Smart Meter, Feedback et maîtrise de la consommation électrique

Depuis quelques années, le changement climatique est considéré comme le problème environnemental le plus important auquel fait face la communauté internationale. En 2004, le gouvernement britannique a été jusqu’à déclarer que : «Le changement climatique est le problème le plus grave auquel nous sommes confrontés aujourd’hui » (King, 2004, p. 177). La prise de conscience a été rapide et dès l’année 2009, la Commission européenne a estimé que ce phénomène est considéré comme étant le problème le plus critique pour une large majorité d’Européens (62%).

Ce changement climatique est principalement causé par l’émission de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, dont la principale composante émise est le dioxyde de carbone (CO2), produit principalement par la combustion de combustibles fossiles, tel que le charbon et les hydrocarbures (produits pétroliers et gaz) et qui reste présent dans l’atmosphère pour une très longue période, car « il n’existe pour l’instant aucun moyen de réduire les concentrations atmosphériques de ce gaz » (Jardine, et al., 2004, p. 12).

Il engendre un effet dépressif sur la croissance économique (Stern, 2006), et impose à l’humanité une révision en profondeur de la façon dont l’énergie est utilisée, tant sur plan quantitatif, pour optimiser la quantité d’énergie utilisée pour produire un bien ou un service, que sur le plan qualitatif, pour produire un bien ou un service, par recours à des sources d’énergie qui engendrent une moindre pollution. Le monde est donc aujourd’hui face à l’obligation de consommer moins d’énergie et la consommer mieux. Il apparait que « l’effort collectif est donc devenu indispensable, voire impératif pour réduire les émissions de carbone et combattre le changement climatique » (Ake, et al., 2011, p. 3).

Pour mesurer l’impact environnemental de la production ou de la consommation d’un bien ou d’un service et quantifier ainsi cette « chose invisible, comme l’effet de serre» (Ross, et al., 2010, p. 71), de nouveaux indicateurs ont fait leur apparition. Ainsi, tout acte, tout produit, tout service est désormais caractérisé par ce qui est appelé son « empreinte de carbone ». De plus, pour consommer moins et consommer mieux, des réglementations internationales visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont été mises en place, suite à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (« Processus de Kyoto ») en 1997, qui a donné naissance à des groupes d’influence sur les gouvernements en vue de renforcer la législation relative aux émissions de GES et également de soutenir l’effort des ménages pour les réduire.

Pour l’ensemble des pays membres de l’Union Européenne, la consommation de l’énergie est la principale source d’émission de GES (79 %). Le secteur d’activité économique à plus forte émission est l’industrie (33,6 % des émissions), suivi par le secteur des transports (19,7 %) et le secteur résidentiel-tertiaire (13,9%). En France, c’est par contre le secteur des transports qui est le premier émetteur de GES, avec 28,1 % des émissions globales du pays. Le secteur résidentiel-tertiaire représente 17,5 % des émissions de GES de la France pour l’année 2011 (CDC Climat, 2013), soit un taux supérieur à la moyenne européenne.

C’est la raison pour laquelle le secteur « résidentiel-tertiaire » a occupé une place centrale dans les débats, dès les premières consultations du « Grenelle de l’environnement », qui a débouché sur la loi n° 2009-967 du 3 août 2009, dite «Grenelle  » et la programmation de sa mise en œuvre. Cette loi reconnaît que le parc de bâtiments existant en France constitue le principal gisement d’économies d’énergie, et donc de réduction des émissions de GES, et fixe un objectif de réduction de sa consommation de 38% en 2020 (UFE, 2013). Ce cadre réglementaire s’inscrit dans la continuité de la loi de programme du 13 juillet 2005 qui avait fixé les orientations de la politique énergétique française, avec pour objectif de faire baisser la consommation d’énergie par habitant (ou par unité de production), de l’ordre de – 2,5 %/an, d’ici à 2030.

Les gaz libérés par la combustion des hydrocarbures et du charbon, ainsi que par la réfrigération et la climatisation constituent la principale source de pollution et donc causes du changement climatique. Dans ce contexte, les stratégies de réduction des GES se sont fortement orientées, d’une part, vers la maîtrise de la consommation d’énergie, par recours à des systèmes intelligents, basés sur les technologies de l’information et de la consommation (TIC) permettant une gestion rigoureuse de la consommation énergétique ; et, d’autre part, vers le recours aux énergies renouvelables (énergies solaire et éolienne, ainsi que biocarburants entre autres). A l’échelle mondiale, ces stratégies devaient également permettre aux Etats de diminuer leur part de responsabilité dans le changement climatique et le réchauffement de la planète (Bee 2007).

En France, le lien de causalité entre la consommation d’énergie et le PIB, montre que ce qui est appelé « intensité énergétique du PIB  », c’est-à-dire la quantité d’énergie nécessaire pour produire une unité de PIB, diminue sans discontinuer. Traduit en termes d’élasticité, une telle situation signifie que la consommation d’énergie croît moins vite que ne croît le PIB (élasticité <1). Il est important de relever qu’en 2013, si pour les États-Unis l’intensité énergétique du PIB était de 0,158 tep/1000 dollars de PIB, elle était de 0,130 tep en France, ce qui traduit une meilleure performance énergétique du PIB français, qui reste néanmoins inférieure à celle de l’Allemagne qui ne consomme que 0,113 tep/1000 dollars de PIB (ENERDATA, 2014).

En France, malgré les résultats positifs enregistrés, il reste donc encore beaucoup à faire pour améliorer la performance énergétique, notamment pour la hisser au même niveau de celle de l’Allemagne. C’est la raison pour laquelle les programmes français de maîtrise de la consommation d’énergie et de réduction des émissions de GES, bien que ciblant tous les secteurs d’activité économique, mettent l’accent sur le secteur résidentiel-tertiaire qui représente 44,1% de la consommation finale d’énergie (en 2011) se caractérise par une croissance régulière.

Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
Maîtrise de la demande d’énergie en France
Consommation d’énergie des ménages en France et en Région PACA
Projets portant sur le comportement des ménages
Limites des modèles de consommation des ménages
Organisation de la thèse
CHAPITRE I : DIVERSES FORMES DE FEEDBACK ET CONSOMMATION ÉLECTRIQUE : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE
Introduction
1. Les solutions pour un changement d’habitude efficace et durable
2. Le Smart Meter et la réduction de la consommation grâce au feedback
2.1.Les différents types de feedback
2.2.Les réductions de consommation obtenue par feedback
3. Déterminants de la demande énergétique du secteur résidentiel
4. Etalement de la consommation et effacement aux heures de pointes
Conclusion
CHAPITRE II : RECUEIL DES DONNÉES ET PROTOCOLE D’EXPÉRIMENTATION
Introduction
1. Présentation générale du projet
2. Mise en place technique et matérielle du projet
3. Echantillonnage
4. Phase d’expérimentation
4.1.Profil des ménages de l’échantillon
4.2.Caractéristiques des logements
4.3.Abonnement, tarifs et installation du système smart
4.4.Equipements de cuisson et de chauffage des ménages
5. Présentation des données de l’enquête
5.1.Préférences et sensibilité environnementale
5.2.Comportement des ménages vis-à-vis de leur d’équipement
Conclusion
CONCLUSION GÉNÉRALE

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