Alcoolisme en milieu scolaire

L’alcoolisme peut se définir comme une intoxication lente, un comportement addictif dû à la consommation habituelle ou périodique de l’alcool contenu dans les boissons alcoolisées [1]. L’organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît l’alcoolisme comme une maladie et le définit comme des « troubles mentaux et troubles du comportement » liés à l’utilisation d’alcool [2]. De nos jours, le phénomène prend des proportions insoupçonnées à mesure que la proportion de buveurs jeunes augmente [3]. En 2010, environ 38,3% de la population mondiale âgée de 15 ans et plus avait consommé de l’alcool au cours des 12 mois précédents [4]. Le pourcentage d’adolescents et de jeunes adultes consommant de l’alcool a progressé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire [5]. Dans une étude conduite sur des élèves du secondaire au Sud-Ouest du Nigeria, 13% des élèves reconnaissent boire couramment de l’alcool [6]. Au Ghana la prévalence d’utilisation d’alcool par les jeunes était approximativement estimée à 25% [6]. Une enquête en Côte d’Ivoire, a révélé que 70 % des élèves consommaient l’alcool [7].

Au Mali, selon une étude réalisée en 2009 sur l’usage de l’alcool et autres substances psycho actives chez les adolescents et les jeunes adultes dans le district de Bamako, la prévalence du phénomène chez les jeunes de 10 à 29 ans atteignait 9,5% [8]. L’usage nocif de l’alcool est un facteur étiologique dans plus de 200 maladies et traumatismes [9]. Au niveau mondial, l’alcool est considéré comme le 3e facteur de risque de morbidité, après l’hypertension artérielle et le tabac [10]. En 2012, près de 3,3 millions de décès, soit 5,9% de la totalité des décès dans le monde, étaient attribuables à la consommation d’alcool [9]. La consommation d’alcool entraîne des décès et des incapacités relativement tôt dans la vie. Dans la tranche d’âge 20-39 ans, près de 25% du nombre total de décès sont attribuables à l’alcool dans le monde [9].

En Europe, la consommation nocive d’alcool est responsable d’environ 195.000 décès chaque année avec un décès sur 4 parmi les jeunes hommes et un sur 10 parmi les jeunes femmes [11].

Il existe une relation de causalité entre l’usage nocif de l’alcool et une série de troubles mentaux et comportementaux, ainsi que d’autres maladies non transmissibles notamment les traumatismes [9]. Des facteurs variés affectent le niveau et le mode de consommation d’alcool, notamment chez les jeunes [9]. Cependant on retient également: les facteurs démographiques (Age, Sexe, Classe, Institution); les facteurs liés aux pratiques festives (plaisir, convivialité, lien social…) ; les facteurs familiaux (consommations des parents, relations intrafamiliales, styles parentaux…) ; les facteurs sociaux et culturels (normes sociales, influence des pairs, représentations liées à l’alcool…) ; les facteurs économiques (publicité et marketing) ; les facteurs psychologiques (adolescence et recherche de sensation, interdit, prise de risque, souffrance psychique…) [12]. D’autres facteurs environnementaux tels que l’offre d’alcool et le niveau de mise en application des politiques sont également évoqués [9]. En raison des dommages que peut causer l’alcool, de nombreux pays ont certainement entrepris des actions de lutte contre ce fléau, actions allant de la sensibilisation à la répression [3]. Au Mali, en dépit de l’existence d’un code de débits de boisson, les tentatives de lutte contre l’alcoolisme et autres stupéfiants s’avèrent vaines. L’alcoolisme, ces dernières années continue de prendre de l’ampleur chez les élèves [3].

Le but de notre étude est de déterminer les facteurs favorisant la consommation d’alcool chez les élèves dans la commune VI du District de Bamako.

– Alcool : Molécule naturelle issue de la fermentation des « oses » (les sucres) contenus dans les fruits les tiges et les légumes, et donnant naissance aux boissons alcooliques et alcoolisées. Il se définit en ce moment comme une substance psychoactive à l’origine de la dépendance ; c’est également une substance toxique induisant des effets néfastes sur la santé. L’alcool est ordinairement appelé alcool éthylique ou éthanol [1].

– Alcoolisme : créé au XIX siècle, l’alcoolisme est à l’origine, un terme médical désignant l’ensemble des pathologies liées à un agent causal : l’éthanol. En d’autre terme, il désigne l’intoxication, la maladie liée à un abus chronique de boissons alcoolisées, avec dépendance à l’alcool. Aujourd’hui, son sens s’est élargi et recouvre aussi l’étude des phénomènes sociologiques [25]; par exemple : l’alcoolisme des adolescents, l’alcoolisme dans le milieu scolaire.

– Alcoolisation : terme à l’origine médicale, pour désigner l’acte d’introduire de l’alcool dans un milieu, un organisme qui n’en contient pas naturellement. Pour l’homme, l’alcoolisation signifie : introduire de l’alcool dans son organisme, sans aucune référence ni à la nature, ni à la quantité ni au mode d’introduction du produit [25, 27].

– Alcoolique : terme médical désignant la personne qui est atteinte d’alcoolisme chronique [11].

– Alcoolodépendance : est le besoin compulsif d’absorber de l’alcool pour faire cesser le malaise psychique ou les troubles physiques dus au syndrome de sevrage. Elle désigne donc la situation d’un sujet qui ne peut plus se passer du produit psychoactif à cause des symptômes de manque très manifeste à l’arrêt de la consommation [28].

– Abus d’alcool : terme désignant l’utilisation excessive et volontaire permanent ou intermittente, de substances alcooliques, ayant des conséquences préjudiciables sur la santé physique ou psychique [27].

– Addiction : c’est le processus par lequel un comportement initial visant la production de plaisir ou l’atténuation d’une sensation de malaise, devient incontrôlé et poursuivi en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives [28].

– Bingedrinking : encore appelé consommation épisodique massive, consiste à consommer une quantité importante d’alcool en un temps réduit, par épisodes ponctuels ou répétés, conduisant à l’état d’ivresse dans un bref délai [27,28]. Il est défini comme la consommation d’au moins 60 g d’alcool au cours d’une seule occasion [29].

– Syndrome de manque : terme désignant les sensations et douleurs psychologiques ou physiques qu’éprouve une personne dépendante d’un produit psychoactif lorsqu’elle arrête de la consommer. Le manque est également appelé syndrome de sevrage [28].

– Sevrage : terme qui désigne l’arrêt de la consommation d’un produit psychoactif .

– Tolérance : on parle de tolérance quand une même dose d’un produit entraine moins d’effets qu’auparavant chez un sujet. Pour ressentir à nouveau les effets des premières fois, le consommateur est tenté d’accroitre les quantités ou la fréquence des prises ; ce qui augmente les dangers du produit consommé [28].

– Unités de brasseries : Ce terme désigne les entreprises de fabrications et de distribution en gros des boissons alcoolisées.

Aperçue historique

Le mot alcool, issu de l’arabe al Khol, désignerait à l’origine une poudre à coloration noire utilisée comme un fard à paupière pour se maquiller. Le gaz produit à partir de celui – ci fut appelé « alcohol », un terme qui devient synonyme d’esprit, au sens d’esprit du vin [1]. C’est à partir du XVI siècle que le mot al Khol sera introduit en français dans son orthographe actuelle alcool désignant « ce qui est subtil » voire «mystérieux, magique ». Depuis la nuit des temps, les boissons enivrantes étaient considérées comme des produits magiques et divins [27]. Les découvertes archéologiques montrent que certaines sociétés néolithiques avaient déjà connaissance de boissons alcoolisées et en faisaient usage [30]. Dans les récits des peuples anciens, les breuvages alcoolisés relevaient de l’ordre du divin, les chefs consommant le vin de façon rituelle lors des fêtes religieuses. En Europe, Grecs et Romains du temps antique célébraient le culte de Dionysos et Bacchus, divinités de la vigne et du vin. En Afrique, l’ancienneté de la consommation des boissons alcoolisées artisanales remonte jusqu’à l’époque de l’Egypte pharaonique. Au fil du temps, l’alcool par la voie de la traite négrière au Moyen Age, puis de celle de la colonisation au XIX siècle, est importé de l’Occident vers le continent africain. Sa consommation qui vient s’ajouter aux boissons alcoolisées locales est diffusée jusque dans les contrées les plus reculées de l’Afrique noire.

Propriétés et pharmacocinétique

L’éthanol (CH3CH2OH) est un liquide incolore, d’odeur agréable et de saveur brûlante. Il est produit par une fermentation anaérobie des sucres et a un pouvoir calorifique très élevé. L’alcool est un produit toxique et psychotrope, ayant pour conséquence une levée de l’inhibition et un effet antidépresseur dans certains cas, et provoquant dans d’autres cas une sédation ou effet dépresseur [1, 31].

Lors de son administration par voie orale, l’alcool est entièrement absorbé par le tube digestif notamment au niveau gastrique mais essentiellement par l’intestin grêle. Il passe ensuite dans le sang pour diffuser à l’ensemble de l’organisme. La distribution de l’éthanol est très rapide (demi-vie de distribution de 7 à 8 minutes) aux organes très vascularisés comme le cerveau, les poumons et le foie. L’éthanol, petite molécule très diffusible, franchit la barrière placentaire, et les concentrations dans le liquide amniotique et chez le fœtus sont proches des concentrations plasmatiques de la mère. L’essentiel du métabolisme de l’éthanol a lieu dans le foie ; cependant, d’autres tissus peuvent participer à l’oxydation de l’éthanol, le rein pour une faible part et le tractus gastro-intestinal. Le métabolisme hépatique élimine plus de 80 % de l’alcool ingéré [31].

Cependant la capacité de détoxication du foie peut être rapidement dépassée en cas d’ingestion de grande quantité en peu de temps.

Production des boissons alcoolisées

La production traditionnelle d’alcool se fait de façon séculaire en Afrique. Au Mali, les boissons de fabrication artisanale sont : le « dolo » le « bangiy ». Le « dolo » ou « tchapalo » ou « tjimi-tjama » en bambara désigne la bière de céréales Le bangiy désigne le vin de palme (Elaeis Guinéensis Jacq). Cependant, le processus d’industrialisation a facilité la production rapide des boissons alcoolisées de façon à satisfaire les demandes des populations avides d’alcool.

Table des matières

I. INTRODUCTION
II. ENONCE DU PROBLEME
III. HYPOTHESES
IV. OBJECTIFS
V. GENERALITES
V.1. Définition de concepts
V.2. Revue de la littérature
VI. METHODOLOGIE
VI.1. Cadre de l’étude
VI.2. Type et Période d’étude
VI.3. Population cible
VI.4. Echantillonnage
VII. RESULTATS
VII.1. Etude descriptive
VII.2. Etude Analytique
VIII. DISCUSSIONS
IX. CONCLUSION

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