Qu’est-ce qui peut influencer la pratique de l’activité physique durant la grossesse?

Bienfaits de l’activité physique sur la santé maternelle et néonatale

Plusieurs revues systématiques de la littérature et méta-analyses s’entendent pour dire qu ‘ une pratique régulière de l’ AP prénatale est non seulement sécuritaire pour la mère et son foetus, mais contribue également à la santé maternelle et néonatale. Parmi les nombreux bienfaits maternels, il y a, notamment, la diminution du risque de diabète gestationnel de 38% (26 essais randomisés contrôlés [ERC], n=6 934 femmes; Rapport des cotes [OR]=0.62, 95% Intervalle de confiance [IC] 0.52 à 0.75, Proportion d’hétérogénéité inter-études [12]=0%), d’hypertension gestationnel de 39% (22 ERC, n= 5 316 femmes; OR=0.61 , 95% IC 0.43 à 0.85, 12=0%) et de prééclampsie de 41 % (15 ERC, n=3 322 femmes ; OR=0.59, 95% IC 0.37 à 0.94, 12=0%) (Davenport, Ruchat, Poitras et al., 2018). De plus, les femmes enceintes pratiquant des AP durant leur grossesse peuvent réduire leur risque de gain de poids excessif de 32% (15 ERC, n=3 519; OR=0.68, 95% lC 0.57 à 0.80, f=12%), de rétention de poids (environ 1.0 kg) en période post-natale (3 ERC, n=420 femmes ; – 0.92 kg, 95% le -1.84 à 0.00 kg, 12=0%) (Ruchat, Mottola, Skow et al., 2018) et de diminuer de 67% leur risque de dépression prénatale (5 ERC, n=683 ; OR=0.33 , 95% lC 0.21 à 0.53, 12=0%) comparé aux femmes qui ne pratiquent pas d’AP durant leur grossesse (Davenport, McCurdy, Mottola et al., 2018). De surcroît, Davenport, McCurdy et al. (2018) ont rapporté que la sévérité des symptômes dépressifs prénataux était également réduite par une pratique supervisée d’AP prénatales (13 ERC, n= l 175 femmes atteintes de dépression ; différence de moyenne standardisée [DMS]=-0.38, 95% lC – 0.5 1 à -0.25, [2= 10%).

Cette diminution aurait un effet de taille similaire à celui des traitements psychologiques (Davenport, McCurdy, et al., 2018). Ces mêmes auteurs ont également démontré que la participation à un plus grand volume d’AP prénatales était associée à une plus grande réduction de l’i ntensité des symptômes dépressifs chez les femmes enceintes atteintes de dépression (Davenport, McCurdy, et al., 2018). Toutefois, les bénéfices d’ un mode de vie actif sur la dépression ou les symptômes dépressifs prénataux ne se maintiennent pas en période post-natale (Davenport, McCurdy, et al., 2018). Néanmoins, la pratique de l’AP n’est pas associée à une augmentation de symptômes d’anxiété que ce soit pendant la grossesse ou en post-partum (Davenport, McCurdy, et al., 2018). Une pratique d’AP durant la grossesse peut également réduire de 24% le risque d’ accouchement assisté par de l’ instrumentation (forceps ou ventouses, [20 ERC, n=3 819 ; OR=0.76, 95% lC 0.63 à 0.92, J2=0%]) et n’augmente pas le risque d’accouchement par césarienne (45 ERC, n=8 000 ; OR=0.91 , 95% lC 0.79 à 1.05, 12=27%) (Davenport, Ru chat, Sobierajski et al., 2019). Enfin, l’AP prénatale permet de diminuer la sévérité des douleurs qui sont présentent au bas du dos et à la région pelvienne durant la grossesse (7 ERC, n=552 ; DMS=-1.43 [grand effet de taille], 95% lC -2.29 à -0.58, r2=94%) (Davenport, Marchand, Mottola et al., 2019).

Une pratique structurée d’AP prénatales permet aussi d’influencer positivement la croissance et le développement du foetus. Plus précisément, elle diminue de 39% le risque de bébé de poids élevé à la naissance (macrosomie ; > 4000 g, [15 ERC, n=3 670 femmes ; OR=0.61 , 95% IC 0.41 à 0.92, r2=41 %]), elle n’ est pas associée à un pourcentage plus élevé de bébé de petit poids à la naissance «2 500 g, [15 ERC, n=3784 femmes ; OR=0.91, 95% IC 0.70 à 1.20, r2=0%]) ainsi que d’accouchement prématuré «37 semaines de la grossesse, [25 ERC, n=5 283; OR=1.12, 95% IC 0.88 à 1.42, r2=0%]) et elle n’augmente pas le risque de retard de croissance intra-utérin (1 ERC, n=334 ; OR=1.11 , 95% IC 0.48 à 2.60) (Davenport, Meah, Ruchat et al., 2018). De plus, contrairement à plusieurs croyances populaires, l’AP n’augmente pas le risque de fausses couches (10 ERC, n=2 248 femmes; OR=0.69, 95% IC 0.40 à 1.22, 12=0%) et de mortalité périnatale (6 ERC, n=1 651 femmes, OR=0.79, 95% rc 0.26 à 2.38, r2=0%) chez les femmes enceintes pratiquant au maximum 60 minutes d’AP cardiovasculaires d’ intensité modérée par séance comparativement à celles qui n’en font pas du tout (Davenport, Kathol, Mottola et al., 2019). Les bienfaits mentionnés précédemment concernant la santé néonatale sont d’autant plus importants sachant que les bébés nés prématurément «37 semaines de la grossesse) sont prédisposés à une sensibilité à l’ insuline diminuée (Luu, Rehman Mian Nuyt, 2017) ainsi qu ‘à un risque augmenté de développer le syndrome métabolique au cours de leur vie (Luu et al., 2017). De surcroit, ceux ayant un poids élevé à la naissance ont un risque doublé d’ être en surpoids à l’âge adu lte comparativement à ceux ayant un poids normal à la naissance (16 études, n=non-mentionné, OR= 1.96, 95% rc 1.43 à 2.67) (Schellong, Schulz, Harder et al., 2012).

Statistiques provinciales, canadiennes et internationales sur le niveau d’activité physique prénatale Malgré les nombreux bienfaits de l’ AP sur la santé maternelle et néonatale, ainsi que l’existence de recommandations en matière d’AP prénatales, près d’une femme québécoise sur deux (46%) n’atteint pas le seuil minimal recommandé comparativement à 35% des femmes québécoises non-enceintes en âge de procréer (Statistique Canada, 2013-2014). Au Canada (y compris le Québec), 41% des femmes enceintes n’atteignent pas lesdites recommandations comparativement à 34% des femmes non-enceintes en âge de procréer (Statistique Canada, 2013-2014). Aux États-Unis, environ 85% des femmes enceintes n’ atteignent pas le volume d’ AP minimal recommandé (Even son et Wen, 2010). Toutes les prévalences mentionnées précédemment dans cette section ne tiennent pas compte des activités domestiques, de travail ou d’occupation principale et de transport. De plus, les données ont été obtenues à l’ aide de questionnaires. À ce jour, il est conseillé de ne pas se servir des résultats d’enquêtes ou d’études utilisant l’accéléromètre comme outil de mesure de l’ atteinte des directives en matière d’AP, puisque cet appareil permet de quantifier les mouvements corporels et non les comportements (Fulton, Carlson, Ainsworth et al., 2016). Or, les recommandations actuelles sont basées sur la mesure des comportements et non sur la mesure des mouvements corporels. II demeure donc préférable d’utiliser un questionnaire pour mesurer l’ atteinte du volume d’AP prénatales recommandé (Fulton et al., 2016). Il est également connu que la pratique de l’AP des femmes enceintes peut varier d’un trimestre à l’ autre. Certaines études ont mis en évidence des niveaux d’AP significativement plus faibles à TR 1 et TR3 comparativement à TR2 (Figure 1; diagramme supérieur) (Bacchi et al., 2016; Evenson et Wen, 20 Il ; Nascimento et al., 2015), alors que d’autres études ont démontré que la pratique de l’ AP des femmes diminuait significativement au cours de leur grossesse (Figure 1; diagramme inférieur) (Hayes et al., 2015; Hegaard et al., 2011).

Barrières infra-personnelles

Parmi les barrières intra-personnelles, on retrouve, entre autres, les inconforts et symptômes de la grossesse, tels que la fatigue, les nausées et les douleurs lombopelviennes. Le manque de temps (p. ex., lié au nombre d’enfants à la maison et/ou aux responsabilités professionnelles) et le manque de motivation font également partie de cette catégorie, de même que la crainte que l’AP (c.-à-d., certains types ou intensités d’AP) puisse nuire à la sécurité du foetus et au bon déroulement de la grossesse (Harrison et al., 2018). Les résultats obtenus par Harrison et al. (2018) révèlent également que les barrières intrapersonnelles varient d’un trimestre à l’autre. En effet, la fatigue et les nausées seraient plus présentes en début de la grossesse, alors que les inconforts physiques seraient davantage présents en fin de la grossesse (Harrison et al., 2018). Une autre revue systématique de la littérature, publiée en 2017 et regroupant 26 études (14 qualitatives et 12 quantitatives totalisant 3 924 femmes enceintes), indique qu ‘un faible niveau d’AP pré-grossesse pourrait également influencer négativement la pratique de l’ AP durant la grossesse (Coll et al., 2017). Plus précisément, Bacchi et al. (2016) ont évalué, à l’aide du modified Kaiser physical activity survey, le volume d’AP de femmes enceintes de poids normal (n= l77) ou en surpoids/obèses (n=59) à différents moments durant la grossesse. Les résultats combinés des deux groupes de femmes enceintes ont révélé que celles-ci étaient approximativement 1.5 fois plus susceptibles de réaliser 150 minutes d’AP par semaine durant leur grossesse si elles étaient déjà actives avant de devenir enceintes (TRI: OR= l.57, 95% IC l.28 à 1.93 ; TR2 : OR=1.41 , 95% IC 1.18 à 1.67 ; TR3 : OR=l.44, 95% IC 1.21 à 1.73) (Bacchi et al., 2016). Cependant, il est actuellement impossible de savoir si les habitudes passées liées à l’AP, c’ est-à-dire celles adoptées en pré-conception ou maintenues pendant la grossesse, influencent de manière similaire ou différente la pratique d’AP des femmes, et ce, à chacun des trimestres de la grossesse.

Table des matières

Introduction
Chap itre 1 : L’ activité physique
1. 1. I)définition
1.2. Outi Is de nnesure
1.3. Bienfaits de l’ activité physique sur la santé nnaternelle et néonatale
1.4. Fleconnmandations canadiennes et internationales durant la grossesse
1.5. Statistiques provinciales, canadiennes et internationales sur le niveau d’ activité physique prénatale
1.6. Message clé # 1
Chapitre 2: Qu’est-ce qui peut influencer la pratique de l’activité physique durant la grossesse?
2. 1. F ac i 1 i tateurs
2.2. i\ttitudes des fennmes enceintes
2.3. Barri ères
2.3.1. Barrières intra-personnelles
2.3.2. Barrières interpersonnelles
2.3.3. Barrières environnennentales et organisationnelles
2.3.4. Barrières sociodénnographiques et anthroponnétriques
2.3.5. Barrières psycho logiq ues
2.4. Historique reprod ucti f
2.4.1. i\ntécédents d’ avortennents
2.4.2. Type de concepti 0 n
2.4.3 . Nombre de cycles de traitennents de fertilité
2.5. Message clé #2
Chapitre 3 : Contexte de l’ étude
3. 1. ()bjectifs
3 .2. Hypothèses
Chap itre 4 : Arti cIe sc i entifiq ue
Chapitre 5 : Discussion
5.1. Retour sur les objectifs et hypothèses
5.2. Retour sur les résultats principaux
5.3. Li mites de l’ étude
5.4. Forces de l’ étude
5.5. Perspectives d’ avenir
Chapitre 6 : Conclusion
Bib1iographie
Annexe A
Annexe B

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