Polymorphisme du codon 72 du gène p53 et cancers de la cavité buccale

Anatomie de la cavité buccale

La cavité buccale est composée, extérieurement, par les lèvres supérieure et inférieure et intérieurement, par le plancher de la bouche, les deux tiers antérieurs de la langue mobile, la face interne de la joue, les gencives supérieure et inférieure et le palais dur .
La bouche : La bouche, ou cavité buccale, porte d’entrée des aliments, est ouverte sur les lèvres en avant et sur le pharynx en arrière, limitée vers le bas par le plancher buccal, vers le haut par le palais et sur les côtés par les joues, contenant la langue et les dents. La bouche reçoit la salive sécrétée par les glandes salivaires .
La gencive : La gencive supérieure est située entre la face interne de la lèvre supérieure et de la joue et le palais dur. La gencive inférieure se continue en dehors et en avant par la face interne de la lèvre inférieure et de la joue, en dedans par le plancher de la bouche et en arrière par le trigone rétro-molaire et la tubérosité maxillaire.
La langue : La langue est un organe musculomuqueux qui occupe la plus grande partie de la cavité buccale. Elle est implantée sur un squelette ostéofibreux et soutenue par une sangle musculaire, le plancher buccal. Le frein de la langue, situé sous sa pointe, la relie au maxillaire et limite ses mouvements vers l’arrière : il est impossible d’avaler réellement sa langue .
La surface de la langue est hérissée de papilles gustatives, organes de la perception des quatre goûts fondamentaux : salé, sucré, acide, amer. Elles confèrent à la langue une rugosité utile à la mastication des aliments pâteux. On observe des papilles: filiformes, les plus nombreuses, qui donnent une couleur blanche quand elles s’épaississent ; fongiformes, éparpillées sur toute la surface et de coloration plus rouge ; caliciformes : au nombre de 10 à 12, alignées sur une ligne en V près du pharynx.
Le plancher buccal : Le plancher de la bouche comprend toutes les parties molles qu’il est possible de pincer entre un doigt intra buccal et un doigt extra buccal. Il a la forme d’une pyramide quadrangulaire à sommet antérieur, à base postérieure.
Le palais : Le palais forme le plafond de la cavité buccale . Il comprend une partie antérieure, ou palais osseux, recouvert de muqueuse sur laquelle la langue peut bloquer les aliments pendant la mastication, marquée en son milieu par une saillie légèrement plissée, le raphé médian. Le palais est également composé d’une partie postérieure molle, mobile au cours de la déglutition, qui se prolonge en arrière par un appendice en forme de doigt, la luette, et sur les côtés par deux replis, les piliers, qui encadrent les amygdales.

Cancers de la cavité buccale

Le cancer est une pathologie caractérisée par la présence d’une (ou de plusieurs) tumeur maligne  formée à partir de la transformation par mutations ou instabilité génétique (anomalies cytogénétiques), d’une cellule initialement normale .
Les cancers de la cavité buccale se forment dans les cellules de la bouche. Ce sont des tumeurs qui touchent les différents éléments de la bouche . Beaucoup d’auteurs soutiennent que les cancers de la cavité buccale sont indissociables des cancers ORL. Ils s’intègrent dans le cadre plus général des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) . Leurs points communs sont surtout leur histologie (Carcinomes épidermoïdes à 90%) et leur étiologie (double intoxication Alcoolo-tabagique à 80%). Couramment appelées oral cancers (dans la littérature anglo-saxonne), ces tumeurs ont un mauvais pronostic quand elles sont détectées à des stades avancés. Le traitement peut laisser des séquelles sévères du point de vue fonctionnel et esthétique, et provoquer un impact très important sur la qualité de vie et la santé psychologique des patients .

Diagnostic des cancers de la cavité buccale

Examen clinique : L’examen clinique de la bouche est une procédure facile à réaliser, rapide et très efficace pour détecter les lésions buccales. IL peut être effectué avec un matériel simple par tout praticien. Il consistera notamment à regarder la voute et le plancher de la bouche, le fond de la gorge ainsi que l’intérieur des joues et des lèvres. La langue sera délicatement tirée afin que le praticien puisse en examiner attentivement les côtés et le dessous. Une palpation des ganglions lymphatiques situés au niveau du cou sera également effectuée .
Les signes et les symptômes des CCB peuvent être perceptibles relativement tôt. La douleur peut être parfois absente ; par contre, toute plaie, irritation ou boursouflure dans la bouche ou bosse dans le cou persistante plus de deux semaines, devrait être examinée sans tarder par un médecin ou un chirurgien-dentiste .
Examen anatomopathologique : Il permet d’établir avec certitude un diagnostic de cancer. Une biopsie est réalisée en prélevant un ou deux petits fragments de tissus au niveau de la tumeur. Ces fragments prélevés seront analysés par un anatomopathologiste.
Formes macroscopiques : Les tumeurs de la cavité buccale sont des tumeurs exophytiques ou endophytiques se présentant sous l’aspect de bourgeons, plus ou moins épais, en saillie sur la muqueuse saine. Elles sont le plus souvent ulcéro-végétantes, toujours indurées à leur base et facilement hémorragiques . La forme infiltrante est rare mais redoutable car de diagnostic tardif. Formes histologiques : Il s’agit de carcinomes épidermoïdes dans 90-95% des cas. Ils se caractérisent par l’invasion du tissu conjonctif par des cellules cancéreuses. Au départ, le carcinome est micro invasif, puis invasif infiltrant tout le chorion et parfois les tissus adjacents par des lobules carcinomateux. Plusieurs variétés de carcinomes épidermoïdes peuvent être observées dans la cavité buccale :
Le carcinome verruqueux: Il se présente parfois sous forme d’une nappe papillomateuse hyperkératosique. Le diagnostic repose sur l’examen en totalité de la tumeur, car cette tumeur à malignité locale peut s’associer à un carcinome épidermoïde infiltrant ; Le carcinome sarcomatoïde (cancer à cellules fusiformes) ; Le carcinome basaloïde ; Le carcinome adénosquamateux.

Le gène suppresseur de tumeur p53

Le gène suppresseur de tumeur p53 à été découvert dans les années 1979 par Lane et Crawford. Il se situe au niveau du bras court (p) du chromosome 17, plus précisément au locus 17p13.1, une région sujette à des pertes alléliques. Le gène code pour une protéine aux propriétés anti-oncogènes : la protéine p53 ou TP53 .
Ce gène p53 comporte 20303 paires de bases (pb) réparties en 11 exons dont le premier n’est pas codant.
Structure du gène p53 : Le gène p53 a été caractérisé chez plusieurs Mammifères dont l’homme. Qu’elle que soit l’espèce considérée l’organisation du gène est très proche et cinq traits dominants sont retrouvés systématiquement :
onze exons entrecoupés par neufs introns de taille variable, un très grand intron en 5′ atteignant plus de 10 kb chez l’homme ; un exon-1 non codant possédant un élément de symétrie; trois promoteurs (P1, P1’ et P2). Les deux premiers se trouvent à proximité à l’intérieur de l’exon 1, et le troisième dans l’intron 4. les séquences consensus présentes chez la plupart des Eucaryotes, boîte TATA ou CAAT ou séquence riche en G/C, sont absentes.
Structure de la protéine p53 : La protéine p53 humaine comporte plusieurs domaines, qui ont été définis en déterminant quelle fonction est affectée par les mutations qui modifient la structure de la protéine. Elle contient 393 acides aminés, répartis en cinq domaines principaux : Les domaines A et E modulent l’activité transrationnelle de plusieurs gènes cibles, le premier ayant un effet stimulateur, tandis que le second a plutôt un effet inhibiteur le domaine de transactivation (A) sert également de site de fixation pour les protéines MDM2 et P300 ; Le domaine B gouverne l’apoptose ; Le domaine C permet à la protéine de se lier à l’ADN des gènes dont il gouverne la transcription ; Le domaine D est indispensable à la formation de tétramères, elle-même indispensable à l’activité de la protéine; Deux petits domaines d’adressage nucléaires permettent à la protéine de migrer dans le noyau, où elle remplit sa fonction en tant que facteur de transcription.

Fonctions biologiques de la protéine p53 et conséquences de l’altération du gène

La protéine p53 est exprimée dans toutes les cellules normales, mais à un niveau faible et variable selon le tissu et le taux de division cellulaire. Elle est presque indétectable dans les cellules normales du fait de sa faible synthèse et de sa demi-vie extrêmement courte, de l’ordre de 20 à 30 minutes .
La protéine p53 interviendrait dans le contrôle de la réplication et une de ses fonctions majeures est celle de régulateur de la transcription. Cette protéine est également impliquée dans le contrôle de plusieurs voies cellulaires intervenant dans l’induction de l’apoptose, la réparation de l’ADN et dans la différenciation cellulaire, fonctions intimement liées au contrôle de la prolifération cellulaire. La protéine p53 détecte les dommages de l’ADN et stoppe la progression à travers le cycle cellulaire. En effet la p53 par le biais d’une autre protéine suppresseur de tumeur p21, ralentit la réplication de l’ADN et la division cellulaire dans des cellules à ADN endommagées. Cependant, si le gène p53 est muté, la protection contre l’endommagement de l’ADN est perdue.
L’apparition d’une mutation ou l’association à une oncoprotéine virale conduit généralement à la modification de la structure quaternaire de la p53 et à l’apparition de nouveaux épitopes conformationels. Ces modifications conformationelles aboutissent à la stabilisation de la protéine et donc à l’allongement de sa demi-vie de 20-30 minutes à plusieurs heures . La conséquence première est l’augmentation très nette (5 à 100 fois) de la quantité de protéine p53 dans les tumeurs ou les lignées cellulaires transformées et son accumulation principalement nucléaire. La plupart des mutations affectant un des quatre domaines hautement conservés du gène conduit à l’impossibilité de la protéine mutante de se fixer sur des séquences spécifiques de l’ADN et d’activer la transcription des gènes adjacents. En outre certaines protéines p53 mutées peuvent exercer un effet négatif dominant en s’associant aux protéines sauvages et en inhibant leur fonction de régulateur de transcription. Cette perte de fonction se traduit par la perte de l’activité suppresseur de tumeur de la protéine conduisant à une grande instabilité génétique qui rend les cellules plus sensibles aux effets des agents mutagènes .
Enfin certaines formes mutantes peuvent fonctionner comme de véritables oncogènes et stimuler la division et la transformation cellulaire.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE
I. ANATOMIE DE LA CAVITE BUCCALE
I.1. La bouche
I.2. La gencive
I.3. La langue
I.4. Le plancher buccal
I.5. Le palais
II.CANCER DE LA CAVITE BUCCALE
II.1. Généralités
II.2. Epidémiologie
II.2.1. Répartition à travers le monde
II.2.2. Prévalence au Sénégal
II.3. Etiologies
II.3.1. Consommation d’alcool et de tabac
II.3.2. Infection par le virus HPV
II.3.3. Facteurs génétiques
II.4. Diagnostic des cancers de la cavité buccale
II.4.1. Examen clinique
II.4.2. Examen anatomopathologique
II.4.2.1. Formes macroscopiques
II.4.2.2. Formes histologiques
III. LE GENE SUPPRESSEUR DE TUMEUR p53
III.1. Structure du gène p53
III.2. Structure de la protéine p53
III.3. Fonctions biologiques de la protéine p53 et conséquences de l’altération du gène
IV. PROBLEMATIQUE
CHAPITRE 2 : MATERIELS ET METHODES
I. CADRE D’ETUDE 
I.1. lieu d’étude
I.2. Population d’étude
I.2.1.Caractéristiques et recrutement
I.2.2. Paramètres étudiés
II. METHODES
II.1 Extraction de l’ADN
II.2. Génotypage du polymorphisme du codon 72 du gène p53
II.2.1. Amplification PCR avec les amorces p53F et p53R
II.2.1.1. Principe
II.2.1.2. Protocole
II.2.2. Génotypage par La méthode de PCR-RFLP
II.2.2.1. Principe
II.2.2.2. Analyse statistique
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
I. RESULTATS
I.1. Répartition de la population selon l’âge
I.2. Répartition de la population selon le sexe
I.3. Répartition de la population selon les facteurs de risque
I.4. Répartition des patients selon l’histopathologie des CCB
I.5. Etude du facteur génétique : codon 72 du géne p53
I.5.1. Génotypage du codon 72 du géne p53
I.5.2. Fréquences génotypiques du codon 72 du gène p53
I.5.3. Fréquences alléliques du codon 72 du gène p53
I.5.4. Etude de l’association entre le codon 72 du gène p53 et le CCB
II. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES

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