CONTRÔLE DU DÉVELOPPEMENT DES MOUSTIQUES VECTEURS ET PUCERONS PAR L’UTILISATION DE BIOPESTICIDES

CONTRÔLE DU DÉVELOPPEMENT DES MOUSTIQUES VECTEURS ET PUCERONS PAR L’UTILISATION DE BIOPESTICIDES

Evolution morphologique et des facteurs entre avril 2009 et mars 2010

Thiaroye sur mer 

Dans cette zone, le canal d’évacuation d’eau venant du quartier LANSAR vers la mer, constitue un gîte pérenne. Les moustiques s’y développent durant toute l’année. En période des pluies, le canal est débordé à cause des eaux de pluies (Figure 3). L’eau s’élargit ainsi tout au tour du canal (de juillet à septembre) pour constituer d’autres gîtes temporaires. L’action de l’homme a joué un rôle positif par le désherbage du canal mais aussi un rôle négatif car, ce canal sert un lieu de dépot d’ordures et d’eaux usées par les habitants environnants. Ce qui favorise davantage la prolifération des moustiques du genre Culex Les valeurs enregistrées au niveau de cette zone montrent deux périodes où l’humidité relative est plus élevée (juin-août et novembre- janvier). Par contre, c’est seulement pendant la première période où les températures (ambiante et de l’eau) sont plus élevées (fig 4), la température de l’eau étant toujours inférieure à celle ambiante. Pour l’évolution des densités larvaires (fig 4), le plus grand pic a été observé au mois de juin avec (pH= 9,28) avant de commencer à diminuer. Un autre pic a été observé au mois de janvier. 

SAM-SAM 

Ce site comprend plusieurs gîtes pérennes constitués pour la grande partie d’eaux d’inondation. L’école ‘’ KELESAN’’ (Fig. 5) est complètement envahie par les eaux qui débordent en période hivernale (juillet à octobre). L’activité de l’homme par la présence de pompes motorisées, a joué un grand rôle dans l’instabilité de ces gîtes (turbidité des eaux). Par contre, le retrait de l’eau laisse sur place des cuvettes remplies d’eau claire présentant des larves d’An. gambia.Les courbes montrent deux périodes ou l’humidité relative est plus élevée (juin-septembre et novembre- mars). Nous avons constaté 3 pics de densités larvaires (avril, juillet et décembre) (fig 6). Le pH varie rarement durant toute la période d’étude. 3- Pikine rue 10 (fig 7) C’est un site dont la majeure partie de l’eau vient du technopole (partie Est). Il existe des soubassements de la périphérie du gîte provoquant ainsi l’arrivée de l’eau du technopole qui est pauvre en matières organiques. Cependant nous avons constaté des perturbations régulières des gîtes avec des densités larvaires qui présentent des fluctuations dues à l’activité de l’homme (remblayage pour construction et importants dépôts d’ordures). L’humidité relative a montré un taux élevé entre juin-sptembre et au mois de mars (fig 7). Nous avons constaté une augmentation du pH entre juin et novembre coincidant avec l’arrivée d’eaux de pluie et du technopole.

Pikine niéty mbare (fig 9) 

C’est un site à découvert avec de vielles maisons abandonnées pleines d’eaux. La matière organique y est très concentrée car c’est une zone de dépôt d’ordures et d’eaux usées par les habitants. En période hivernale, nous avons constaté un élargissement des gîtes constitués d’eaux de pluie mélangées à de la matière organique.Les eaux ont un pH favorable au développement d’An. gambiae (pH>8) de juin à octobre. L’humidité relative a été plus élevée au mois de juillet où nous avons constaté une baisse de la température (fig 10). Les 2 pics de densités larvaires sont observés en mai et en février correspondant à la période post-hivernale. La nature des gîtes est plus favorable pour le genre Culex avec les ordures dans les maisons à moitié détruites en dehors des habitations. Alors qu’en période hivernale, nous avons constaté une forte présence de prédateurs (tétards, Odonates etc). Les eaux avaient envahi presque la totalité du site rendant difficile l’accés à certains endroits pour pouvoir couvrir toute la zone. 5- Gadaye (Guédiawaye) (fig 11) Ce site est une grande étendue d’eau colonisée par des typhas. C’est une zone à forte activité humaine avec les activités maraichères nécessitant parfois la création de creusage qui sert de moyen de captage d’eau de la nappe phréatique en dehors de la période hivernale. Ce qui crée en même temps des gîtes artificiels. Dans ce site, l’arrivée des eaux de pluie au mois d’août a entrainé un remplissage de ces fossés créant un élargissement des gîtes. L’humidité relative a varié temporairement, mais les fortes densités larvaires sont enregistrées en juin et en février.Ce tableau montre que, Anophèles gambiae s.l. est retrouvée dans tous les sites visités avec des périodes où elle est plus fréquente (août-octobre). Cependant, cette espèce est plus présente à Sam-Sam où elle est récoltée pendant toute l’année, suivi du site Guédiawaye où elle est retrouvée du mois d’avril au mois de novembre. Elle est aussi plus abondante en période hivernale qu’en période post-hivernale pour chaque site. Par contre, l’espèce Culex quinquefasciatus est retrouvée dans tous les sites durant toute l’année (tableau 9). Cependant, elle est moins abondante en période hivernale par rapport à An. gambiae. Culex tigripes a été récolté au niveau de tous les sites, mais elle est très rare à Sam-Sam. Elle est plus fréquente à Gadaye et à Pikine Niéty mbare. 

 Les moustiques échantillonnés

Les clés d’identification morphologiques nous a permis de répertorier les espèces suivantes : Anopheles gambiae sl (Fig. 13 A, B et E) , Culex quinquefasciatus (fig. 13 C et F) et Culex tigripes (Fig. 13 D). Avec les échantillons d’anophèles, la Technique de PCR nous a permis de préciser que c’était Anopheles arabiensis avec des bandes qui apparaissent à 315 pb (fig 14). La PCR révèle qu’An. arabiensis était présent durant 12 mois à Sam-Sam3 (d’avril 2009 à mars 2010), en août, septembre et mars à Thiaroye sur mer, de juin à novembre à Pikine rue 10, d’août à octobre à Pikine niéty mbar et d’avril à novembre à Gadaye. 

DISCUSSION

Les données que nous avons recueillies entre le mois d’avril 2009 et le mois de mars 2010 ont montré que les larves de Culex quinquefasciatus se développaient dans tous les sites que nous avons visités. Les larves d’Anopheles gambiae s.l. n’étaient récoltées que dans les gîtes constitués d’eau claire en période post-hivernale. Avec le site pikine gnéty mbare, nous avons constaté une baisse significative de larves lors de nos sorties en période hivernale. Ce qui serait due à un phénomène de lessivage pendant les fortes pluies constatées. Pour tous les sites, les larves de Culex quinquefasciatus deviennent moins abondantes contrairement aux larves d’Anopheles gambiae s.l. pendant la période hivernale. Cette abondance d’An. gambiae sl constatée en période hivernale confirme d’ailleurs les travaux de Robert et al., 1998. Ces larves d’anophèles se développaient dans les eaux plus claires avec un pH basique mais le plus souvent dans des gîtes pas assez larges, ce qui rejoint les travaux de Sunahara et al. (2002). Ceci est du au fait que, ces deux espèces se développent dans des gîtes préférentiels à pH bien déterminé. Cependant, nous avons constaté que, Cx quinquefasciatus et An. gambiae sl peuvent se retrouver dans un même gîte mais à pH  8. En effet, les larves de Culex quinquefasciatus ont été récoltées dans les gîtes où le pH varie entre 7,1 et 8,27. Ce qui confirme bien les travaux de Umar et Don-Pedre, 2008. Cependant, An. gambiae sl peut aussi se développer exceptionnellement dans des gîtes à un pH<8 en même temps que les larves de Culex quinquefasciatus, ce qui a été observé à Thiaroye sur mer au mois de mars (pH= 7,9). Les modifications observées au niveau des gîtes pendant la période hivernale, sont typiquement les mêmes sur le plan caractérisation (augmentation progressive du niveau d’eau, de la température, et du pH). Cependant, les densités larvaires ont varié suivant les gîtes temporaires ou pérennes et suivants les sites. Des travaux de Paaijmans et al., 2008 ont montré que les facteurs environnementaux telles les conditions chimiques et physiques déterminent la densité et le développement des larves. Malgré les inondations qui ont rendu difficiles l’accès à certains gîtes, d’autres se sont créés avec pratiquement la présence des larves d’An. gambiae s.l. Ces larves étaient plus abondantes à Sam-Sam 3 que dans les autres sites. Cette zone présente des gîtes pérennes notamment à l’école « KERESAN » où les larves d’An. gambiae sl sont observées depuis le mois d’avril 2009 jusqu’au mois de mars 2010. Ce qui pourrait être une cause de la pérennisation du paludisme dans cette zone. L’échantillonnage des larves de Culex tigripes a été effectué seulement dans quelques zones et sont moins abondantes que les autres. Elles sont très voraces par rapport aux autres espèces de
moustiques (fig. 13 D). Elle est plus présente en période hivernale qu’en période post-hivernale. Cette voracité pourrait être un aspet bénéfique dans la régulation de la densité larvaire. Avec la difficulté de distinguer les espèces du complexe Anopheles gambiae, plusieurs méthodes ont été proposées (Chauvet, 1969 ; Mahon et al., 1976 ; Miles, 1979 ). La technique PCR que nous avons utilisée nous a montré que les anophèles que nous avons récoltés dans les 5 sites contiennent uniquement An. arabiensis une des principales espèces vectrices de plasmodium responsables du paludisme au Sénégal. Ces travaux montrent également que c’est une espèce non seulement urbaine Robert et al. (1998) mais également péri-urbaine. Cependant, nous n’avions pas étudié d’autres facteurs biotiques et abiotiques pouvant influer sur leur évolution pérenne dans certaines zones comme à Sam-Sam 3. Nous n’avions pas également fait des prospections dans les habitations pour pouvoir dénicher des gîtes temporaires surtout d’anophèles. Un suivi devrait être fait étant donnée qu’une possibilité de présence d’autres espèces du genre Anopheles (An. funestus, An. gambiae ss (forme m ou s) etc) n’est pas à écartée avec les phénomènes d’inondation.

Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PARTIE I : ÉCOLOGIE : CARACTÉRISATION MORPHOLOGIQUE DE
QUELQUES GITES ET DYNAMIQUE DES POPULATIONS LARVAIRES DES
MOUSTIQUES DANS CERTAINES ZONES INONDÉES DE LA BANLIEUE DE DAKAR
I- INTRODUCTION
II MATÉRIEL ET MÉTHODES
A. Présentation de la zone d’étude (banlieue de Dakar)
B. Récolte des larves et caractérisation des gîtes
a. Visite des différentes zones
b. Recueil de données
b1. Coordonnées géographiques
b2. Étude des densités larvaires
C. Identification des moustiques au laboratoire
a. Identification morphologique
b. Identification par PCR du complexe gambiae
b1- Extraction de l’ADN
b2- La PCR
III. RESULTATS
A. Position géographique des zones étudiées
B. Evolution morphologique et des facteurs entre avril 2009 et mars 20 . 9
1- Thiaroye sur mer
2- Sam-sam 3
3- Pikine rue
4- Pikine gnéty mbare
5- Gadaye (Guédiawaye)
C. Présence des larves dans les gîtes
D. Les moustiques échantillonnés
I. DISCUSSION
CONCLUSION
PARTIE 2 : LUTTE BIOLOGIQUE CONTRE LES MOUSTIQUES PAR
L’UTILISATION DE BIOPESTICIDES (CHAMPIGNONS ENTOMOPATHOGÈNES ET PRODUITS DE NEEM)
CHAPITRE 1 : SÉLECTION D’UN MILIEU DE CULTURE POUR UNE
PRODUCTION EN MASSE DE CHAMPIGNONS ENTOMOPATHOGÈNES
CONTRE LES MOUSTIQUES
I. INTRODUCTION
II MATÉRIEL ET MÉTHODES
A.Isolement des souches
B. Production en masse des champignons
C. Récupération et comptage des spores
D. Les moustiques
E. Tests de pathogénicité sur les larves
F. Relevé et analyse des données
III. RÉSULTATS
A. Productivité des milieux de culture
B. Tests de pathogénicité
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
CHAPITRE 2 : PRODUCTION DE CHAMPIGNON EN BIOINDUSTRIE ET TESTS DE PATHOGENICITE SUR LES MOUSTIQUES
I. INTRODUCTION
II. MATERIEL ET METHODES
A. Le champignon
B. Inocula
C. Confection du packing
D. Bioréacteur
E. Récupération des spores
F. Filtration des métabolites
G. Elevage des moustiques
H. Tests de toxicité
1. Test Sur des larves
2. Test sur les adultes
III. RESULTATS ET DISCUSSION
A. Les produits du système de culture
B. Pathogenicité des spores sur Culex quinquefasciatus
C. Pathogènicité des métabolites contre Culex quinquefasciatus
CONCLUSION
CHAPITRE 3 : FORMULATION DES CHAMPIGNONS CONTRE
LES MOUSTIQUES VECTEURS
FORMULATION DU CHAMPIGNON ASPERGILLUS CLAVATUS CONTRE LES
MOUSTIQUES ADULTES CULEX QUINQUEFASCIATUS
I. INTRODUCTION
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
A. Huile de neem (Suneem 1%)
B. Le champignon
D. Les moustiques
E. Préparation du produit
F. Test de toxicité sur les moustiques
G. Analyse des données
III. RÉSULTATS
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
FORMULATION DU METARHIZIUM ANISOPLIAE CONTRE LES ADULTES
D’ANOPHELES GAMBIAE SL
I. INTRODUCTION
II. MATERIEL ET METHODES
A. Echantillonnage des moustiques
B. Formulation du champignon
C. Pulvérisation sur les adultes
III. RESULTATS
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
FORMULATION DU METARHIZIUM ANISOPLIAE CONTRE LES LARVES
D’ANOPHELES GAMBIAE SL EN MILIEU SEMI-NATUREL 75
I. INTRODUCTION
II. MATERIEL ET METHODES
A. Les larves de moustique
B. Formulation du champignon
C.Tests de laboratoire
D. Traitement en milieu semi-naturel
E. Traitement de données
III. RESULTATS
A. Tests de laboratoire
B. Observations Microscopiques
C. En milieu semi-naturel
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
PARTIE 3 : HISTOPATHOLOGIE DES LARVES DE CULEX QUINQUEFASCIATUS TRAITEES AU CHAMPIGNON ASPERGILLUS CLAVATUS
I. INTRODUCTION
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
A. Les larves de moustique
B. La suspension de spores
C. Application des spores sur les larves
D. Etudes histologiques
III. RÉSULTATS
A. Microscopie optique
B. Microscopie Electronique à Transmission (MET)
1. Activité des spores
2. Au niveau du tube difestif
3. Au niveau des muscles
4. Au niveau de l’épithélium cuticulaire
IV. DISCUSSION
CONCLUSIONS
PARTIE 4 : PATHOGENICITE DES CHAMPIGNONS SUR LES PUCERONS : ACYRTHOSIPHON PISUM (HARRIS, 17) (APHIDIDAE)
I. INTRODUCTION
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
A. Les champignons
B. Elevage des pucerons
C. Tests de pathogènicité
D. Traitement des données
III. RÉSULTATS ET DISCUSSION
A. Pathogénicité contre les pucerons adultes
B. Effets des champignons sur la reproduction
CONCLUSION
CONCLUSION GÉNÉRALE
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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