Quels sont les facteurs de risque de blessures musculo-tendineuses des ischio-jambiers chez le sprinteur ?

Quels sont les facteurs de risque de blessures
musculo-tendineuses des ischio-jambiers chez le
sprinteur ?

Les ischios-jambiers 

Les ischios-jambiers (IJ) est un ensemble constitué de 3 muscles composant la musculature de la partie postérieur de la cuisse [3]. Ces muscles sont bi-articulaires en ayant une action sur la hanche et le genou. On retrouve sur la partie latérale la longue portion du biceps fémoral (LPBF) et la courte portion du biceps fémoral (CPBF), médialement se trouve le semi-membraneux (SM) et le semi-tendineux (ST). Ces 3 muscles ont tous une origine commune sur la tubérosité ischiatique, néanmoins leurs dispositions sur la tubérosité ischiatique varient. La fonction biomécanique des ischios-jambiers (IJ) est capitale dans la position bipédique, elle influence directement la position du membre inférieur et permet de maintenir une posture droite en faisant partie de la chaîne postérieure qui empêche la chute antérieure du corps. La complexité de ces muscles réside sur le fait que les IJ peuvent à la fois fonctionner comme un complexe qui travaille en synergie avec l’ensemble du groupe musculaire et/ou avec les muscles antagonistes de la chaîne antérieur. D’un point de vue histologique, des similitudes et des différences architecturales sont visibles entre les différents chefs du complexe ischio-jambier. La similitude est modérée entre le LPBF et la CPBF, en revanche la similitude est faible entre SM et ST, entre la LPBF et le SM. Cette similitude a été calculé grâce à un indice de similarité qui prend en compte la longueur du sarcomère, la longueur moyenne des fibres, la section transversale des fibres et l’angle de pennation des différents muscles . De plus, l’architecture musculaire varie tout au long de sa longueur. Selon un gradient disto proximal l’épaisseur musculaire augmente, cela suggère que l’architecture n’est pas uniforme et que les paramètres comparés précédemment dépendent du site de mesure . Cela explique qu’il y a des zones de faiblesses, notamment aux jonctions myo-tendineuses. Les IJ sont notamment les principaux antagonistes de la chaîne quadricipitale. Leur coactivation permet d’équilibrer le bassin et le membre inférieur. La principale contraction des IJ s’exerce lors d’une activité excentrique. Cependant ils peuvent aussi travailler individuellement dans une composante mono ou bi articulaire. Ces muscles permettent notamment d’absorber l’énergie lors de la phase d’oscillation et de la redistribuer. Au niveau du genou, les ischio-jambiers ont un rôle de stabilisateur dynamique de l’articulation. En effet les ischio-jambiers travaillent en synergie avec le ligament croisé antérieur (LCA) pour limiter le tiroir antérieur . Le tiroir antérieur se produit constamment lors de l’attaque du talon lors du cycle de la marche. D’un point de vue plus analytique, il a été démontré que l’activité musculaire des composants du complexe ischio-jambier était différente selon le schéma d’activation. En effet dans la majorité des cas, lors d’un mouvement de flexion de genou il y a une activation préférentielle du semi-tendineux et de la courte portion du biceps fémoral. En revanche lors d’un mouvement d’extension de hanche, il y a activité plus importante de la longue portion du biceps fémoral et du semi-membraneux . Au point de vue de l’innervation, le complexe des ischio-jambiers est innervé par le plexus lombaire et le plexus sacré. Les plexus vont donner naissance au nerf sciatique (L3-S4) qui va donner le nerf tibial qui va innerver le semi-membraneux, le semi-tendineux et la longue portion du biceps fémoral. Puis il va donner aussi le nerf fibulaire qui va innerver la courte portion du biceps fémoral. Dans une autre étude, il a été constaté qu’une variation musculaire a formé une excroissance musculaire qui s’insère sur semi-membraneux. Cette excroissance pouvant s’associer à un troisième chef du biceps fémoral .Il est aussi possible dans certain cas de constater une absence bilatérale des muscles semimembraneux .Cette absence est très rare et très peu référencée dans la littérature. Cependant cette éventualité est importante à prendre en compte lors de la rupture du LCA dans l’éventualité d’une prise en charge chirurgicale. De plus cette absence cause un déficit musculaire, créant ainsi un déséquilibre musculaire au sein du complexe ischio-jambier. De plus il est important de souligner que le biceps fémoral est la zone lésionnelle la plus commune. Pour être plus précis, c’est la longue portion du biceps fémoral qui est le plus souvent touchée dans le complexe ischio-jambier. En effet c’est dans 80% des cas que ce muscle est touché. Les recherches actuelles sur la prédominance des lésions de la longue portion du biceps fémoral ne sont pas encore clairement établies. Cependant plusieurs théories ont été étudiées sans trouver la réponse exacte. Il semblerait que la LPBF soit plus sensible aux changements articulaires de la hanche et du genou comparativement à ses agonistes médiaux . Une autre piste pourrait être la composition microscopique du biceps fémoral, ayant plus de fibre de type 2 à contraction rapide, le muscle serait plus sujet aux lésions musculaires .

Les lésions des ischio-jambiers 

Les ischio-jambiers s’intègrent dans un complexe musculaire travaillant de différentes manières, aussi bien en synergie qu’en antagoniste. Ce complexe musculaire s’intègre dans un schéma de chaînes musculaires. C’est sur ces principes que reposent 3 principes de chaînes musculaires, celui de Godelieve Stuyf-Denys (GDS), de Léopold Busquet  et de la méthode RPG. Selon le principe GDS, il existe 5 chaînes musculaires (3 verticales et 2 latérales) qui relient l’ensemble du corps de la tête aux pieds et aux mains par des voies musculaires. Le complexe ischio-jambier est particulier, il appartient aux chaînes dîtes « de relation ». En effet les différents muscles des ischio-jambiers n’appartiennent pas aux mêmes chaînes musculaires, la courte et la longue portion du biceps fémoral appartiennent à la chaîne postéro-latérale, tandis que le semi-membraneux et le semi-tendineux appartiennent à la chaîne postéro-médiale. Il est très rare que ces chaînes fonctionnent en harmonie, il existe toujours une situation de dominance d’une des chaînes par rapport aux autres au niveau de l’activité musculaire. Le tonus musculaire de la chaîne dominante augmente, augmentant ainsi le raccourcissement et dans le cas extrême induisant des déformations dans la morpho-statique et dans la dynamique par perte progressive de souplesse et de liberté de mouvement. Cette perte de mouvement peut être le point de départ de lésions myotendineuses. Dans l’approche de Léopold Busquet, il existe 4 chaînes musculaires, 2 chaînes droites et 2 chaines croisées. Le complexe ischio-jambier appartient à la chaine droite postérieure, elle permet l’extension globale de la colonne vertébrale en dynamique et assure la stabilité du tronc en association avec la chaîne antérieure en statique. Ces chaînes de mouvements sont toutes organisées par un départ central au niveau du tronc et par des muscles relais qui se dirigent vers les différents membres et la tête. Selon le principe Busquet, le fonctionnement corporel repose sur les lois d’équilibre, économie et confort. Toute dysharmonie entre ces 3 valeurs crée des tensions et des compensations au niveau musculaire pour rétablir cet équilibre. La méthode de rééducation posturale globale (RPG), créée par le kinésithérapeute Philippe Souchard, repose sur 3 principes fondamentaux qui sont la globalité, la causalité et l’individualité  . Philippe Souchard introduit dans sa méthode la notion de fonction statique des muscles qui est selon lui aussi importante que la fonction dynamique. La fonction statique des muscles permet grâce à une contraction permanente de maintenir l’équilibre ou une position dans le temps. Lors d’une contraction statique trop longue ou d’un traumatisme, le muscle va se raccourcir progressivement pour restaurer un équilibre jusqu’à avoir un enraidissement et une rétraction dans sa structure profonde. Le résultat de cette modification peut engendrer une augmentation de la pression articulaire et une déformation de la morphologie pouvant être à l’origine de limitation articulaire et de douleur. Le traitement par la méthode RPG est donc de réaliser une mise en tension globale et progressive. Le terme progressif permet de mettre en valeur le fait que les étirements s’adaptent pour éviter toutes les compensations. L’individualité de chaque sujet et de la pathologie impose au praticien de prendre le sujet dans sa globalité et d’adapter son traitement tout au long de la prise en charge. Dans une prise en charge selon la méthode RPG, le complexe des ischio-jambiers devrait respecter les 3 principes fondamentaux en prenant en compte leur globalité avec leur fonction dynamique et statique sur l’ensemble du corps, leur causalité avec les modifications possibles sur les structures sus et sous-jacentes, ainsi que leurs individualités en considérant l’impact de chaque chef musculaire sur la tension globale. Ces 3 méthodes reposent sur le même principe selon lequel chaque muscle ne fonctionne pas individuellement et entre en interaction avec l’ensemble des structures du corps. La similitude entre les principes de bases de Busquet, du GDS et du RPG amène à constater que le complexe Ischio-jambier ne fonctionne pas en autonomie et rentre dans un processus de chaîne musculaire. Ce qui a pour intérêt de nous montrer que d’infimes variations de base que ce soit musculaire, posturale ou articulaire peuvent avoir des répercussions sur la tension des Ischio-jambiers .

Table des matières

1 Introduction
1-1 Les ischios-jambiers
1-2 Les lésions des ischio-jambiers
1.2.1 Mécanisme lésionnel
1.2.2 La régénération musculaire
1.2.3 Le diagnostic clinique
1.2.4 Les tests fonctionnels
1.2.5 La rééducation
1.2.6 Classification des lésions
1-3 Le sprint
2-Méthodologie
2.1 Critères d’éligibilité des études pour cette revue
2.1.1 Types d’études sélectionnées
2.1.2 Population/ Pathologie
2.1.3 Intervention
2.1.4 Objectif/Critère de jugement
2.2 Méthodologie de recherche des études
2.2.1 Sources documentaires investiguées
2.2.2 Equation de recherche
2.3 Extraction et analyse des données
2.3.1 Sélection des études
2.3.2 Extraction des données
2.3.3 Evaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
2.3.4 Méthode de synthèse des résultats
3 Résultats
3.1 Description des étude
3.1.1 Résultats des recherche
3.1.2 Etudes exclues
3.1.3 Etudes incluses
3.2 Risques de biais des études incluses
3.2.1 Grille d’analyse étudiée
3.2.2 Synthèse des biais retrouvés
3.3 Effets de l’intervention
4 Discussion
4.1 Analyse des principaux résultats
4.1.1 Facteurs de risques anthropologiques
4.1.2 Facteurs de risques biomécaniques
4.2 Applicabilité des résultats en pratique clinique
4.3 Qualité des preuves
4.4 Biais potentiel de la revue
5. Conclusion
Bibliographie

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