Effets indésirables liés à l’administration du praziquantel (PZQ) en distribution de masse (DM) en milieu scolaire

La schistosomose ou bilharziose est une affection parasitaire provoquée par des vers plats (plathelminthes non segmentés), les schistosomes ou bilharzies, trématodes à sexe séparé, hématophages vivent dans le système circulatoire veineux de l’hôte définitif (Mammifères et Oiseaux). Leur transmission se fait par voie transcutanée active des furcocercaires issues de la polyembryonie des miracidia à l’intérieur des mollusques hôtes intermédiaires. La schistosomose est l’une des plus importantes helminthiases humaines après le paludisme en termes de morbidité et de mortalité [1]. La maladie est endémique dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux en développement d’Afrique, d’Asie et du moyen Orient touchant surtout les enfants, les agriculteurs et les femmes qui sont fréquemment en contact avec les eaux contaminées. Elle est classée par l’OMS parmi les 20 maladies tropicales négligées (MTN). En 2013, il y avait environ 291 millions de cas de schistosomose dus à l’une des cinq principales espèces du genre Schistosoma à travers le monde [2]. Une perte annuelle d’environ 75% de l’espérance de vie corrigée de l’incapacité (DALYDisability Adjusted Life Years) en sont imputables dont la majorité des cas morbides (85%) et de mortalité apparaissent en Afrique Sub Saharienne [3]. Dans ces zones, la maladie représente un frein considérable au développement socioéconomique et humain des communautés exposées. L’agriculture, la pêche, mais également les activités domestiques et de loisirs en constituent un risque de contamination important au cours desquelles la transmission du parasite s’effectue par la pénétration transcutanée des furcocercaires.

Au Mali, la maladie reste prévalente sur l’ensemble du territoire, mais elle est plus fréquente dans les zones de riziculture irriguée (Office du Niger), et autour de petites retenues d’eau (plateau Dogon) et de certaines mares [4]. Deux espèces majeures de schistosomes à affinités essentiellement anthropophiles coexistent au Mali : Schistosoma haematobium et Schistosoma mansoni. La schistosomose à Schistosoma haematobium y est la forme la plus répandue. Elle est présente sur toute l’étendue du territoire avec des prévalences variant entre 80 et 90% à l’Office du Niger et à Bandiagara contre 5 à 10% dans la région de Sikasso et dans les régions nord du pays. C’est à l’Office du Niger et parmi les pêcheurs de la zone du barrage de Sélingué que la schistosomose à Schistosoma mansoni sévit de façon endémique. Ailleurs, cette parasitose est inexistante ou se rencontre sous la forme de micro foyers le long du fleuve Niger [4, 5]. Sur le plan de la distribution géographique, on distingue cinq faciès épidémiologiques : l’Office du Niger, Bandiagara, les zones sahélienne et saharienne, la zone soudano-guinéenne et le milieu urbain [6].

La schistosomiase est une maladie guérissable. La chimiothérapie est la principale méthode utilisée dans tous les programmes nationaux et internationaux de lutte contre les schistosomes. Celle-ci a réellement commencé avec les composés d’antimoine quand Christopherson avait montré en 1918 que les berbères atteints de leishmaniose et traités avec du tartrate de potassium étaient guéris de leur hématurie due à la schistosomose urinaire [7]. Ainsi, depuis le début du siècle, de nombreux médicaments comme les composés d’antimoine, le niridazole, les nitrofuranes, le lucanthone, l’hycanthone étaient utilisés mais furent abandonnés à cause de leur toxicité et des phénomènes de résistance observés. Cioli et al. (1995) mentionnaient déjà que seul le métrifonate, l’oxamniquine et le praziquantel sont d’usage courant [7].

En 2007, la stratégie du traitement combiné des maladies tropicales négligées (MTN) recommandée par l’OMS a été adoptée au Mali, notamment dans les zones où il y a une Co endémicité des MTNs [8]. Mais, force est de constater qu’aucun des antibilharziens recommandés qu’elle que soit sa composition n’est dénué d’effets indésirables. C’est ainsi qu’il ressort de différents rapports des points focaux des MTN à travers le pays, une fréquence élevée d’« effets secondaires » consécutifs à l’administration du praziquantel (PZQ) (40mk/kg en prise unique). Au cours de l’année 2014 par exemple, dans les cercles de Banamba (n=636) et Bla (n=625), la totalité des sujets traités auraient présenté des « effets secondaires ». Par ailleurs, les campagnes de traitement de masse (TDM) contre les MTN sont suivies le plus souvent par une série de plaintes des parents et/ou tuteurs consécutives à l’administration du PZQ. S’agit-il véritablement « d’effets secondaires liés au médicament «ESM» ou d’effets indésirables liés au médicament «EIM» déjà connus du PZQ? Les premiers, c’est-à-dire les ESM, sont définis comme des réactions d’hypersensibilité (fièvre, urticaire, éruptions cutanées prurigineuses, et éosinophilie) dus à la mort des parasites pour lesquels le traitement est administré, où à la présence d’une autre parasitose comme la cysticercose ou d’une maladie sous-jacente grave [9]. Les seconds (EIM) sont plutôt définis comme une réaction toxique non voulue, se produisant aux doses normalement utilisées chez l’être humain pour la prophylaxie, le diagnostic ou le traitement d’une maladie ou pour la modification d’une fonction physiologique. Les EIM du PZQ rapportés dans la littérature peuvent être fréquents mais sont généralement bénins et passagers (céphalées, diarrhée, vertiges, somnolence, malaise, troubles abdominaux, nausées, et vomissements ont été signalés).

Epidémiologie 

La schistosomose sévit principalement dans les régions tropicales et subtropicales. Elle touche notamment les communautés démunies qui n’ont pas accès à une eau de boisson salubre et à un assainissement satisfaisant. On estime qu’au moins 90% des personnes qui ont besoin d’un traitement contre la schistosomiase habitent en Afrique. Il existe deux formes principales de schistosomose: la forme intestinale et urogénitale, provoquées par cinq espèces inféodées à l’homme :
• Schistosoma haematobium (1852): agent de la schistosomose uro-génitale ;
• S. japonicum (1904): agent de la schistosomose artério-veineuse.
• Schistosoma mansoni (1907): agent de la bilharziose intestinale et hépatosplénique;
• Schistosoma intercalatum (1934): agent de la bilharziose rectale et intestinale ;
• S. mekongi (1978): agent de la schistosomose intestinale avec des complications hépatiques ;

La schistosomose se transmet par la pénétration transcutanée des furcocercaires au cours des activités de contacts homme/eau (baignades, lessive, nage, pêche et autres activités ludiques).

Le cycle évolutif réalisé en eau douce fait intervenir à la fois un hôte intermédiaire et un hôte définitif vertébré  . Chez l’hôte définitif, les vers forment des couples permanents capables de se reproduire sexuellement et ils sont localisés dans les veines mésentériques ou péri-vésicales selon l’espèce. Les femelles pondent des œufs dont certains parviennent à franchir la paroi intestinale ou vésicale, selon l’espèce et sont éliminés avec les excrétas (selle ou urine). Dans l’eau, l’œuf libère une larve ciliée nageante, le miracidium, qui nage activement et pénètre dans le mollusque hôte intermédiaire. A l’intérieur du mollusque spécifique, le miracidium se transforme en sporocyste primaire. Dans le sporocyste primaire, les cellules germinales se multiplient et se différencient pour former des sporocystes secondaires, puis en cercaires. Au cours de leur pénétration dans le derme, les cercaires perdent leur queue et se transforment en schistosomules. Ceux-ci atteignent la circulation sanguine qui les entraîne jusqu’au cœur droit puis aux poumons par les artères pulmonaires. Ils regagnent ensuite le cœur gauche et sont entraînés vers les vaisseaux porte-hépatiques. Là, ils acquièrent la morphologie, l’anatomie et la maturité des vers adultes. La phase migratoire dure au total de 7 à 21 jours. Les vers adultes accouplés s’engagent dans les veines proches d’un organe en relation avec l’extérieur : vessie pour S. haematobium ; mésentère pour les autres espèces. Les œufs qui tombent dans l’eau entretiennent le cycle du parasite. Les œufs non éliminés (70-80%) sont responsables de la pathogénie liée au parasite chez l’hôte vertébré. Les différentes étapes du cycle évolutif des schistosomes sont comparables d’une espèce à l’autre.

Connue jadis comme une affection des zones rurales pauvres, la schistosomose est de nos jours introduite dans de nouvelles régions par l’exode rurale et les déplacements de réfugiés. La croissance démographique, allant de pair avec une augmentation des besoins en énergie et en eau, est souvent à l’origine de programmes de développement et de modifications de l’environnement qui renforcent la transmission.

Au Mali, le phénomène de l’exode rural a modifié l’épidémiologie de la maladie au cours des vingt dernières années par son «urbanisation» progressive, notamment dans les villes situées le long des fleuves Sénégal et Niger dont le district de Bamako [11, 12]. En dépit des efforts déployés pour contrôler la maladie, la schistosomose demeure encore une cause majeure de morbidité dans de nombreux pays en développement, notamment en Afrique sub-saharienne. À l’heure actuelle, le praziquantel est le médicament de premier choix utilisé contre les schistosomes et la seule drogue utilisée en traitement de masse de par le monde pour tuer le parasite et limiter les complications. Ce choix s’expliquerait par son efficacité sur toutes les espèces de schistosomes, l’absence d’effets indésirables très aigus à moyen et long terme et de la simplicité du traitement. Son utilisation en campagne de masse se fait par la chimiothérapie préventive (CTP), stratégie recommandée depuis des décennies par l’OMS pour le contrôle de la transmission, la prévention, le contrôle et le traitement de la maladie [13]. Les stratégies de contrôle contre la schistosomose et les géohelminthiases se focalisent sur le traitement de masse au praziquantel et à l’albendazole, avec un cachet particulier sur le traitement des enfants d’âge scolaire [14]. Mais pour maximiser la protection des populations, la CTP a besoin d’être complétée par la gestion effective des cas, le contrôle des mollusques et l’adoption de mesures d’hygiène de base comme l’assainissement et l’approvisionnement en eau potable afin d’éviter tout contact avec le parasite [15]. Plus de 90% des personnes pour lesquelles la CTP est recommandée vivent en Afrique sub Saharienne [16]. Actuellement grâce à l’OMS et à son action coordinatrice, plus de 28 millions de personnes ont été traitées pour la schistosomiase en 2011 [17]. Les résultats d’un tel traitement sont bénéfiques en termes de santé, d’éducation et de bien-être économique et social pour des populations entières [18]. Aucun médicament n’est totalement dépourvu de risque.

Pharmacovigilance 

Selon l’OMS, la pharmacovigilance est définie comme «La science et les activités relatives à la détection, l’évaluation, la compréhension et la prévention des effets indésirables et de tout autre problème lié à l’utilisation du médicament». Elle englobe la prévention, l’identification, l’évaluation et la correction du risque médicamenteux potentiel ou avéré (iatrogénie médicamenteuse). Elle s’attache notamment à évaluer les facteurs évitables du risque médicamenteux. La pharmacovigilance est une activité médicale, continue et non ponctuelle ; une activité de collecte, d’analyse, de validation et d’alerte. De nos jours, la valeur thérapeutique des médicaments et produits de santé est bien reconnue à travers, l’éradication de certaines maladies, la prolongation de l’espérance de vie, l’amélioration de la qualité de la vie et la réduction de la morbidité et de la mortalité. Cependant les médicaments et les produits de santé peuvent induire des risques pour la santé de l’individu et de la communauté de par leurs effets indésirables. Pour éviter le plus possible de causer un préjudice aux patients et améliorer ainsi la santé publique, il est capital de disposer de mécanismes performants d’évaluation et de surveillance de la sécurité des médicaments utilisés en pratique clinique. Le médicament est «toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques».

Table des matières

1. INTRODUCTION
2. OBJECTIFS
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
3. GENERALITES
3.1. Epidémiologie
3.2. Pharmacovigilance
3.2.1. Définition des effets indésirables des médicaments (EIM)
3.2.2. Classification des effets indésirables des médicaments (EIM)
3.2.3. Effets Indésirables des Médicaments et politique de traitement dans les programmes nationaux de santé
3.2.4. Effets indésirables des médicaments (EIM) et facteurs de risque
3.2.5. Concepts de la notification
3.2.6. Questionnement sur la notification
3.2.7. Avantages de la notification
3.2.8. Problématiques de la sous-notification
3.2.9. Raisons de la sous notification
3.2.10. Conclusion
3.3. Organisation du système national de pharmacovigilance (structure, organisation)
3.3.1. Introduction
3.3.2. Organisation du système national de pharmacovigilance (SNP)
3.3.3. Obligations de signalement
3.4. Généralités sur la communication
3.4.1. Introduction
3.4.2. Définition de la communication
3.4.3. Importance de la communication dans la pharmacovigilance
3.4.4. Formes de communication
3.4.5. Types de communication
3.4.6. Eléments d’un message
3.4.7. Quelques obstacles à la communication
3.4.8. Counseling
3.5. Description monographique des molécules utilisées au cours de la campagne
3.5.1. Praziquantel
3.5.1.1. Structure chimique et synthèse
3.5.1.2. Propriétés physico-chimiques
3.5.1.3. Présentation
3.5.1.4. Propriétés pharmacocinétiques
3.5.1.5. Propriétés pharmacodynamiques
3.5.1.6. Contre-indications
3.5.1.7. Effets indésirables
4 MATERIELS ET METHODE
4.1. Lieu d’étude
4.2. Type d’étude
4.3. Période d’étude
4.4. Population d’étude
4.5. Calcul de la taille d’échantillon
4.6. Traitement
4.7. Saisie et analyse statistique des données
4.8. Aspects éthiques et déontologiques
5. RESULTATS
6. DISCUSSION
7. CONCLUSION 

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