SYMPTOMATOLOGIE ET PLACE DE L’ANALYSE TOXICOLOGIQUE

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Classification des intoxications

Les intoxications peuvent être classées de diverses façons. Nous nous limiterons pour notre étude à la classification des intoxications selon l’origine, selon le délai de survenue et selon les produits incriminés.

Selon l’origine

Intoxication endogène

Lorsque les substances toxiques sont élaborées par l’organisme lui-même et non assimilées ou éliminées, on parle d’intoxication endogène. C’est l’exemple de l’urée qui s’accumule dans le sang (Müller, 1995).

Intoxication exogène

Lorsque les substances toxiques proviennent de l’extérieur, on parle d’intoxication exogène. Les troubles sont souvent dus à de nombreuses substances toxiques de nature chimique d’origine synthétique, animale ou végétale encore appelés xénobiotiques. C’est l’exemple des intoxications dues aux médicaments, à l’alcool ou au venin de certains animaux entre autres.
Généralement, en médecine d’urgence, on rencontre le plus souvent les intoxications d’origine exogène (Müller, 1995).

Selon le délai de survenue

Selon la dose et la durée de l’exposition nous pouvons distinguer trois types d’intoxication.

Intoxication aiguë

Elle résulte d’une exposition de courte durée à dose unique et suffisante ou à des doses répétées d’une substance toxique sur une période ne dépassant pas 24h. Cette intoxication aiguë se traduit par des symptômes spectaculaires, immédiats ou retardés pouvant aboutir à la mort de l’intoxiqué si la prise en charge n’est pas bien menée (Aial et coll, 1998).

Intoxication subaiguë

C’est une exposition fréquente ou répétée à une substance chimique sur une période de plusieurs jours ou semaines, avec un maximum de 28 jours (Lauwerys, 2003).

Intoxication chronique

Il s’agit d’une intoxication qui résulte de l’absorption longtemps répétée de très faibles doses de toxique qui, individuellement ne sont pas mortelles. L’intoxication chronique est liée plus particulièrement aux activités professionnelles, surtout dans le secteur de l’industrie, et à la pollution de l’environnement (Lauwerys et coll, 2007).
Les signes cliniques d’intoxication se manifestent :
Soit parce que le poison s’accumule dans l’organisme c’est-à-dire qu’à chaque exposition la quantité éliminée est inférieure à la quantité absorbée. Ainsi, la concentration du toxique dans l’organisme peut augmenter progressivement pour atteindre une concentration susceptible d’engendrer des manifestations toxiques. C’est le cas d’une intoxication chronique au plomb.
Soit parce que les effets engendrés par les expositions répétées s’additionnent sans que le toxique ne s’accumule dans l’organisme. C’est le cas des insecticides organophosphorés et carbamates qui entrainent une baisse progressive de l’activité cholinestérasique (Lauwerys et coll, 2007).

Selon le produit en cause

Nous pouvons distinguer selon le produit mis en cause les intoxications médicamenteuses, les intoxications aux produits d’entretien ménager, les intoxications par les plantes, les intoxications par les champignons et les autres intoxications.

Intoxication médicamenteuse

Les intoxications médicamenteuses résultent de l’absorption accidentelle ou volontaire de quantités importantes de médicaments. Elles sont une source importante de morbidité particulièrement dans la population jeune, tant dans les pays industrialisés que ceux en voie de développement (Lheureux et Jaerger, 1999).
La quantité requise pour provoquer une intoxication médicamenteuse dépend de la substance prise (certains médicaments sont plus toxiques que d’autres) et du poids de la personne ; les jeunes enfants peuvent par exemple être intoxiqués en absorbant quelques comprimés seulement d’un produit dosé pour les adultes.
Les intoxications médicamenteuses sont très souvent accidentelles avant l’âge de 10 ans et volontaires chez l’adolescent et le jeune adulte (Hami et coll, 2007). On rencontre aussi une exposition accidentelle due à la prescription souvent longue de médicaments chez les personnes âgées.

Intoxication aux produits d’entretien ménager

Les produits ménagers sont la cause fréquente d’accidents car ils sont utilisés de manière quotidienne et généralisée. Chez l’adulte comme chez l’enfant, la plupart des expositions aux produits ménagers sont accidentelles. Chez l’adulte, il s’agit souvent d’accidents dus à une erreur de manipulation. Les enfants sont plus fréquemment victimes d’ingestion accidentelle ou de projections dans l’œil ou sur la peau lorsqu’ils s’emparent d’un produit à leur portée (CAPB, 2014).

Intoxications par les pesticides

Les pesticides sont conçus pour tuer les « organismes nuisibles », mais peuvent également avoir des effets néfastes sur la santé des humains. Les intoxications aigües par les pesticides organophosphorés (OP) sont responsables d’une lourde mortalité mondiale, en particulier dans les pays en voie de développement. En Tunisie, l’intoxication aux OP représente 11% de l’ensemble des intoxications aigues vues aux urgences d’un centre de référence en toxicologie (Thabeta, 2009). Au Maroc, les données épidémiologiques établies par le Centre Antipoison (CAPM) montrent que les OP sont responsables de 13% d’intoxication tout toxique confondue (CAPM, 2009). Selon une étude ménée à la réanimation médicale de l’hôpital principal de Dakar, les OP représentaient 11,6% des produits incriminés (Wade et coll, 2012).

Intoxications par les plantes

Les plantes toxiques sont des plantes qui peuvent occasionner des lésions, internes ou externes, à l’organisme humain ou animal en cas de contact ou d’ingestion d’une quantité relativement faible de graines, de racines, de feuilles, de fruits ou de sève. Le degré de toxicité d’une plante dépend de différents facteurs : il arrive que toutes les parties d’une plante ne soient pas aussi dangereuses c’est l’exemple de Aphania senegalensis dont les graines sont toxiques alors que les feuilles ne le sont pas (Fall et coll, 2011). Parmi l’ensemble des plantes réputées toxiques, certaines présentent un danger réel en cas d’ingestion alors que d’autres ne provoquent que des troubles mineurs, principalement digestifs (Krencker et coll, 2007).

Intoxications par les champignons

Les intoxications par ingestion de champignons résultent dans 90% des cas de confusions entre espèces comestibles et toxiques. Quand l’espèce est réputée comestible, les troubles digestifs sont expliqués par une possible contamination de champignons lors de son transport dans des sacs plastiques, lors de sa préparation ou par l’existence d’un facteur individuel comme l’idiosyncrasie (Saviuc et coll, 2005).
Les conséquences sur la santé peuvent être graves sous forme de troubles digestifs sévères, de complications rénales, d’atteintes du foie pouvant nécessiter une greffe (SFM, 2014).

Autres intoxications

Certains produits sont assez souvent cités comme responsables fréquemment d’intoxication. Ainsi, on retrouve :
L’intoxication aiguë par le monoxyde de carbone est fréquente, souvent collective et saisonnière. Première cause de mortalité accidentelle d’origine toxique, seulement 70% des intoxications sont diagnostiquées, plus de 11 538 cas ont été rapportés au Centre Antipoison Américain en 2012 (Lasala et coll, 2015). On compte en France, chaque année, 5000 cas intoxications avec 100 décès (Hampson et coll, 2012). Au Maroc l’inhalation de CO a représenté L’intoxication la plus fréquente au cours de l’année 2007 avec 28% des cas (CAPM, 2009).
L’exposition aux produits industriels entraîne des accidents toxiques qui peuvent être cutanés par l’action directe de caustique, par pénétration cutanée et sensibilisation, par diffusion à partir de cette voie dans l’organisme. Il peut aussi s’agir d’accidents dus à l’inhalation de poussières (plomb, fumées d’oxyde de zinc), à l’ingestion par mégarde dans un conditionnement proscrit (bouteilles de boissons, boîtes de conserves alimentaires) (Bismuth et coll, 2000).
Les intoxications en milieu de travail comptent 6% de l’ensemble des intoxications rapportées au Canada. Des valeurs un peu plus élevées sont retrouvées, aux USA (8,8%), en France (17%), en rapport peut être avec un plus haut niveau d’industrialisation (Jaeger et Flesh, 1999). Selon une étude menée au Sénégal les produits industriels sont responsables de 4,6% des cas d’intoxications aigues (Diop, 2005).

Cibles et effets des toxiques

Les mécanismes d’action des toxiques sont souvent décrits en fonction de la nature de leurs cibles moléculaires. Celles-ci comprennent les enzymes, les transporteurs, les coenzymes, les lipides, etc. (Viala et Botta, 2005).

Cibles des toxiques

Un toxique n’affecte pas tous les organes avec la même intensité. Ils agissent plus spécifiquement sur certains organes du fait d’une plus grande sensibilité de ces organes ou d’une concentration plus élevée de la molécule inchangée et ou de ses métabolites. Ainsi, le système respiratoire constitue un organe cible pour les toxiques volatils (solvant organique).
Le foie et les reins qui ont des fonctions métaboliques et excrétoires importantes et bénéficiant d’une très large irrigation sanguine, sont particulièrement exposés aux toxiques (Viala et Botta, 2005). Le foie en raison de sa position par rapport à la circulation sanguine représente le passage obligé de toutes les molécules ayant franchies la barrière intestinale.
La localisation d’un toxique dans tel ou tel organe est en grande partie fonction de ses affinités physico-chimiques, c’est le cas des solvants qui sont lipophiles et qui se fixeront sélectivement dans les tissus riches en lipides tel que les centres nerveux (Hachet, 1992).

Les effets toxiques

Effets locaux et effets systémiques

Lorsqu’il s’agit de l’atteinte d’un organisme par une substance toxique au point de contact du toxique avec l’organisme, on parle d’effets locaux. A titre d’exemple, on pourrait citer les produits caustiques (acides, bases) qui agissent sur les muqueuses (cutanée, digestive, respiratoire). Les effets systémiques, quant à eux, résultent de l’action du toxique après que celui-ci ait été absorbé et distribué dans d’autres parties du corps (Viala et Botta, 2005).

Effets réversibles et effets irréversibles

Les effets sont dits réversibles lorsqu’ils disparaissent après cessation de l’exposition à la substance toxique. C’est l’exemple de l’inhibition de l’acétylcholinestérase par les insecticides de la famille des carbamates.
Par contre ils sont dits irréversibles lorsqu’ils persistent ou même s’intensifient après l’arrêt à l’exposition. Dans cette catégorie, on peut signaler les cancers du sang dus au benzène (Viala et Botta, 2005).

Effets immédiats et effets retardés

Un grand nombre d’entités toxiques produisent des effets immédiats qui se développent rapidement après exposition unique. L’exemple typique est l’empoisonnement au cyanure.
D’autres effets apparaissent qu’après un temps de latence plus ou moins long. C’est l’exemple du parquat (un herbicide) qui ne produit pratiquement aucune alarme à l’absorption, mais qui développe après quelques jours une pathologie pulmonaire parfois mortelle (Viala et Botta, 2005).

Effets morphologiques, fonctionnels ou biochimiques

On entend par effets morphologiques ceux qui aboutissent à un changement de la morphologie d’un tissu visible en microscopie optique ou électronique (nécrose, néoplasie), ils sont en général irréversibles.
Les effets fonctionnels déterminent un changement dans les fonctions d’un organe (foie, rein). Ils sont le plus souvent réversible (Viala et Botta, 2005). L’appellation « effet biochimique » est réservée aux effets ne produisant pas de changements morphologiques apparents par exemple l’inhibition du cholinestérase après exposition aux insecticides organophosphorés et de l’acide δ amino-levulinique deshydratase par le plomb (Viala et Botta, 2005).

Symptomatologie et place de l’analyse toxicologique

Symptomatologie

L’approche clinique du sujet intoxiqué est basée sur la recherche de toxidromes, qui se définie comme étant l’ensemble des symptômes cliniques, biologiques et/ou Electrocardiographiques évocateur d’une intoxication. Les toxidromes représentent le tableau typique d’une intoxication, mais ne sont pas spécifiques (Mégarbane et coll, 2006).

Table des matières

INTRODUCTION
I. GENERALITES
I.1. Définitions
I.1.1. Intoxication
I.1.2. Toxique
I.2. Classification des intoxications
I.2.1. Selon l’origine
I.2.1.1. Intoxication endogène
I.2.1.2. Intoxication exogène
I.2.2. Selon le délai de survenue
I.2.2.1. Intoxication aiguë
I.2.2.2. Intoxication subaiguë
I.2.2.3. Intoxication chronique
I.2.3. Selon le produit en cause
I.2.3.1. Intoxication médicamenteuse
I.2.3.2. Intoxication aux produits d’entretien ménager
I.2.3.3. Intoxications par les pesticides
I.2.3.4. Intoxications par les plantes
I.2.3.4. Intoxications par les champignons
I.2.3.5. Autres intoxications
I.2.4. Cibles et effets des toxiques
I.2.4.1. Cibles des toxiques
I.2.4.2. Les effets toxiques
I.2.4.2.1. Effets locaux et effets systémiques
I.2.4.2.2. Effets réversibles et effets irréversibles
I.2.4.2.3. Effets immédiats et effets retardés
I.2.4.2.4. Effets morphologiques, fonctionnels ou biochimiques
I.3. SYMPTOMATOLOGIE ET PLACE DE L’ANALYSE TOXICOLOGIQUE
I.3.1. Symptomatologie
I.3.2. Place de l’analyse toxicologique
I.4. LE TRAITEMENT EN TOXICOLOGIE
I.4.1. Les Traitements Symptomatiques
I.4.2. Le traitement évacuateur (la décontamination digestive)
I.4.3. Le traitement épurateur (épuration des toxiques)
I.4.4. Traitement antidotique (spécifique)
II. METHODOLOGIE
II.1. Cadre de l’étude
II.2. Type et Période d’étude
II-3. Collectes et analyses des données
III. RESULTATS
III.1. Types d’intoxication
III.2. Caractéristiques Sociodémographiques
III.3. Nature des produits incriminés, heure et lieu d’intoxication
III.4. Circonstances et voie d’intoxication
III.5. Aspects cliniques et paracliniques
III.6. Traitement des intoxiqués
III.7. Evolution des patients intoxiqués
IV. DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE

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