Cadrage analytique et conceptuel Des marchés

Cadrage analytique et conceptuel Des marchés

Segments de marché 

Marchés visés en termes d’usagers 

Une approche des marchés en termes d‟usager nous amène à distinguer quatre types de cibles : clientèle médicale, intermédiaires, bénéficiaires et prescripteurs. Cette classification renvoie à l‟analyse des figures de l‟usager de la télémédecine présentée en section 2 de ce chapitre. La télémédecine est une méthode de prestation de soins accomplis grâce à de nombreuses solutions technologiques, dans beaucoup de contextes différents (avec des modes de commercialisation ou de financement spécifiques). Une approche par les usagers doit être complétée car les dispositifs ne sont pas différenciés en fonction des usagers ; en effet, des professionnels de santé de corps de métier différents (un cardiologue et un radiologue), dépendant de structures différentes (hôpital ou clinique) peuvent être amenés à utiliser le même type de dispositif (solution de visioconférence). Chaque famille d‟usagers peut être découpée selon différents critères renvoyant aux multiples usages faits de la technologie. 

Marchés visés en termes d’usages 

Ces trois grands ensembles d‟usagers peuvent être ensuite divisés en sous-ensembles dépendants du type de pratique réalisée qui peut être regroupée en fonction de la technologie utilisée. Ensuite en fonction de l‟approche, de multiples usages et situations d‟usages peuvent être observés en lien par exemple avec la spécialité médicale, le type de pathologie et les territoires de santé concernés. Ainsi, la télémédecine est constituée de quatre sous-spécialités et peut s‟appliquer à onze pathologies différentes (pathologies qui sont actuellement éligibles à la télésanté), selon le rapport de la commission Lasbordes20 (2009). Le progrès de la télémédecine et des technologies qui lui sont associées se traduit par une tendance à l‟hyperspécialisation des compétences et donc à une complexification et un morcellement de la prise en charge. Le vieillissement de la population et l‟augmentation de l‟espérance de vie se traduisent par l‟apparition d‟un plus grand nombre de pathologies liées à l‟âge. Une approche par les usages montre une segmentation très importante du marché de la télémédecine. Les quatre volets établis dans la loi HPST suggèrent quatre segments de marchés Autant d‟usages particuliers peuvent être déclinés en autant de marchés spécifiques, les structures doivent choisir entre des technologies spécialisées ou généralistes. De plus, la formalisation des produits et services substituables est un sujet à caution dans la mesure où la question de l‟usage d‟un bien est toujours une représentation des acteurs.

Taille et croissance du marché de la télémédecine

 Le manque de consensus sur ce qu‟englobe la télémédecine entraîne donc des observations différentes. À notre connaissance, il n‟existe pas d‟indicateur précis et consensuel permettant de mesurer le marché dans la mesure où personne ne semble s‟accorder sur une définition de la télémédecine et sur ses segments de marché. Plusieurs études s‟accordent toutefois sur le fait que son taux de croissance annuel jusqu‟en 2012 est d‟environ 20 % que ce soit à l‟échelle mondiale ou européenne : – selon une étude de BCC Research, le marché mondial de la télémédecine est passé de 4,8 milliards de dollars à 5,8 milliards de dollars en 2007. Cette étude estime qu‟il devrait atteindre 13,9 milliards de dollars d‟ici 2012, avec une croissance annuelle de 19% ; Les usages de la télémédecine selon la loi HPST Télédiagnostic Télésurveillance Téléassistance Téléexpertise Deux types d’usages principaux – Relevé d‟indicateurs médicaux – Échange de données médicales Selon l‟approche, multitude d‟usages et de situations d‟usage : – Spécialité médicale – Pathologie – Territoire de santé – Type d‟établissement – Médecine libérale, hôpital, domicile – Urgence – Hospitalisation à domicile (HAD), Maintien à domicile (MAD) – … Ex. : « visioconférence pour visites postopératoires en orthopédie », « téléexpertise pour le suivi en cancérologie » Chapitre 1. Un objet d’étude, la télémédecine : analyse de ses contours 61 – le taux de croissance annuel du marché de la télémédecine est estimé à 19% par an d‟ici 201221 ; – le rapport de la FIEEC 200822 parle d‟un marché de 4,7 milliards d‟euros en 2007 et de 12 milliards en 2012 ; – le rapport de Harry Wang23 émet l‟hypothèse d‟une croissance annuelle du marché de la télésanté de 25% jusqu‟en 2011 ; – d’après une étude de Frost & Sullivan24, le marché européen de la télémédecine a généré des revenus de 118 millions de dollars en 2007 et devrait atteindre 236 millions de dollars d’ici 2014. Selon ces études, le marché de la télémédecine apparaît comme un marché en croissance. Cependant les auteurs de ces études ne diffusent que très rarement leur méthodologie d‟analyse, ils parlent d‟un marché mondial ou européen, mais ne déclinent pas leurs recherches par domaine d‟activité. De fait, ils ne donnent pas d‟indication sur la taille de ces derniers. De plus, le marché est éclaté, et donc difficilement quantifiable. Il est difficile d‟obtenir des données économiques sur la télémédecine et donc une évaluation financière précise. 

Des marchés territorialisés

 Les différents règlements relatifs à la télémédecine laissent aux structures régionales, (à partir des schémas régionaux d‟organisation sanitaire), le soin d‟intégrer la télémédecine sur leurs territoires.Selon Lasbordes (2009), l‟activité de télémédecine est organisée soit : – à l‟échelle des territoires de santé25 ; – dans le cadre de filières de soins spécifiques ; – à l‟échelle de la région (la neurochirurgie, les plateformes de télésanté). Les projets sont propres à chaque établissement de soins. Dans le cadre de projets de télémédecine développés par des centres hospitaliers, des résultats sont diffusés. Ainsi à Toulouse : 10 653 dossiers ont été traités d‟avril 1996 à juin 2006 en téléconsultations avec 35 spécialités médicales impliquées dont les principales sont : cancérologie, radiologie, cardiologie, neurochirurgie, chirurgie orthopédique et traumatologique, urgences, chirurgie cardio-vasculaire, gynécologie obstétrique, médecine interne, diabétologie, chirurgie thoracique26. La télémédecine est surtout implantée localement dans le cadre de systèmes d‟aide au diagnostic (essentiellement en neuroradiologie et neurochirurgie), de suivi de monitoring cardiaque, de chimiothérapie à domicile, de grossesses pathologiques, de portail santé et de conférence de staff (Lasbordes, 2009, p. 67). Cette application locale est conditionnée par la planification du système de santé. Ainsi, ces éléments permettent de comprendre que la demande est localisée et qu‟il n‟y a pas de politique globale pour le développement de la télémédecine. Les acteurs agissent donc isolément, ils se constituent en groupe locaux et mettent en place des solutions qui leur sont propres. Les solutions développées ne sont pas harmonisées entre les réseaux de santé. Elles sont hétérogènes car les besoins émis par chaque structure sont spécifiques. Ce sont souvent des sociétés d‟informatique qui développent des dispositifs sur-mesure. Ainsi les produits développés sont personnalisés et donc inexploitables à l‟échelle industrielle. Comme les solutions ne peuvent convenir qu‟à un petit nombre d‟acteurs, une multitude de niches de marchés est créée. La concurrence se noue à l‟échelle du territoire, elle est localisée sur des niches territoriales.Des initiatives ont été développées pour répondre à des besoins spécifiques aux zones blanches : la télémédecine est alors clairement un outil d‟aménagement numérique du territoire. Il existe des technologies permettant de contourner l‟absence de haut et très haut débit. * * * La difficulté d‟appréhension du marché de la télémédecine et de sa pertinence tient au fait qu‟il dépend fortement de la façon dont sont structurées ses parties prenantes. De fortes contraintes structurelles pèsent sur les systèmes de santé et ont donc une influence sur la télémédecine. La télémédecine n‟est pas un marché unique mais une combinaison de multiples marchés aux fonctionnements complexes, interagissant les uns sur les autres. Ceci rend possible tout un ensemble de comportements stratégiques. De fortes pressions concurrentielles et de nouvelles stratégies de la part des acteurs naissent. Le marché de la télémédecine apparaît segmenté par le territoire. Des marchés « locaux » observés sont liés aux politiques nationales de santé. Ceci est renforcé par l‟existence d‟un maillage du réseau de télécommunications territorialisé. Cette segmentation par territoires est renforcée par des stratégies d‟acteurs qui créent des niches spécifiques et renforcent cette segmentation en érigeant des barrières à l‟entrée en termes de solutions propriétaires. Certains industriels des télécommunications proposent des offres technologiques spécifiques à la télémédecine que l‟on imagine pouvant être couplées avec leurs offres d‟accès au haut débit et/ou à la téléphonie mobile. Le lien (technique mais aussi organisationnel) entre ces deux types d‟offre apparaît comme étant le système d‟information des structures utilisatrices. Dans ce cadre, les systèmes d‟information apparaîtraient comme le nœud central de la chaîne de valeur des plateformes d‟offres de télémédecine.

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