Méthodes d’enquête et présentation des sources de données

Méthodes d’enquête et présentation des sources de données

Ce chapitre est consacré à la présentation des méthodes d’enquête adoptées dans notre étude empirique et des sources de données qui constituent le matériel d’élaboration des chapitres dans la seconde partie de notre thèse. Dans un premier temps, nous justifions notre stratégie de recherche empirique par rapport à notre problématique, et nous présentons les différentes méthodes de recueil de données utilisées (§ 4.1.). Dans un deuxième temps, nous allons présenter nos différentes sources de données (§ 4.2.). Comme notre étude empirique s’étend sur une période de près de trois décennies (1975 – 2003) (avec parfois des retours rétrospectifs plus en amont dans le temps afin de comprendre les faits et événements de la période étudiée), les études historiques se révèlent la stratégie la plus adaptée. Celles-ci étayent par la suite notre choix des méthodes de recueil de données qui ont pour objectif de retrouver les traces des faits et événements concernant les réformes économiques et comptables pendant la durée examinée. L’approche historique souligne notre intérêt, non seulement pour les faits proprement dits mais plus particulièrement pour leur enchaînement, les processus de transformation des comptabilités et économiques au Viêt-nam. Les sources de données que nous avons recueillies sont le matériel avec lequel nous reconstituons les grandes étapes de la trajectoire de la transition économique (chapitre 5) et comptable du Viêt-nam (chapitre 6). Afin de faciliter la lecture des chapitres suivants, il nous semble, nécessaire, dans ce chapitre, de présenter la nature et la composition du matériel collecté qui sert à la rédaction de ces chapitres.

Cette section présente et justifie les méthodes d’enquête que nous avons utilisées dans notre travail empirique. Dans la première section (§ 4.1.1.), nous justifions notre stratégie de recherche fondée sur les études historiques des processus de réformes économiques et comptables dans un pays par rapport à notre problématique. Nous présentons ensuite les méthodes de recueil de données requises dans les études historiques (§ 4.1.2.) et d’analyse des données (§ 4.1.3.). Nous terminerons en cherchant à évaluer la qualité et les limites du matériel collecté (§ 4.1.4.).  Nous commençons par justifier notre choix pour les études historiques avant de présenter les différentes méthodes de collecte de données. À la différence des manuels de méthodes de recherche, l’approche de Yin (1989) est intéressante car elle est centrée sur le choix d’une stratégie de recherche et non sur le choix de modes de recueil de données. Yin (1989) présente les éléments permettant de choisir entre les cinq grandes stratégies de recherche qu’il a identifiées : – les expériences, – les enquêtes et sondages (qui reposent sur la constitution d’échantillons représentatifs de populations plus larges), – les analyses des données historiques (exemple : études économiques), – les études historiques, – les études des cas. Tableau 4.1. : Situations pertinentes pour les différentes stratégies de recherche

Cette classification, selon l’auteur, n’est pas une typologie stricte dans le sens où les stratégies sont mutuellement discriminantes. Au contraire, les frontières entre les stratégies ne sont pas pour autant aussi restrictives, elles se révèlent parfois perméables en fonction des interrogations du chercheur. Notre question de recherche s’apparente aux questions de type « comment » et « pourquoi ». Notre travail, par le choix du terrain, peut être assimilé à une étude de cas. Ici, c’est le cas d’un pays – le cas du Viêt-nam. Or le terme « étude de cas » recouvre des réalités fort différentes, telles que la recherche historique, la recherche ethnologique, les études longitudinales. Selon Yin (1989), une étude de cas est une étude en profondeur d’une situation complexe : (Yin, 1989, p, 23, traduit par E. Chiapello, 1994, p. 223) Notre étude sur le cas vietnamien répond aux critères d’une étude de cas selon la définition proposée par Yin (1989, p.23). Toutefois, l’objet d’étude – le processus de la transition d’une comptabilité de type communiste vers une comptabilité de type capitaliste est un phénomène contemporain se référant à un passé non totalement « perdu » qui est retenu par Yin (1989) comme l’élément de distinction en termes de contribution entre la méthode par étude de cas et la méthode historique.

« Donc, la différence explicite en termes de contribution de la méthode historique par rapport à l’étude de cas réside dans le fait que la méthode historique concerne le passé totalement ‘perdu’ (the “dead” past) dont aucun témoin n’est plus en vie pour nous raconter, même de mémoire, ce qui s’était passé. Sur un passé aussi lointain, l’enquêteur doit se baser principalement sur des documents primaires, secondaires, des artéfacts culturels ou physiques pour travailler. Toutefois, des histoires concernant des évènements contemporains peuvent aussi exister ; dans ce cas, on assiste à un phénomène de recouvrement des deux stratégies, celle des études de cas et celle des études historiques. L’étude de cas est la stratégie de préférence dans l’étude des évènements contemporains, mais seulement dans les cas où les comportements les plus révélateurs ne sont pas manipulables. Donc, l’étude de cas est aussi basée sur des techniques utilisées dans les études historiques, mais en plus cette première peut avoir recours à deux autres sources de preuve qui ne figurent pas dans le répertoire des méthodes d’enquête des historiens que sont l’observation directe et l’interview systématique. » (Yin, 1989, p. 19, notre traduction, mise en gras par nous).

 

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