Caractérisation du système agroforestier à base de
Anacardium occidentale L.

Etat de connaissances des systèmes agroforestiers et de l’espèce Anacardium occidentale L. 

Ce chapitre fait l’état des connaissances sur l’agroforesterie, sur les systèmes agroforestiers en général et présente brièvement l’espèce Anacardium occidentale L. 

Généralités sur l’agroforesterie 

Depuis sa naissance, plusieurs auteurs ont tenté de défin ir le concept d’ agroforesterie à travers l’ anal yse globale des systèmes et celle des différentes composantes incluses dans ces systèmes de production. Certains auteurs ont fait une revue critique de définitions émises pour en proposer d’ autres. Ce qui se traduit par diverses définitions que nous avons rencontrées dans la revue bibliographique. Le concept d’agroforesterie est encore en plein débat mais c’est avec le Centre de Recherche lnternational en Agroforesterie (!CRAF), devenu le World Agroforestry Center (WAC), que l’ agroforesterie a connu un essor. L’agroforesterie apparaît comme un outil efficace pour répondre aux besoins du développement agricole et de durab ilité des ressources naturelles. En effet, si l’ agroforesterie en tant que science est relativement nouve lle et attire l’ attention des chercheurs, la pratique quant à elle est millénaire. Depuis longtemps, les agriculteurs de l’Afrique sub-saharienne se livrent à des activités culturales et pastorales sur des terres plantées d’ arbres (WAC, 2006) et dont les interactions favo risent une bonne production tout en respectant l’équilibre de l’ écosystème. L’ agroforesterie est fréquem ment citée par les chercheurs et les planificateurs comme solution aux problèmes de dégradation des terres ainsi qu’aux pénuries d’eau, d’ aliments, de bois de feu, de revenus monétaires, de fourrage et de matériaux de construction en Afrique (Boffa, 2000). Elle constitue un mode pratique d’application de tout un éventail de connaissances et de compétences au travail de mise au point de système de production performa nts et écologiques (Rocheleau et al, 1988).

 Cadre conceptuel 

Dans ce document, nous retenons les définitions suivantes concernant l’agroforesterie, le système agroforestier et les pratiques agroforestières. Pour Leakey ( 1996) « 1′ agroforesterie est un système de gestion des ressources naturelles dynamique et écologique qui, par l’ intégration des arbres aux cultures et aux pâturages, diversifie et maintient la producti on, et procure aux paysans des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux accrus ». Pour WAC (2006), l’agroforesterie est un terme collectif englobant les systèmes d’ utilisation des terres dans lesquels des ligneux pérennes (arbres, arbustes, arbrisseaux pa lmiers, bambous) 3 sont délibérément cultivés (plantés ou conservés) sur les parcelles de terrain utilisés par ailleurs pour la culture et/ou l’ élevage, soit en même temps soit successivement sous forme d ‘ une organisation de l’ espace. En somme, l’agroforesterie englobe les systèmes d’ utilisation des terres dans lesq uels des arbres sont associés aux cultures et/ou aux animaux. Les systèmes agroforestiers sont des modèles associant arbres et cultures et/ou animaux qui passent donc par une organisation de règles techniques mais aussi sociales adaptées (Buttoud, 2003). Les pratiques agroforestières sont des pratiques qui peuvent s’intégrer à un système agraire et s’imbriquer de différentes manières, selon l’environnement et les besoins de la communauté (Rocheleau et al, 1988). 

Le systèmes agroforestiers

Les systèmes agroforestiers sont des systèmes d’ utilisation des terres. Ils se sont révélés être des techn iques efficaces et économiques pour lutter contre l’érosion du sol, améliorer la structure du sol et accroître le rendement des cultures et permettent aussi de produire du fourrage, du bois de chauffage et de service (Baumer, 1990). Le système taungya a été pratiqué au Bénin par l’ administration forestière pour mettre en place des plantations de teck (Tectona grandis) et d’anacardier dans les forêts classées du pays (Tandjeckpon, 2005). Avec ce système, les paysans sont autorisés à s’implanter en forêt classée tout en assurant la mise en place et l’entretien des plants fournis par l’administration forestière sous le contrôle de cette dernière. Selon Alexandre (2002), un système de classification des systèmes agroforestiers est justifié, pourvu qu’il réponde à la fois à trois critères: -être techniquement utilisable avec les moyens disponibles; – être discrimi nant vis-à-vis des systèmes étudiés; – être capable de répondre aux questions qu’on se pose ou mieux à celles que se posent les chercheurs et les paysans. Na ir ( 1993) indique que les systèmes agroforestiers peuvent être catégorisés sui vant des bases structurelles, fonctionnelles, socio-économiques et écologiques. La classification structurelle des systèmes agroforestiers comporte deux aspects : l’analyse structurelle en fonction des composantes associées et l’analyse structurelle en fonction de l’arrangement des composantes dans la parcelle et dans le temps. La première analyse se réfère aux dispositions entre les différents éléments associés dans l’espace, tandis que pour la seconde, le temps y est inclus comme facteur principal de classification. Les trois composantes principales retrouvées en agroforesterie sont les arbres, les cultures agricoles et les animaux d’élevage. Selon le type d’assoc iation entre les différentes composantes, on retrouve trois principaux systèmes agroforestiers et les autres systèmes : le système agrosylvicole (cultures annuelles et ligneux), le système sylvopastoral (ligneux et animaux) et le système agrosylvopastoral (cultures, ligneux et animaux). La catégorie des autres systèmes est aj outée afin de ne pas exclure des systèmes agroforestiers moins fréque nts ou encore plus simples comme les haies, le brise-vent etc. Pour la seconde analyse, la dimension temps a aussi son importance dans la classification des systèmes. Les différentes composantes peuvent être présentes simultanément sur la même parcelle ou de manière séquentielle, c’est-à-dire se succèdent sur la parcelle. La deuxième classification est basée sur les fonctions du système agroforestier dans son ensemble. Ainsi, il est possible de classer les différents systèmes agroforestiers selon la nature de leurs produits (céréales, fruits, bois, fourrage) ou les types d’actions entreprises pour préserver et restaurer l’intégrité des écosystèmes (conservation de la fertilité du sol, diminution de l’érosion, maintien de la biodiversité). Une autre classification est basée sur les facteurs socio-économiques et les conditions climatiques. En plus de la structure et des fonctio ns des composantes, certains auteurs s’intéressent aux facteurs socio-économiques et aux conditions climatiques associés aux systèmes agroforestiers pour les classer. En effet, l’agroforesterie peut être catégorisée se lon la technologie, la quantité d’intrants utilisés et le niveau de production (de subsistance, intermédiaire ou commercial). D’autres chercheurs s’intéressent maintenant aux contraintes climatiques telles que la température et la quantité de précipitations., car elles peuvent empêcher l’implantation de types de systèmes agroforestiers dans certains écosystèmes particuliers. Se référant à ces différentes descriptions et classification, nous retenons pour cette caractérisation de systèmes agroforestiers à base de A. occidentale, une classification structurelle. 

Le système agroforestier à base de Anacardium occidentale

1. Le système agroforestier à base d’anacardier est très dynamique, mais fortement influencé par plusieurs facteurs dont l’ importance varie d’ une zone agro-écologique à une autre (Tandjeckpon, 2005). 5 Depuis 1′ introduction de 1′ anacardier dans les parcelles agricoles et dans les espaces forestiers, les recherches ont plus porté sur les méthodes de multiplication de l’espèce ainsi que sur la sélection de variété plus productives (Gaye et Danthu, 1993). Cependant, les recherches d’ accompagnement pour une culture fruitière commencent à évoluer. Ce faible intérêt de recherche et développement en faveu r de la culture de A. occidentale est surtout dû au fa it que le pays disposait de cultures agricoles de rente (arachide) qui a été pendant longtemps une spéculation pour l’économie nationale. Actuellement, l’ anacardier est une culture utilisée dans des systèmes de production. Vergara ( 1992) avait distingué des systèmes dans lesquels l’anacardier est utilisé en: en bordure de champ, où il est planté en une ou des rangées d’arbres pour marquer les limites des parcelles, ou pour servir de haies vives, de brise-vent ou de pare-feu ; rangées alternées ou en bandes alternées. Les bandes alternées se distinguent des rangées alternées en ce qu’elles se composent de plusieurs rangées ; culture sous couvert.