DE LA FORMULATION D’UN NOUVEAU PARI URBAIN A L’AFFIRMATION DU PARTI PRIS D’AMENAGEMENT

DE LA FORMULATION D’UN NOUVEAU PARI URBAIN A L’AFFIRMATION DU PARTI PRIS D’AMENAGEMENT

En suivant le cheminement temporel d’Odysseum, les chapitres précédents montrent que l’on peut déjà distinguer deux séquences différentes. La première correspond, sous l’effet conjugué d’une initiative privée inattendue et des projets territoriaux montpelliérains, au lancement d’un nouveau projet d’aménagement. Il se traduit par la formulation d’une commande politique qui confie à la SERM le soin d’organiser rapidement la mise en œuvre d’un projet guère balisé. Démarre ensuite, à proprement parlé, le premier temps de l’élaboration. Engagé à partir des méthodes classiques de travail, il doit aboutir, dans l’urgence, à la désignation : 1/ des opérateurs privés qui vont acheter les terrains et construire le complexe dont ils auront défini le programme ; 2/ de l’architecte-urbaniste qui doit concevoir, sous le pilotage de la SERM et des services de la ville, les options urbanistiques de la ZAC. Près d’un an après le lancement du projet, cette phase de travail a pour résultat de dresser trois constats essentiels : une incapacité à traduire les intentions politiques dans un cahier des charges ; la stérilité des modalités d’élaboration habituelles ; une impossible coopération avec les opérateurs privés. Ces difficultés conduisent à mettre un frein aux injonctions d’urgence, à entrer en rupture avec les pratiques dominantes en matière d’urbanisme commercial et à placer la SERM dans une position de conception. On est en 1997, à un stade où rien ne permet de passer des intentions aux réalisations ; fin 1999, les investisseurs sont désignés tandis que plusieurs composantes du programme et la forme d’Odysseum sont finalisées. Que se passe-t-il pour que, après la mise à jour d’impasses majeures, le projet trouve finalement la voie de sa concrétisation ? Comment la génération d’une solution alternative est-elle opérée ? Ces questions constituent le fil directeur de ce chapitre.

Le propos est alors organisé en trois temps. Le premier, « de la formulation d’un nouveau pari urbain à l’affirmation du parti pris d’aménagement », poursuit l’histoire d’Odysseum. C’est la troisième séquence du processus d’élaboration. Elle est reconstruite en considérant qu’elle couvre le cheminement qui va de l’énonciation d’un nouveau concept urbain à son affirmation comme parti pris d’aménagement. C’est la réponse au « quoi faire ». Elle est au cœur de la détermination des choix qui singularisent aujourd’hui Odysseum dans l’univers de l’urbanisme commercial. On accordera ainsi une place soutenue à cette étape conceptuelle en examinant d’abord comment la mise en œuvre d’autres méthodes d’investigation conjuguée à des décisions publiques a pour résultat de faire émerger un nouveau concept urbain. Relevant de l’ordre du pari, il est qualifié « d’intuitif » par la SERM. Ensuite, on abordera la deuxième composante centrale de cette période d’élaboration. Elle peut être décrite comme la consolidation du dispositif d’action. Elle se traduit par une réouverture des acteurs de l’élaboration et équivaut au recrutement de ceux qui vont contribuer à la faisabilité d’Odysseum. Elle a pour corollaire la construction du dispositif financier et organisationnel de la conception et de la production du projet, réponse majeure au « comment faire ». Elle a également pour corollaire le recrutement de deux expertises jugées déterminantes, un cabinet d’urbanisme commercial et une agence d’architecture et d’urbanisme. L’exposé de cette séquence s’achèvera en examinant quels éléments décisifs font passer le concept d’Odysseum du statut de pari à celui de parti pris d’aménagement. Le second temps de ce chapitre, « l’élaboration d’Odysseum à l’épreuve de la contestation et de l’innovation », ne suit plus un déroulé chronologique mais est centré sur l’explicitation de deux caractéristiques fondamentales de la situation de projet. On examinera ainsi le contexte d’opposition locale virulente et on explicitera pourquoi on peut, à propos d’Odysseum, parler d’un régime de conception innovante et montrer qu’augmenter la connaissance sur le projet, enjeu majeur de l’élaboration, s’apparente à une véritable gageure. Opposition locale et régime d’innovation constituent deux variables explicatives essentielles de la démarche analysée. Elles posent des problèmes de premier ordre qui traversent l’ensemble du projet et structurent largement les enjeux et modalités de pilotage. Enfin, le troisième temps de ce chapitre, « du concept à l’artefact, variabilité des itinéraires et des problèmes » achèvera l’histoire d’Odysseum. Il couvre la dernière séquence.

 

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