Productive de la banane

Productive de la banane

Effets de la réorganisation territoriale et productive de la banane (1974 – 1984)

L’apparition de la variété Cavendish, résistante à la maladie de Panama et moins vulnérable aux cyclones avec de meilleurs rendements potentiels (doublement de la production à l’hectare) remplace de plus en plus la variété « Gros Michel » qui est plus rustique. Les changements mentionnés ont conduit à une stagnation des exportations équatoriennes et à une perte des marchés internationaux. Il convient de répéter que le remplacement par une nouvelle variété fut provoqué plus par une exigence du marché international que par une stratégie de développement du produit. Comme nous l’avons déjà dit, le principal inconvénient réside dans le fait que cette variété est plus délicate pour le transport et la manipulation et elle doit donc être exportée dans des caisses en carton. Le changement de variété a permis aux multinationales de réduire d’environ 40% leurs coûts (Ellis, 1983). Cette situation a porté préjudice à l’Equateur dans la mesure où United Fruit, après s’être remise des dommages provoqués par la maladie de Panama en Amérique Centrale, a suspendu en 1965 ses achats réguliers à l’Equateur et ses ventes de bananes équatoriennes en Amérique du Nord, en Europe de l’Ouest et par la suite au Japon. Pour les grandes compagnies l’Equateur est devenu un fournisseur de réserve auquel elles avaient recours lorsqu’elles avaient terminé la vente de leur propre production, ou lorsqu’elles étaient victimes d’inconvénients naturels, politiques ou liés à la situation sociale qui empêchaient une production normale du fruit. Mais l’Equateur et les ventes équatoriennes ont pu se maintenir grâce à l’ouverture de marchés non traditionnels, comme par exemple les marchés des pays socialistes. L’introduction de la variété Cavendish a entrainé au moins trois faits importants : a) dans le domaine de la production ce fut la possibilité d’augmenter les densités de culture et d’augmenter la production, b) d’un point de vue logistique, l’utilisation de caisses en carton pour l’emballage, opération absolument indispensable, a permis l’installation d’usines de fabrication de carton afin de produire ces caisses, cela a également permis la construction d’usines d’emballage, l’utilisation de matériaux pour protéger les fruits et l’emploi d’une main d’œuvre spécialisée, c) d’un point de vue économique, l’augmentation des coûts de production à l’hectare, dans la mesure où la nouvelle variété avait besoin de plus de protection et de plus de soins pour chaque étape de sa croissance, de la récolte, de l’emballage et du transport. Parmi ces faits, les plus importants furent les conséquences sociales et régionales. En effet le changement de variété fut accompagné de trois phénomènes évidents : la diminution de la surface plantée, le regroupement géographique des cultures et la concentration économique des bénéfices. La diminution de la surface plantée eut lieu en raison des stagnations des volumes exportés et suite à l’augmentation de rendements de la variété Cavendish par rapport à la Gros Michel. Les déplacements géographiques ont conduit à la création d’une région très spécialisée dans l’agriculture d’exportation située dans la zone d’étude. Cette situation a mené à des changements dans la distribution et dans l’appartenance de la terre, dans la mesure où le nombre de producteurs a diminué et on a vu alors l’importance relative des grandes propriétés augmenter. D’un autre côté l’emballage de la banane dans des caisses a augmenté la demande de main d’œuvre et a contraint les producteurs à inclure des innovations technologiques. Cela porta préjudice aux petits propriétaires et aux paysans, qui jusqu’alors représentaient la majorité du secteur exportateur et qui ne purent financer les innovations technologiques.

Principaux changements de la structure bananière équatorienne

La crise des exportations, le changement de variété, la diffusion de marques, l’augmentation des rendements et de la production dans le marché bananier ont entrainé des transformations importantes sur la Côte équatorienne. Des barrières se sont établies qui ont entravé la production de ceux qui durant toutes ces années avaient plus ou moins librement cultivé le fruit, même s’il y avait toujours eu une certaine sélection qui de toute façon excluait du marché un certain nombre de producteurs qui étaient en général des paysans. L’ouverture de registres et la création de normes eut un impact décisif sur la réduction des surfaces cultivées. Ainsi, on enregistre en 1983 un tiers des 158 422 hectares enregistrés par la Direction Nationale de la Banane en 1966. De cette manière la réduction de la superficie cultivée a conduit également à une concentration géographique de la production et à une activité limitée à certaines zones et propre à certains producteurs solvables économiquement. Il convient de mentionner que ces changements eurent lieu en parallèle avec une stagnation des volumes exportés et furent accompagnés de politiques d’état restrictives. 1.2.1 Diminution de la superficie cultivée En raison de tous ces facteurs nous assistons à une diminution de la superficie cultivée en Equateur, notamment dans les zones bananières situées dans le centre et le nord du pays (voir Figure 14) 124 Source: Larrea, C. 1987. El banano en el Ecuador, trasnacionales. Modernización y subdesarrollo. Réalisation: Cepeda, D., 2004 Figure 14 Zones bananières en Equateur 1980 – 2002 La diminution de la superficie cultivée est due à l’augmentation importante du rendement de la nouvelle variété. Les rendements de la variété Cavendish étaient le double de ceux obtenus avec la variété Gros Michel et par conséquent, dans la mesure où les volumes exportés ont stagné, la superficie s’est réduite de manière substantielle (Larrea, 1987) Le tableau 1 montre l’évolution de la superficie cultivée de la banane dans les principales provinces qui se consacraient à la production. On remarquera que les provinces d’Esmeraldas, de Manabi et de Pichincha réduisent de manière substantielle leur poids dans ce type de production allant jusqu’à atteindre des valeurs inférieures à 1%. D’autre part on voit une réduction très claire dans la province de Los Rios, puisque sa participation dans la production passe de 44% en 125 1964 à 18% en 1984. La réduction de superficie est moins évidente dans la province d’El Oro qui, en 1984, représente environ 50% des surfaces plantées. Lorsqu’on se réfère au réaménagement qu’ont connu les secteurs bananiers, on mentionne alors qu’une des répercutions fut le déplacement du nord vers le sud des cultures (bassin du Guayas-Babahoyo et d’El Oro). On prétend également que le changement de modèle a placé dans une situation de rivalité les provinces d’Esmeraldas, de Pichincha et de Manabi qui furent écartées du sous-système bananier (Cueva, 1964). Toujours dans ce sens, on mentionne que ces faits ont eu comme conséquence que des milliers d’hectares cultivés de banane, en tout cas les superficies consacrées à la variété Gros Michel, ont été remplacées par d’autres cultures (Tobar, 1992). De cette manière des zones comme Quevedo, Santo Domingo de los Colorados et Esmeraldas font leur apparition de manière majoritaire dans des cultures comme l’abaca (le chanvre de Manille), le palmier à huile et les pâturages avec des exploitations qui, après un difficile processus de reventes, d’invasions, de formation et de dissolution de coopératives de production, ont diminué peu à peu en surface. L’Equateur après la première crise a fait face à une longue période de stagnation de la production bananière qui s’étend de 1976 à 1986. Par la suite ce secteur a connu à nouveau une croissance élevée.

Politiques de restriction

La chute des exportations, l’obligation de réduire les coûts de transport et de traitement (qui seront compensés avec l’augmentation d’autres rubriques comptables comme l’utilisation de caisses en carton) et la sélection de sols ont au début favorisé une politique d’état restrictive. Déjà, dès 1965, des organismes comme le Programme National de la Banane -PNB48- et le Conseil National de Planification recommandaient à l’état d’empêcher à l’avenir la création de nouvelles plantations qui échapperaient au contrôle de la Direction Nationale de la Banane et recommandaient que les propriétaires de plantations bananières situées dans des zones considérées aptes à la production bananière consacrent à cette culture toutes les terres planes avec des sols adéquats et avec des voies de communication et de transport utilisables toute l’année et conseillaient de stimuler l’intégration des secteurs bananiers afin de réaliser plus d’économie sur les travaux phytosanitaires et les coûts de transport. En parallèle la commission a sélectionné les zones du nord (Esmeraldas et Pichincha) et du centre (Quevedo, El Empalme, Balzar, etc.) comme celles qui étaient les plus adéquates pour le plan pilote de diversification des cultures (PNB, 1981) Au début des années soixante-dix, les exigences augmentèrent et les limitations mises en place s’intensifièrent. Cela mena à une politique d’interdiction de la production bananière jusqu’à ce que la situation internationale s’améliore. Une série de décrets émis par le PNB interdit le développement de nouvelles zones de culture et dans certains cas spécifiques des zones de culture furent exclues. De même, à partir de 1972, le contrôle de qualité du fruit destiné à l’exportation devint plus strict dans les ports d’embarquement, notamment à Puerto Bolivar, et c’est ainsi qu’en 1973 est créée la section d’« exportation et de contrôle de la qualité » et des formations furent mises en place pour les inspecteurs de la production bananière. En 1976 les plantations bananières furent classées en trois catégories selon certaines caractéristiques qu’elles devaient remplir afin d’être considérées bonnes, normales ou mauvaises. Dans le même temps fut mis en place un programme de formation, d’orientation et de contrôle des producteurs bananiers (PNB, 1981). Toutes ces activités ont coïncidé avec un programme de développement technologique pour les producteurs associés (sous contrat), mis en place par la compagnie Standard Fruit (Dole).

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