Evaluation du niveau d’exposition des consommateurs

Evaluation du niveau d’exposition des consommateurs

Introduction 

Aujourd’hui, le développement de l’agriculture s’est accompagné, partout dans le monde, avec l’utilisation des produits phytosanitaires. Selon un rapport destiné à la FAO, le PNUE et l’OMS, 1 à 3% des travailleurs agricoles dans le monde sont victimes d’empoisonnement aiguë par les pesticides, parmi lesquels au moins un (01) million doivent être hospitalisés chaque année (Environnnemental Justice Foundation et coll, 2007) . En outre, les cas d’intoxication aigue par un pesticide représentent une morbidité et une mortalité conséquente dans le monde. Les pays en développement sont particulièrement vulnérables en raison d’un manque de système de surveillance, d’application des règles de bonnes pratiques phytosanitaires, de formation et d’une insuffisance d’accès aux systèmes d’information (Thundiyil et coll, 2008) . En effet, les résidus de pesticides retrouvés dans l’alimentation à une forte concentration sont un risque pour la santé des consommateurs (FAO, 2007) . Ainsi, selon la FAO, près 750.000 personnes sont atteintes chaque année de maladie chronique telle que le cancer suite à une exposition chronique aux pesticides. D’ailleurs, plusieurs pathologies liées en découlent telles que des malformations congénitales, des troubles neurologiques et de la reproduction et une déficience du système immunitaire. Au Sénégal, comme dans beaucoup de pays en voie de développement, les pesticides sont utilisés de manière abusive et irrationnelle, ce qui peut poser un problème sanitaire. De plus, (cinq) 05 des dix (10) pesticides qui contaminent le plus la nappe phréatique (diuron, aldicarbe, metolachlore, hexazinone et atrazine) sont utilisés au Sénégal (THIAM, 2010). A Dakar l’agriculture périurbaine de la zone des Niayes fournit plus de quatre-vingt pour cent (80%) de la production totale de légumes et quarante pour cent (40%) de fruits. Toutefois, au Sénégal l’agriculture reste le domaine d’activité qui utilise le plus de produits chimiques. Cette utilisation a permis d’augmenter les rendements mais a aussi entrainé des effets néfastes sur la santé humaine et l’environnement (Ngom et coll, 2012). Cependant, la présence des résidus de pesticides dans les produits agricoles vendus au Sénégal constitue un problème majeur de santé publique.Cela est dû par l’usage abusif de pesticides qui contaminent les produits maraîchers dans les Niayes et participe ainsi à l’élimination des insectes non cibles nécessaires pour l’environnement et pour l’homme. L’objectif principal de notre étude est d’évaluer le niveau d’exposition des consommateurs aux pesticides retrouvés dans le chou commercialisé au niveau des marchés de Thiaroye et Castors. Les objectifs spécifiques de notre étude consistent à : 1. Procéder à une enquête de consommation ; 2. Déterminer la teneur en résidus de pesticides du chou et apprécier sa conformité aux normes du Codex Alimentarius sur les LMR de pesticides; 3. Comparer le niveau d’exposition avec la valeur toxicologie de référence (DJA). Le mémoire est structuré comme suit :  Une partie bibliographie dans laquelle nous allons parler du chou et des pesticides chimique ;  Une partie expérimentale comportant le matériel et les méthodes utilisées ainsi qu’une présentation des résultats avec leurs discussions respectives ;  Enfin une conclusion et des recommandations.

Position systématique du chou Brassica oleracea 

Le chou, d’origine européenne s’est implanté un peu partout dans le monde. Ce légume est connu dans toutes les régions tropicales et dans celle de l’Afrique centrale et orientale(Nyabyenda, 2007). Le chou (Brassica oleracea), de la famille des crucifères, est une plante des régions tempérées. De nombreuses formes sont connues comme choux pommés à feuilles lisses ou cloquées, choux de Bruxelles, chou-fleur, brocoli. La culture du chou pommé cabus (Brassica oleracea var. capitata) peut se faire sous plusieurs latitudes. En zone tempérée, la plante possède une rusticité suffisante pour résister à de nombreuses maladies. Dans les régions tropicales, le chou est plus menacé et les règles de la production et protection intégrée y trouvent une place importante. Pour la saison chaude et humide, de plus en plus de variétés hybrides existent. Le chou pommé se développe bien dans les sols riches en matières organiques à pH proche de la neutralité (6,5 à 7,5). Le chou est tolérant vis-à-vis de la salinité et du chlore mais ne pousse pas dans un milieu où le cuivre est en excès. Il est exigeant en fumure, surtout azotée et préfère une bonne humidité du sol et de l’air (Beniest et coll, 1987). Photo 1 : chou pommé 

Propriétés pharmacologiques du chou

 Le chou est un légume accessible durant toute l’année, et constitue une importance économique. Le chou se consomme généralement sous forme cuit ou cru pour la salade (Grubben, 2004). Au moyen âge, ce légume était surnommé le médicament des pauvres. Il y a très peu des légumes qui ont des effets aussi bénéfiques pour notre santé. L’intérêt majeur de ce légume est sa capacité à réduire l’incidence du cancer du côlon. On pense que certain de ses composés accélèrent le métabolisme des œstrogènes et par conséquent réduisent l’incident des cancers du sein, de l’utérus et des ovaires (Periault, 2010). Le chou est aussi une source des multitudes vitamines telle que (les vitamines C, E, D, K) et en beta carotène (précurseur de la vitamine A), ce qui permet de diminuer le risque de cataracte. Cru, il est une bonne source d’acide folique. Une carence en cette vitamine (acide folique) pendant la grossesse est responsable de malformation chez le fœtus. Le chou guérit certains ulcère réduit aussi le risque des maladies cardiaques, soulage certains problèmes de peau et les rhumatismes. En plus de tous cela ce légume est pauvre en calorie (Livernais-Saettel, 2000). Les feuilles sont employées comme légume ou en salade et elles sont aussi mangées par les animaux. Au Sénégal les choux représentent une partie importante de la consommation de légumes verts. La production annuelle du chou est de 55000 tonnes (l’horticulture, 2013). Le chou entre dans la préparation de plusieurs plats consommés par les sénégalais tel que : « Thiou (riz + sauce ognon à la tomate) », « Thiep bou dieune (riz au poison) », 6 « Domoda (riz + sauce à la farine», « Thiou carrie» et « Thiep diaga» (riz au poison + sauce ognon). Les Niayes constituent la principale zone agro-écologique de production des légumes tels que le chou qui joue un rôle très important dans l’économie du Sénégal. Située le long du littoral nord du Sénégal, la zone agro-écologique des Niayes s’étend sur une longueur de 181 Km du sud au nord (de la région de Dakar à celle de St-Louis) et sur 10 à 30 Km d’ouest en est. C’est la deuxième zone d’exploitation agricole après le bassin arachidier (Cissé et coll, 2006). Il existe un nombre considérable de variétés de divers noms, chacune présentant des caractéristiques du point de vue de la résistance aux attaques, de la capacité de conservation entre autres. Les variétés les plus utilisés sont :  Le Tropica Cross du fait de sa résistance à l’hivernage.  Le Tropicana est propice à la période chaude. Le chou est cultivé tout au long de l’année et il est accessible dans des différents marchés par exemple les grands marchés (Keur Abdou Ndoye, bords champ) et le marché de détail (Thiaroye et Castor). Toutefois, dans ces zones plusieurs acteurs sont présents dans le système de commercialisation des produits maraichers ; ainsi les producteurs et les grossistes vendent par sac de 30 à 40 kg alors que les détaillants revendent les produits par pesée ou par tas.

Les Pesticides

Généralités sur les pesticides chimiques 

 Définition 

On entend par « pesticide » toute substance ou association de substances chimiques ou biologiques, qui est destinée à prévenir, détruire, repousser ou combattre les organismes nuisibles y compris toute espèce indésirable de plantes ou d’animaux. Les nuisibles sont responsables des dommages durant la production, le stockage, le transport, la distribution et la préparation d’aliments, de denrées agricoles ou de produits pour l’alimentation animale. Le pesticide englobe les substances utilisées comme régulateurs de la croissance végétale, défoliants, dessiccateurs, agents d’ébourgeonnement ou inhibiteurs de germination, ainsi que substances appliquées aux cultures avant ou après la récolte pour protéger le produit contre toute détérioration pendant l’entreposage et le transport. 7 Ce terme exclut normalement les engrais, les éléments nutritifs destinés aux plantes et aux animaux, les additifs alimentaires et les médicaments vétérinaires (FAO, 2014). II.2.Classification des pesticides Il existe une grande variété de produits phytosanitaires qui sont disponibles sur le marché, et qui sont indispensables à la production agricole. Le marché mondial de pesticide représente environ 40 milliards de dollars. De plus, les diversités et les quantités utilisées diffèrent d’un pays à l’autre (Observatoire des résidus de pesticides, 2007). L’agriculture Sénégalaise emploie annuellement en moyenne 598 tonnes de pesticides solides et 1336560 litres de pesticides liquides pour une valeur de près de 10 milliards de franc CFA (Diouf et coll, 2007). La classification des pesticides peut se faire selon plusieurs méthodes :

La classification selon le type de ravageur 

On distingue selon cette classification

Les insecticides : ils sont utilisés pour la protection des cultures contre les insectes ;  Les herbicides : ils sont destinés à contrôler les végétaux rentrant en concurrence avec les plantes à protéger en ralentissant leur croissance ;  Les fongicides : ils permettent de combattre la prolifération des maladies plantes provoquées par des champignons ;  Les bactéricides : ils sont utilisés pour éliminer la croissance des bactéries ;  Les nématicides : sont utilisés pour éliminer les nématodes ;  Les acaricides : sont utilisés contre les acariens ;  Les molluscides : sont utilisés contre les mollusques ;  Les rondenticides : éliminent les rongeurs. 

 Classification chimique 

La classification chimique tient compte des principales familles chimiques des pesticides. 1. Les organochlorés Les pesticides organochlorés sont des composés chimiques de synthèse ayant une structure généralement cyclique et possédant un ou plusieurs atomes de chlore.Ce sont des substances chimiquement stables, présentant une rémanence assez conséquente dans le sol (plus de 10 ans), polluant ainsi l’environnement. Les organochlorés ont un fort pouvoir bioaccumulatif et une lipophile marqués, ils ont tendance à s’accumuler surtout dans le tissu adipeux, le foie, le système nerveux central et à contaminer la chaine alimentaire. Parmi les insecticides organochlorés nous pouvons citer l’Heptachlore, l’HCB (Hexachlorobenzène), le DDT (Dichlorodiphényltrichloroéthane) qui ont des effets nocifs sur la santé humaine, ainsi considérés potentiellement cancérigènes et susceptibles d’entrainer des perturbations endocriniennes. C’est pour cette raison que ces substances sont interdites et classées parmi les polluants organiques persistants (POP) par la convention de Stockholm. Les organochlorés provoquent l’apparition des troubles neurologiques ainsi que des altérations biologiques au niveau du foie (Baldi et coll, 2013) . L’exposition des organochlorés par l’eau est moindre (solubilité faible dans l’eau), par contre l’exposition de ces pesticides est très importante par ingestion des aliments riches en graisses animales (Frery et coll, 2013). La plupart d’entre eux agissent par contact ou par ingestion et ne sont pas biodégradable.

Les organophosphorés

Les organophosphorés (OP) ce sont des dérivés de l’acide phosphorique, la plupart des composés étant peu rémanent dans l’environnement. Les OP sont très lipophiles, franchissent la barrière hematoencephalique ainsi inhibant toute l’activité de l’acétylcholine (Thabet et coll, 2009). La pénétration dans l’organisme des OP est possible par toutes les voies: digestive, respiratoire, conjonctivales et percutanée. En milieu professionnel, la peau représente la voie de contamination prédominante: plus que les mains ou les avant-bras, la tête, le cou et les plis représentent les sites privilégiés d’absorption. Les OP se distribuent dans tous les tissus; ils traversent facilement la barrière hématoméningée. Les composés les plus liposolubles comme le diazinon, le Fénitrothion ou le parathion font l’objet d’un stockage dans les graisses, à l’origine de phénomènes de redistribution expliquant des symptômes retardés et des évolutions prolongées. Les thiophosphates (-P=S) doivent subir une activation métabolique par les cytochromes P450 hépatiques pour donner des oxons (-P=O) et disposer d’une activité anticholinestérasique : ainsi, le chlopyriphos est biotransformé en chlorpyrifosoxon, le malathion en malaxon, etc. 9 Les molécules-mères et métabolites actifs sont ensuite rapidement hydrolysés, avec formation d’alkylphosphates et de divers dérivés hydrosolubles qui sont conjugués (acide glucuronique, sulfate, glycine) et éliminés dans les urines, et à un moindre degré, dans les selles : Pnitrocrésol pour le Fénitrothion, P-nitrophénol pour le parathion, etc. Il n’y a pas d’accumulation significative pour la majorité des composés, plus de 80% de la dose absorbée est éliminé dans les 48 heures, du moins lors d’expositions faibles ou modérées. Lors d’une ingestion massive, au contraire, les métabolites peuvent être détectés dans les urines pendant plusieurs semaines, du fait d’un relargage de l’OP à partir du tissu adipeux (Testud et coll, 2007).

Les carbamates

Les carbamates sont dérivés de l’acide carbamique, ils sont inhibiteurs directs des cholinestérases (l’enzyme qui régule l’acétylcholine). La cinétique des carbamates anticholinestérasitiques est voisine de celle des OP : absorption digestive très rapide et quasi complète, bonne pénétration percutanée, absorption respiratoire négligeable compte tenu de la non-volatilité de la plupart des dérivés et de la taille des gouttelettes d’aérosols générées par les pulvérisateurs, arrêtés au niveau des voies aériennes supérieures. En milieu industriel de production et en milieu agricole, l’absorption systématique résulte d’une déglutition des microparticules inhalées, de fautes d’hygiènes (port à la bouche des mains contaminées) et surtout d’une pénétration de l’insecticide à travers la peau. La distribution se fait dans tous les organes et tissus; les carbamates franchissent le placenta. Ils sont totalement et rapidement métabolisés, en moins de 24 heures, par des réactions d’hydrolyse, d’oxydation (cytochromes P-450) et de conjugaison. L’aldicarbe-sulfoxyde, principal métabolite de l’aldicarbe, est plus actif que la molécule mère. A l’exception du thiodicarbe, qui nécessite une activation métabolique, les carbamates sont des inhibiteurs directs des cholinestérases. Il n’y a pas d’accumulation dans l’organisme; les métabolites sont éliminés dans les urines. Ainsi, les carbamates ne sont pas génotoxiques ni reprotoxiques expérimentalement, les études de cancérogenèses animale sont négatives pour la plupart des dérivés (Testud et coll, 2007).

Table des matières

Liste des abréviations, sigles et acronymes
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des annexes
Résumé
Introduction
Première partie : Etude bibliographique
I. Le Chou
I.1. Position systématique du chou Brassica oleracea
I.1.1. Systématique
I.2. Importance et utilisation du chou
II. Les Pesticides
II.1. Généralités sur les pesticides chimiques
II.1.1. Définition
II.2.Classification des pesticides
II.2.1. La classification selon le type de ravageur
II.2.2. Classification chimique
1. Les organochlorés
2. Les organophosphorés
3. Les carbamates
4. Les pyréthrinoïdes
II.2.Toxicité des pesticides
La toxicité aiguë
La toxicité chronique
II.3. Profil toxicologique des pesticides retrouvés dans le chou
II.4. Règlementation des pesticides
II.4.1. Règlementations internationales
II.4.2. Règlementation nationale
II.5. Risque pour le consommateur
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXPERIMENTAL
III. Cadre d’étude
IV. Matériel et Méthodes
IV.1. Matériel végétal
IV.1.2. Matériel du laboratoire
IV.2. Méthodes
IV.2.1. Méthodes d’échantillonnage
IV.2.A. Zone d’échantillonnage : marchés de Castor et de Thiaroye
IV.2.B. Echantillonnage du chou s’est déroulé comme suit
IV.2.2.Méthode d’enquête de consommation du chou
IV.2.3. Méthode de calcul du niveau d’exposition des consommateurs aux pesticides
IV.2.4.Méthodes d’analyses de résidus de pesticide : QuECHERS
IV.2.5. Lecture
V. Résultats
V.1. Consommation moyenne du chou
V.1.2. Analyse de la teneur en résidus de pesticides du chou
V.1.3. Niveaux d’exposition aux pesticides retrouvés dans le chou
VI. Discussion
Conclusion et Recommandations
Bibliographiques

 

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