De nouvelles perspectives pour l’immigration

Une démarche nécessaire qui reste conforter

 De nouvelles perspectives pour l’immigration

L’efficacité de la mise en œuvre dune politique de l’immigration sera d’autant plus grande quelle pourra bénéficier d’un plus large consensus. Celui-ci ne peut se réaliser que des lors que la clarté est faite sur les perspectives dévolution prévisible des besoins en main d’œuvre et de leurs conséquences en termes de flux. Il faut en effet sortir du malentendu actuel entre les pouvoirs publics et une partie au moins de l’opinion trop souvent persuadée qu’il existe une volonté de lui cacher la réalité de l’immigration ou tel ou tel de ses aspects. Les conséquences en termes d’immigration de l’évolution démographique européenne doivent être ainsi appréciées dans le contexte créé par la mondialisation, la communautarisation de la gestion des flux migratoires et la liberté de circulation dans l’UE. Elles doivent être connues et expliquées. De la même manière, il est clair que l’objectif de maitrise des mouvements de population prévisibles et celui dune mondialisation équitable sont convergents180. La France peut contribuer leur réalisation en se donnant les moyens de sortir de la contradiction immigration aide au développement : les nouveaux comportements des immigrants, au lieu d’inquiéter, pourraient y aider.

Une demande quantitative et qualitative la hausse

Les nouvelles évolutions de limmigration ne sont pas venir : elles sont déj en cours et appelées, selon toute vraisemblance, se confirmer et samplifier.

Une évolution déj perceptible

Migrations familiales et demandes dasile ont constitué depuis le milieu des années 70 les principaux motifs dimmigration légale vers les pays de lOCDE, mais on assiste aujourdhui une redistribution progressive de la part respective des différentes formes de migrations, avec un accroissement des migrations des fins demploi. La plupart des pays de lOCDE ont, en effet, adopté la fin de la décennie 90 des mesures visant faciliter le recrutement de travailleurs étrangers qualifiés (nouvelles technologies, santé, éducation) ou de main duvre non qualifiée dans des secteurs déficitaires (services domestiques et secteur agricole notamment). Leffet de ces mesures sur les flux est nettement perceptible en 2001 aux Etats-Unis, au Japon, en Suisse, au Royaume-Uni et en Irlande pour les étrangers qualifiés. Dans les autres pays de lOCDE, en Allemagne et Australie notamment, la mŒme évolution se dessine. La mobilité au sein de firmes multinationales constitue une autre forme de mobilité en expansion. Ainsi, alors que la France, les Etats-Unis, le Canada, la SuŁde, restent caractérisés sans doute provisoirement par la prépondérance du regroupement familial, les travailleurs fournissent aujourdhui la majorité des flux dentrée en Australie, en Suisse, au Royaume-Uni et au Portugal. Il y a, en tout cas, désormais partout superposition de deux catégories dimmigrants : – ceux qui sinscrivent dans la tradition de limmigration de masse (populations du Maghreb, Africains, Européens de lEst), y compris les demandeurs dasile ; – ceux qui relŁvent de limmigration de travail, devenue désormais trŁs sélective et faisant appel des personnels qualifiés dans les hautes technologies ou dans les secteurs demploi trŁs tendus, comme en attestent par exemple certains déficits dans les métiers sociaux et médicaux. Les besoins en la matiŁre sont dailleurs plutt mal ressentis dans des pays qui, comme la France et Allemagne, ont un taux de chmage élevé et oé pŁse la part dimmigrants non formés de la premiŁre catégorie. La part des diplmés dans lensemble des flux migratoires toutes origines confondues tend, selon lOCDE, sélever : 58 % des étrangers dans le flux migratoire au Danemark, 44 % en France, 38 % en Irlande, 32 % aux Pays-Bas, sont diplmés. Il reste que lattitude vis–vis de ces catégories est trŁs variable selon les pays. Elle peut également sinverser selon les périodes. A cet égard, il est significatif que lharmonisation européenne soit plus lente pour les migrations fin demploi quen matiŁre de réfugiés ou de normes pour lasile : chaque pays européen agit relativement seul et observe la situation des autres. Il convient de relever aussi le développement de lintermittence, lié lutilisation de plus en plus fréquente de prestataires de services pour un temps limité, comme cela se faisait traditionnellement avec les saisonniers. Les grands travaux imposent, également pour une période plus longue, des appels une main-duvre qui nest pas uniquement composée de manuvres, comme dans les chantiers de construction du Berlin réunifié ou ceux des installations des Jeux Olympiques dAthŁnes. Il est dailleurs possible que certains pays, notamment ceux de lélargissement, développent des apports temporaires, ce qui a été noté par la Commission pour des pays comme la Pologne ou la Roumanie avec des phénomŁnes dallers-retours. En France mŒme, une évolution semble perceptible du fait des difficultés de recrutement dans léconomie franaise, mal supportées au moment de la reprise depuis 2001 de la croissance du chmage : plus que lobjectif de réduction annuelle de 100 000 emplois non pourvus (le tiers des offres) fixé au service public de lemploi, cest la cartographie des métiers considérés comme présentant une « pénurie de main-duvre », établie par région ( partir de consultations locales faites en décembre 2003), qui constitue un intéressant catalogue. MŒme si les métiers de cuisinier, daide domicile ou de maon se retrouvent presque partout, les listes sont relativement fines. Elles sont trop récentes pour pouvoir Œtre validées mais les organisations professionnelles leur ont fait bon accueil, tout en sachant quelles ont elles-mŒmes une part de responsabilité dans la désaffection de certains métiers : conditions de salaire, pénibilité et rythme de travail, reconnaissance et attractivité.

Les prévisions convergent largement

La plupart des organismes internationaux font le constat de l’accroissement des migrations internationales, et soulignent pour certains l’intensification conjointe de la traite des etres humains ou de l’exploitation des travailleurs immigrés181. Les positions demeurent cependant divergentes sur la place accorder aux migrations de remplacement ou aux migrations aux fins d’ajustement du marché du travail. En tout cas, les problèmes liés aux migrations prennent une place croissante dans les préoccupations et les activités du système international multilatéral. Plusieurs organisations estiment que tout ou partie du dossier entre dans leur champ de compétences au point que « les chefs de secrétariat des institutions des Nations unies chargées des questions de migrations et de réfugiés (BIT, HCR, HCADH, ONUDC et CNUCED182) de mŒme que le directeur général de l’organisation Internationale pour les Migrations (OIM), ont décidé de se rencontrer réguliŁrement ». Le principal objectif de ce groupe, appelé groupe de GenŁve sur la question migratoire (GGM), consiste « trouver le moyen pratique de faciliter les échanges dinformations clés au plus haut niveau et d’améliorer leur compréhension des liens qui existent entre les divers paramŁtres de la migration »183. Deux nouvelles conventions des Nations unies sur les migrations sont dailleurs entrées en vigueur au cours de l’année 2003 : la Convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles (1er juillet) ; la Convention contre le crime organisé transnational (29 septembre). Cette dernière est complétée par deux protocoles qui traitent de lintroduction clandestine et du trafic dŒtres humains. Au cours de la mŒme année, les Nations unies ont consacré leur Forum international pour le développement social au thŁme : « Les migrants internationaux et le développement ».

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