Théorie de la transition (VIH)

L’envie de réaliser ce travail est née dans une rencontre. Une rencontre faite avec une jeune fille atteinte par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) depuis sa naissance. Cette jeune vivant avec le VIH (JVVIH) dit avec des mots simples qu’elle a d’autres priorités de vie que sa santé. Elle vit une période pénible en essayant de construire son avenir. Elle se sent seule, isolée et parvient difficilement à demander de l’aide. Cette adolescente est touchante de par sa simplicité, la vulnérabilité de sa situation et par son ambivalence. Il s’agit également d’une situation marquante pour une étudiante en soins infirmiers. Cette situation amorce un questionnement en raison d’un sentiment d’impuissance. Cette impuissance souligne un manque de ressources et de créativité pour parvenir à proposer des solutions qui pourraient aider cette jeune fille à entrer dans le monde des adultes plus sereinement. Que dire quand le patient semble connaître intellectuellement l’état de sa situation ? Que répondre à une personne qui explique qu’elle connaît l’efficacité et la nécessité d’un traitement antirétroviral et les raisons de sa prise ? Que répondre à une personne qui affirme que son taux de CD4 est faible car elle a arrêté son traitement et pour qui la virémie ne représente finalement rien d’autre qu’un chiffre ? Comment l’accompagner pour qu’elle puisse franchir l’étape de gestion individuelle de sa santé, en réussissant à investir l’énergie exigée par son projet de soin ? Comment l’aider à construire son projet de vie en tenant compte de son projet de soin ? Comment lui permettre d’atteindre cette étape d’acceptation, où la réalité est moins attrayante qu’une vie sans maladie et sans traitement, mais avec une qualité de vie tout de même acceptable ? Comment l’aider à vivre avec cette maladie sans en subir ses effets, l’accepter pour l’empêcher de prendre le dessus… Voilà le point de départ de ce travail.

Il y a aussi eu une rencontre entre 2 étudiantes avec des idées parfois différentes, mais avec les mêmes intérêts : le même désir d’approfondir le thème des maladies chroniques, du prendre soin et de développer des compétences et des habiletés pour faire face au sentiment déstabilisateur de l’impuissance. Cette impuissance naît également quand l’infirmière est confrontée à l’inconnu, lorsque l’expérience et la connaissance semblent lui manquer.

Le VIH est moins mis en évidence qu’auparavant en matière d’épidémie, mais reste cependant un problème de santé publique mondial. Le vécu et l’accompagnement des personnes atteintes ont été remodelés avec l’introduction des traitements antirétroviraux. Ces progrès thérapeutiques ont fait évoluer les caractéristiques de l’infection afin qu’elle soit actuellement considérée comme une maladie chronique, restant néanmoins mortelle. Les antirétroviraux permettent d’améliorer la qualité et l’espérance de vie des personnes atteintes. De plus, de nouveaux défis pour les systèmes de santé ont émergé avec notamment, l’entrée dans l’âge adulte des JVVIH périnatalement infectés. Cette situation, qui était encore impensable avant la trithérapie, est liée à la nécessité d’une transition entre un service de pédiatre (SP) et un service d’adultes (SA). Cette transition serait, comme chez d’autres jeunes atteints de maladies chroniques, une étape difficile à franchir.

C’est dans ce contexte d’adolescents atteints par une maladie chronique, le VIH, devant effectuer une transition entre 2 services et 2 mondes médicaux distincts, qu’a été construite la problématique de ce travail. Pour pouvoir y apporter des réponses, une revue de la littérature non exhaustive a été effectuée au travers de 2 bases de données, selon une méthodologie rigoureuse. 25 articles pertinents ont été retenus et 7 ont été analysés en profondeur pour pouvoir comparer leurs résultats. Finalement, des recommandations pour la pratique infirmière ont été formulées ainsi que des perspectives de recherches futures.

THÉORIE DE LA TRANSITION

Dans certains cas, un changement peut mener à une transition, autrement dit au passage d’une période relativement stable à une autre, dans un certain laps de temps (Chick & Meleis, 1986). Il en existe 4 types, décrits par Meleis, Sawyer, Im, Hilfinger Messias, et Schumacher (2000) qui sont : (a) une transition développementale ; (b) situationnelle ; (c) de santé ou de maladie et (d) organisationnelle. Le modèle peut demeurer simple ou multiple, de façon simultanée ou séquentielle.

De plus, 3 catégories de facteurs peuvent faciliter ou entraver la transition : les éléments personnels sont représentés par le sens donné à l’évènement, les croyances culturelles, le statut socioéconomique et la préparation à la transition. Les facteurs communautaires tels que le soutien de la famille et les facteurs sociétaux tels que la stigmatisation sont les 2 autres conditions indispensables au bon déroulement de la transition (Meleis et al., 2000).

Les modèles de réponses se traduisent à l’aide de 2 groupes : les indicateurs de processus et ceux de résultats. Le premier groupe permet aux infirmières de voir l’évolution positive ou négative du processus ; par exemple, le sentiment d’être en lien ou le développement de la confiance sont des indicateurs de processus. Les indicateurs de résultats, quant à eux, sont post-transitionnels et renseignent sur un résultat ; la maîtrise et le renouvellement de l’identité sont les 2 seuls (Meleis et al., 2000).

Finalement, les interventions infirmières agissent sur les 3 dimensions énoncées , à savoir la nature, les conditions et les modèles de réponses. Il s’agit d’évaluer le niveau de préparation en déterminant des interventions à accomplir ou à prolonger, tout en faisant collaborer une équipe multidisciplinaire. Il s’agit également de préparer le client à la transition en amont avec des interventions thérapeutiques basées sur l’éducation. Enfin, l’évaluation du rôle de soutien et de suppléance se traduit par l’attention portée à la personne et à la continuité de ses soins (Meleis et al., 2000).

Tous ces changements déclenchent une période de déséquilibre et de bouleversements (Meleis, 1997). Selon C. Cohen (communication personnelle [Présentation PowerPoint], 1 novembre 2013), les transitions sont synonymes d’étapes de vie durant lesquelles les personnes sont particulièrement vulnérables et fragiles, ce qui peut impliquer des risques de détérioration de leur santé. En fonction de l’âge et de l’état de santé, ces bouleversements émotionnels intenses peuvent mener à des interruptions du suivi thérapeutique, ou « coupure ».

La problématique de la coupure ne touche pas l’intégralité des transitions possibles, mais se focalise sur un cas précis dans le cadre de ce travail. Il s’agit de la transition d’adolescents atteints du VIH d’un SP vers un SA ; cette transition est de type organisationnelle.

En tenant compte des contextes « socio-sanitaire » et « professionnel », la transition organisationnelle, et également développementale, s’avère particulièrement complexe et difficile à vivre pour certains de ces jeunes. C’est sur cette double transition que se focalise ce travail.

Table des matières

Introduction
Problématique
THÉORIE DE LA TRANSITION
L’ADOLESCENCE
CONTEXTE SOCIO-SANITAIRE
CONTEXTE PROFESSIONNEL
EXPÉRIENCE DES AUTEURES
CONCEPTS THÉORIQUES RETENUS
MÉTAPARADIGME
Méthode
BASES DE DONNÉES UTILISÉES
MOTS CLÉS
CRITÈRES DE SÉLECTION
ÉQUATIONS DE RECHERCHE
Résultats
NOMBRE D’ARTICLES TROUVÉS ET RETENUS
TITRES DES ARTICLES RETENUS POUR L’ANALYSE
Analyse critique des articles
Comparaison des résultats
Discussion
RÉPONSE À LA QUESTION DE RECHERCHE
DIVERGENCES DES RÉSULTATS
CONSENSUS DANS LA REVUE DE LA LITTÉRATURE
ET L’ÉTHIQUE DANS TOUT ÇA ?
Recommandations & Perspectives
RECOMMANDATIONS
PERSPECTIVES DE RECHERCHE
ÉLEMENTS INATTENDUS
LIMITES DE CE TRAVAIL
Conclusion 

Cours gratuitTélécharger le document complet

 

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *