Un territoire encore fortement marqué par les conflits serbo-croate des années

Un territoire encore fortement marqué par les conflits serbo-croate des années

L’ensemble du territoire concerné par le programme de coopération transfrontalière IPA est aujourd’hui encore fortement marqué, particulièrement la partie croate du territoire, par les conséquences des conflits qui ont opposé les Croates et les Serbes pendant les années 90. Depuis 1998, à la fin de la rétrocession pacifique sous mandat de l’ONU, les opérations de déminage ont commencé organisées par l’état croate. Aujourd’hui encore, les mines issues des conflits serbo-croates restent un problème important pour la Croatie qui n’a pas les fonds nécessaires pour nettoyer tout le territoire national5 (cf. figure 12). Le déminage n’étant toujours pas terminé (Courrier des Balkans, 2006), de nouvelles personnes en sont encore victimes aujourd’hui. Les villes portent encore aujourd’hui les traces des affrontements qui ont eu lieu lors des conflits. La ville de Vukovar située au bord du Danube à proximité immédiate de la Serbie avait été complètement détruite au début du conflit en 1991 par les bombardements et l’avancement des forces militaires yougoslaves sous les ordres des dirigeants serbes. Aujourd’hui en pleine reconstruction, la ville porte encore des stigmates de la guerre notamment son château d’eau dont les autorités locales ont souhaité la conservation afin de rappeler les souffrances subies pendant les conflits (cf. figures 13 et 14). De même, dans de nombreuses autres villes croates comme à Osijek, des traces d’impacts de balles ou de mortier sont encore visibles sur les bâtiments et dans les rues de nos jours (cf. figure 15).

Des relations interethniques entre serbes et croates encore difficiles

Suite au conflit serbo-croate des années 90, le territoire concerné par la coopération transfrontalière IPA est aujourd’hui un espace marqué socialement par des tensions entre les différentes communautés. En effet, le ressentiment nationaliste est encore extrêmement fort dans ces régions. Par exemple, lors de la dernière élection législative croate en décembre 2011, l’Assemblée démocratique croate de Slavonie et Baranja (Hrvatski Demokratski Sabor Slavonije i Baranje – HDSSB), parti nationaliste populiste et régionaliste a obtenu respectivement aux deux circonscriptions de Slavonie 21 % et 12 % des voix, se positionnant comme 3éme force politique dans cette région, emportant ainsi 6 sièges de député au Parlement croate (Izbori, 2011). Le HDSSB, actif uniquement en Slavonie, véhicule toujours un discours nationaliste. Son électorat principalement rural y adhère encore fortement selon une croate rencontrée à Osijek. D’après des jeunes lycéens rencontrés à Vukovar, les jeunes serbes et croates sont aujourd’hui dans des classes séparées de la crèche jusqu’au lycée dans cette ville. Ayant terriblement souffert des conflits avec les serbes dans les années 90, les tensions sont encore vives et sont attisées par le fait que les deux pays ne valorisent pas une histoire commune similaire. De même, les jeunes Figure 14: le château d’eau de Vukovar, véritable marqueur de territoire. Source: Internet. Figure 15: des bâtiments marqués par les anciens conflits. Photographie : Marion Geneste. 31 lycéens ont également expliqué qu’il existe toujours à Vukovar des bars et des magasins uniquement pour les serbes et d’autres pour les croates (Courrier des Balkans, 2002). Historiquement, la région frontalière possédait une diversité ethnique particulièrement en Voïvodine. Mais aujourd’hui, ce territoire est marqué par un phénomène d’homogénéisation ethnique des deux côtés de la frontière, lié à la formation d’état-nation et aux migrations des deux côtés de la frontière. D’après le recensement croate de 2001, 35 % des serbes habitants en Croatie se situaient sur les comitats croates du territoire frontalier, principalement dans le comitat de Vukovar-Srijem avec 15,45 % de la population totale. La communauté serbe est la principale minorité en Croatie et sur la partie croate du territoire frontalier (Site Internet du Bureau des statistiques croate). La majeure partie de la population croate en Serbie habite en Voïvodine (80 % de la population croate totale) selon le recensement serbe de 2002. Les croates représenterait 8 % de la population en Voïvodine en 2002 (Office des statistiques serbe, 2012).

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