Suivi de la dynamique du peuplement ligneux de la forêt sèche

Dans un contexte de changement climatique, la quantification de la biomasse forestière et du stock de carbone correspondant est un enjeu scientifique majeur. Les forêts tropicales, qui sont réparties sur une superficie de 13,76 millions de km² et qui représentent 60 % des forêts (FAO, 2003), jouent un rôle clé dans le cycle mondial du carbone tant au niveau du flux de carbone que du volume de carbone stocké. Madagascar est en cinquième position dans le classement des 18 pays caractérisés par leur méga diversité, avec un taux d’endémisme atteignant les 83% (MITTERMEIER et al., 1999). Selon la FAO (2003), environ 20% du territoire malagasy est recouvert par des forêts, dont 7,67 % représentés par des forêts sèches. Ces forêts sèches comportent une flore particulière, avec un minimum d’espèces communes à celles rencontrées dans les forêts humides. WWF a placé les forêts sèches de Madagascar parmi les écorégions du Global 200, regroupant les régions les plus cruciales au monde pour la conservation de la nature.

La connaissance de la dynamique de la flore et de la végétation est une donnée indispensable au suivi et à l’utilisation durable des ressources naturelles (SAMBOU et al., 2016). Le suivi de cette dynamique en forêt incluant ses composantes biologiques est généralement réalisé à l’aide de Parcelle Permanente de Suivi (PPS). D’après CHARTER et KEAY (1960), RAMSAY et ROSE INNES (1963), BROOKMAN et al. (1980), ces parcelles sont essentiellement localisées dans les formations végétales des zones humides. Leur nombre réduit dans les zones tropicales sèches, qui sont pourtant soumises à des contraintes fortes (sècheresse, feux, pâturage, surexploitation, etc.), constitue un obstacle majeur pour la bonne gestion des ressources végétales et l’estimation du potentiel en stockage de carbone.

SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE

La NAP Antrema se trouve au Nord-Ouest de Madagascar, à 12 km à l’Ouest du village de Katsepy, entre 15°42’ à 15°50’ de latitude Sud et 46° à 46°15’ de longitude Est (GAUTHIER et al., 1999). Elle fait partie de l’ex province de Mahajanga, de la Région Boeny, du District de Mitsinjo, de la Commune rurale de Katsepy et du Fokontany d’Antrema. Les limites du Fokontany sont pratiquement les mêmes que celles de la NAP, c’est-à-dire : au Nord et à l’Ouest par le Canal de Mozambique et l’estuaire du Betsiboka, au Sud par la route qui mène vers Mitsinjo et le Delta de Mahavavy et à l’Est par la route qui se dirige vers le phare de Katsepy .

MILIEU ABIOTIQUE

CLIMAT

La zone d’étude est incluse dans le domaine de l’Ouest, bénéficiant d’un climat tropical sec, caractérisé par un temps chaud en toutes saisons. La région est soumise aux deux vents dominants :
– L’Alizé, vent du Sud-Est, souffle tout au long de la journée durant la période sèche. Elle accentue la sécheresse en hiver par la production d’un effet de foehn par subsidence ;
– La Mousson, vent chaud et humide du secteur Nord et Nord-Ouest, qui fournit des pluies estivales, parfois sous forme d’orage.

La vitesse moyenne du vent est variable le long de l’année avec une valeur maximale du mois de Septembre au mois de Janvier où elle atteint 12,05 km/h. La péninsule d’Antrema fait partie de la région atteinte par 28 % des cyclones ayant touché Madagascar depuis 20 ans (VAVINDRAZA, 2003), dix (10) d’entre eux ayant causé des dégâts relativement importants dans certains endroits d’Antrema. D’après les données climatiques de la zone d’étude ayant été fournies par les services météorologiques d’Antananarivo, la pluviosité moyenne entre 2004 et 2014 est de l’ordre de 1093,9 mm. Les pluies se répartissent sur 73,6 jours. La saison sèche dure d’avril à octobre : il existe 7 à 8 mois secs pendant l’année. Les précipitations mensuelles sont réparties de décembre à février, avec un pic en janvier qui peut atteindre 471,3 mm.

MILIEU PHYSIQUE

La zone d’étude est incluse dans le bassin sédimentaire de Mahajanga (BESAIRIE, 1966). Elle est constituée par une succession de formations monoclinales qui s’étend du groupe de l’Isalo aux couches actuelles. Les plaines alluviales et les mangroves sont les éléments les plus marquants du paysage, ajoutées au grand développement des carapaces sableuses (BESAIRIE, 1966). Plusieurs types de sols ont été rencontrés dans la NAP, mais les plus répandus sont les sols ferrugineux dérivés de calcaires et de basaltes. Le relief de la NAP est dominé par des vastes plaines internes légèrement inclinées vers le Canal de Mozambique (GAUTHIER et LE CLERC, 2000). L’altitude varie de 0 à 89 m. La partie la plus élevée se situe à l’Est aux environs du phare et en allant vers le Nord apparaît une falaise de faible dénivellation due aux phénomènes d’érosion. La partie la plus basse se trouve à l’Ouest, ne dépassant pas les 20 m d’altitude (RAZAFIMAHEFA, 2001). Cet ensemble incliné vers la mer donne un relief caractérisé par des plateaux découpés à plusieurs endroits par des petites vallées et des ruisseaux (RANDRIANJAFY, 1999).

La NAP est alimentée par différents cours d’eau dont les rivières : Andranomasabo, Ambatolafia et Antsoherimasiba qui se déversent tous dans le Canal de Mozambique (GAUTHIER et LECLERC, 2000). On a des lacs permanents, mais aussi des lacs temporaires qui tarissent en saison sèche. Le lac Sahariaka est celui qui a la superficie la plus importante. L’hydrologie est caractérisée par les marées océaniques et la houle, toutes les deux favorisent l’installation des mangroves. La NAP est constituée par des zones côtières soumises au mouvement des marées, qui a une valeur moyenne de 3 m à Katsepy .

MILIEU BIOTIQUE

FLORE

La NAP Antrema fait partie du domaine de l’Ouest (HUMBERT, 1955). Elle est incluse dans la zone écofloristique occidentale de basse altitude de 0 à 800 m (FARAMALALA et RAJERIARISON, 1999), dans laquelle la végétation climacique est une forêt dense sèche semi-caducifoliée de la série à Dalbergia, Hildegardia et Commiphora (KOECHLIN et al., 1974). Cependant, une variation pédologique et topographique du milieu offre une diversité des formations végétales (RANDRIATOMPOSON, 2007) :

● Les forêts denses sèches se développent sur les sols ferrugineux et sur les dunes. Elles ont un caractère caducifolié, si bien que leur physionomie change complètement selon les saisons (PETIT, 1995) ;
● Des fourrés arbustifs à Euphorbia occupent les sols sableux près des stations abritées ;
● Sur les plateaux, on rencontre une vaste étendue de savanes constituées des plantes herbacées surtout graminéennes : Aristida rufescens, Heteropogon contortus, Hyparrhenia rufa ; avec quelques éléments ligneux comme Bismarckia nobilis et Acridocarpus excelsus ;
● Les mangroves occupent les sols vaseux halomorphes des estuaires et les zones littorales à sols sablo-vaseux ;
● Des formations marécageuses longent les cours d’eau, et sont dominées par Raphia farinifera, Ravenala madagascariensis et par quelques fougères aquatiques.

FAUNE

D’après les données obtenues à partir des travaux des équipes nationales et étrangères depuis l’année 1998, cette péninsule abrite un grand nombre d’espèces fauniques (RENIALA, 2016). On note surtout la diversité sur certains taxa comme les Primates, les Micromammifères, les Oiseaux, les Reptiles, les Amphibiens et les Insectes. La NAP compte 5 espèces de lémuriens endémiques du pays, à savoir : Propithecus coronatus, Eulemur fulvus rufus, Eulemur mongoz, Microcebus murinus et Lepilemur eclii ; des Micromammifères comme : Pteropus rufus, Tenrec ecaudatus …, environ 75 espèces d’Oiseaux ; 18 espèces de Reptiles dont : Sanzinia madagascariensis et Crocodilus nilotycus ; et des insectes tels Papilio antenor, Papilio demodochus, Papilio epiphorbas, qui outre le fait de jouer un rôle essentiel en écologie dans la pollinisation, sont aussi très remarqués du point de vue esthétique.

MILIEU HUMAIN

La population locale appartient au groupe ethnique Sakalava « Marambitsy », mais d’autres ethnies ont pu s’intégrer à la communauté par le biais du mariage (RAZAFINDRAMANANA, 2001) et d’autres sont venus pour exploiter les forêts et les mangroves. Elle est sous l’autorité de l’ « Ampanjaka » (descendant de la famille royale du Boina) qui dirige les rituelles et les traditions et assure en même temps l’harmonie de l’organisation sociale. Le Fokontany d’Antrema, avec une densité de 7,21 habitants par km² (ANDRIAMANOARISOA, 2006), est moyennement peuplé. Il compte 11 villages distants entre eux d’une dizaine de kilomètres en moyenne.

Les principales activités économiques de la population sont : la pêche traditionnelle, la vannerie, l’élevage extensif de zébu, l’agriculture basée surtout sur la riziculture, l’exploitation forestière par la collecte du miel, le prélèvement des plantes médicinales et des bois de construction pour le besoin quotidien de la population locale.

En plus du fait que la pêche marine constitue la principale source de revenus de la population, la quasi-totalité des habitations à Antrema sont des maisons traditionnelles, c’est-à dire faites à partir de bois forestiers. L’exploitation de la forêt même pour usage personnel est inévitable. Une forte pression s’exerce alors sur quelques espèces cibles pour la construction de pirogues , (bois durs relativement imputrescibles et bois légers avec de gros diamètre) et les cases traditionnelles , exigent l’utilisation de bois particuliers. La forêt sèche de Badrala est très accessible, elle est entourée d’au moins six (6) villages qui sont situés à quelques kilomètres seulement : les villages d’Antrema Andafiroa, Antrema Aranta, Beankama, Bako, Ambalarano, Ambatolomano (RANDRIAMANANA, 2016).

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I. MILIEU D’ETUDE
I.1. SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE
I.2. MILIEU ABIOTIQUE
I.2.1. CLIMAT
I.2.2. MILIEU PHYSIQUE
I.3. MILIEU BIOTIQUE
I.3.1. FLORE
I.3.2. FAUNE
I.4. MILIEU HUMAIN
PARTIE II. APPROCHE METHODOLOGIQUE
II.1. ETUDES PRELIMINAIRES
TRAVAUX DE DOCUMENTATION
II.2. PROSPECTION ET CHOIX DU SITE D’ECHANTILLONAGE
II.2.1. CHOIX DU SITE D’ETUDE
II.2.2. EMPLACEMENT DES PLOTS
II.3. ETATS DES LIEUX
II.3.1. INVENTAIRE FLORISTIQUE
II.3.2. ETAT DE SANTE DU PEUPLEMENT VEGETAL
II.3.3. ETUDE STRUCTURALE
II.4. SUIVI DE LA DYNAMIQUE DE LA VEGETATION
II.4.1. TAUX DE RENOUVELLEMENT
II.4.2. CROISSANCE
II.4.3. EVOLUTION DU POTENTIEL EN BOIS
II.4.4. VARIATION DU STOCKAGE DE CARBONE
PARTIE III. RESULTATS ET INTERPETATIONS
III.1. DESCRIPTION DE LA ZONE D’ETUDE – ETATS DES LIEUX
III.1.1. CARACTERISTIQUES FLORISTIQUES
III.1.2. ETAT DE SANTE DU PEUPLEMENT
III.1.3. STRUCTURE VERTICALE
III.2. DYNAMIQUE DE LA VEGETATION
III.2.1. CAPACITE DE RENOUVELLEMENT DE LA FORET
III.2.2. CROISSANCE
III.2.3. EVOLUTION DU POTENTIEL EN BOIS
III.2.4. DYNAMIQUE DU STOCK DE CARBONE
PARTIE IV. DISCUSSIONS
IV.1. REMARQUES SUR LA METHODOLOGIE
IV.1.1. DETERMINATION TAXONOMIQUE
IV.1.2. SUIVI DE LA DYNAMIQUE : LES MESURES DENDROMETRIQUES
IV.1.3. EVALUATION DE LA BIOMASSE AERIENNE
IV.2. REMARQUES SUR LES RESULTATS
IV.2.1. LES CARACTERISTIQUES DENDROMETRIQUES
IV.2.2. LA DYNAMIQUE DEMOGRAPHIQUE
IV.2.3. VARIATION INTERSPECIFIQUE DE LA CROISSANCE
IV.2.4. TAUX D’ACCROISSEMENT MOYEN ANNUEL
IV.2.5. BIOMASSE ET STOCK DE CARBONE
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES
ANNEXES
Résumé
Abstarct

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