Modes d’interventions et supports médiatiques employés

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Contexte politique et social : l’historiographie de Weimar

Les débuts : accentuation des aspects politiques et économiques

Le cadre politique joue aussi un rôle déterminant. L’avènement de la République de Weimar a sans doute favorisé la création de l’Institut. Si le IIIe Reich et la RDA lui volent aujourd’hui la vedette, peu de périodes historiques ont été plus étudiées en Allemagne que la République de Weimar. « It is already a legend », écrivait Peter Gay en 1968. 12 Son historiographie est multiple et a considérablement évolué depuis l’après-guerre. Des années cinquante aux années soixante-dix, les travaux portaient avant tout sur les causes du déclin de la République, qui permit la prise du pouvoir par les nazis en 1933. En ce sens, Arthur Rosenberg livre une critique déterministe de gauche de la Constitution de 1919. Pour lui, la Constitution contenait en germe toutes les faiblesses du système qui devaient le mener à sa perte. L’étude de Karl Dietrich Bracher13 interroge également les raisons du déclin, déroulant d’abord une « étude sociologique « horizontale » de Weimar, décrivant ensuite les étapes de la déperdition »14 . Ce faisant, Bracher « met à jour les mensonges des mémorialistes »15 , Brüning et von Papen, dont les écrits furent publiés quelques années auparavant16.
Le Krach boursier de 1929 étant tenu pour responsable de l’accélération de la chute du pouvoir, il n’est pas étonnant que l’évolution économique ait suscité un vif intérêt. En témoigne le symposium organisé par Hans Mommsen à Bochum en 1973 sur les relations entre développement industriel et politique sous Weimar.17

Les années quatre-vingt et le développement de l’approche sociale

A partir des années quatre-vingt, l’accent se déplace vers les questions sociale et culturelle. L’histoire sociale de l’Allemagne de Hans-Ulrich Wehler18 offre des éléments de compréhension indispensables. La naissance de la culture de masse, l’affrontement de traditionalismes et des courants d’avant-garde, l’affirmation de la classe moyenne, ainsi que la fondation de l’Etat-Providence constituent les sujets de prédilection de ces études. Pour Horst Möller, l’urbanisation ne s’est pas contentée de transformer les structures urbaines, elle a aussi modifié les conditions de travail, les relations sociales, l’habitat, le revenu, et le style de vie.19. Les œuvres de référence évoquant la nature contradictoire de la culture sous Weimar demeurent Krisenjahre der klassischen Moderne de Detlev Peukert20 et Weimar Culture de Peter Gay21. Wolfgang Abelshauser consacre un essai aux interventions sociales de Weimar, Die Weimarer Republik als Wohlfahrtsstaat.22 Dans le même temps, Horst Möller, Gerhard Schulz, Andreas Hillgruber se chargent de réhabiliter la recherche portant sur la culture politique 23 . Tous ces aspects s’avèrent déterminants pour la compréhension du fonctionnement de l’Institut : c’est l’Etat-Providence qui reconnut à l’Institut un statut d’intérêt général (gemeinnützig) en 1924. De même, les scandales qui accompagnaient inévitablement la personne d’Hirschfeld, son Institut et ses productions (films, livres, conférences…) témoignent de la coexistence de courants progressistes et de résistances conservatrices. Selon les mots de l’historien Peter Gay, « la soif de totalité faisait un procès à la modernité ».24

Revirement culturel

Les années quatre-vingt-dix sont marquées par un « cultural turn » en ce qui concerne la recherche de Weimar. Il n’est plus question d’analyser les raisons de l’échec du régime. On souligne désormais la richesse et l’ouverture culturelle, politique et sociale de la République déchue. Die « Krise » der Weimarer Republik25 , prétend même que l’analyse de Weimar comme crise globale affectant tous les domaines tient à une faute d’interprétation. Les historiens auraient reproduit la « rhétorique de la crise »26, omniprésente à l’époque dans les milieux conservateurs de la Kulturkritik comme dans les partis de gauche, sans la remettre en question. Gérard Raulet examine les aspects philosophiques et littéraires de la conscience de la crise sous Weimar.27

Thèmes de recherche récents

D’après Andreas Wirsching, 28 les années 2000 assistent à l’émergence de thèmes nouveaux, concernant l’histoire des médias et des mentalités. Un premier pôle s’attache à décrire les expériences inédites de l’espace et du temps, qui connurent des changements radicaux à la faveur de l’ère de la vitesse et de la transmission instantanée d’informations. Reprenant un concept forgé par Ernst Bloch, l’article de Martin H. Geyer, « Die Gleichzeitigkeit des Ungleichzeitigen », montre comment la synchronisation du temps sociaL

Propagande visuelle et perception du corps

Deux thèmes de recherche qui connaissent un essor récent intéressent de près notre sujet : la propagande visuelle et la perception du corps. La multiplication des salles de cinéma, des revues, le développement de la publicité donnent naissance à une nouvelle langue iconique et véhiculent d’obsédants canons de beauté. Thomas Mergel étudie le rôle novateur qu’assume l’image publicitaire au sein d’une culture du regard.30 De son côté, Cowan étudie la cristallisation dans les années vingt d’un culte du corps. Il voit dans ce phénomène une réaction au choc infligé par le retour des soldats aux corps mutilés et déformés en 1918.31
Déroulant les grandes étapes de l’historiographie de Weimar, Dieter Gessner remarque qu’une histoire des mentalités reste à écrire :
Les objets de la République de Weimar sont largement connus, les conditions générales, les institutions et les processus, les « sujets de Weimar », agrégés socialement ou séparés individuellement sont quant à eux largement inconnus.32

L’évolution des mœurs

Un aspect fondamental de la révolution culturelle weimarienne réside dans la libération des mœurs. Celle-ci trouve son origine dans les mouvements de la Lebensreform33 amorcés à la fin du XIXe siècle et concerna toutes les tranches de la population, renouvelant les conceptions de la famille, du mariage et de la sexualité. La « réforme de la sexualité » (Sexualreform) est l’œuvre de mouvements tant féministes qu’homosexuels, des partis communistes et sociaux-démocrates.

La famille

La famille devient un objet d’étude historique dans les années soixante-dix et quatre-vingts, dans un contexte de désinstitutionalisation du mariage et de recul des naissances. La recherche interroge alors les traits constitutifs de la famille moderne. Les premières études semblent toutefois accorder peu d’importance à Weimar, portant leur attention sur l’Empire et sur le IIIe Reich. Elles dressent une classification des structures familiales en fonction des milieux socio-économiques.34 Emblématique de cette tendance, la monographie d’Ingeborg Weber-Kellermann35 passe directement de l’Empire au régime nazi, dédiant deux pages aux années vingt. 36 Elle distingue quatre types de familles, les familles bourgeoise, ouvrière et paysanne, ainsi que la famille des classes moyennes.
L’article « Familie » du dictionnaire des Geschichtliche Grundbegriffe 37insiste sur les tensions auxquelles la famille est exposée, cellule à la fois censée permettre l’épanouissement individuel et soumise aux lois sociales. L’étude plus récente de Rebecca Heinemann 38 se penche sur les représentations de la famille dans le discours de la République de Weimar. Pour elle, il se caractérisait par l’opposition entre conception catholique, incarnée par le parti du centre (das Zentrum), et conception social-démocrate.
Une problématique récurrente des ouvrages consacrés à la famille et aux femmes sous Weimar concerne la politique démographique. Cornelie Usborne interroge les répercussions des campagnes pro-natalistes émanant de l’Etat. D’autre part, elle constate que le clivage conservateurs/libéraux ne s’applique pas en termes de politique familiale, un consensus traditionaliste alliant droite et gauche ayant prévalu. 39 Elle souligne la continuité des politiques démographiques de l’Empire, de la République de Weimar et du IIIe Reich.40

L’émergence du mouvement féministe

Cornelie Usborne et Kristine von Soden41 démontrent que le mouvement féministe présentait un spectre très large et non dénué de contradictions. Si le Mutterschutz d’Helene Stöcker plaidait en faveur de l’amour et du mariage libres, d’autres organisations, telles que le Bund deutscher Frauenvereine de Gertrud Bäumer, ne voulaient pas entendre parler d’une remise en cause de l’ordre familial et sexuel.42 De plus, le discours en faveur de la légalisation de l’avortement et de la distribution de moyens de contraception s’accompagnait fréquemment d’une idéologisation de la maternité, favorisée par les politiques officielles et par le parti social-démocrate.43 Pour Usborne, c’est sous la République de Weimar que la maternité, la sexualité et la contraception deviennent des sujets politiques.44 Toutefois, malgré la sensation que produisit l’avènement de la Neue Frau dans l’espace public, Cornelie Usborne s’accorde avec la chercheuse américaine Renate Bridenthal pour révéler le fossé qui séparait les avancées politiques des progrès sociaux effectifs. « Legislation and political events had less influence than slow-moving but powerful economic and social forces. »45
A en croire Kristine von Soden, le véritable facteur d’émancipation fut le contrôle des naissances, permettant le renouvellement de la morale sexuelle. 46 Ce sont les centres de consultation en sexualité (Sexualberatungsstellen), qui opérèrent la distribution de moyens de contraception. Premier centre d’éducation sexuelle, l’Institut de Magnus Hirschfeld en livra le modèle.

Le mouvement homosexuel

Théorie hirschfeldienne de l’homosexualité

Si Magnus Hirschfeld n’est plus la figure controversée qu’il était de son vivant, de nouveaux débats gravitent aujourd’hui autour de ses travaux. Les deux plus virulents concernent sa théorie des sexes (Zwischenstufentheorie) et ses positions eugénistes.
Pour expliquer l’homosexualité, Magnus Hirschfeld forgea une théorie qui remettait en Soden, Kristine von, « Auf dem Weg zur neuen Sexualmoral », in cause la stricte dichotomie des sexes. Chaque caractéristique humaine, physique ou psychique, se manifeste sous une forme masculine ou féminine, indépendamment du sexe de l’individu. Selon cette théorie, nul n’est « pleinement femme » ou « pleinement homme », mais toujours un assemblage des deux sexes. Ainsi, Hirschfeld, reprit à son compte la définition de Karl-Heinrich Ulrichs, qualifiant l’homosexualité masculine d’« âme de femme, prisonnière dans un corps d’homme » 47 . Si cette théorie avait quelque chose de révolutionnaire au tournant du siècle, les catégories du « féminin » et « masculin » qu’employait Hirschfeld correspondaient aux représentations de son temps. Il reconnaissait comme traits de caractères masculins, la créativité, l’activité, la recherche. La passivité et l’écoute seyaient aux femmes.48
Les courants les plus inconciliables traversèrent le discours sur les genres du début du siècle à la fin des années vingt. Cependant que les thèses féministes, émancipatrices se diffusaient, l’essai nocif, Sexe et caractère (1903), de Otto Weininger connut un succès sans précédent.
Weininger définissait les rapports homme-femme comme une relation de sujet à objet.49 De plus, Weininger opéra la dangereuse synthèse entre antisémitisme et misogynie, racisme et pornographie, faisant des Juifs des parangons de la féminité et des pervers.50
Ute Planert observe l’évolution de l’image de la féminité. Si l’ « éternel féminin » faisait figure de refuge contre la modernité sous l’Empire,51 la République de Weimar tint ensuite les femmes pour responsables des ravages de la modernité. 52 Les mouvements préfascistes dénonçant l’effémination du peuple allemand, eurent recours à une rhétorique caractérisée par un culte de la virilité.53

Transformation de la perception de l’homosexualité

L’histoire de l’homosexualité décrit généralement la formation progressive d’une identité homosexuelle homogène, d’un cheminement commun vers l’émancipation. Michel Foucault voit dans le discours psychiatrique du XIXe siècle sur les « émotions sexuelles contraires » un élément fondateur de la personnalité homosexuelle dans l’imaginaire collectif.54 Autrefois fornicateurs sacrilèges, les homosexuels acquirent le statut de criminels ou de cas cliniques.
De son côté, Hergemöller met en garde contre une approche trop monolithique de l’histoire de l’homosexualité au XIXe siècle. Il distingue deux pôles antithétiques, responsables de la constitution d’une « personnalité homosexuelle ». Il oppose en effet les médecins, psychiatres, policiers et juges au service du pouvoir, qui voyaient dans l’homosexualité une perversion ; de l’autre, deux médecins, pour qui l’homosexualité constituait une simple variation sexuelle, Karl-Heinrich Ulrichs et Magnus Hirschfeld.55 Les homosexuels, qui militaient pour leur émancipation, se retrouvaient pris entre les deux conceptions. S’ils s’identifiaient au discours d’Hirschfeld, ils se voyaient néanmoins accusés au tribunal de « fornication contre-nature » (widernatürliche Unzucht). Par extension, Hergemöller affirme qu’il n’est pas possible de parler d’une histoire de l’homosexualité, tant les courants qui la composent sont multiples.

Un mouvement désuni

Les quelques monographies traitant de l’homosexualité sous l’Empire et sous Weimar insistent sur la division du mouvement, son incapacité à représenter de façon organisée les intérêts sociaux et politiques des homosexuels. Dans ces ouvrages, tout comme au sein du mouvement civique des années vingt, les lesbiennes brillent par leur absence.
L’œuvre pionnière de James D. Steakley56 s’attache à décrire les étapes de la lutte de l’Empire à l’arrivée au pouvoir des nazis. L’action du comité scientifique-humanitaire (Wissenschaftlich-Humanitäres Komitee) mené par Hirschfeld constitue l’objet essentiel du livre. L’Histoire politique des homosexuels de Hans-Georg Stümke57 souligne les dissensions idéologiques entre le comité et la Communauté des Particuliers (Gemeinschaft der Eigenen) d’Adolf Brand. Sous la houlette de Hirschfeld, le comité défendait une approche biologique de l’homosexualité, innée et impliquant une identité sexuelle différente de celle des deux autres sexes. Pour Adolf Brand et ses partisans, tous les hommes sont bisexuels ; seules les normes sociales et l’intervention de l’Etat les retiennent de vivre librement leur sexualité. La revue Der Eigene publiée par Brand affichait un culte fascisant de la virilité rejetant toute forme d’effémination, et une nostalgie du nu antique. 58 L’étude récente de James Kollenbroich59 entend reconsidérer les évolutions des trois principales organisations, étudiant également le Comité et la Communauté, mais aussi la Fédération des Droits de l’Hommes (Bund der Menschenrechte). Cette organisation opérait une synthèse modérée des thèses défendues par les deux autres organisations et se prononçait en faveur d’une vision normalisée de l’homosexualité ; les homosexuels ne différant pas par leur comportement ou leur apparence des hétérosexuels.

Déroulé chronologique du mouvement civique homosexuel

Toutes ces études suivent la même chronologie et rendent compte de l’instabilité de l’opinion publique. La fondation du Comité par Hirschfeld et le lancement d’une pétition nationale pour l’abolition du paragraphe 175 en 1897 donna l’élan initial et entraîna un débat de grande envergure. Pour la première fois, le grand public entendit parler du sort des homosexuels. Les deux scandales Krupp (1902) et Eulenburg (1907-1909) portèrent un coup d’arrêt à cet intermède de relative tolérance. L’avènement de la République, proclamant la liberté de la presse, d’opinion et de rassemblement, fut favorable au mouvement. Vingt-cinq organisations et trente revues s’adressaient aux homosexuels dans les années vingt.60 1929 assista à la quasi-victoire du mouvement : un amendement du paragraphe 175 fut voté, entraînant la légalisation de relation homosexuelles entre adultes consentants. Cependant, suite au Krach économique et à la montée en puissance du nazisme, cet amendement ne fut jamais appliqué.

Les débats que suscite Magnus Hirschfeld l’eugénisme

L’eugénisme se révèle une clé essentielle à la compréhension des théories d’Hirschfeld. D’une part, l’amélioration de l’espèce humaine constituait un objectif avoué des sexologues de l’Institut – par le contrôle des naissances, un choix libre et raisonné de son partenaire -. D’autre part, la conception hirschfeldienne faisait appel à l’eugénisme comme justification de la naturalité de l’homosexualité. Autrement dit, les lois génétiques engendrent des homosexuels pour parer à la dégénérescence de l’espèce. On perçoit immédiatement les dangers que comporte une telle thèse. Pourtant, pour Andreas Seeck, la thèse du caractère innée de l’’homosexualité offrait deux avantages. Il devenait tout d’abord vain de vouloir « inverser » l’homosexualité par la thérapie ou le mariage. Ensuite, elle rassurait les hétérosexuels qui craignaient que la jeunesse ne soit incitée à l’homosexualité.61
Les détracteurs d’Hirschfeld ont donc perçu cette composante eugéniste comme une menace. Volkmar Sigusch accusa le médecin, qui s’était prononcé en 1930 en faveur de « l’arrachage des mauvaises graines humaines »62, d’avoir contribué à préparer le terrain idéologique du national-socialisme.63 En outre, les greffes de testicules hétérosexuels qu’il effectua sur des patients homosexuels, et se soldèrent par un échec cinglant – les patients moururent ou durent être amputés – lui sont toujours amèrement reprochées. Ralf Dose se demande à cet égard quelles conclusions le médecin aurait tiré en cas de réussite de l’expérience : aurait-il entrepris de « soigner » tous les homosexuels ?
D’aucuns soulignent néanmoins qu’à l’époque du positivisme triomphant l’eugénisme constituait un axiome de base de la recherche scientifique. Ernst Haeckel avait popularisé en Allemagne le social-darwinisme au sein d’un projet humaniste64. Et l’eugénisme apparaissait comme une évidence aussi bien à droite qu’à gauche, était un point-clé du programme défendu par la Lebensreform. En outre, si Hirschfeld était favorable à une amélioration de l’espèce Certains travaux s’attardent sur l’influence du judaïsme sur l’engagement du sexologue. On nommera ici deux articles, celui d’Edgar J. Bauer, le plus connu et le plus polémique66 et celui de Christina von Braun. Le premier voit dans la déconstruction des identités sexuelles opérées par Hirschfeld une « éthique de justice de provenance messiano-prophétique » 67 . Christina von Braun élargit cette question en se demandant si la sexologie n’est pas une science juive.68 Elle constate que la plupart des sexologues berlinois éminents (Hirschfeld, Iwan Bloch, Max Hodann…) étaient d’origine juive et avaient rejeté leur ascendance69. En outre, elle constate que contrairement au catholicisme, le judaïsme ne condamne pas la sexualité70 . Christina von Braun va même jusqu’à considérer l’émergence de la sexologie comme une nouvelle expression de la philosophie juive, au même titre que les écrits de Walter Benjamin ou de Kafka, et que la psychanalyse71.
Magnus Hirschfeld ne se serait sans doute pas reconnu dans ces analyses. Ralf Dose relate en effet que dès son deuxième semestre à l’université de Breslau (Wroclaw) en 1887, il se serait qualifié de « Dissident »72 et que ses conceptions religieuses auraient été plus proches du monisme, une croyance reposant sur les sciences naturelles, popularisé par le social-darwiniste Ernst Haeckel73. De plus, Magnus Hirschfeld a toujours fait preuve d’une distance sceptique pour ne pas dire hostile vis-à-vis du sionisme. Il refusa d’apprendre l’hébreu, considérant que l’existence d’une langue commune favoriserait l’exclusion des Juifs.74 Seules les attaques antisémites dont il faisait constamment l’objet poussèrent Magnus Hirschfeld à mener une réflexion sur son origine.75

Table des matières

Introduction
Sources
Méthodes
I/ Etat de la recherche
Etat de la recherche
A/ Contexte politique et social : l’historiographie de Weimar
B/ L’évolution des moeurs
C/ Le mouvement homosexuel
D/ Les débats que suscite Magnus Hirschfeld
E/ La sexologie
F/ Approche choisie
II/ Activités de l’Institut
A/ Départements et collaborateurs
a) Locaux
b) Présentation des départements : fonction et personnel à leur tête
II/ B/ Financement
a) Capitaux de l’Institut
b) Sources de revenus
c) Abus de gestion
II/ C/ Cadre et contexte juridique
a) Décrets garantissant l’existence de l’Institut.
b) Les lois combattues par l’Institut
c) Délivrer un message subversif malgré la censure
II/ D/ Quel public ?
a) La diversité des publics répond au large spectre d’activités proposées
b) le mythe ouvrier
c) Faire connaître l’Institut
1. L’importance du bouche à oreille
2. Le rôle de la presse
3. La diffamation systématique
III/ Modes d’interventions et supports médiatiques employés
A/ Accueil du public
a) Visites, conférences, séances de questions
b) Consultations en mariage et en sexualité, Ehe- und Sexualberatung
– Arrière-plan idéologique
– De l’eugénisme à l’hygiène raciale, il n’y a qu’un pas…
o Questionnaire préparatoire
o la parole savante domine
– Forme du dialogue
III/ B/ La revue Die Ehe
a) Présentation générale
b) Buts poursuivis
c) Offrir un forum de dialogue
d) Les conflits juridiques et le combat contre la censure
III/ C/ Communication visuelle
a) Mettre des images sur la sexualité
b) Illustrations de Die Ehe (voir Annexe)
c) Quatre affiches de prévention de l’Institut (voir Annexe)
III/ D/ Film : Anders als die Andern
a) Contexte/ Réception / Etat de conservation
b) Synopsis
c) La collaboration de Magnus Hirschfeld et de Richard Oswald
d) Différent des autres : Représenter la déviance sans entrer dans la subversion
e) Une représentation de l’homosexualité à destination d’un public hétérosexuel
IV/ Valeurs véhiculées
IV/ A/ Spectres et superstitions
a) Dissolution des moeurs
b) De la mesure avant toute chose
c) Rationaliser pour renforcer les institutions existantes
IV/ B/ Les femmes
a) Plaisir féminin
b) Les maris éducateurs
c) L’impératif de la maternité
d) L’Autre
e) Une position à l’avant-garde
IV/ C/ Présenter l’homosexualité au grand public
a) Biologisme radical
b) Prôner le consensus
c) Le statut particulier du lesbianisme
D/ Une approche apolitique ?
a) L’objectivité
b) L’anticléricalisme
c) Le socialisme
d) Cosmopolitisme et sentiment européen
Conclusion
Bibliographie
Sources premières
Sources secondaires
Contexte historique
Outils méthodologiques

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