RÔLE DES RÉCEPTEURS CUTANÉS PLANTAIRES DANS LE CONTRÔLE POSTURAL

Le port des semelles proprioceptives augmente til l’équilibre postural et la proprioception du danseur classique ?

Le Danseur Classique

 Histoire et évolution de la pratique, du XVème siècle à nos jours 

Il tenait à cœur à la célèbre danseuse étoile Agrippina Vaganova d’enseigner à ses élèves l’histoire du ballet, afin qu’ils appréhendent au mieux leur discipline. C’est dans cette même optique que je m’attache à la décrire succinctement dans ce qui pourrait faire office de prélude, en vue de mieux situer le sujet qui va être le mien. La danse classique, ou du moins les premières formes qui s’y apparentent, voit le jour à la Renaissance, à la cour d’Italie. Néanmoins, les écrits de l’époque la décrivent davantage comme un simple divertissement destiné à accompagner les orchestres. (H. Marquié) C’est en France,sous Louis XIV, que la pratique acquiert véritablement ses lettres de noblesse. En effet, la danse classique était une véritable passion pour le monarque, qui aimait s’y adonner de manière récréative, mais qui l’utilisait aussi comme outil de pouvoir politique. Par exemple, pour fêter sa victoire sur la Fronde, le jeune roi organise en 1653 Le Ballet royal de la nuit. Il y occupe le premier rôle et apparait en métaphore solaire lors du dernier acte, lui permettant d’asseoir son autorité sur les autres protagonistes, parmi lesquels se trouvaient de grands seigneurs ayant pris part à la révolte. Ainsi, grâce à la suprématie de l’astre et au travers de la clarté qu’il propage sur la pénombre, le Roi vise à affirmer sa position de nouveau souverain. Son portrait pour cette occasion est représenté sur la gravure ci-contre (Image 1). C’est par ailleurs suite à cette représentation que naitra le surnom qui le caractérise encore aujourd’hui. Ainsi, c’est sous le règne de Louis XIV que la danse est réellement portée au rang de discipline artistique à part entière. (H. Marquié) En effet, il est à l’initiative de la création de l’Académie Royale de Danse en 1661. Elle regroupe des proches du roi, essentiellement des danseurs et des musiciens, et a pour but d’établir les préceptes de la danse et d’ainsi légitimer la pratique. C’est en grande partie à cette époque que les principes fondamentaux, encore en rigueur de nos jours, ont été formulés. Par ailleurs, les termes techniques en danse classique sont encore utilisés en français partout à travers le monde. (E. Nye) La pratique de la danse classique n’a par la suite cessé d’évoluer, et la discipline s’est peu à peu professionnalisée. Aux ballets de cour, dansés dans les salons du Roi Soleil succèdent les comédies ballet, l’opéra ballet, les ballets d’action ou pantomimes, et enfin le ballet romantique qui vit le jour au XIXème siècle et qui est celui encore pratiqué de nos jours. Ce dernier courant marque un tournant majeur dans l’histoire de la danse classique, puisque c’est à ce moment que la pratique devient essentiellement féminine. 2 Image 2. Différence d’amplitude entre une abduction de hanche pure (A) et une abduction couplée à une rotation externe de hanche (B). D’après S. Kushner, 1990. De plus, en accord avec l’idéal romantique de l’époque, des modificationss’opèrent au niveau des techniques, avec l’apparition de figures de plus en plus aériennes, dont l’effet se trouve amplifié par le port des pointes qui font alors leur apparition aux pieds des danseuses. Désormais, l’aplomb, l’élévation et le pas de deux deviennent les pierres angulaires de la pratique, et s’imposent ainsi à tout danseur. (E. Nye) Par la suite, le ballet romantique et ses techniques ont contribué au développement de nombreux styles de danse plus récents, tels que le modern jazz, la danse contemporaine, ou encore le hip-hop. De nos jours, la danse classique occupe en France une place à part entière dans le paysage culturel. Les compagnies françaises et étrangères sont non seulement au service de la pérennité de cet art mais aussi de son renouveau, et permettent de repousser sans cesse les limites d’une discipline désormais pluri centenaire. 

 Les qualités requises chez le danseur 

Il existe de nombreuses manières d’enseigner la danse classique. Elles dépendent des préférences propres à chaque professeur, et à chaque école. Cependant, les principales sont au nombre de sept et nous nous intéresserons ici à celle qui, de nos jours, est la plus utilisée, à savoir la méthode Vaganova, du nom de sa conceptrice. Selon elle, la pratique de la danse classique s’appuie sur trois piliers ; [1] – La maitrise du concept d’en dehors – Le positionnement des pieds et des épaules – L’aplomb du danseur Outre l’importance de connaitre les spécificités de la discipline pour mieux appréhender la prise en charge du patient danseur, il me semble d’abord judicieux aux vues du sujet de l’étude, d’approfondir ces notions qui influent toutes trois sur la posture et l’équilibre du danseur. 

 Le concept d’en dehors

 Il s’agit de la première notion que le jeune danseur doit acquérir, car elle représente le point de départ de tous mouvements en danse classique. D’un point de vue anatomique, le concept d’en dehors décrit la position caractéristique en rotation externe du membre inférieur du danseur. Elle est visible sur l’Image 2 ci-contre. 3 Image 3. Photos des cinq positions de base des pieds en danse classique. Crédit photo : Alejandro Álvarez Longines. Image 4. Schéma des cinq positions de base des pieds en danse classique. D’après A. Vaganova, 1948. 1. 2. 3. 4. 5. Le concept d’en dehors est caractérisé par une rotation externe de hanche dans une amplitude maximale, plaçant ainsi le genou et le pied de telle sorte que toute la face interne de la cuisse, de la jambe, et du pied, soient visibles de face. [1] C’est la position de base du membre inférieur, dont découle les positions fondamentales de pieds qui seront décrites ultérieurement. Cette position répond non seulement à une exigence esthétique chez le danseur, [2] mais elle permet en plus une meilleure cinétique en amplitude extrême d’abduction de hanche. [1,2] En effet, grâce à la rotation externe maximale de hanche qu’il implique, la position en dehors permet un abaissement de la tête fémorale et une postériorisation du grand trochanter qui limiteront ainsi la butée de ce dernier contre l’acétabulum, permettant des battements de jambe plus amples dans le plan frontal.

 Les positions de base en danse classique

 C’est une autre notion fondamentale en danse classique. Chacune des positions est précisément codifiée ; on en compte cinq pour les pieds, et généralement trois pour les bras. [1] C’est de ces positions que découlent tous les mouvements en danse classique. Il s’impose donc au thérapeute de connaitre les bases de la pratique, en vue de comprendre les mécanismes lésionnels et d’apporter une réponse la plus adaptée possible. • Positions des pieds Du fait de la position d’en dehors imposée à la jambe, le pied ne peut se soustraire qu’à cinq positions dans lesquelles il est possible et commode de se mouvoir. [1] § Première : les deux pieds se touchent au niveau des talons et l’axe des pieds suit une ligne commune aux deux. § Deuxième : l’axe des deux pieds reste sur une même ligne, mais les deux talons sont espacés d’une distance équivalente à un pied. § Troisième : l’axe des deux pieds est décalé mais parallèle, le bord externe du pied en avant se retrouve en contact avec le bord interne du pied en arrière, les talons n’étant pas alignés avec les pointes de pied. § Quatrième : semblable à la troisième, mais avec un alignement strict du talon arrière avec la pointe de pied avant, et vice versa. Les deux pieds ne sont pas en contact l’un avec l’autre. § Cinquième : il s’agit de la 4ème position, sans écart entre les deux pieds. 

Table des matières

REMERCIEMENTS
I. INTRODUCTION
Prologue
1. LE DANSEUR CLASSIQUE
1.1 HISTOIRE ET ÉVOLUTION DE LA PRATIQUE, DU XVème À NOS JOURS
1.2 LES QUALITÉS REQUISES CHEZ LE DANSEUR
1.2.1 Le concept d’en dehors
1.2.2 Les positions de base en danse classique
1.2.3 L’aplomb du danseur
1.3 LES PATHOLOGIES FRÉQUENTES CHEZ LE DANSEUR
1.3.1 Blessures chez le danseur : les principaux facteurs de risque
1.3.2 Blessures chez le danseur : localisations et types d’atteintes
2. POSTURE, ÉQUILIBRE ET ÉQUILIBRE POSTURAL
2.1 POSTURE : DÉFINITION ET PRINCIPAUX ACTEURS
2.2 L’ÉQUILIBRE CHEZ L’HOMME ET LE DANSEUR
2.3 CONTRÔLE POSTURAL : DESCRIPTION, FONCTIONNEMENT ET STRATÉGIES
2.3.1 Définitions
2.3.2 Le double rôle du contrôle postural
2.3.3 Les systèmes mis en jeu lors du processus de stabilisation posturale
2.3.4 Les différentes stratégies motrices de stabilisation posturale
3. LES SEMELLES PROPRIOCEPTIVES
3.1 RÔLE DES RÉCEPTEURS CUTANÉS PLANTAIRES DANS LE CONTRÔLE POSTURAL
3.1.1 Histologie de la surface plantaire
3.1.2 La surface plantaire et son rôle de ‘’carte dynamométrique’’
3.2 LA SEMELLE PROPRIOCEPTIVE : UNE ALLIÉE DE LA POSTURE ?
3.3 SEMELLES PROPRIOCEPTIVES : LES DIFFÉRENTS CHAMPS D’ACTION
II. MÉTHODE
1. STRATÉGIE DE RECHERCHE
2. SÉLECTION DES ÉTUDES
3. CRITÈRES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION DES ÉTUDES
4. ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DES ÉTUDES INCLUSES
III. RÉSULTATS
1. DESCRIPTION DES ÉTUDES
2. VALIDITÉ INTERNE ET RISQUES DE BIAIS DES ÉTUDES INCLUSES
3. EFFETS DES SEMELLES PROPRIOCEPTIVES
3.1 EFFET SUR LE CONTRÔLE POSTURAL
3.2 EFFET SUR LA PROPRIOCEPTION DE CHEVILLE
IV. DISCUSSION
1. ANALYSE DES PRINCIPAUX RÉSULTATS
1.1 SEMELLES PROPRIOCEPTIVES ET MODIFICATION DU CONTRÔLE POSTURAL
1.2 SEMELLES PROPRIOCEPTIVES ET MODIFICATION DE LA PROPRIOCEPTION
DE CHEVILLE
1.3 CONCLUSIONS
2. APPLICABILITÉ DES RÉSULTATS EN PRATIQUE CLINIQUE
3. QUALITÉ DE PREUVE
4. BIAIS POTENTIELS DE LA REVUE
V. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
RÉSUMÉ

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