Une convention oubliée la convention franco-ryûkyû de 1855

Archipel des Ryûkyû (Ryûkyû rettô 琉球列島), archipel Nansei (Nansei shotô 南西諸 島 « archipel du sud-ouest », si l’on traduit littéralement), arc des Ryûkyû (Ryûkyû kô 琉球弧), tels sont les termes génériques désignant les îles et îlots dispersés entre le sud de la région de Kyûshû et Taiwan. Au sens large, cet archipel est composé des îles Ôsumi, Tokara, Amami, Okinawa, Sakishima, Daitô et des îles Senkaku.

De nos jours, le terme de « Ryûkyû » est tombé en désuétude, et il n’est pas exagéré de dire que l’existence du royaume des Ryûkyû (Ryûkyû ôkoku 琉球王国) est oubliée de la plupart des Japonais contemporains. La préfecture d’Okinawa (Okinawa-ken 沖縄県) est le nom actuel de l’ancien royaume des Ryûkyû. En effet, « le nom Ryûkyû, forme japonaise de Liuqiu, est d’origine chinoise. Son étymologie est obscure » et Okinawa se réfère à la désignation des Japonais métropolitains. « Le choix du nom Okinawa pour désigner le nouveau département [en 1879] manifestait une évidente volonté de rupture avec le passé » , un passé qui était chargé d’une longue histoire.

L’histoire des Ryûkyû commence il y a environ 32 000 ans si l’on se base sur les premiers ossements humains découverts à Naha . Pendant longtemps, la vie de la population indigène des Ryûkyû semble avoir été primitive sur le plan matériel, et pacifique sur le plan politique : demeurant dans les îles entourées de coraux, les habitants ramassaient des coquillages et pêchaient des poissons dans les lagons , et ce jusqu’aux XIe -XIIe siècles de notre ère. Cependant, il faut souligner qu’en raison de la distance très importante entre les îles Okinawa et celles de Sakishima – environ 290 km entre Naha et l’île Miyako –, les habitants de l’archipel des Ryûkyû ne possédaient pas la même culture préhistorique : les îles jusqu’aux îles Okinawa se rattachent à des éléments de culture japonaise, alors que les îles Sakishima appartiennent à la culture de l’Asie du sud-ouest ou à la culture polynésienne.

A partir de la seconde moitié du XIIe siècle, l’histoire des Ryûkyû se complexifie. La population se consacre davantage à l’agriculture et forme des agglomérations marquées par une hiérarchie sociale. En se basant sur des forteresses appelées gusuku (ou gushiku) , les seigneurs désignés par le terme d’aji (按司) luttaient entre eux afin d’élargir leur influence. Au XIVe siècle, trois grands clans tentent d’étendre leur hégémonie sur les Ryûkyû à partir de l’île Okinawa, cette époque appelée Sanzan (Sanzan jidai 三山時代 : époque des trois puissances, traduction littérale : époque des trois montagnes). Chaque clan domine une région : Sanhoku 山 北 (ou Hokuzan 北山) – signifiant le nord de la montagne ou la montagne du nord – dirigé par le clan Nakijin-aji (今帰仁按司) ; Chûzan (中山) – milieu de la montagne – dominé par le clan Urazoe-aji (浦添按司) ; et Sannan 山南 (Nanzan 南山) – sud de la montagne ou montagne du sud – contrôlé par le clan Ôzato-aji (大里按司).

Les Ryûkyû prennent le chemin de l’unification après la fondation de la dynastie Ming 明朝 (1368-1644). Cette nouvelle dynastie du peuple han appelle, aussitôt après sa fondation, en 1372, le Chûzan à entrer dans son système des royaumes satellites, autrement dit, à devenir un pays subordonné et tributaire ; Sanhoku et Sannan nouent également des relations avec la dynastie Ming durant la décennie suivante. Au début du XVe siècle, un petit aji initialement aux ordres du Sannan, parvient par la force à prendre le pouvoir dans le Chûzan puis conquiert le Sanhoku et le Sannan. Il unifie donc les Ryûkyû en 1429, et devient le premier roi des Ryûkyû: Shô Hashi 尚巴志 (1372-1439) – date de la naissance du royaume des Ryûkyû.

Les Ryûkyû se sont donc insérées dans le système tributaire avant même la fondation du royaume qui porte leur nom. Malgré le changement de dynastie en 1470, il reste toujours « tributaire de la Chine, comme l’Annam ou la Corée, il sera pendant près de deux siècles au centre d’un vaste réseau marchand et diplomatique qui s’étendait du Japon et de la Corée jusqu’à Malacca et au Siam. Vers 1500, l’autorité administrative de Shuri [capitale du royaume des Ryûkyû, voir carte 3], siège du pouvoir royal, s’exerçait sur un archipel long de plus de huit cents kilomètres, des îles Amami-Ôshima au nord à celles de Miyako et de Yaeyama au Sud. » Ces deux siècles – XVe et XVIe siècles – furent l’apogée incontestable du royaume des Ryûkyû.

Table des matières

Introduction
Sources utilisées dans la thèse
Partie I Les relations franco-ryûkyû jusqu’aux années 1840
1. Perception européenne des relations diplomatiques du royaume des Ryûkyû avant et durant les années 1844
2. Politique extérieure des Ryûkyû – les premières tentatives françaises pour l’établissement des relations avec le royaume
3. La question religieuse et les tentatives françaises d’évangélisation aux Ryûkyû
Partie II Convention franco-ryûkyû de 1855 et séjour des Français aux Ryûkyû
4. Processus de réalisation de la convention franco-ryûkyû et les conceptions française et ryûkyû
5. La Convention franco-ryûkyû non-ratifiée et le séjour des missionnaires français aux Ryûkyû dans les années 1840 : analyse des clauses de la convention franco-ryûkyû
6. La convention franco-ryûkyû et ses effets sur le royaume: la politique extérieure des Ryûkyû dans les années 1850
7. Sur les tentatives d’évangélisation au royaume des Ryûkyû après la convention franco-ryûkyû
Partie III Des relations franco-ryûkyû aux franco-japonaises
8. Vision européenne des relations diplomatiques du royaume des Ryûkyû durant les années 1850
9. Des Ryûkyû à Edo – quelques perspectives concernant les relations nippo-ryûkyû
Conclusion

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