Structure générale de la presse m agazine

Structure générale de la presse m agazine

Caractéristiq u es majeures

 La presse magazine se définit d’abord par comparaison avec la presse quotidienne. Ces deux types de presse, qui constituent à eux deux le visage de la presse écrite française, en représentent deux tendances bien distinctes, qui orientent vers des lectures différentes. La presse magazine se définit comme une presse aux contenus spécialisés, se distinguant initialement de la presse quotidienne par sa combinaison colorée de texte et d’image, avec une place de choix faite à l’image. Elle s’en distingue également par sa périodicité essentiellement hebdomadaire, mensuelle, bi-mensuelle ou semestrielle. Pour autant, ces deux types de presse tendent actuellement à se rejoindre, avec notamment la mutation de la presse régionale en formats tabloïds et illustrations en couleurs (La Voix du Nord en est un exemple depuis 2006) cherchant ainsi à conquérir un public plus large, et notamment à séduire un lectorat plus jeune. La presse magazine se caractérise en effet par « une qualité d’impression sur beau papier avec une mise en page soignée, une place importante du visuel et principalement la photographie ». L’image, loin de la  fonction souvent illustratrice qu’elle revêt dans la presse écrite comme les quotidiens nationaux, s’y voit accorder une place centrale, comme le remarque  Jean-Marie Charon [CHA1 01], et va jusqu’à jouer elle-même le rôle de récit :  « le récit visuel (…) transforme la relation avec le lecteur, en mettant l’accent sur  l’émotion, la séduction et le plaisir».La presse magazine se caractérise également par la forte segmentation qu’elle  réalise en fonction de l’âge, du sexe et de la catégorie socio-professionnelle du  lecteur. Chaque magazine se construit autour d’une thématique et vise une cible bien particulière : la femme cadre dynamique pour un magazine féminin comme Elle, le jeune passionné de tuning pour un magazine très spécialisé comme Maxi  Tuning. Chaque titre de presse magazine possède ainsi un contrat de lecture bien spécifique. Comme l’ensemble de la presse écrite, la presse magazine touche une population plus aisée que la moyenne. On compte en France des centaines de titres de presse magazine. La concurrence est donc très rude dans ce secteur qui commence en outre à voir des défections de lecteurs au profit de l’Internet. C’est donc un secteur contraint de se moderniser sans cesse afin de conserver son lectorat.  La presse magazine se caractérise enfin par son abondance de publicités colorées. La forte segmentation des lecteurs permet en effet aux publicitaires de cibler précisément les supports dans lesquels ils pourront espérer l’impact le plus important et le plus pertinent. 

Des r écit s fr a g m en t és

La structure générale des types de magazines choisis nous offre des récits fragmentés renvoyant à une lecture de forme «zapping », une lecture qui est donc très fortement personnalisée : chaque lecteur peut se construire sonpropre parcours à partir des informations du sommaire ou en découvrant le contenu du magazine par le feuilletage. Jean-Marie Charon explique à quel point ce type de lecture est déjà induit par la couverture, qui «concentre » fortement le contenu du magazine et invite au feuilletage. La page de sommaire – nous le constatons dans l’intégralité des magazines de notre corpus – « est elle-même organisée de manière à permettre plusieurs cheminements, par le ou les textes, par des repères photographiques, des symboles, des dessins… chacun peut constituer le point de départ d’un itinéraire qui est voulu commeétant personnel, individualisé ». Le découpage indiqué par le sommaire est d’ailleurs parfois complètementfallacieux et ne renvoie pas au découpage et au rubriquage effectif des articles.Dans le corps du magazine, où les unités sont souvent délimitées par l’espace de  la double page, Charon constate encore que  « L’organisation de l’espace et des récits continue par les modes de traitement des  photos, des dessins, des infographies, des titres, des encadrés, des balises, etc., à  offrir un contenu ouvert à de multiples accès et différentes formes de séquences  de lectures ». Les différentes rubriques composant les magazines se structurent et se succèdent en effet de manière non linéaire. Elles s’organisent selon différentes  thématiques définies en fonction du contrat de lecture du magazine. A cette structuration thématique s’ajoute une organisation interne des pages s’effectuant également selon un deuxième niveau de rubriquage qui partitionne à nouveau la page. On pourrait presque parler, en référence à Internet, d’un véritable «fatras sémiotique ». Les images sont de différents types (fixes, animées,photographies, logos,…) et différentes formes (détourées, encadrées, captures d’images de télévision, affiches de films…) et ont des fonctions très diverses. Charon note également que «les magazines sont en phase avec les formesd’écriture auxquelles accèdent les internautes » : « L’invitation à l’activité et à l’initiative du lecteur, qui se voit convié à chaque instant à modifier son propre bouquet de titres, en fonction de la personne, de ce qu’il vit, de ce que sont ses envies, intervient dans cet univers de valorisation de l’activité et de l’interactivité dont les zélotes des médias électroniques ont le sentiment d’avoir le monopole. Sans que de telles notations soient exhaustives, il Charon, Op.Cit.Nous reprenons ici l’expression de Marie Despres-Lonnet (2004) désignant le fouillis sémiotique qui caractérise les pages web, et notamment le mélange des univers de référence.est toutefois tentant de constater que le succès des magazines intervient dans une époque qui paraît très en phase avec leurs caractéristiques propres et leurs atouts». Cette comparaison doit rester mesurée : si les chemins de lectures des magazines sont multiples et que le lecteur est actif dans le choix de son parcours, le magazine n’offre pas pour autant la même dimension de maniabilité et d’interactivité qu’Internet, où l’instantanéité de la communication ouvre la voie vers une exigence temporelle que le magazine papier ne peut assumer.

Tem p o r a lit és

Le magazine présente un temps de la fréquence, en relation avec sa nature de publication périodique, et un temps de l’évènement, qui configure la mise en récit et le récit par l’image.D’une manière générale, la lecture des magazines s’insère dans une tem poralité  de la fréquence, fréquence relative au caractère périodique de la parution des  différents titres de la presse magazine. C’est un temps du rendez-vous avec le lecteur. L’exemple d’une double page du magazine StarAcm ag nous montred’un côté une interview d’une candidate de la saison 4 de l’émission, de l’autre « l’album photo des élèves ». L’interview s’étale sur la majeure partie de lapremière page, qui comprend également une image centrale détourée de lacandidate, deux images encadrées et quatre encarts sur des thématiquesdifférentes. L’ « album photo» présente des photographies et arrêts sur images de l’émission encadrés, titrés et pour certains commentés par quelques lignes de texte insérées dans les images ; leur ordre est aléatoire et invite à une lecture papillonnante. L’ensemble de ces images relève d’une temporalité de lafréquence : le quotidien des candidats est évoqué, il n’y a pas de focalisation sur un évènement.

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