Mortalité et pertes après capture dans la filière crabe

Par HERINARIVO Arnaudine Françoise

Généralités sur les crabes (Scylla seratta)

L’un des habitants les plus intéressants de l’écosystème de mangrove est le crabe Scylla serrata. Il est connu sous les noms communs de crabe de mangrove, crabe de boue ou crabe de palétuvier. Ce crabe est l’une des espèces la plus grande et la plus prisée pour leur chair. Leur durée de vie dans de l’eau ou mer va de 8 à 15 ans.

Classification du Scylla seratta

Le crabe appartient à l’embranchement des Arthropodes et à l’immense classe des Crustacés. C’est un représentant de l’ordre des Décapodes, créatures, qui comme lui, portent cinq paires de pattes thoraciques.

Le genre Scylla serrata dénombre quatre principales espèces de crabes des palétuviers : le Scylla serrata, le Scylla ollivacea, le Scylla tranquebaricas et le Scylla paramamosasain.

Filière crabe à Madagascar

Les forêts de mangroves sont les importantes surfaces dans l’Océan Indien occidental. Madagascar possède 325 000 ha de mangroves, son potentiel en Scylla serrata est estimé à 7 500 tonnes par an (Zbigniew, 2012). Actuellement, seul un tiers de cette capacité est exploité. La chute des captures de crevettes, suite à la surexploitation des stocks, a poussé certains pêcheurs de mangroves à s’orienter vers l’exploitation du Scylla serrata (Rakotoarisoa, 2014). Pendant la période de fermeture de la pêche crevettière presque tous les pêcheurs s’adonnent à cette activité. De plus, la pêche aux crabes, tout comme le reste de la pêche traditionnelle, est libre d’accès et attire des nouveaux venus. Néanmoins, les zones plus facilement accessibles donnent les premiers signes d’une surexploitation (baisse des rendements de pêche et raréfaction de gros calibre). La haute saison en disponibilité de crabes se situe entre janvier et avril, et ce pratiquement pour toutes les zones de production (à part pour la baie de Bombetoka, où cette période se situe entre février et mai et pour Sahamalaza, entre décembre et mars). La filière crabe tient la quatrième place parmi les produits halieutiques d’exportation après les crevettes, les langoustes et les céphalopodes (Smartfish, 2014).

Commercialisation et exploitation

L’exploitation des crabes représente une grande partie de l’activité halieutique de Madagascar. Pour ce qui est de la production nationale de crabes, elle est passée de 500 tonnes en 1985 à 3500 tonnes en 2013 (Smartfish, 2014). 20% des captures de crabes sont écoulées sur le marché local, tandis que les 75% sont actuellement exportées vers des pays asiatiques tels que la Chine, Singapour et la Thaïlande, et l’Europe (voir Figure 1) , soit en crabes vivants (1 à 2%), soit en morceaux (70%) ou en chair (28%) et environ 5% sont autoconsommées par les pêcheurs et leurs familles (MPRH, 2009). Le circuit des crabes vendus localement à Antananarivo est assez complexe ; il faut passer, le plus souvent, par un mareyeur, un sous-collecteur/ collecteur, avant d’atteindre le niveau du vendeur au marché ou du vendeur porte à porte.

Mortalité et pertes après capture dans la filière crabe

A Madagascar, la production de crabes s’élève à 3500 tonnes par an. Cependant, la filière crabe est confrontée à un taux mortalité post-capturé élevé, entre le moment de la pêche et leur arrivée à destination finale (usine ou marché). La quantité des crabes morts après la capture reste élevée à Madagascar, qui fait face à un taux de mortalité atteignant jusqu’à 22% (selon le programme smartfish). La plupart des crabes sont morts avant d’arriver sur le marché, dus à l’’utilisation de moyens de stockage et de transport inadéquats, qui sont à l’origine de l’écrasement des crabes du fait de l’entassement des «sobika» ou des sacs utilisés. Les principales causes de cette mortalité élevée des crabes sont l’organisation de la collecte et la durée prolongée de manipulation des crabes entre la pêche et la livraison finale (Zbigniew et al., 2014). Pour certaines zones de pêche plus éloignées et difficilement accessibles (souvent uniquement par mer) cette durée atteint 4 à 7 jours. Près de 20% de crabes meurent après qu’ils aient été achetés aux pêcheurs. Pour autant, une autre menace pèse sur la filière crabe :la déforestation intense des mangroves, conjuguée aux effets du changement climatique.

Le taux de mortalité élevé dans la filière du crabe a pour conséquences : l’exploitation peu rationnelle des ressources en crabes ; la valorisation réduite des captures; une perte de revenus pour les pêcheurs, mareyeurs, sous collecteurs/collecteurs et sociétés d’exportation des crabes vivants. De plus, les crabes une fois morts ne sont pas seulement inconsommables, mais ils ne peuvent même pas être utilisés pour la production de provende, à cause de toxines qui se développent rapidement chez les crabes morts (Le Reste, 1976).

Les coproduits marins

Définition
Les coproduits sont définis comme les parties non utilisées et récupérables lors des opérations traditionnelles de production (Randriamahatody, 2011). Les déchets des industries de la pêche et de l’aquaculture sont parmi les rejets des industries agroalimentaires des produits aquatiques d’origine animale. Ils sont issus de la transformation des poissons pour la consommation humaine et sont constitués des têtes, des viscères, de la chute de parage (filetage), de la peau, de l’écaille, des arêtes et des queues de poissons (Razafindrakoto, 2015). Pour les crevettes, ils engendrent les têtes, la carapace et la queue et pour les crabes, la carapace, les pinces et les pattes.

Les coproduits de crustacés et de crabes, les principaux produits dérivés
Ce sont des crustacés entiers qui se sont détériorés lors du stockage, du conditionnement et de la transformation. Ce sont aussi des sous- produits du conditionnement (des têtes, carapaces, etc.). Les déchets sont en majorité des substrats biodégradables, valorisables et recyclables. Pour les crabes, les déchets sont constitués par les carapaces, les pinces, les pattes et les crabes morts. A partir des coproduits de crabe (crustacé) on peut avoir les produits dérivés suivants : un concentré aromatique, la chitine/chitosane, la farine protéique, l’engrais et l’hydrolysat peptidique. (Rakotoarisoa, 2014).

Valorisation des coproduits de crustacés : production de chitine et chitosane
La valorisation des déchets issus de l’exploitation marine des crustacés est réalisée par l’extraction à l’échelle industrielle de la chitine par différents traitements effectués sur les coques de crevette et de crabe (Le Devedec, 2008). La chitine constitue la ressource la plus abondante dans les coproduits des crustacés. Ce polysaccharide ancien constitue l’exosquelette des crustacés (Le Roux, 2012). Les domaines d’applications de la chitine et de ses dérivés ne cessent de s’étendre (Ifremer, 2012). Le Japon est le premier producteur de chitine (FAO Globefish, 2008). Pour la plupart des applications, la chitine n’est pas utilisée directement. Elle est convertie, principalement en chitosane et chitooligosaccharides.

Le crabe produit des toxines dès qu’il meurt, ce qui le rend totalement impropre à la consommation humaine. Une des valorisations des déchets de crustacés, est l’extraction de la chitine et l’obtention du chitosane.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. Généralités sur les crabes (Scylla seratta)
I.1.1. Classification du Scylla seratta
I.1.2. Filière crabe à Madagascar
I.1.3. Commercialisation et exploitation
I.1.4. Mortalité et pertes après capture dans la filière crabe
I.1.5. Les coproduits marins
I.1.5.1.Définition
I.1.5.2. Les coproduits de crustacés et de crabes, les principaux produits dérivés
I.1.5.3. Valorisation des coproduits de crustacés : production de chitine et chitosane
I.2. La chitine
I.2.1. Historique
I.2.2. Définition et structure de la chitine
I.2.2.1. Structure chimique de la chitine
1.2.2.2. Structure cristalline de la chitine
I.2.2.3. Structure physique de la chitine
I.2.3. Caractéristiques de la chitine
I.2.3.1. Caractéristiques physico-chimiques
I.2.3.1.1. Degré de N-acétylation
I.2.3.1.2. La solubilité
I.2.3.2.Caractéristiques chimiques
I.2.3.3. Caractéristiques biologiques
I.2.3.3.1. Biocompatibilité
I.2.3.3.2. Biodégradabilité
I.3. Le chitosane
I.3.1. Historique
I.3.2. Définition et structure chimique du chitosane
I.3.3. Propriétés du chitosane
I.3.3.1. Propriétés physico-chimiques
I.3.3.1.1 Le degré de désacetylation(DDA)
I.3.3.1.2 La viscosité
I.3.3.1.3. Masse molaire
I.3.3.1.4.Solubilité
I.3.3.2.Propriétés chimiques
I.3.3.2.1. Caractère acido-basique
I.3.3.2.2. Formation de complexe (agent de chelation)
I.3.3.2.3.Echangeur d’ions
I.3.3.3. Propriétés biologiques
I.3.3.3.1. Biocompatibilité
I.3.3.3.2. Biodégradabilité
I.3.3.3.3. Cicatrisant
I.4. Méthodes d’extraction de la chitine et du chitosane
I.4.1. Méthode par voie chimique
I.4.1.1. La déminéralisation
I.4.1.2. La déprotéinisation
I.4.1.3. La décoloration ou dépigmentation
I.4.2. Méthode par voie enzymatique
I.4.2.1. Voie fermentaire
I.4.2.2. Déprotéinisation et déminéralisation enzymatiques
I.4.2.3.Désacétylation et dépolymérisation enzymatique
I.5. Domaines d’applications de la chitine et du chitosane
I.6.Généralités sur l’imprimerie
I.6.1. Les différents types d’encres
I.6.2. Principaux constituants d’encres d’imprimerie
I.6.3. Pigments et colorants utilisés en imprimerie
I.6.3.1.Les pigments
I.6.3.2. Les colorants
I.6.4.Impact environnemental des encres d’imprimerie
I.7. Méthodes de traitement des colorants
I.7.1. L’adsorption par charbon actif
I.7.2. La filtration membranaire
I.7.3. Le procédé de coagulation-floculation
I.7.3.1 .Processus de coagulation-floculation
I.7.3.2.Types de coagulants
I.7.3.2.1.Les coagulants chimiques
I.7.3.2.2.Les coagulants d’origine naturelle
I.7.3.3.Types de floculant
I.7.3.3.1.Floculant d’origine minérale
I.7.3.3.2. Floculant d’origine naturelle
I.7.3.3.3. Floculant chimique
I.8. Quelques études récentes effectuées sur la production de la chitine et du chitosane
PARTIE II: MATERIELS ET METHODES
II.1. Matériels
II.2. Méthodes
II.2.1. Analyses physico-chimiques des matières premières
II.2.1.1. Préparation des matières premières à analyser
II.2.1.2. Mesure du pH
II.2.1.3. Détermination de la teneur en eau
II.2.1.4. Détermination de la teneur en cendres brutes
II.2.1.5. Détermination de la teneur en protéines
II.2.1.6. Dosage des éléments minéraux: Ca, Mg, K, Na par spéctrophotométrie d’absorption atomique
II.2.1.7. Détermination de la teneur en lipides
II.2.2. Extraction de la chitine par voie chimique
II.2.2.1. Déminéralisation
II.2.2.2. Filtration-lavage
II.2.2.3. Déprotéinisation
II.2.2.4. Filtration-lavage
II.2.2.5. Blanchiment ou dépigmentation
II.2.2.6. Séchage et broyage de la chitine
II.2.3.Obtention du chitosane
II.2.3.1. Désacétylation
II.2.3.2. Filtration-lavage
II.2.3.3. Séchage et purification du chitosane
II.2.4. Analyses physico-chimiques de la chitine
II.2.5. Caractérisation du chitosane
II.2.5.1. Balayage par spectromètre UV-VIS
II.2.5.2. Dosage par FTIR
II.2.5.3. Dosage pH-métrique
II.2.5.4. Dosage conductimétrique (Assaad, 2006 et Mourad, 2012)
II.2.5.4.1. Dosage conductimétrique basique
II.2.5.4.2. Dosage conductimétrique acide
II.2.6. Paramètres d’évaluation de l’efficacité du traitement
II.2.6.1. Les paramètres physiques
II.2.6.1.1.Matières en suspension (NFT 90-105, 1978)
II.2.6.1.2.Température
II.2.6.1.3.Le pH(NFT 90-008, 1953)
II.2.6.1.4.Turbidité
II.2.6.1.5. La Couleur
II.2.6.1.6. La conductivité (NF EN 27888, ISO 7888, 1994)
II.2.6.1.7. Demande Biochimique en Oxygène (AFNOR NFT 90-103, 1975)
II.2.6.1.8. Demande Chimique en Oxygène (NFT 90-101, 1988)
II.2.7. Essai de traitement du rejet d’imprimerie
PARTIE III: CONCLUSION

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