Technique d’échantillonnage et description de l’échantillon

Résultats issus des rencontres avec les assistantes sociales du SPS et les directeurs de prison40

A) Les critères de sélection Pour certains professionnels, les critères choisis sont logiques, bien réfléchis et porteurs de sens. Pour d’autres, ils sont trop restrictifs. Selon une direction, les autorités et les politiques ont décidé de mesures parce qu’étant donné que c’est un projet pilote, il faut pouvoir garantir un fonctionnement adéquat et donc permettre à la population locale d’y adhérer. Une intervenante dira : « c’est nouveau, il faut bien commencer quelque part, ils ont raison d’essayer de canaliser et bien structurer leur structure. »La majorité déclare également que ce sont des critères qui devront être réadaptés et élargis suite à l’évaluation du projet. Plusieurs attestent qu’il faudrait pouvoir accueillir des condamnés ayant une peine de plus de dix ans. Une directrice nous confie : Il faut que le détenu qui va en maison de transition ait envie de bouger de façon positive, de se mobiliser de façon positive, qu’il ait envie de s’en sortir , d’être accompagné et de collaborer à son projet de vie au-delà du projet de détention ».Un professionnel expliquera qu’il ne connaît pas les critères de sélection car c’est un projet dans lequel il ne souhaite pas s’investir pour le moment. Certains directeurs renvoient également avoir été informés ainsi que les services psycho-sociaux par l’administration pénitentiaire mais pas de manière assez complète. L’un d’eux déclarera même avoir obtenu plus d’informations via les recherches qu’il avait faites par lui-même.

A l’heure actuelle, une des directrices dit que les quinze participants « sont le reflet de la population générale d’une prison. Il y a des détenus de nationalités diverses avec… essentiellement de jeunes détenus ayant la vingtaine ou la trentaine avec une exception qui est celui qui a 40 ans. »Elle parle également des taux de peine qui se situent entre trois et dix ans et ajoute que beaucoup ont déjà un contrat de travail ou un bénévolat.

B) Les obstacles pour entrer en maison de transition : Les professionnels sont unanimes pour dire que l’impossibilité pour un détenu de vivre en communauté est un élément qui empêcherait son admissibilité en maison de transition. Certains nous disent que les personnes ayant un profil psychiatrique auraient plus de difficultés à pouvoir vivre en communauté, ce qui les empêcherait donc d’accéder aux maisons de transition. L’histoire de vie de chaque détenu est également un élément primordial. C’est donc dès le départ, un travail d’individualisation. Les directions et les services psycho-sociaux doivent connaître chaque détenu car ce qui est applicable à l’un dans une situation ne peut pas l’être à l’autre.

A) Les avantages d’une maison de transition

Les premiers avantages qui ressortent chez tous les professionnels sont l’encadrement et l’accompagnement psychologique et social individuel que les maisons de transition peuvent amener aux différents participants. Une directrice explique que cette structure pourrait aider l’individu à reprendre confiance en lui, à suivre une formation régulière, à se remettre en ordre administrativement. Ce discours corrobore celui de la coordinatrice et de coaches comme nous l’avons expliqué dans notre théorie. Le nombre limité de participants et le travail mis en place par les coaches de vie et les coaches de force sont également des éléments non négligeables pour faciliter la réinsertion de chaque participant. La maison de transition d’Enghien est également considérée comme un tremplin, une période de transition permettant le retour à la vie en société. Comme abordé dans notre partie théorique, plusieurs directeurs pensent que cette manière de fonctionner pourrait remplacer la détention limitée. B) Les inconvénients d’une maison de transition Plusieurs directeurs se disent surpris et ne pas comprendre pourquoi les maisons de transition sont gérées par une société privée comme G4S. Ils pensent que celles-ci devraient être prises en charge par l’administration pénitentiaire, ce qui permettrait peut-être à ses directeurs d’avoir de meilleurs retours concernant les différents participants. La direction régionale des établissements pénitentiaires déclare que la promiscuité entre les participants et les intervenants pourrait être un élément difficile à gérer.

C) Améliorations à envisager Tous les professionnels insistent pour privilégier une meilleure communication entre les différents intervenants et les différents services. Certains vont même jusqu’à dire que la prison de référence devrait disparaître et que chaque prison devrait rester la référence de chaque détenu. Ils soulignent également le fait qu’aucun personnel n’est prévu pour intervenir en cas d’incidents physiques. Une direction déclare que si la sélection est correctement faite, cela ne doit pas arriver. Cependant, peutêtre serait-ce intéressant de pouvoir se référer à un portier qui serait omniprésent comme cela est mis en place dans les maisons de détention. Pour terminer, plusieurs directeurs diront que la maison de transition doit arriver bien plus tôt dans le parcours de détention : « Dix-huit mois avant la date d’admissibilité à la libération conditionnelle, c’est trop tard. »Les critères de sélection devraient être élargis. A cela, la direction régionale des établissements pénitentiaires rapporte que la méthodologie devrait être plus développée.

D) Pérennisation et multiplication des maisons de transition A travers les résultats, la majorité des intervenants souhaitent la pérennisation des maisons de transition. Les assistantes sociales attestent qu’il est important que cela reste des petites structures. Ils sont tous d’avis qu’il serait également nécessaire de les multiplier dans différentes villes de Belgique.

E) Réflexion sur la phrase suivante : « Une maison de transition est-elle une prison ? » Les résultats obtenus montrent un avis mitigé chez les différents professionnels. La moitié pense que ce n’est pas une prison. Une assistante sociale déclare : « C’est une maison d’accueil enrichie. » Un directeur répond que si c’est une prison, pourquoi l’avoir appelée maison de transition, « c’est un lieu d’exécution d’une sanction pénale. » De par cette idée, il rejoint la direction régionale des établissements pénitentiaires dans sa réflexion qui dit que ce n’est plus une prison mais que c’est une transition. « C’est une habitation de transition pénale. » Il insiste à nouveau sur l’individualisation qui ne se retrouve pas au sein d’une prison. Pour les autres, la maison de transition est une prison car c’est un milieu fermé où l’individu ne peut pas sortir comme il veut. Il est vrai que la prison est une peine privative d’aller et venir mais comme dit dans la loi de principe41le détenu n’est soumis à aucune limitation de ses droits politiques, civils, sociaux, économiques ou culturels…..Une directrice complète cette idée en disant que c’est « une nouvelle forme d’emprisonnement ».

F) Réflexion sur la phrase suivante : « Les maisons de transition pourraient-elles être considérées comme des prisons du futur » La plupart verbalisent que le terme ne serait pas adéquat. Une intervenante répond : « La philosophie du projet n’est pas d’être une prison bis ».Quelques-uns pensent que ce serait certainement l’occasion de revoir l’univers carcéral et de se diriger vers la mise en place de petites structures qui permettraient un suivi plus individualisé. Le représentant de la direction régionale des EPI exprime que c’est peutêtre un projet ambitieux mais que les maisons de transition pourraient le devenir. Il ajoute que le fait de ne plus avoir d’agents pénitentiaires mais d’avoir des accompagnateurs pourrait être une révolution dans le monde pénitentiaire. Il termine en disant que si certains détenus n’étaient pas passés par la case prison, ils seraient sans doute plus gérables actuellement.

G) Autre réflexion : « Une maison de transition est-elle une modalité d’exécution de la peine comme la surveillance électronique ou la libération conditionnelle ? » Les répondants ne sont pas unanimes par rapport à cette question. Certains même n’ont jamais réfléchi à la question et n’en voient pas l’utilité. Cette question a été posée dans le but de savoir si c’est une nouvelle forme de détention ou une nouvelle modalité de l’exécution de la peine. A travers nos différents entretiens, nous nous sommes également vite rendu compte que la comparaison entre prison ouverte et maison de transition était un sujet qui était très souvent abordé. La majorité des professionnels différencient le concept en insistant sur l’accompagnement individuel psychologique et social mis en place ainsi que par le nombre de participants.

Discussion

A travers nos résultats et à la lecture des différentes notions que nous avons abordées dans notre théorie, il nous semble intéressant de pouvoir dire que la maison de transition d’Enghien peur rester un concept assez flou pour certains acteurs de terrain. Par ailleurs, pour la moitié des professionnels, la maison de transition peut être considérée comme une prison alors que pour d’autres, c’est un lieu de transition pénale. Par rapport à la lettre collective du 22 août 201942, dans laquelle il est stipulé que le placement en maison de transition est une forme de détention, nous nous interrogeons puisqu’à côté de cela, elle est présentée par la loi du 17 mai 2006 comme une modalité d’exécution de la peine. Ce constat corrobore les différentes opinions que nous avons récoltées. De plus, en ce qui concerne les conditions pour le placement en maison de transition, la période de 18 mois pour l’octroi d’une libération conditionnelle est considérée comme trop lointaine par certains professionnels. Olivia NEDERLANDT43 évoque à ce sujet que « la réinsertion doit être envisagée et préparée dès le premier jour de la détention et pas seulement 18 mois avant la libération conditionnelle ». Elle ajoute qu’aucune condition de temps n’est nécessaire et que nous devons accéder à ces maisons de transition dès le début de l’incarcération.

En fonction de l’histoire de vie des détenus, certains intervenants pensent que ce serait adéquat pour certains mais que pour d’autres ça arriverait trop tôt dans le parcours carcéral. Dès lors, ils insistent sur l’individualisation. Nous retrouvons ce concept tant chez Hans CLAUS (avec les maisons de détention) que dans la maison de transition d’Enghien qui prône l’accompagnement psycho-social individuel. Pour ce qui est du régime communautaire ouvert44 (deuxième condition pour accéder à la maison de transition), à l’unanimité, les professionnels des deux secteurs affirment que l’impossibilité pour un participant de vivre en communauté serait un frein à son entrée dans la maison de transition. Ils ajoutent que les profils de type psychiatrique le seraient également. Les professionnels des établissements pénitentiaires estiment, pour leur part, qu’il faudrait élargir les critères même si certains affirment qu’ils sont soit logiques et nécessaires soit restrictifs. En ce qui concerne la procédure à suivre lors du placement en maison de transition, la lettre collective nous informe que c’est au directeur d’en faire la demande auprès de la DGD. Cependant, nous nous interrogeons sur ce fonctionnement. En effet, si les maisons de transition sont une modalité d’exécution de la peine comme la surveillance électronique et la libération conditionnelle, pourquoi le détenu ne pourrait-il pas également en faire la demande vu que le travail en maison de transition est basé sur la réinsertion ?

Cela permettrait de pouvoir évaluer sa motivation. Les premiers articles composant la loi de principe de 2005, évoquent les notions de normalisation, de responsabilisation et de réparation45. Ces dernières doivent être mises en application dans les prisons. Toutefois, nous sommes conscients que dans la pratique, il est difficile de les mettre en oeuvre. Cependant, grâce au projet pilote concernant les maisons de transition, nous avons le sentiment que ces différents éléments seront plus facilement travaillés dans une structure plus adaptée et ce, pour le bien-être du participant. Cette entrée en maison de transition nous permet également de penser que l’individu va progressivement se réinsérer socialement grâce aux différents domaines de vie qu’il va travailler et ce, selon trois axes (de forces, de réparation, de collectivité)46. Ceux-ci peuvent être associés à la méthodologie d’Exodus47. Dès lors, il ne sera plus confronté au temps carcéral. Un constat se rapportant à la sélection d’intervenants sociaux pour travailler en maison de transition viendra clore ce chapitre. Le recrutement est effectué par G4S. Nous avons voulu investiguer en nous rendant sur le site de G4S. Le premier critère demandé est soit un diplôme d’études secondaires (CESS) soit un baccalauréat48. Quel impact aura ce choix dans l’organisation de l’équipe ainsi que dans le travail d’accompagnement psycho-social individuel prôné par la maison de transition ?

Table des matières

Abstract
1) Introduction
2) Partie théorique
2.1) Un peu d’histoire
2.2) En Belgique :
2.3) Le projet « De Huizen- les Maisons »
2.3.1) L’organisation en maison de détention
a) La détention à petite échelle
b) L’individualisation
c) La proximité
2.3.2) L’extension du filet pénal
2.4) La maison de transition d’Enghien
2.4.1) Qu’est-ce qu’une maison de transition ?
2.4.2) Les conditions d’accès
2.4.3) La procédure pour y accéder
2.4.4) L’organisation en maison de transition
a) L’axe des forces
b) L’axe de la réparation
c) L’axe de la collectivité
d) Les visites
e) Technologie
2.5) G4S et Exodus
3) Méthodologie
1) Type de recherche
2) Type de données
3) Technique d’échantillonnage et description de l’échantillon
4) Collecte de données
4) Résultats
4.1) Résultats issus des rencontres avec les intervenants de la maison de transition
4.1.1) Partie 1
4.1.2) Partie 2
4.1.3) Partie 3
4.2) Résultats issus des rencontres avec les assistantes sociales du SPS et les directeurs de prison
4.2.1) Partie 1
4.2.2) Partie 2
4.2.3) Partie 3
5) Discussion
5.1) Forces et limites
5.2) Implications futures de l’étude
6) CONCLUSION
7) ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *