Aerations et ensoleillement de la maison

DISCUSSION

La RA est une maladie très fréquente dans la pratique médicale quotidienne [3]. Elle touche 5 à 50% de la population générale en fonction de la tranche d’âge, du pays et des régions dans un même pays [3]. Au Maroc, en 2009, la RA prédominait dans la tranche d’âge entre 15 et 49 ans [7]. Cependant, dans notre population d’étude, les jeunes âgés de 11 à 20 ans et les adultes jeunes âgés de 21 à 30 ans étaient les plus touchés. En effet, selon la littérature, l’adolescent et l’adulte jeune sont les plus fréquemment touchés par la RA [3]. La prédominance du genre féminin est retrouvée dans plusieurs séries [7, 9]. Dans notre série, le genre féminin prédominait également. Mais cette constatation ne modifie en rien la conduite diagnostique ou thérapeutique. Il est actuellement admis que l’asthme et la rhinite allergique peuvent être associés. La prévalence de la rhinite allergique associée à l’asthme est en moyenne de 56,8% chez les enfants et les adolescents en France [8] et de 11% chez l’adulte [5]. Juchet a évoqué que 20 à 30% des patients atteints de rhinite allergiques ont un asthme et plus de 80% des patients asthmatiques présentent une rhinite allergique [10].

Chez les patients asthmatiques, il est difficile de confirmer cette association à cause de l’absence de recherche des symptômes de la RA par les médecins, ou de l’omission des symptômes de la RA par les patients [11]. Dans notre série, l’asthme se présente comme un facteur de risque de rhinite allergique mais cette association était non significative. La taille réduite de notre population d’étude pourrait expliquer ce résultat. Quoiqu’il en soit, ce sont deux maladies respiratoires dues à l’exposition à des allergènes. Ainsi, la recherche et la prise en charge de l’asthme sont importantes chez les patients présentant une rhinite allergique et réciproquement [3]. Les auteurs ont démontré les liens entre exposition allergénique dans l’habitat et symptômes d’allergie [12]. En effet, on passe en moyenne 22 heures sur 24, soit plus de 90% de notre temps, dans un espace clos ou semi-clos (logements, locaux de travail, école, espaces de loisirs, moyens de transports…) [13]. Ainsi l’air respiré joue un rôle important dans la survenue de rhinite allergique. Nous avons étudié la participation de la promiscuité dans la survenue de rhinite allergique. Un foyer présentant moins de deux chambres constituait un facteur important de la RA même si l’association n’était que peu significative (p ≤ 0,05). Nous avons noté aussi que plus il y a de personnes dans le foyer moins il y avait des manifestations de la rhinite allergique. Mais cette association était non significative (p > 0,05). En effet, selon une étude concernant les facteurs de risque des allergies, effectuée en 2007 au Canada, la réduction de la taille des familles est un des facteurs de risque de l’augmentation des pathologies respiratoires liées aux allergies [14]. Pour El Kettany, la prévalence de la rhinite allergique était plus basse chez les personnes à forte promiscuité [7].

Dans notre série, la durée d’ensoleillement des chambres de moins de huit heures et l’ensoleillement faible des chambres étaient des facteurs de risque non significatif de RA. Et le nombre de fenêtres ≤ 2 en constituait un facteur de risque très significatif (p ≤ 0,001) de RA. Quant au niveau d’ensoleillement modéré, il constituait un facteur protecteur significatif de RA (p ≤ 0,01). En effet, l’obscurité et l’humidité favorisent le développement des acariens [15], un des principaux allergènes pourvoyeurs de rhinite allergique et d’asthme [1, 4, 13]. La RA permanente est surtout due aux acariens (Dermatophagoides pteronyssinus, D. farinae et Blomia tropicalis), aux epithelia d’animaux et aux moisissures [5]. Ainsi, l’éviction des acariens (modalité thérapeutique de la RA) nécessite d’aérer quotidiennement la chambre afin d’instaurer un environnement chaud et sec empêchant le développement des acariens [16]. Dans le but de prendre en charge la RA, il faut réduire l’humidité à 45 – 60% par aération et l’assèchement de l’air, et de ne pas dépasser une température de 18-20°C dans les pièces [13]. En effet, l’humidité dans les habitations est un facteur de risque de l’asthme et de la rhinite allergique [17].

Dans la prise en charge des RA liée aux acariens, il est aussi conseillé aux patients d’habiter dans des endroits hauts situés (> 1000 m) du fait de la raréfaction des acariens à cette hauteur [18]. Nous avons noté dans notre série que la fréquence de nettoyage de la maison était en relation avec la RA. En effet, le nombre de nettoyage de la maison égal à 2 était facteur protecteur peu significatif contre la RA. Tandis que le changement de couverture plus d’une fois par semaine constituait un facteur de risque de RA. Cette constatation était non significative. La littérature préconise le changement et le nettoyage des draps tous les quinze jours et le nettoyage des couettes et des oreillers tous les 3 mois [13]. Le nettoyage de la literie et de la maison doit être effectué régulièrement, soit au moins une fois par semaine [13]. Ces mesures sont nécessaires pour l’éviction des acariens. Les moisissures sont connues comme pourvoyeurs de RA et d’asthme [1, 5, 13, 16, 19]. En effet, dans la littérature, la fréquence d’exposition aux agents fongiques est corrélée à la sévérité de l’asthme [16, 20].

En plus la présence d’odeur de moisi est un facteur de risque très fortement associé à la RA [20]. Il est à noter que l’humidité excessive et les moisissures, selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé, constituent des facteurs de risque d’asthme, de RA et d’infections respiratoires [20]. Elles sont aussi impliquées dans l’aggravation de l’asthme [20]. Dans notre série, la durée d’exposition de plus de 12 heures constituait un facteur de risque non significatif de survenue de RA. Mais cette association était non significative (p > 0,05). Le manque d’entretien des bâtiments favorisent également l’humidité excessive et le développement des moisissures [20]. Aussi, dans la prise en charge des patients atteints de rhinite allergique, nous suggérons d’entretenir régulièrement les logements, de bien aérer la salle d’eau, d’éviter les bacs de rétention d’eau pour les plantes vertes, de nettoyer à l’eau de javel les traces de moisissures, surtout, dans la cuisine et la salle de bain [13].

Les animaux domestiques constituent un facteur de risque de rhinite allergique [5, 7, 17]. Mais les impacts de l’exposition aux allergènes de chat et de chien sur le développement des allergies et de l’asthme font encore actuellement l’objet de débats [19]. Plusieurs études montrent que l’exposition avant l’âge d’un an est protectrice durant l’enfance [19]. Tous les animaux présentent des allergènes [15] dans les sécrétions, la salive et les phanères [16]. Il s’agit surtout du chat, du chien, du cheval et d’autres animaux tels que les rongeurs (rat, hamster et souris…), les chinchillas, les furets, les gerbilles et les lapins [5, 13, 15]. Nous avons noté dans notre série que la présence de chat dans la maison constituait un facteur de risque de RA. Nos résultats montraient que la présence de chien ou à la fois de chien et de chat protégeaient contre la survenue de RA. Toutefois les associations étaient non significatives. Il en était de même avec le nombre d’animaux. Par contre, une association significative était observée avec le fait de dormir avec les animaux domestiques, qui constituait un facteur de risque peu significatif de RA. En effet, le fait de dormir avec les animaux augmente la durée de contact avec les allergènes des animaux, ce qui favoriserait l’apparition et l’exacerbation des symptômes de RA.

Plusieurs études se sont intéressées sur la conséquence de l’exposition aux chats [16]. L’exposition à des animaux, surtout aux chats, peut majorer les symptômes de l’asthme chez un enfant asthmatique sensible aux animaux [15]. C’est pourquoi, il est recommandé d’éviter les animaux dans la maison en cas de rhinite allergique [21]. Le mieux c’est de se séparer de l’animal domestique ou, sinon, il faut lui interdire l’accès aux chambres, l’empêcher de dormir sur le lit, le laver régulièrement et nettoyer souvent la maison (le mieux avec un aspirateur) [3, 10, 13]. A part les acariens, l’humidité, les moisissures et les animaux domestiques, les blattes constituent un facteur de risque de la rhinite allergique dans la littérature [19, 22]. Dans notre étude, leur présence protégeait contre la RA. Toutefois, cette constatation était non significative. En Suisse, le taux de sensibilisation aux blattes à l’origine de la RA est de 5%, les blattes étant responsables d’allergie respiratoire dans les bâtiments publics, notamment, les hôpitaux, les restaurants, les centres commerciaux ou les cinémas [23].

Les poussières de maison contiennent de multiples particules dont certains peuvent entrainer des allergies [15] : on peut retrouver des pollens et des moisissures dans les poussières de maison, avec des concentrations identiques à celles des poussières de l’extérieur [15]. L’exposition à un environnement poussiéreux était un facteur de risque très significatif de survenue de RA dans notre série. Et l’exposition à un environnement poussiéreux de plus d’une heure constituait, aussi, un facteur de risque significatif de RA dans notre étude. Les acariens et leurs produits se trouvent dans les poussières. Les deux facteurs acariens et poussières sont souvent associés. C’est pourquoi, l’éviction des nids à poussière (tapis, moquettes, peluches…) et la prévention de l’accumulation de poussières font partie des mesures de lutte contre les acariens [10, 13].

CONCLUSION

Les facteurs de risque impliqués dans la RA dans la ville d’Ambilobe sont surtout des facteurs domestiques, représentés par la promiscuité (nombre insuffisant de chambre) et le nombre insuffisant de fenêtres. Ces deux facteurs déterminent le risque de développement des acariens car ils conditionnent l’aération, l’ensoleillement et l’humidité dans le foyer, éléments modulant le développement des acariens. Par ailleurs, le fait de dormir avec les animaux constituent également un facteur de risque de la RA. A côté de ces facteurs, il existe des facteurs environnementaux responsables de la survenue de la RA. Ils sont représentés par l’exposition aux poussières, la durée d’exposition aux poussières et la durée d’exposition aux odeurs fortes. Cependant, il est à noter que plusieurs facteurs protègent contre la RA, ce sont l’exposition aux rafales de vent, l’ensoleillement et la fréquence de balayage du foyer. L’éviction de ces facteurs constitue la première étape de la prise en charge de la rhinite allergique. Ainsi, il faut informer et éduquer les patients afin qu’ils puissent identifier et éviter eux-mêmes les facteurs impliqués dans la manifestation de leur maladie. Les CMEI sont également nécessaires afin d’optimiser la prise en charge de la rhinite allergique en identifiant les facteurs domestiques impliqués dans la rhinite allergique dans les ménages de nos patients et en prodiguant des conseils pour éviter ces allergènes. La réalisation des recherches sur les allergènes dans les foyers en s’aidant de tests allergologiques reste à faire. La connaissance de ces allergènes permettra de perfectionner l’arsenal thérapeutique contre la rhinite allergique à Madagascar.

Table des matières

METHODOLOGIE
1. CADRE DE L’ETUDE
2. TYPE D’ETUDE
3. DUREE ET PERIODE D’ETUDE
4. POPULATION D’ETUDE
5. MODE D’ECHANTILLONAGE
6. TAILLE DE L’ECHANTILLON
7. VARIABLES ETUDIEES
8. MODE DE COLLECTE DE DONNEES
9. MODE D’ANALYSE DE DONNEES
10. CALCUL ET TEST STATISTIQUE
11. LIMITE DE L’ETUDE
12. CONSIDERATIONS ETHIQUES
RESULTATS
1. ÂGE
2. GENRE
3. ANTECEDENTS D’ASTHME
4. NIVEAU DE PROMISCUITE
5. AERATIONS ET ENSOLEILLEMENT DE LA MAISON
6. HYGIENE ET PROPRETE DE LA MAISON
7. MOISISSURES
8. ANIMAUX DOMESTIQUES
9. PRESENCE DE BLATTES
10. EXPOSITION AUX POUSSIERES
11. EXPOSITION AUX ODEURS FORTES
12. CLIMAT LOCAL
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE: FICHE D’ENQUÊTE

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