Les soins invasifs chez l’enfant

Durant son hospitalisation, il est fréquent qu’un enfant reçoive un grand nombre de gestes invasifs et douloureux. En effet, dans le cadre de la prise en charge d’une situation de soin, le personnel soignant est obligé d’effectuer des interventions dans un but thérapeutique ou diagnostique. Il a été montré qu’un enfant, dès son plus jeune âge, subit en moyenne entre 6 et 15 soins douloureux par jour durant son hospitalisation (Holsti & Grunau, 2010; Stevens & al., 2011).

D’après le dictionnaire Larousse (2016), se définit comme invasive “une méthode d’exploration médicale ou de soins nécessitant une lésion de l’organisme”. Il existe une multitude de soins dit invasifs; les plus courants étant les injections, les prises de sang, les poses de cathéters veineux périphériques, les réfections de pansement ou la pose de différentes sondes, qu’elles soient urinaires ou gastriques. Bien que la plupart des professionnels qualifient certaines procédures mineures comme non invasives, comme par exemple la prise de la température rectale chez l’enfant, ce dernier les perçoit comme étant des approches invasives (Rennick, Johnston, Dougherty, Platt, & Ritchie, 2002). Ces différents gestes vont avoir un impact physique et psychologique important chez l’enfant. Outre la douleur relative à l’atteinte corporelle, ces gestes vont générer un stress important chez l’enfant.

La douleur 

Toute littérature est unanime sur le sujet, une des priorités dans la prise en charge médicale d’un enfant est la gestion de la douleur. Cependant, cette gestion de la douleur est un concept relativement récent puisque celui-ci est apparu au cours du XXème siècle. Avant cette nouvelle approche, la gestion de la douleur dépendait principalement des croyances et des convictions des soignants prenant soin de l’enfant. La gestion de la douleur relevait donc de la perception des individus. Cette compréhension de la douleur chez l’enfant engendrait une gestion moindre de cette dernière, car les enfants n’avaient pas le droit d’avoir mal (Llor, 2014).

Selon l’Association Internationale d’étude de la douleur (IASP) “la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à un dommage tissulaire réel ou potentiel ou décrite en termes d’un tel dommage”. Cette définition de la douleur que propose l’IASP, souligne le caractère subjectif de la perception de la douleur (Sandre-Fleuriot, Vézinhet, Zérovec, & Bodin, 2009).

Afin de mieux définir la douleur, il existe deux différentes manières de la classer. Celle dite aiguë, qui est de courte durée, comme par exemple la douleur postopératoire, la douleur post-traumatique ou la douleur provoquée par certains soins. Puis, il y a la douleur dite chronique, rebelle, telles que les lombalgies et les céphalées chroniques, les douleurs liées au cancer ou certaines douleurs neuropathiques (Zabalia, 2006).

L’importance de gérer la douleur est illustrée par le fait que le souvenir de celle-ci peut avoir des conséquences à long terme pour l’enfant (Hatchuel, 2005). En effet, ce dernier va développer une mémoire face à la douleur qui aura un impact sur ses réactions lors d’évènements douloureux ultérieurs ainsi que sur l’acceptation des soins (Noel, Chambers, McGrath, Klein, & Stewart, 2012). La douleur liée à une atteinte physique ou à une complication peut également être augmentée par l’anxiété. En effet, la survenue d’une douleur entraîne une anxiété dont l’intensité peut retentir sur l’évolution de la douleur. Inversement la préexistence de troubles anxieux joue un rôle important dans le déclenchement, l’intensité, l’aggravation ou la persistance de la douleur (Serra, 1999).

La douleur selon les stades de développement de l’enfant 

La considération de l’âge de l’enfant et de son stade de développement sont deux éléments primordiaux dans la compréhension de sa réalité et de son ressenti face à la douleur. En effet, selon Chevrel, Meffrais & Siebert, l’enfant ne perçoit pas la douleur de la même façon qu’un adulte. La compréhension de la douleur et de la maladie évolue selon les différents stades du développement cognitif pour atteindre une pensée de type adulte, vers l’âge de douze à treize ans (2008, p.60).

Effectivement, durant les deux premières années de vie, l’enfant ne comprend pas l’étiologie de la douleur et ne parvient pas à analyser pourquoi il la ressent. Il en découle que l’enfant en bas âge ne peut pas évaluer l’intensité de cette douleur. En revanche, l’enfant se souvient de la douleur et il est sensible à l’anxiété de ses parents quant à l’expérience douloureuse. De ce fait, l’enfant est capable de détecter craintivement les situations pouvant engendrer de la douleur (Ball & Bindler, 2010).

De cette perception de la douleur chez l’enfant, en particulier sur la douleur aiguë entre deux et six ans, il en découle des réactions émotionnelles et neurovégétatives comme par exemple des pleurs, des cris, de l’agitation, des sueurs et une élévation des indicateurs physiologiques tels que l’augmentation de la tension artérielle, des pulsations cardiaques et de la fréquence respiratoire. Une diminution de la saturation pulsatile en oxygène (SpO2) a également été observée ainsi qu’une possible variation de la capnographie (CO2). D’autres signes, comme une position antalgique de l’enfant, une protection de la région endolorie ou encore une mobilisation ralentie ou contrôlée par l’enfant témoignent de l’adaptation du corps de ce dernier à la douleur (Chevrel & al., 2008; Gélinas, Viens, Fortier, & Fillion, 2005). Dans certaines situations, l’enfant peut souffrir de troubles de l’appétit et de troubles du sommeil suite à une expérience douloureuse. Entre deux et six ans, l’enfant perçoit la douleur comme une punition. Dans cette optique, ce dernier ne peut pas comprendre qu’un soin douloureux puisse lui faire du bien. Cependant, vers l’âge de six ans, l’enfant commence à associer la douleur à une blessure (Ball & Bindler, 2010).

Ensuite, l’enfant âgé de six à douze ans perçoit le lien entre la maladie et la douleur mais ne comprend pas son étiologie. Désormais, il comprend qu’un soin douloureux puisse être associé à la prise en charge d’un problème de santé. La perception de l’enfant d’âge scolaire évolue et, par conséquent, il associe parfois la douleur à la colère, au chagrin ou à la peine. Ce dernier est capable de préciser où la douleur se manifeste et de décrire son intensité ainsi que ses caractéristiques physiques. Lors d’épisode douloureux, une résistance passive est alors observée chez l’enfant de cette tranche d’âge, les poings sont fermés, le corps est entièrement rigide, il y a un repli affectif et du chantage. L’enfant associe un événement à la douleur qu’elle soit physique ou psychologique, et par conséquent, il fait parfois semblant de ne pas ressentir la douleur dans l’optique de paraître courageux. Cependant, le stress et l’angoisse de l’expérience douloureuse est difficilement dissimulable. En plus de décrire sa douleur physique avec précision, l’enfant de cet âge est désormais capable de décrire sa douleur psychologique (Ball & Bindler, 2010).

Table des matières

1. Introduction
2. Problématique
2.1. Les soins invasifs chez l’enfant
2.2. La douleur
2.2.1 La douleur selon les stades de développement de
2.3. L’anxiété
2.4. La présence parentale
2.5. Question de recherche
2.6. Cadre de référence
3. Méthode
3.1. Bases de données
3.2. Critères de sélection
3.3. Stratégie de recherche documentaire
3.4. Équations de recherche
4. Résultats
4.1. Résumé des lectures critiques
4.2. Synthèse des résultats
4.2.1 L’anxiété des parents
4.2.2 L’anxiété de l’enfant
4.2.3 La douleur de l’enfant
5. Discussion
5.1. Résumé des principaux résultats
5.2. Contextualisation des résultats dans le cadre de référence
5.3. Limites du Travail de Bachelor
5.4. Implication et recommandations pour la pratique
6. Conclusion 

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