Modélisation et diagnostic d’un propulseur à effet Hall pour satellites

Modélisation et diagnostic d’un propulseur à effet Hall pour satellites

Besoin en propulsion spatiale

A l’aube du XXIe siècle, l’intérêt et les enjeux des systèmes spatiaux (satellites, sondes…) se sont considérablement élargis. Ils sont de nature stratégiques, militaires, technologiques, industriels, commerciaux et scientifiques mais ils interviennent également dans notre vie quotidienne. L’accès, la maîtrise de l’espace et les engins spatiaux sont des enjeux d’autant plus importants qu’ils s’instaurent dans un contexte fortement concurrentiel entre les EtatsUnis, la Russie et l’Europe mais également avec l’arrivée de nouvelles puissances émergentes tels que le Japon, la Chine et l’Inde [Sen-01]. • Point de vue militaire : les satellites sont essentiels pour la sécurité et la défense. • Point de vue technologique : ce domaine est la conséquence du contexte concurrentiel dans le monde. L’exemple le plus parlant est le GPS (Global Positionning System). En effet, pour faire face à la place hégémonique des Etats-Unis dans ce domaine, l’Europe va se doter dans les années à venir d’un système de navigation appelé Galileo pour assurer son indépendance et sa compétitivité [CNE]. • Point de vue scientifique : la mise à disposition de moyens spatiaux joue un rôle fondamental dans le domaine de la connaissance (exploration de l’univers, compréhension des lois de la physique fondamentale). • Point de vue social : l’espace est devenu un moyen et un milieu permettant de mieux gérer la vie sur terre. Dans les domaines de la prévision météorologique, de l’étude du climat et de l’environnement, de la gestion des risques naturels ou industriels ou de la localisation, il est désormais inconcevable de se passer de moyens spatiaux. • Point de vue industriel et commercial : en plus des télécommunications spatiales et de la télévision numérique par satellite, nous assistons au développement rapide de nouveaux services. Le GPS est bien entendu l’exemple le plus parlant, mais nous pouvons évoquer également l’utilisation des satellites d’observation pour l’agriculture, l’urbanisme, les travaux publics. Quant aux satellites de télécommunications, ils permettent de développer des services nouveaux comme la télé-medecine ou la télééducation. Ils constituent les moyens privilégiés pour réduire le « décalage social » entre les pays développés et les pays émergents, mais ils sont également des outils indispensables à l’aménagement du territoire. Dans ce contexte spatial, une place importante est donnée à la recherche et au développement, signature de progrès. Tous les domaines techniques sont concernés, spécialement les systèmes de propulsion des engins spatiaux tels que les satellites. En effet, l’efficacité des systèmes propulsifs joue un rôle majeur dans la qualité et la richesse d’une mission réalisée par le véhicule spatial [Let-04].

Fonction du sous-système propulsif pour satellites  Types de missions spatiales

Le système propulsif d’un satellite doit pouvoir assurer différentes fonctions associées à différents types de missions. Prenons l’exemple d’un satellite géostationnaire, il doit pouvoir assurer le transfert du satellite de son orbite d’injection, imposée à la séparation avec le dernier étage du lanceur, à l’orbite géostationnaire (située dans le plan équatorial et circulaire à 36000 km). Il faut pouvoir contrôler l’orbite et l’attitude (orientation du véhicule) d’un satellite. Cette opération s’effectue lors de la mise à poste du satellite après le transfert d’orbite et périodiquement afin de compenser les effets des forces et couples perturbateurs qui  ont tendance à écarter le satellite de son orbite et qui agissent sur son attitude. Les forces peuvent être dues à l’attraction solaire et lunaire, la non-uniformité du potentiel terrestre liée à l’aplatissement de la terre, les frottements atmosphériques qui sont fonctions de l’altitude du satellite, et le vent solaire (dans le cas des satellites en orbite basse). Par ailleurs, le système propulsif doit assurer la désorbitation ou réorbitation du satellite en fin de vie opérationnelle. Enfin, il doit permettre la mise en orbite d’une sonde autour d’une planète dans le cas des missions interplanétaires. Une manœuvre orbitale associée à une mission donnée correspond à un changement de vitesse ∆v du satellite : 0 . m T ∆t ∆ν = (I.1) avec T la poussée exercée par le système propulsif, ∆t le temps de fonctionnement du moteur et m0 la masse totale du satellite. Notons que les poussées nécessaires, pour les différentes fonctions décrites ci-dessus, sont soit élevées lorsque la rapidité de la manœuvre constitue un critère important tel que le transfert d’orbite, soit faibles lorsque la mission nécessite un contrôle fin et précis tel que la correction d’orbite. D’où les changements de vitesse ∆v du satellite qui sont nécessaires pour assurer ces missions.

Propulseur à Effet Hall de type SPT

Bref historique des propulseurs à Effet Hall

 L’application de la propulsion électrique aux véhicules spatiaux a été proposée pour la première fois par R.H. Goddard en 1906. Les recherches concernant ce type de propulseur ont commencé dès le début des années 60 aux Etats-Unis, et plus particulièrement en Russie où l’équipe de A.I Morozov s’est intéressée à un type particulier de propulseur électrique : le Propulseur à Plasma Stationnaire dit SPT ou Propulseur à Effet Hall dit HET. Du fait de leur grande impulsion spécifique, ces propulseurs sont adaptés pour des fonctions du type corrections Nord-Sud et Est-Ouest des satellites. Depuis les années soixante-dix, des centaines de SPTs ont été embarqués sur des satellites essentiellement russes, les Etats-Unis ayant privilégié à cette même période les propulseurs ioniques à grille. Depuis une dizaine d’années, la faisabilité, les bonnes performances et la fiabilité de l’introduction de cette technologie dans les satellites ont été démontrées, ce qui a conduit l’Europe, le Japon et tout récemment la Chine à s’intéresser à ce type de propulseur pour l’étudier et le développer à leur propre compte. 

Principe de fonctionnement Principe

 La géométrie du propulseur est représentée figure I.3. Le fonctionnement des moteurs à Effet Hall est basé sur la création d’un plasma hors-équilibre dans le canal situé entre deux cylindres coaxiaux diélectriques (en céramique, nitrure de bore et silice BNSiO2 ). Globalement, des ions sont créés par collisions électroniques avec des atomes neutres (ici du xénon). Ces ions ainsi créés, sont ensuite accélérés par le champ électrique axial de la décharge permettant ainsi d’obtenir l’effet propulsif.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : CONTEXTE DE LA PROPULSION ELECTRIQUE
I. BESOIN EN PROPULSION SPATIALE
1. Fonction du sous-système propulsif pour satellites
1.1 Types de missions spatiales
1.2 Grandeurs caractéristiques en propulsion
1.3 Propulsion chimique et propulsion électrique
II. PROPULSEUR A EFFET HALL DE TYPE SPT
1. Bref historique des propulseurs à Effet Hall
2. Principe de fonctionnement
III. LES NOUVEAUX BESOINS EN PROPULSION SPATIALE
1. Satellites nouvelles générations
1.1 Limitations des propulseurs classiques
1.2 Systèmes hybrides
2. Concept alternatif : Propulseur à Effet Hall à Double Etage (DSHET)
2.1 DSHET avec une électrode intermédiaire non- émissive
2.2 DSHET avec injection directe du courant d’électrons
2.3 DSHET basé sur un double maximum de champ magnétique
2.4 DSHET basé sur le confinement magnétique
2.5 DSHET configuré sur plusieurs étages
IV. RECHERCHE EN FRANCE
1. Cadre de l’étude
2. Enjeux et objectifs du GDR
V. CONCLUSION
CHAPITRE II : DESCRIPTION DU MODELE HYBRIDE 2D – APPLICATION A L’INFLUENCE DE LA CONFIGURATION MAGNETIQUE DANS UN
PROPULSEUR A EFFET HALL
I. MODELE HYBRIDE 2D
1. Modèle de la décharge
1.1 Domaine de simulation
1.2 Modèle magnétique-fonction lambda
1.3 Traitement particulaire des neutres
1.4 Traitement particulaire des ions
1.5 Traitement fluide des électrons
1.7 Calcul du potentiel électrique
1.8 Terme source d’ionisation
2. Prise en compte de configurations magnétiques complexes
3. Discussion sur la validité des hypothèses physiques du modèle
3.1 Transport électronique
3.2 Hypothèse de Morozov pour le calcul du potentiel électrique
3.3 Fonction de distribution électronique maxwellienne
3.4 Transport des neutres et des ions
II. INFLUENCE DU GRADIENT DE CHAMP MAGNETIQUE
1. Configuration magnétique du SPT-100
1.1 Topologie magnétique
1.2 Conditions de simulation
2. Caractéristiques de la décharge
2.1 Propriétés du plasma
2.2 Performances du moteur
2.3 Propriétés du faisceau d’ions
2.4 Erosion et durée de vie du moteur
2.5 Comportement dynamique
III. APPLICATION A LA TECHNOLOGIE ATON
1. Propulseur ATON
2. Comparaison SPT-100 et ATON
2.2 Comportement statique
2.3 Comportement dynamique
2.4 Fonction de distribution en énergie et érosion
2.5 Comportement hors-point nominal
IV. CONCLUSION
CHAPITRE III : TRANSPORT « ANORMAL » DANS UN PROPULSEUR A EFFET
HALL – EXPERIENCE D’INTERFEROMETRIE, INTERPRETATION ET CONSEQUENCES SUR LE TRANSPORT ELECTRONIQUE
I. CADRE ET INTERET DE L’ETUDE
II. PROPULSEUR FORTE PUISSANCE PPSX000-ML
1. Présentation du propulseur
2. Performances du moteur
III. INTERFEROMETRIE DE FABRY-PEROT
1. Position du problème
2. Principe de l’interférométrie de Fabry-Pérot
2.1 Dispositif expérimental
2.2 Forme du spectre
2.3 Modèle d’émissivité 2D avec une distribution ionique imposée
2.4 Difficulté du traitement de la mesure
IV. COUPLAGE MODELE HYBRIDE-EXPERIENCE DE FABRY-PEROT
1. Méthodologie
2. Simulation de l’expérience de Fabry-Pérot intégrée dans le modèle hybride 2D
3. Recalage expérience-modèle
3.1 Recouvrement des spectres
3.2 Recalages des profils de vitesse
3.3 Discussion sur le changement de la pente du potentiel électrique
V. INFLUENCE DES PARAMETRES MOTEURS
1. Influence du champ magnétique seul
2. Influence de la tension et du champ magnétique
2.1 Caractéristique courant-tension
2.2 Performances
3. Influence du débit et du champ magnétique
3.1 Caractéristique courant-débit
3.2 Performances
VI. TRANSPORT « ANORMAL »
1. Mobilité « anormale »
2. Calcul de la contribution des collisions pariétales à la conductivité électronique
2.1 Théorie de gaine
2.2 Modèle hybride avec prise en compte de l’émission secondaire électronique
3. Comparaison modèle-expérience en supposant une mobilité de type turbulente (paramètre k) dans le canal .
3.1 Validation de l’approche – recalage des profils de vitesse
3.2 Caractérisation en tension
3.3 Caractérisation en débit
4. Conclusion
VII. APPLICATION : SIMULATION DU PROPULSEUR PPSX000-ML
1. Fonctionnement statique
2. Influence de la tension
3. Influence du débit
VIII. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
CHAPITRE IV : PROPULSEUR A EFFET HALL A DOUBLE ETAGE
I. PRESENTATION DU CONCEPT ET PREMIERS RESULTATS EXPERIMENTAUX
1. Pourquoi un propulseur à Effet Hall à Double étage ?
2. Propulseur à Effet Hall à Double Etage basé sur le confinement magnétique
3. Résultats expérimentaux
3.1 Propriétés du plasma et performances du moteur
3.2 Etude qualitative de la chambre d’ionisation par spectrométrie d’émission
II. MODELISATION DU DSHET : CONTEXTE ET APPROCHE
III. MODELE HYBRIDE AVEC UNE DESCRIPTION FLUIDE DU TRANSPORT ELECTRONIQUE
1. Adaptation du modèle hybride 2D : prise en compte de la chambre d’ionisation
1.1 Modèle magnétique
1.2 Prise en compte de la chambre d’ionisation
2. Exemples de résultats de simulation obtenus avec le modèle hybride
2.1 Conditions de l’étude
2.2 Performances du moteur pour divers points de fonctionnement
2.3 Puits de potentiel et collection des ions
3. Discussion sur les limites du modèle hybride et la forte conductivité prédite par le modèle dans la chambre d’ionisation
IV. MODELE HYBRIDE AVEC UNE DESCRIPTION MONTE-CARLO DES ELECTRONS
1. Méthode de Monte-Carlo et tests numériques associés
1.1 Test en plasma non magnétisé
1.2 Test en plasma partiellement magnétisé
2. Ionisation dans le 1er étage pour Na, V et B donnés
2.2 Fonction de distribution électronique tirée suivant une maxwellienne de température Te=1 eV
2.3 Influence de la densité de neutres
2.4 Fonction de distribution électronique tirée suivant une maxwellienne de température Te=15 eV
2.5 Conclusion partielle
3. Production et collection des ions dans le 1er étage pour un courant d’électrons injecté fixé
3.1 Couplage numérique Monte-Carlo/Hybride
3.2 Production totale des ions dans la chambre
3.3 Phénomènes de recombinaison
3.4 Collection des ions dans la chambre
3.5 Conclusion partielle
4. Extraction des ions – modèle auto-cohérent
4.2 Illustration du fonctionnement statique du DSHET
4.3 Extraction des ions et recombinaison à la paroi
4.4 Conclusion partielle
5. Influence de la configuration magnétique sur le fonctionnement du moteur- Modèle auto-cohérent
5.1 Configuration magnétique
5.2 Ionisation du flux de gaz
5.4 Extraction des ions
5.4 Conclusion partielle
V. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
CONCLUSION GENERALE
SUPPLEMENT TECHNIQUE
REFERENCES
ANNEXE : SIMULATION MONTE-CARLO DES ELECTRONS

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