Mémoire Online: Morphosyntaxe de l’interrogation en conversation spontanée, modélisation et évaluations

Sommaire: Morphosyntaxe de l’interrogation en conversation spontanée, modélisation et évaluations

Introduction
1 Le domaine de l’interaction
1.1 Interaction et oral
1.1.1 Code écrit et code oral
1.1.2 Des énoncés conçus et perçus dans le fil de l’énonciation
1.1.3 Parole spontanée : caractérisation objective
1.2 Identification d’une interaction
1.2.1 Le concept de négociation : apports théoriques
1.2.2 Le pendant sociologique : la théorie des Faces
1.2.3 L’intentionnalité : quelques exemples
1.3 Conversation spontanée et grammaticalisation
1.3.1 Description et cadrage théorique
1.3.2 Apport de la grammaire dite « traditionnelle »
1.3.3 Acceptabilité et statut des exemples
1.4 Les systèmes de CHM et la conversation spontanée
1.4.1 Connaissances et intérêt
1.4.2 Les limites de traitement en CMO
1.4.3 Applications envisageables
2 Le domaine de l’interrogation
2.1 Un bref historique de la modalité interrogative
2.1.1 D’une langue casuelle à une langue configurationnelle
2.1.2 Les mots interrogatifs en latin
2.1.3 La locution est-ce que
2.2 Un cadre paradigmatique hérité du latin
2.2.1 Une double opposition paradigmatique délicate à manier
2.2.2 Une modalité dite obligatoire et exclusive
2.2.3 Conversations spontanée et interrogation
2.3 L’interrogation : une interaction spécifique
2.3.1 Limites pragmatiques et interactives du cadre traditionnel
2.3.2 Le paradigme de réponses escomptées
2.3.3 Nouvelle typologie de l’interrogation
2.4 Modalité interrogative et réalisations informatiques
2.4.1 Les systèmes de Questions/Réponses
2.4.2 Gestion de l’information
2.4.3 Connaissances dynamiques : la nécessité d’une modélisation
3 Les corpus d’énoncés attestés
3.1 Présentation des corpus de travail
3.1.1 Des corpus en langue naturelle
3.1.2 Des zones d’influence et d’usage
3.1.3 L’expérimentation : préambule introductif
3.2 Le corpus RITEL
3.2.1 Deux impératifs : réactivité et dynamicité
3.2.2 Une interaction crescendo : l’intentionnalité pas à pas
3.2.3 Un corpus de développement
3.3 Le corpus « d’Un SMS pour la science »
3.3.1 La campagne scientifique
3.3.2 Les questions issues « d’Un SMS pour la science »
3.3.3 Comportement langagier induit par l’interlocuteur
4 L’interrogation et ses observables
4.1 Interrogation, intention, modélisation et observables
4.1.1 La notion de modèle
4.1.2 Efficience de la typologie
4.1.3 Difficultés et limites de traitement d’un modèle
4.2 Interaction et pragmatique
4.2.1 Les questions toniques : un gage de confrontation
4.2.2 Les questions périphrastiques : un gage de respect
4.2.3 La versation : un gage de distance
4.3 Evaluer ce travail : tests et perspectives computationnelles
4.3.1 Pourquoi tester les modèles ?
4.3.2 Une enquête de faisabilité
4.3.3 Un modèle computationel : stage et développement
5 Traiter l’interrogation en conversation spontanée
5.1 Principes fondateurs
5.1.1 Apport de la modélisation de l’interrogation
5.1.2 Les limites d’une modélisation
5.1.3 Les autres langues indo-européennes
5.2 Intentionnalité et réponse escomptée
5.2.1 La réponse : un énoncé dépendant
5.2.2 Les situations d’interlocution propices à la constitution d’un corpus
5.2.3 Un lieu d’interaction efficace et spontanée : la bibliothèque
5.3 Une structure morphosyntaxique idoine
5.3.1 Un relevé à visée cartographique
5.3.2 Un continuum interlocutif
5.3.3 Traiter la question en CMO
5.4 Perspectives en CMO
5.4.1 Le projet qui-est ce ?
5.4.2 L’injonction : une modulation sur l’expression de l’ordre
Conclusion
Annexe
Bibliographie

Extrait du mémoire

Chapitre 1: Le domaine de l’interaction
Si les interactions sociales peuvent être perçues comme autant de mises en scène, c’est parce qu’elles se déroulent selon des schémas préétablis, fréquemment appelés canevas conversationnels dont tous les participants ont conscience. Ainsi comme le souligne [Goffman 1974] : « l’individu tend à extérioriser ce qu’on nomme parfois une ligne de conduite, c’est-à-dire un canevas d’actes verbaux et non verbaux qui lui sert à exprimer son point de vue sur la situation, et, par là, l’appréciation qu’il porte sur les participants, et en particulier sur lui-même. Qu’il ait ou non l’intention d’adopter une telle ligne, l’individu finit toujours par s’apercevoir qu’il en a effectivement suivi une. Et, comme les autres participants supposent toujours chez lui une position plus ou moins intentionnelle, il s’ensuit que, s’il veut s’adapter à leurs réactions, il lui faut prendre en considération l’impression qu’ils ont pu se former à son égard.»
Selon Goffman, tout indivu se forge donc sa propre image au même titre qu’il en prête une à chacun de ses interlocuteurs. [Goffman 1974] parle alors de Faces et définit ce concept en évoquant :
« la valeur sociale positive qu’une personne revendique effectivement à travers la ligne d’action que les autres supposent qu’elle a adoptée au cours d’un contact particulier. La face est une image du moi déclinée selon certains attributs sociaux approuvés, et néanmoins partageables, puisque, par exemple, on peut donner une bonne image de sa profession ou de sa confession en donnant une bonne image de soi. » Cette valeur sociale positive doit être défendue. Il convient également de ne pas détériorer celle de son interlocuteur si l’on souhaite la poursuite et la réussite de l’échange en cours. Ce principe de réciprocité permet d’envisager les interactions verbales sous un nouvel angle : Les interactants sont attentifs à l’impression qu’il vont laisser au moins autant qu’au contenu de leurs tours de parole. Sur ce principe, Goffman insiste sur la nécessité d’un canevas conversationnel, qui permet la réussite de l’échange en rendant efficient le principe de négociation ; principe sur lequel on reviendra plus avant au sein de ce chapitre.
La conversation avec un ou plusieurs individus répond donc à des obligations tant formelles que sociales. Ces codes constituent autant de « moules » dans lesquels il convient de se positionner. « Sortir du moule » pour un locuteur, qu’il le fasse consciemment ou non, peut conduire à son éviction de la scène conversationnelle. Qu’elle soit ou non conversationnelle, la parole n’est pas le seul mode d’expression qui concerne ainsi la question de la représentation: ne pas respecter les conventions de style ou dress code conduit parfois à être stigmatisé par ses pairs. On se voit alors mis au ban et le discours produit s’en trouve dévalorisé.
Le présent travail a pour but de relever puis de modéliser, pour chaque in-terrogation et notamment pour les interrogations à visée utilitaire, celles qui appellent une réponse informative, l’ensemble des indices morphosyntaxiques, qui correspondent aux différentes postures. L’objectif est de saisir au plus près les intentions des locuteurs. Ces indices se situent à l’interface entre les théories morphosyntaxiques traditionnelles (dont [Blanche-Benveniste 1983], [Grevisse 1993] et [Le Goffic 1993] se font écho), qui font état du fonctionnement de la langue et les théories du langage ([Austin 1962], [Goffman 1974], [Grice 1975], [Lambrecht 1994] et [Moeschler 1996]), qui donnent davantage de place au contexte. Il convient, avant de rappeler les impératifs qui ont conduit ces travaux, de donner une définition de la notion d’interaction et de présenter ce qu’elle induit en matière de prise en charge langagière.
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