Reproduction, âge et croissance de deux Téléostéens pélagiques 

Reproduction, âge et croissance de deux Téléostéens pélagiques 

INTRODUCTION

Le poisson est une source importante de protéines animales. Une portion de 150 g de poisson peut fournir de 50 à 60% environ des besoins protéiques journaliers d’un adulte. En 2010, le poisson a représenté 16.7% de l’apport en protéines animales de la population mondiale et 6.5% de toutes les protéines consommées (FAO, 2014). Le poisson et les pêcheries font partie intégrante de la plupart des sociétés et contribuent à la santé et au bien-être économiques et sociaux dans de nombreux pays et régions. La production mondiale de poisson a régulièrement augmenté au cours des 5 dernières décennies et l’offre de poisson destiné à la consommation a progressé avec un taux de croissance annuel moyen de 3.2%, soit un taux plus élevé que celui de la population mondiale qui s’est établi à 1.6% (FAO, 2014). En 2008, près de 81% de la production mondiale de poisson sont destinés à la consommation humaine et la consommation par habitant est passé de 9.9 kg par habitant en 1960 à 19.2 kg en 2012 (FAO, 2014). Pour répondre à cette demande croissante en poisson et autres produits de la mer, la production mondiale de la pêche maritime a augmenté de manière constante, passant de 19 millions de tonnes en 1950 pour atteindre son niveau maximal en 1996, avec 86.4 millions de tonnes, avant d’amorcer une tendance à la baisse qui se poursuit depuis. Selon les chiffres officiels, la production mondiale était de 82.6 millions de tonnes en 2011 et de 79.7 millions de tonnes en 2012 (FAO, 2014). Malgré l’importance et la valeur considérable des pêcheries, les ressources halieutiques souffrent des conséquences conjuguées de l’exploitation massive et, dans certains cas, de la dégradation de l’environnement. Selon les statistiques de la FAO, il a été estimé qu’en 2011, 28.8% des stocks de poissons sont surexploités, ce qui signifie que les captures sont supérieures au niveau qui permettrait aux stocks halieutiques d’atteindre un niveau de stock durable, 61.3% sont pleinement exploités, c’est-à-dire que les prises atteignent ou avoisinent le rendement constant maximal, et seulement 9.9% sont sous-exploités (FAO, 2014). Selon Worm et al. (2009), 63% des stocks de poissons évalués dans le monde entier ont encore besoin de reconstruction, et des taux d’exploitation plus faibles sont nécessaires pour éviter l’effondrement des espèces vulnérables. La situation est plus inquiétante en Méditerranée où 78% des stocks de poissons font l’objet d’une surpêche (CGPM, 2011). Cette situation inacceptable tient à de nombreuses raisons, mais les motifs essentiels se résument tous en une mauvaise gestion des pêcheries dans la plupart des pays. Reproduction, âge et croissance de deux Téléostéens pélagiques des côtes de l’extrême Est algérien (El Kala): l’anchois, E. encrasicolus et la sardine, S. pilchardus LADAIMIA. S. 2017 2 La nécessité d’assurer un développement durable des pêcheries est prescrite à la fois par la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) et la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (CNUED). Elle est expressément formulée dans le code de conduite pour une pêche responsable de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO, 1999) qui donne au concept et aux principes de développement durable un caractère plus opérationnel. Dans ce contexte, la préservation et la gestion raisonnée des ressources halieutiques sont devenues une priorité mondiale avec une attention particulière portée aux petits poissons pélagiques dont la pêche et l’industrie de transformation font vivre 10 à 12% de la population mondiale (FAO, 2014). Les poissons pélagiques, également appelés «poissons bleus», vivant entre la surface et le fond (appelée zone pélagique où colonne d’eau) entre 0 et -200 m. Les petits poissons pélagiques (PP) regroupent plusieurs centaines d’espèces qui se caractérisent par des migrations horizontale et verticale dans les eaux côtières (Fréon et al., 2005). Ils constituent la plus grande part des captures marines mondiales avec 19.9 million de tonnes en 2009 soit 22% des captures mondiales totales (FAO, 2011). Les PP sont des espèces clés dans la chaîne trophique marine et leur présence est nécessaire pour maintenir l’équilibre des écosystèmes (Smith et al., 2011). Étant planctonophages, ils peuvent exercer un contrôle sur l’abondance du zooplancton qu’ils consomment, contrôle «top-down» ou bien sur celle de leurs propres prédateurs, contrôle «bottom-up» selon les situations (Bakun, 1996). Des effondrements de populations de sardines et d’anchois ont été accompagnés par des fortes baisses de la quantité d’oiseaux et de mammifères marins (Chavez et al., 2003). Par conséquent, des changements majeurs dans l’abondance de ces espèces peuvent être accompagnés par des changements marqués dans la structure de l’écosystème (Alheit et al., 2009). Les PP sont connus pour leur grande sensibilité aux variations saisonnières et annuelles de l’environnement et pour la forte variabilité de leur biomasse et de leur recrutement. Les exemples de l’anchois du Pérou (Engraulis ringens) et de la sardine du Pacifique (Sardinops sagax) illustrent bien les cas d’effondrements spectaculaires des pêcheries et d’économie halieutique (Durand, 1991; Schwartzlose et al., 1999) rendant compte de la fragilité de ces ressources et de leur vulnérabilité à la surexploitation. 

Zone d’étude

La présente étude a concerné le Littoral extrème Est Algérien (LEA), ce dernier est sous administration de la wilaya d’El Tarf et sa principale ville est El Kala, limitée à l’Est par Cap Roux (Segleb) aux coordonnées, 36° 56ʹ 45″ N – 8° 36ʹ 57″ E et à l’Ouest par Cap Rosa aux coordonnées, 36° 57ʹ 03″ N – 8° 14ʹ 35″ E (Fig. 1). Située dans un Parc National (PNEK), la région d’El Kala se trouve à 65 km à l’Est d’Annaba, son aire maritime s’étend sur 1484 km2 avec un plateau continental du rivage à 100 m de profondeur recouvrant une superficie de 328 km2 . La partie supérieure du talus continental de 100 à 500 m s’étend sur 494 km2 et la partie inférieure entre 500 et 1000 m couvre 662 km2 . Le linéaire côtier de la région d’El Kala s’étalle sur 70 km avec une orientation Ouest-Est. La géomorphologie côtière variée, est composée de falaises, de zones rocheuses, de plages et d’îlots entourant les principaux caps (Refes, 2011). Figure 1: Carte satellitaire montrant la localisation de la zone d’étude située à l’extrême Nord Est de l’Algérie (LEA) entre Cap Roux à l’Est et Cap Rosa à l’Ouest (Google earth, 2015 modifié). N Cap de Garde 36° 56ʹ 45″ N – 8° 36ʹ 57″ E Cap Roux Mer Méditerranée Région d’El Kala Golfe d’Annaba Littoral Extrême Est Algérien (LEA) 70 km ALGERIE TUNISIE 0 60 km 36° 57ʹ 03″ N – 8° 14ʹ 35″ E Cap Rosa Reproduction, âge et croissance de deux Téléostéens pélagiques des côtes de l’extrême Est algérien (El Kala): l’anchois, E. encrasicolus et la sardine, S. pilchardus LADAIMIA. S. 2017 

Provenance des échantillons Nous avons réalisé tous nos échantillonnages, provenant des débarquements des sardiniers et des chalutiers dans l’ancien port de pêche d’El Kala, auprès des pêcheurs, des mareyeurs ou encore des poissonniers de la ville. L’ancien port de pêche d’El Kala se trouve à 15 km du chef-lieu de la wilaya d’El Tarf aux coordonnées géographiques, 36° 54ʹ 09″ N – 06° 06ʹ 24″ E, il est rattaché à l’EGPP d’Annaba. Construit en 1925, ce port a été aménagé entre la côte et une presqu’île, ses fonds variant de 3 à 3.5 m dans les secteurs exploitables par la flottille. Il est protégé par 2 jetées, la principale de 240 m linéaire et la secondaire de 65 m linéaire en plus d’un quai de 570 m construit le long de la jetée principale (Tab. 1, Fig. 2). L’ancien port de pêche d’El Kala peut accueillir jusqu’à 80 embarcations, l’anarchie qui le règne et son exiguïté influence directement sur son rendement. En plus, la pollution, l’exposition très élévée aux vents NordOuest, la digue et la passe qui pénalisent les bateaux sont les principaux problèmes rencontrés. C’est pour ces raisons qu’un nouveau port, plus grand et mieux adapté, a été construit à l’Ouest de 1’ancien port. Le nouveau port d’El Kala, relancé par le Ministère de la Pêche et des Ressources Halieutiques (MPRH) en 2004, peut recueillir jusqu’à 142 embarcations. Ce port est situé aux coordonnées 36° 54ʹ 02ʹʹ N – 8° 25ʹ 19ʹʹ E. Il est protégé par 2 digues, la principale de 555 m linéaire et la secondaire de 350 m linéaire avec une longueur des quais de 780 m linéaire (Tab. 1, Fig. 2). Récemment inauguré par le Ministère de l’Agriculture, du développement Rurale et de la Pêche (MADRP) et après la réalisation de son quai, le nouveau port d’El Kala est actuellement opérationnel.

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