Problèmes de santé publique posés par l’expansion de l’ambroisie

Problèmes de santé publique posés par l’expansion de l’ambroisie

Description botanique

L’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.) (fig. 1) est une plante herbacée annuelle, inodore, de la famille des Astéracées. Sa tige est plus ou moins velue, la plante peut atteindre 30 à 100 cm. Elle a un port buissonnant. [1, 2] Figure 1 : Plante adulte d’ambroisie à feuilles d’armoise

 Plantule

 Il est important de pouvoir reconnaître la plante à un stade très jeune : le stade plantule (fig. 2). En effet, cela permet de lutter plus précocement. Issue de la germination d’une graine, la plantule est poilue. Elle a deux cotylédons et des feuilles opposées. Sa teinte est d’un vert franc. Les cotylédons sont charnus et longuement persistants. Les deux premières feuilles sont divisées en trois voire cinq segments. Elles sont quelquefois moins découpées, tout juste trilobées. Les feuilles suivantes augmentent leurs divisions segmentaires. Les limbes pubescents sur le dessus, à pourtour discrètement cilié, sont vert-bleuté à la face inférieure. Les nervures sont blanchâtres. 

Plante adulte  L’appareil végétatif 

Les feuilles (fig. 3) profondément incisées dentées se mettent rapidement en position alterne sauf dans la partie basale de la tige où elles restent opposées. Elles sont portées par une tige souvent rougeâtre, robuste, striée et fréquemment ramifiée dès la base.  Figure 3 : Feuille d’ambroisie L’appareil reproducteur La floraison a lieu d’août à octobre. L’espèce est monoïque : on trouve sur un même pied des fleurs mâles et des fleurs femelles (fig. 4). Figure 4 : Appareil reproducteur Les inflorescences comprennent de 20 à 50 capitules unisexués.Les fleurs mâles, vert-jaunâtres, sont disposées en épis bien visibles au sommet des tiges. Elles constituent l’essentiel de l’inflorescence, regroupées dans de petits capitules en forme de cupule renversée, à pilosité localisée surtout vers la marge, rattachés à l’axe de l’épi par un pédoncule. Les fleurs femelles sont très discrètes, verdâtres et peu nombreuses, insérées à l’aisselle des feuilles à la base des épis, isolées ou groupées par deux. Deux longs stigmates filamenteux surmontent l’ovaire de chaque fleur femelle.  Le pollen Les fleurs mâles, à maturité, libèrent le pollen. L’ambroisie peut produire jusqu’à 2,5 milliards de grains de pollen par plante de fin juillet à mi-octobre. La pollinisation est anémophile : le pollen est facilement transporté par l’air du fait de sa faible densité (0,63) et de sa faible vitesse de sédimentation (1,56 cm/seconde). Girsh LS a montré aux USA que les grains de pollen peuvent parcourir 65 km et jusqu’à plus de 100 km selon les conditions météorologiques . Le pollen est émis dans la journée, les anthères s’ouvrent tôt le matin sous l’effet de l’augmentation de la température et de la diminution de l’humidité [6]. Les grains de pollen sont petits, de 18 à 20 microns de diamètre, sphériques et présentent des ornementations appelées « épines » (fig. 5). Un gramme de pollen contiendrait 90 millions de grains de pollen ! [8] Figure 5 : Grain de pollen d’ambroisie au microscope électronique à balayage Le grain de pollen présente deux enveloppes. L’une est externe, l’exine; l’autre est interne, l’intine. L’ornementation de l’exine est très différente selon les espèces. L’observation au microscope de la taille, la forme, la présence de pores en surface et l’ornementation de l’exine, permet la détermination (fig. 6). Figure 6 : Schéma d’un grain de pollen Les graines Figure 7 : Fruit d’ambroisie [4] Après fécondation, chaque fleur femelle donne un fruit sec indéhiscent appelé akène (fig. 7). Chaque akène est muni de 5 à 6 épines et contient une seule graine. La graine ne se sépare jamais de l’enveloppe. Ce sont de grosses graines pour une « mauvaise herbe », de 3 à 4 mm de long et 1,5 à 2,5 mm de large pour un poids moyen de 2 à 5 mg. Elles germent au printemps. L’action du froid est nécessaire pour lever la dormance de la graine.

 Dissémination

 L’ambroisie à feuilles d’armoise est une espèce strictement annuelle. Elle se dissémine par les graines. La graine germe au printemps, généralement de fin mars à début avril, en fonction du climat de la région. Son développement végétatif peut se poursuivre jusqu’à fin juillet, date à laquelle la pollinisation débute pour se terminer en septembre. A la mi-août, les fleurs femelles apparaissent et la maturation des graines va se poursuivre jusqu’à la mi-octobre. La production de graines est très variable suivant les conditions de développement, allant de la dizaine au millier de graines par plante. Les graines d’ambroisie se dispersent naturellement à très faible distance. Seule la flottaison semble faciliter la dispersion de l’espèce le long des cours d’eau, mais aussi le long des routes par ruissellement. Ces graines tombent sur le sol à proximité de la plante mère. Elles s’accumulent ainsi dans le sol, en état de dormance et constituent une réserve (banque de graines) capable de produire de très nombreuses générations d’ambroisie : les graines d’ambroisie peuvent conserver leur pouvoir de germination plus de 10 ans (voire même jusqu’à 40 ans) . Seules les graines présentes entre 0 et 3 cm de profondeur dans le sol peuvent germer. Il leur faut pour cela de la lumière et une température comprise entre 20 et 25°C. La levée de dormance peut démarrer dès la fin avril et se prolonger jusqu’en juin  (fig. 8). Figure 8 : Cycle de l’ambroisie Les graines d’ambroisie ne sont pas pourvues des dispositifs habituels permettant leur transport par le vent et leurs épines ne leur servent pas à s’accrocher au pelage des animaux. Par contre, elles peuvent être entraînées par l’eau et elles collent parfaitement à la terre transportée par les semelles des souliers, les pneus des camions et tracteurs, et tous les engins qui travaillent le sol. Les transports de terres contaminées contribuent fortement à la dissémination des graines. Les machines de récolte agricole jouent aussi un rôle lors de la récolte de cultures contenant de l’ambroisie. De plus, en retournant la terre soit pour cultiver, soit lors de chantiers, l’homme fait remonter des graines d’ambroisie en surface, permettant ainsi leur germination.

Confusions possibles

L’ambroisie peut surtout être confondue au premier regard avec l’armoise vulgaire (Artemisia vulgaris L., Astéracées) dont elle possède grossièrement le port et les feuilles divisées. La simple comparaison des feuilles permet de distinguer les deux espèces : les feuilles de l’armoise sont vertes sur la face supérieure et blanches tomenteuses sur la face inférieure. De plus, l’armoise vulgaire, tout comme l’armoise annuelle (Artemisia annua L., Astéracées) avec qui l’ambroisie peut aussi être confondue, dégagent une odeur marquée quand on les froisse, contrairement à l’ambroisie qui reste inodore (tableau 1)

Table des matières

Introduction
I. Description botanique
I.1. Plantule
I.2. Plante adulte
II. Une plante envahissante
II.1. Répartition
II.1.1. L’ambroisie dans le monde et en Europe
II.1.2. L’expansion de l’ambroisie en France
II.2. Milieux favorables
II.3. Les facteurs de dissémination
II.4. Causes et mécanismes de l’invasion
II.4.1. Processus écologique
II.4.2. Processus génétiques associés à l’invasion
II.4.3. Modélisation comme outil de compréhension
III. La problématique de l’ambroisie en agriculture
III.1. Nuisibilité
III.2. La lutte en milieu agricole
III.2.1. La lutte dans l’itinéraire cultural
III.2.2. Les techniques de lutte (en cultures et interculture)
III.2.3. La lutte en culture de tournesol
III.3. Impact économique
IV. Du point de vue de la santé publique
IV.1. Le risque pollinique
IV.1.1. Le potentiel allergisant des pollens
IV.1.2. Le réseau national de surveillance aérobiologique
IV.1.3. Différents index
IV.1.4. Le risque allergique en région PACA
IV.1.5. La surveillance pollinique en Europe
IV.1.6. Quels sont les facteurs d’influence ?
IV.2. Les mécanismes de l’allergie : l’hypersensibilité de type I
IV.3. Epidémiologie de l’allergie à l’ambroisie
IV.4. Les allergènes de l’ambroisie
IV.5. L’allergie à l’ambroisie : symptômes, diagnostic, traitements
IV.5.1. Symptômes et impact sur la qualité de vie
IV.5.1.1. Les symptômes
IV.5.1.2. Impact sur la qualité de vie
IV.5.2. Eléments du diagnostic
IV.5.3. Traitements
IV.5.3.1. L’éviction de l’allergène – conseils aux patients
IV.5.3.2. Les traitements symptomatiques
IV.5.3.3. L’immunothérapie spécifique allergénique (ITA)
IV.5.4. Le futur de l’allergie à l’ambroisie : influence de la pollution et du changement climatique
IV.6. Impact économique de l’allergie à l’ambroisie : cas de la région AuvergneRhône-Alpes en 2017
IV.6.1. Méthodologie
IV.6.2. Résultats
V. Lutte contre l’ambroisie (hormis agriculture)
V.1. La réglementation et la coordination des actions
V.2. Les grands principes de gestion et de lutte
V.3. La lutte en milieu urbain
V.4. La lutte sur les bords de route
V.5. La lutte le long des cours d’eau
V.6. La lutte sur les chantiers et dans les carrières
V.7. Perspective de lutte biologique avec Ophraella communa
Conclusion 1
Bibliographie

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