Structuration génétique des ânes (Equus asinus) d’Afrique de l’Ouest

Structuration génétique des ânes (Equus asinus) d’Afrique de l’Ouest

Generalites sur les ânes 

Rappel sur la classification phylogénique des ânes Règne 

Animal Embranchement : Vertébrés Classe : Mammifères Super-ordre : Ongulés Ordre : Périssodactyles Famille : Equidés Genre : Equus Espèce : Equus asinus

Origines préhistoriques et historiques de l’âne 

Aujourd’hui, 4 espèces d’animaux très communes dans le monde ont été domestiquées en Afrique, ce sont l’âne, le chat, la pintade et probablement certains bovins (Blench, 2013). Les preuves de ces domestications ou utilisation précoce en Afrique sont rapportées par les gravures sur roches dans des grottes représentant des vaches, mais rarement des ânes. Ceci prouve que l’âne depuis la domestication a été un animal considéré comme de moindre importance, car répandu dans les ménages les plus pauvres. Les preuves de la présence de l’âne à l’ère de la domestication sont très rares, seules les données archéologiques en témoignent. Toutefois, l’utilisation des ânes domestiques est très bien documentée dans les peintures sur mur et autre iconographie dans l’Egypte antique (Figure 1). Figure 1. Peintures murales de l’Egypte antique montrant des ânes bâtés (Blench, 2013). On distingue plusieurs sous espèces distribuées d’ouest en est, des montagnes de l’Atlas à la Nubie jusqu’à la Mer Rouge et probablement en Afrique de l’Est au Nord du Kenya d’aujourd’hui (Groves 1966, 1986). L’âne sauvage africain (Equus africanus Heuglin and 4 Fitzinger, 1866) est l’ancêtre de l’âne actuel (Equus asinus Linnaeus, 1758) (Beja-Pereira et al., 2004). 

 Sous espèces d’ânes d’Afrique

 Ânes sauvages d’Afrique 

Les ânes sauvages sont essentiellement localisés dans les zones arides de la Corne de l’Afrique. En général, il existe deux sous-espèces dont l’âne de Nubie et l’âne de Somalie qui étaient considérés pendant longtemps comme venant d’une même souche, l’E. asinus africanus, l’âne sauvage qui peuple encore le Soudan, l’Éthiopie et la Somalie. Mais les récentes recherches ont prouvé le contraire grâce au séquençage de l’ADN mitochondrial. En effet, Kimura et al. (2011) en analysant l’ADN d’échantillons anciens, historiques et récents issus des ânes sauvages de Nubie et de Somalie ont trouvé que les ADN mitochondriaux étaient deux haplogroupes distincts. L’âne de Somalie (E. asinus somaliensis) est localisé entre le massif éthiopien et la Mer Rouge. Sa robe est parfois dépourvue de la bande scapulaire alors que les zébrures des membres inférieurs sont fréquentes ; le pelage est gris souris. L’âne de Nubie (E. asinus nubiensis) est un peu plus grand, son pelage est gris roussâtre et les zébrures sur les membres inférieurs font défaut ou sont très peu marquées. Dans les deux formes, le museau et la face interne des jambes sont blancs. La taille au garrot varie entre 1 mètre et 1,10 mètre, l’ossature est très résistante, la tête lourde et le front convexe. L’habitat de l’âne sauvage est limité aujourd’hui à l’est du Nil, de la 5ème cataracte à Danakil ; il s’étendait autrefois à toute la partie nord de l’Afrique (Camps et al., 1988). L’âne sauvage est considérée comme en « danger critique d’extinction » par Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) (Moehlman et al., 2015). 

 Races d’ânes domestiques d’Afrique de l’Ouest

 Doutressoule (1947) a décrit, pendant la période coloniale, six variétés en Afrique occidentale française, dont voici les descriptions proposées :  L’âne de l’Aïr est de taille au garrot de 1 m à 1,10 m, à robe grise et blanche ou rouanne et blanche. Il est assez trapu et harmonique dans son ensemble. La tête est longue et fine, avec un crâne étroit et court, une face longue. L’encolure est moyenne, le garrot puissant, le dos droit, la croupe un peu avalée. Cet âne habite le nord de la boucle du Niger. Il est appelé kobe par les populations locales. 5  L’âne de Mauritanie est de petite taille 0,90m à 1,05m, à poils ras, à robe variant du gris clair au bai foncé, à bande cruciale marquée. La tête est carrée, le front large, les naseaux minces, le dos horizontal, la croupe courte et les membres nets.  L’âne du Gourma est de taille moyenne (1,05m à 1,10m), sa robe est grise ou blanche. Ses lignes sont assez harmonieuses ; le corps est à dessus solide et de bonne qualité. Son habitat est la boucle du Niger.  L’âne Minianka est de petit de taille environ 0,90m à 1m au garrot, mais plus épais que les ânes du Nord. Il est de proportions moyennes, mais un peu légères dans son ensemble. La tête est longue, à chanfrein rectiligne, les oreilles sont longues. Le dos est solide. Il est à robe beige avec une bande dorsale et une raie cruciale plus sombres. Clair sous le ventre et aux membres légèrement zébré aux canons, les jambes et l’avant-bras.  L’âne du Yatenga est un animal fortement charpenté, solide avec une taille de 1,05m à 1,15m. La tête est lourde, disgracieuse, à grandes oreilles avec un chanfrein rectiligne. Le squelette et la musculature sont plus développés que dans les autres variétés. Sa robe est grise ardoisée, quelquefois nuancée de noir à marque cruciale très apparente. Les poils sont fins, de longueur moyenne (3 à 5 cm) et la crinière assez forte. C’est l’âne du Mossi, qui avec l’âne du Gourma constituent les deux meilleures variétés (Doutressoule, 1947).  L’âne du Sahel est un peu plus grand et plus étriqué que celui de l’Aïr, il est plus osseux, mais musclé. La tête est lourde, disgracieuse avec un crâne étroit et une face longue. Son système pileux est plus grossier que celui de l’âne de l’Aïr. Il est à robe grise quelquefois dépourvue de raie cruciale.

 Elevage des ânes en Afrique de l’Ouest 

Les ânes sont élevés dans presque tous les pays sahéliens de l’Afrique de l’Ouest. En raison de leur sensibilité à la trypanosomose animale, les ânes à l’instar des chevaux sont rares dans les zones humides voir subhumides (Faye et al., 2001). Les ânes sont élevés par petit nombre chez des paysans et exploités pour les travaux champêtres ou ménagers. Presque toutes les familles rurales possèdent au moins un âne (Rhissa, 1979 ; Sow, 2012 ; Kemenany, 2015), au Sénégal, les paysans préféreraient le cheval (Roamba, 2014). A notre connaissance, à ce jour, il n’y a pas véritablement d’asinéries ni de centres de sélection des ânes dans aucun pays de l’Afrique de l’ouest. Malgré un mode d’élevage extensif, les effectifs d’ânes sont assez importants pour ces 4 pays. Ils sont estimés à 1 136 900 têtes au Burkina Faso, 1 731 450 têtes au Niger, 939 832 au Mali et 4 6 271 461 têtes au Sénégal (http://www.fao.org/faostat/en/#home). Contrairement à certains pays d’Europe, l’âne n’est pas une espèce menacée d’extinction en Afrique de l’Ouest. En effet, le taux de croissance annuel de l’effectif des ânes est estimé à 2% dans certains pays d’Afrique de l’Ouest (http://www.fao.org/faostat/en/#home). Les effectifs sont constitués par un croisement non contrôlé entre les mâles (baudets) et les femelles (ânesses) lors des pâturages. L’alimentation des ânes est constituée de pâturage naturel. Les animaux gardés dans les concessions sont attachés au piquet dans un coin de la cour sous un arbre ou un hangar où ils reçoivent du fourrage fauché ou des résidus de récoltes dont la paille de riz ou de mil et des fanes d’arachide ou de niébés. Toutefois, les ânes de travail sont complémentés avec des concentrés à base de grains de céréales et de l’aliment bétail industriel. 

 Importance socio-économique des ânes en Afrique de l’Ouest 

En raison de la faible mécanisation de l’agriculture, la traction animale est largement utilisée pour la production agricole. Les ânes sont des auxiliaires agricoles très importants et indispensables aux petites exploitations familiales. L’âne est tellement indispensable au paysan sahélien, si bien qu’il a été désigné comme « le premier fils du paysan » par l’ONG luxembourgeoise “Lëtzebuerger Jongbaueren a Jongwënzer Service Tiers-Monde a.s.b.l.” (2004). En effet, l’âne est un animal très rustique, très facile à entretenir et relativement plus résistant aux maladies que le cheval et le bovin. L’âne est peu exigeant sur le plan alimentaire et des soins vétérinaires par rapport au bovin et au cheval. Cet animal s’est très bien adapté aux conditions du sahel où il peut se contenter que de 10 à 15 litres d’eau par jour en saison sèche, alors qu’un bovin exige 50 à 60 litres d’eau par jour dans les mêmes conditions (Béré, 1981). C’est une bête de somme très ardue à la tâche. La force de traction de l’âne par rapport à son poids, est de loin supérieure à celle du bœuf et du cheval. En effet, un âne de 150 kg fournit en moyenne le même effort de traction qu’un bœuf de trait de 260 kg (Béré, 1981). Un âne bâté peut transporter une charge de 50 kg sur 20 km soit une tonne kilométrique par jour (Doutressoule, 1947). En zone rurale, l’âne est utilisé pour le labour des champs (Figure 2). Le transport des outils agricoles et des récoltes est assuré par les charrettes à traction asine. Chez les peuples nomades de l’Afrique de l’Ouest comme au Nord du Burkina et du Mali, l’âne est indispensable aux nombreux déplacements des pasteurs à la recherche de points d’eau et de pâturages. En effet, les ânes servent à transporter les vivres, les bagages, les personnes âgées, les enfants, de même que les malades. 7 Dans les zones arides du Sahel, en raison de la profondeur des puits (40-70m), la corvée d’eau est effectuée avec l’aide des ânes ou des dromadaires. Le transport du bois de chauffe est également fait par les charrettes à traction asine. 

Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Generalites sur les ânes
1.1.1. Rappel sur la classification phylogénique des ânes
1.1.2. Origines préhistoriques et historiques de l’âne
1.1.3. Sous espèces d’ânes d’Afrique
1.1.3.1. Ânes sauvages d’Afrique
1.1.3.2. Races d’ânes domestiques d’Afrique de l’Ouest
1.1.4. Elevage des ânes en Afrique de l’Ouest
1.1.5. Importance socio-économique des ânes en Afrique de l’Ouest
1.2. Caractérisation génétique des races animales
1.2.1. Caractérisation à l’aide des paramètres morphobiométriques
1.2.2. Caractérisation à l’aide de marqueurs microsatellites
Chapitre II. MATERIEL ET METHODES .
2.1. Sites de l’étude
2.2. Echantillonnage des ânes
2.3. Extraction de l’ADN génomique
2.4. Génotypage des marqueurs microsatellites
2.4.1. Amplification des marqueurs microsatellites par PCR Li-Cor®
2.4.2. Analyse des produits de PCR Li-Cor®
après migration électrophorétique
2.5. Analyses statistiques et génétique
2.5.1. Variabilité génétique des populations
2.5.2. Equilibre génétique
2.5.3. Différenciation génétique
2.5.4. Analyses multivariées
2.5.5. Structure génétique des populations par classification
Chapitre III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
3.1.1. Variabilité et équilibre génétique
3.1.1.1. Analyse de la variabilité génétique : niveau locus
3.1.1.2. Analyse de la variabilité génétique : niveau population
3.1.1.3. Analyse de la différenciation génétique
3.1.2. Analyse des relations entre les populations
3.1.3. Résultats des analyses multivariées
3.1.4. Inférence de la structure génétique des populations par analyse bayésienne
3.2. Discussion
3.2.1. Diversité génétique des populations d’ânes d’Afrique de l’Ouest
3.2.2. Différenciation génétique des populations d’ânes d’Afrique de l’Ouest
3.2.3. Structure génétique des populations d’ânes d’Afrique de l’Ouest
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

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