Traitement des sols contaminés par stabilisation et solidification (S/S)

Traitement des sols contaminés par stabilisation et solidification (S/S) 

Généralités et intérêts du traitement par S/S 

Le traitement des sols par stabilisation et solidification, communément appelé S/S, désigne une combinaison de processus et d’interactions à la fois chimiques et physiques, permettant de limiter la mobilité des contaminants.

La stabilisation désigne un ensemble de techniques qui permettent de réduire chimiquement le danger potentiel d’un déchet en convertissant les contaminants sous une forme moins soluble, moins mobile et moins toxique. Les caractéristiques structurales et la nature physique des déchets ne sont pas nécessairement modifiées dans le processus de stabilisation. La solidification quant à elle, peut référer à des techniques qui encapsulent les déchets par la formation d’un matériau solide. Elle n’implique pas nécessairement une interaction chimique entre les contaminants et les additifs de solidification (USEPA, 1999).

La première application de la technique aux États-Unis remonte à 1950, année où elle a été utilisée avec succès pour traiter des déchets radioactifs. La S/S est largement utilisée pour la gestion d’une vaste gamme de déchets, en particulier ceux qui sont classés comme dangereux (Maher, Najm, & Boile, 2005). Le procédé par S/S peut donc ainsi être appliqué au traitement des sols, des boues et même des liquides, et permettrait de ce fait de traiter une grande variété de contaminants. Cependant, selon les études, le traitement des contaminants organiques semble être plus difficile et plus coûteux (Hester & Harrison, 2011). En effet, le traitement de certains composés organiques par S/S peut nécessiter l’utilisation d’additifs comme agents de prétraitement (Paria & Yuet, 2006). Le procédé de traitement par S/S est particulièrement basé sur l’utilisation de ciment comme liant dans la plupart des projets de traitement mis en œuvre. Selon Hester et Harrison (2011), l’utilisation de la S/S au Canada est encore à ses premiers stades. En comparaison à d’autres techniques de traitement des sols, les avantages suivants de la S/S peuvent être soulignés (Paria & Yuet, 2006) :
– Les coûts sont relativement faibles et le procédé est facile à mettre en œuvre;
– La composition du ciment Portland est constante d’une source à une autre, ce qui élimine certaines variables dans la conception du procédé de S/S;
– Une bonne stabilité physique et chimique à long terme;
– Une augmentation de la résistance à la compression des sols;
– La non-toxicité de certains additifs chimiques;
– Une grande résistance à la biodégradation;
– Une perméabilité à l’eau relativement faible;
– Certaines méthodes sont déjà ou en cours d’être établies;
– Potentiel à réduire le volume de matières à éliminer ou le coût des traitements;
– Traitabilité d’un large éventail de contaminants;
– Traitabilité d’un large éventail de matériau;
– Certaines méthodes in situ ne nécessitent que peu d’espace de perturbation;
– Des installations mobiles sont disponibles pour certaines méthodes.

Malgré ces avantages de la S/S dans le traitement des sols contaminés, à la fois dans un contexte in-situ et ex-situ, certaines limites dans son usage peuvent également être mises en évidence. L’étude de Hester et Harrison (2011), souligne en effet, quelques limites de la technique, notamment le fait que :
– Le flux de déchets secondaires peut nécessiter un traitement ou une élimination;
– Les sols à forte teneur en argile ou la tourbe peuvent être difficiles à traiter;
– L’utilisation de certains solvants pourrait être dangereuse pour la santé et sécurité;
– Des mesures d’assurance de la qualité sont nécessaires, en particulier in situ;
– L’approbation par l’autorité réglementaire peut être nécessaire.

Mécanismes mis en jeu dans le procédé (S/S) 

Dans le cas d’une contamination inorganique (ex. métaux, métalloïdes), les mécanismes suivants vont permettre la fixation des contaminants à l’interface solide/liquide (Deschamps , Benzaaouzoua, Bussière, Belem, & Mbonimpa, 2006) :
– L’adsorption : Procédé physique et/ou chimique par lequel, un gaz, un liquide ou un soluté adhère aux surfaces exposées d’un matériau, en particulier un solide avec lequel il est en contact. L’adsorption physique (physisorption) met en jeu les mécanismes d’adsorption physique. Des énergies de liaisons de types van der Waals sont nécessaires pour permettre l’attraction électrostatique entre un soluté et la surface polarisée d’un matériau (Manceau, Marcus, & Tamura, 2002). L’adsorption chimique (chimisorption) a lieu lorsque des ions en solution vont former des liaisons chimiques dites ioniques ou covalentes avec les charges de surface d’un matériau.
– Précipitation : le phénomène de précipitation implique le passage à l’état solide des contaminants de l’état dissous à l’état solide. La précipitation des métaux (sous forme d’hydroxyde) se fait généralement au niveau des pores vides des solides, ou à leur surface.

Effet du pH

Dans le procédé de traitement par S/S, certains paramètres tels que la nature du liant et le pH semblent importants à considérer. En effet, le pH joue un rôle important dans la mobilité des métaux des sols traités (Deschamps et al., 2006). Selon une étude sur la mobilité des polluants inorganiques dans des boues, il est indiqué, qu’un pH acide entraîne la mise en solution des sels métalliques, la mise en solution des phases de rétention, la désorption des cations et l’adsorption des anions (Lions, 2004). Ainsi, l’intérêt de la variation du pH quant à la mobilité des métaux serait aussi lié au choix des additifs dans le traitement des sols contaminés.

Additifs de traitement par S/S

Plusieurs additifs de traitement sont souvent utilisés en raison de leur capacité à stabiliser les polluants dans les sols. Outre le ciment Portland, qui constitue le liant le plus fréquemment utilisé, certains sous-produits industriels possédant des propriétés hydrauliques, tels que les laitiers de haut fourneau, les cendres volantes et la fumée de silice peuvent aussi être utilisés comme liant (Deschamps et al., 2006).

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1 Traitement des sols contaminés par stabilisation et solidification (S/S)
1.1.1 Généralités et intérêts du traitement par S/S
1.1.2 Mécanismes mis en jeu dans le procédé (S/S)
1.1.3 Effet du pH
1.1.4 Additifs de traitement par S/S
1.1.4.1 Le ciment Portland
1.1.4.2 Les cendres volantes
1.1.4.3 La chaux
1.1.4.4 La fumée de silice
1.1.5 Caractéristiques et gestion des sols à particules fines d’origine marine (sédiments/boues)
1.1.6 Exemples de valorisation et réutilisation des sédiments fins par le procédé de stabilisation et solidification
1.2 Déshydratation des boues : intérêt de l’utilisation des polymères
1.2.1 Généralités sur les polymères
1.2.2 Types de polymère
1.2.3 Intérêts des polymères pour la coagulation/floculation des boues
1.2.3.1 Polymère de floculation : principe de floculation
1.2.3.2 Floculation : mécanismes mis en jeu
1.2.3.3 Intérêts de l’utilisation des polymères
1.2.4 Filtration des boues
1.3 Utilisation des tubes géotextiles dans la gestion des boues marines
1.3.1 Les tubes géotextiles : généralités
1.3.2 Intérêts des tubes géotextiles dans le processus de déshydratation des boues
1.3.3 Systèmes de traitement direct des boues in situ
CHAPITRE 2 MATÉRIEL ET MÉTHODE
2.1 Rappel des objectifs et stratégie de la recherche
2.2 Caractérisation physico-chimique des boues
2.2.1 Échantillonnage des boues à traiter
2.2.2 Mesure de la teneur en eau et siccité des boues
2.2.3 Analyse granulométrique par sédimentation (sédimentométrie)
2.2.4 Mesure de la masse volumique des boues
2.2.5 Caractérisation chimique
2.3 Traitement par S/S sur boues décantées (Phase I)
2.3.1 Mélanges et confection des éprouvettes
2.3.2 Contrôle et évaluation de la performance du traitement S/S sur les boues décantées
2.4 Traitement par S/S sur boues liquide (Phase II)
2.4.1 Essais préliminaires : choix du polymère de traitement et essais sur colonne de  filtration
2.4.1.1 Choix du polymère de traitement
2.4.1.2 Critères de choix du polymère de traitement
2.4.2 Essais de filtration sur colonne
2.4.2.1 Montage expérimental
2.4.2.2 Mode opératoire
2.4.2.3 Critères et paramètres d’évaluation des essais de filtration sur colonne
2.4.3 Injection directe du traitement par S/S des boues liquides dans un tube géotextile
2.4.3.1 Montage du système de pompage mis en place
2.4.3.2 Mise en œuvre du protocole expérimental
2.4.4 Critères et paramètres d’évaluation du traitement par S/S sur les boues liquides
CHAPITRE 3 RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX
3.1 Caractérisation des boues avant traitement
3.1.1 Résultats de caractérisation physique des boues avant traitement
3.1.2 Résultats de caractérisation chimique des boues avant traitement
3.2 Résultats du traitement par S/S sur boues « décantés » (phase I)
3.2.1 Résultats des mesures physiques sur les boues décantées et traités
3.2.2 Analyses chimiques des boues « décantées » solidifiées
3.3 Résultats du traitement par S/S sur boues « liquides » (phase II)
3.3.1 Essais préliminaires : choix du polymère de traitement (agent de floculation)
3.3.2 Essais de filtration sur colonne
3.3.3 Résultats du traitement par pompage directement dans un tube géotextile
3.3.3.1 Caractérisation physique des boues traitées dans les tubes géotextiles
3.3.3.2 Analyse chimique de l’eau exfiltrée des tubes géotextiles
3.3.3.3 Résultat analytique des essais de diffusion et de lixiviation
3.4 Comparaison, analyse et interprétation des résultats
CONCLUSION

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