats, c’est-à-dire les rangs d’influences de ces facteurs ont été établie à partir des observations faites sur le terrain par différents spécialistes (géographes, géologues, forestiers,…) ayant travaillé dans le cadre d’un même projet de recherche en utilisant une évaluation multicritère. Les facteurs naturels jugés comme ayant une influence sur le déclenchement des érosions en lavaka sont : – Le relief et ses paramètres dérivés : altitude, pente, courbure – La distance par rapport au réseau hydrographique – La nature géologique des roches – La couverture végétale – L’occupation du sol – Les lignes structurales – Les facteurs anthropiques : distance par rapport aux lieux d’habitation (villages).

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