Réglementation de l’usage du téléphone portable à l’hôpital

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Revue de la littérature

Utilisation du téléphone, Histoire – Epidémiologie

Les constats

Depuis la création du téléphone portable par Martin COOPER en 1973 puis celle du smartphone en 1993, cet objet n’a cessé de se démocratiser, faisant aujourd’hui normalement partie de la vie de chacun (3). Selon l’Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE), il y avait 65 millions d’abonnés à la téléphonie mobile en France en 2014 (4).
L’équipement en téléphone mobile ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années. Si en 2013 89% des français possédaient un téléphone portable (5), ils n’étaient que 47% au début des années 2000 et seulement 4% dans les années 1990 [Annexe I]. En novembre 2015, le Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie (CREDOC) annonçait que 92% de la population française au-delà de l’âge de 12 ans détenait un téléphone mobile, dont 58% de smartphones (6). Le taux d’équipement est par ailleurs lié à l’âge des usagers : 98% des adultes âgés de 18 à 39 ans, soit la population en âge d’avoir des enfants, en sont équipés. Bien qu’une diminution continue des écarts soit constatée entre les différents groupes de population, il ressort que le pourcentage d’appareillage en téléphonie mobile diffère également selon les catégories socio-professionnelles. En effet, plus le niveau d’étude et les revenus sont élevés, plus la proportion de personne possédant un mobile est importante (6) [Annexe II].
Parallèlement, les usages se sont nettement modifiés au cours du temps. Dans les années 60, téléphoner était quelque chose « d’intime », où il était tout aussi gênant d’entendre la conversation d’autrui que d’être entendu. De nos jours, utiliser son mobile est une façon de « nier la séparation », l’activité s’est banalisée (7).
Dans les années 90, avoir un mobile était synonyme de modernité, voire un signe de richesse, puisqu’il était le plus souvent détenu par des dirigeants ou des cadres. A la fin de cette décennie a pu débuter l’utilisation courante de cet outil. Il semblerait que de nombreux sauvetages en montagne à cette époque aient pu faire la promotion de cet objet qui permettait d’alerter en tout temps et en tous lieux. Le téléphone revêt ainsi un aspect « sécuritaire » (8).
Aussi, la durée d’utilisation du téléphone est de plus en plus long, il nous suit partout : dans la rue, dans les transports ou encore même au travail et au restaurant avec des amis ! Certains vont même jusqu’à le laisser allumer la nuit, voire le laisser sous leur oreiller. Lors d’une étude menée en Grande-Bretagne en 2015, il a été montré qu’une personne contrôle en moyenne son mobile 221 fois en une journée. Ceci correspond à un intervalle de six minutes entre chaque vérification (9).
Alors qu’en 2009 les français adressaient en moyenne 19 SMS par semaine, ils en envoient aujourd’hui 108. De plus, il y a une différence notable d’usage selon l’âge des utilisateurs, puisque les 12-17 ans en diffusent 435 par semaine, soit 62 SMS par jour (3).
Par ailleurs, le terme de « Phubbing » a été inventé en 2013 par Alex HAUGH. Il s’agit de la contraction de « snubbing » (snobber) et de « phone » (téléphone) qui signifie snober quelqu’un en regardant son téléphone au lieu de prêter attention à la personne avec qui l’on se trouve. En 2013, la campagne « Stop phubbing » a été mise en place dans le but de lutter contre cette incivilité qui nuirait à nos relations en face à face, aux dépens des relations virtuelles (10).
Sur les 128 minutes quotidiennes à utiliser son portable, une personne consacre statistiquement 12 minutes à téléphoner. Il existe donc un autre aspect d’emploi du téléphone mobile important à aborder : l’Internet mobile qui est en effet forte progression. 52% de la population française dont 90% des 18-24 ans et 80% des 25-39 ans utilisent leur téléphone pour naviguer sur Internet (6). Par ailleurs, selon Harris Interactive, 82% des internautes français sont inscrits sur au moins un réseau social, et 65% accèdent à leur plateforme via un smartphone (11). Pour rappel, le concept de « réseau social » a été inventé en 1954 par un anthropologue nommé BARNES. Aujourd’hui, l’utilisation de ce terme sous-entend « réseau social virtuel » tels que les plus connus comme Facebook®, Twitter®, LinkedIn® ou encore Snapchat®… Le principe de réseau se définit par deux éléments que sont les contacts et les liaisons avec eux(12).
Le numérique et les machines numériques en réseau constituent la « révolution numérique » ou la troisième « révolution technique », la première correspondant aux machines hydrauliques de la Renaissance, et la seconde à la révolution industrielle (2).
Le téléphone portable serait la technologie ayant connu l’un des développements le plus rapide de l’histoire (13).

Pourquoi ?

Nombre de paramètres peuvent expliquer cette diffusion massive. Les réseaux téléphoniques permettaient, à l’origine, une communication synchrone, par la voix uniquement. Ils ont par la suite intégré de nouvelles technologies qui ont permis d’offrir des services numériques disponibles 24 heures sur 24. (2) Il est possible de faire toujours plus sur son téléphone, surtout s’il s’agit d’un smartphone, et ce avec toujours plus de facilité. D’autre part, la pression sociale joue un rôle fondamental dans le développement du mobile. En effet, le marketing puis la publicité autour du téléphone portable et du smartphone ont été tels que certains se sont sentis obligés d’adopter le comportement dominant. Par exemple à Grenoble IDEAs Lab vend aux industriels une méthode pour assurer le succès de cet outil, élaborée « grâce à l’apport d’autres disciplines scientifiques, en particulier les sciences humaines » (13).
Au fil du temps, la démocratisation, l’augmentation des capacités mémoire et fonctionnelles, l’ergonomie, la technologie embarquée, les personnalisations offertes et l’accès au WEB sont autant de critères pouvant expliquer le développement exponentiel du mobile puis du smartphone (3).
Par ailleurs, alors que la tendance de miniaturisation semble s’être arrêtée, voire inversée nous constatons que le téléphone reste toujours à portée de main, dans la poche ou dans la veste. Une étude a d’ailleurs montré en 2013 que 97% des utilisateurs de smartphones en Angleterre le conservent à une distance inférieure à un mètre tout au long de la journée (2).
L’avènement des réseaux sociaux sur support mobile a permis de s’exprimer de façon croissante par l’image (11). L’existence et le développement d’applications et réseaux dédiés à l’image ont favorisé ce phénomène (14). Si l’on se recentre sur les jeunes parents, il est bon de noter à ce propos que 74% des mères françaises avaient publié en 2010 des photos de leurs enfants sur le web avant leurs deux ans, et 26% l’avaient même fait avant leur naissance en postant leurs images d’échographies (9).
Au final, pour AQUIEN, le téléphone portable est un « objet total », qui donne l’impression de tout permettre (15). Il propose des services regroupant de nombreux aspects de notre quotidien, presque tout est envisageable aujourd’hui, particulièrement grâce au smartphone. Il s’agit également d’un objet très personnel, voire parfois qualifié d’intime. Un mobile correspond à « une seule et unique personne » (16).
Ces nombreux constats incitent à s’intéresser de plus près aux usages du téléphone portable. Les personnes en âge de procréer étant la population la plus équipée, il semble adroit de cibler cette classe de la population, et ici particulièrement dans le contexte de la salle de naissance. En effet, ce sont eux qui seront les parents d’aujourd’hui et de demain et notamment les « digital natives », « génération Y » (ou « enfants du numérique »). Ces dénominations concernent la génération ayant grandi en même temps que le développement d’Internet, soit celle née entre 1980 et 2000 (17). Viendra ensuite la « génération Z » pour ceux nés dans les années 2000 qui auront toujours connu les TIC. Il est bon de noter que l’âge d’obtention du premier téléphone portable ne cesse de diminuer, avec une moyenne actuellement de 11 ans (18).
Enfin, l’expansion du téléphone mobile s’explique probablement par la facilité de communication liée à cet outil, créant une interconnexion croissante entre les êtres humains. Cette dernière est réellement devenue un besoin que l’Homme s’est créé au fil du temps, allant parfois jusqu’à la limite de l’addiction.

Table des matières

Glossaire
Introduction
1. Revue de la littérature
1.1 Utilisation du téléphone, Histoire – Epidémiologie
1.1.1 Les constats
1.1.2 Pourquoi ?
1.2 Nomophobie – Addictions
1.2.1 Définitions
1.2.2 Une nouvelle addiction ?
1.2.3 Besoin de déconnexion
1.3 Communication des émotions
1.4 Le téléphone portable en salle de naissance
1.5 Réglementation de l’usage du téléphone portable à l’hôpital
2. Matériel et méthode
2.1 Problématique et hypothèses
2.2 Méthodologie
3. Résultats
3.1 Résultats bruts
3.1.1 Présentation de la population étudiée
3.1.3 Déroulement du travail obstétrical
3.1.4 Le téléphone mobile au quotidien
3.1.5 Le téléphone mobile en salle de naissance.
3.2 Croisement des données
3.2.1 Analyse du sentiment de dépendance
3.2.1 Analyse de l’usage du téléphone mobile en salle de naissance
3.3 Vraiment « addicts » ?
4. Discussion
4.1 Comparaison de l’échantillon à la population générale
4.2 Le téléphone mobile au quotidien
4.3 Le téléphone mobile en salle de naissance.
4.4 Vraiment « addict » ?
Conclusion

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