LES PROXIMITES sur DISTANCES DISCURSIVES SELON LE CONTEXTE GEOPOLITIQUE ET CULTUREL

LES PROXIMITES sur DISTANCES DISCURSIVES SELON LE CONTEXTE GEOPOLITIQUE ET CULTUREL

L’analyse des programmes nous a permis, d’une part, de définir l’appartenance partisane comme une source préalable, génératrice du politique, ouvrant ainsi la discussion (à venir) à la fois sur les apports et sur les limites de la production trans-partisane du discours politique. D’autre part, elle nous amène vers le constat que cette appartenance ne constitue pas le seul « agent non-humain » (Latour, 2005) pouvant générer des distinctions entre les programmes électoraux. Les programmes d’une même appartenance partisane au-delà des continuités discursives, présentent également des différenciations En effet, cette analyse comparative montre que le critère de l’origine géopolitique et culturelle des programmes opère aussi comme constructeur du politique. C’est-à-dire que les programmes sont produits dans une configuration donnée, caractérisée par des enjeux socioculturels spécifiques et des modes d’organisation sociétaux particuliers. L’enjeu de cette recherche est moins de mettre en concurrence les deux critères qui génèrent du politique que d’expliciter la manière par laquelle ils le font, ainsi que d’interroger les mythes du politique qui en résultent dans les deux cas. Les partis français et chypriotes appartenant à la même famille politique, tout en partant de la même référence textuelle, à savoir les manifestes des partis européens, produisent finalement chacun un discours électoral propre. En d’autres termes, le discours idéologico-politique produit au niveau européen est soumis à un processus de recontextualisation (Bernstein, 2000)64, qui consiste à ce qu’il soit ajusté et plus ou moins « adapté » au contexte national. Le concept de recontextualisation, importé du champ de la sociologie de l’éducation et réapproprié librement dans notre étude, paraît heuristique pour rendre compte de ce procès de transformation du discours électoral des partis appartenant au même groupement politique européen. La recontextualisation renvoie au procès qui structure la communication pédagogique au sein de l’institution éducative. Pour Bernstein, « la communication pédagogique est souvent perçue comme un vecteur, un relais des messages idéologiques et des relations de pouvoir extérieures, ou au contraire, comme un vecteur ou un relais, en apparence neutre, de compétences de diverses sortes » (Bernstein, 2007 : 55).

des principes qui régissent la transformation du texte : c’est-à-dire des principes qui orientent les opérations de sélection et d’organisation des contenus du discours, et qui constituent des « faits sociaux » (Bernstein, 2000). [Cela renvoie aux relations internes du texte : la classification des contenus (la définition des frontières entre catégories, leur séparation, et la légitimation de ces frontières) et le cadrage (établissement des formes de communication légitimes et appropriées au sein de chaque catégorie, à savoir la spécialisation de chaque catégorie).] En d’autres termes, ce sont les principes qui génèrent la structuration des réalisations spécifiques du discours.Le présent chapitre porte essentiellement sur les principes qui régissent la transformation du texte. Quant à la dimension praxéologique de la recontextualisation, nous en traiterons dans le dernier chapitre de ce travail. Cette transformation des textes implique l’existence d’un cadrage national qui pèse sur le processus de production du discours électoral par des opérations de sélection et d’organisation des éléments, spécifiques dans chaque pays. L’inscription géoculturelle joue un rôle décisif dans la production des programmes politiques. Elle apparaît comme un agent différenciateur, susceptible d’engendrer des diversités entre les programmes nationaux appartenant à une même famille politique. Cette hypothèse est d’autant plus intéressante à examiner que la production des manifestes européens sollicite la participation des délégations de tous les partis membres nationaux. Par la production des manifestes européens, les partis revendiquent l’existence d’un cadre politique cohérent qui ressemble les partis- membres de chaque groupement politique européen.

Nous aborderons les transformations des programmes liées au contexte géoculturel à partir d’une structuration du chapitre qui valorise la description des différences et des ressemblances des programmes. En s’appuyant toujours sur les indicateurs descriptifs, des rapports d’énonciation, des noyaux lexicaux et des thématiques ainsi que de la conscience du temps, nous montrerons comment les programmes de notre corpus peuvent être regroupés selon leurs proximités / distances en fonction de leur appartenance géoculturelle, le contexte français ou le contexte chypriote. Dans un deuxième temps, en définissant les manifestes européens comme référence de comparaison, nous tenterons de qualifier les programmes français et chypriotes selon leurs proximités/distances par rapport aux manifestes européens. Les programmes des partis européens sont considérés ici comme discours-témoins, en tant que « norme » (Duchastel et Armony, 1993), permettant de mesurer le décalage des programmes des partis domestiques par rapport au discours produit par le parti européen dont ils sont membres. Autrement dit, nous cherchons à saisir le degré de diversification des programmes des partis français et chypriotes membres d’un même groupement politique européen par rapport au discours électoral de ce dernier.

 

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