Evolution de la terre comme matériau de construction

EVOLUTION DE LA TERRE COMME MATERIAU DE CONSTRUCTION

On peut considérer l’adobéton comme la dernière étape dans l’évolution du “matériau terre” lors- qu’il est destiné à la construction de bâtiments. Ces étapes sont (voir tableau 1) : a) la terre crue, b) la terre stabilisée, c) la terre “bicouche”, d) l’adobéton.

La terre crue

Dans la grande majorité des cas (sur l’ensemble de la planète), la terre crue est mise en oeuvre sous. forme de blocs moulés à forte humidité et maçonnés après quelques jours de séchage. Le nom donné internationalement à ces blocs est “adobe” ; mais en Afrique, les deux principaux noms vernaculaires sont “banco” (en Afrique de l’Ouest) et “briques de poto-poto” ‘k‘k* ou même tout simplement “poto-poto” (dans un pays comme le Tchad, par exemple).

La terre stabilisée

Après la seconde guerre mondiale, diverses tentatives ont été faites en plusieurs parties du monde pour améliorer la qualité et la durabilité des constructions en terre. Elles ont été conduites selon deux axes :

* l’amélioration du matériau (par adjonction d’un stabilisant, en général du ciment, parfois de la chaux ou du bitume, plus rarement d’autres produits comme la gomme arabique ou même des hydrophobants de synthèse) ; l’amélioration du bloc des points de vue de la géométrie et de la résistance mécanique (par com- pression du matériau dans des presses, soit manuelles, soit plus ou moins mécanisées).
Il est à noter que cette double évolution a imposé un changement des terres utilisées, les terres fines des adobes se prêtant beaucoup moins bien que les terres plus grenues à des mélanges avec un stabilisant et, surtout, à une compression mécanique. D’où les deux corollaires de cette évolution : a la sélection géotechnique des terres dans des carrières ou des gîtes à matériaux, souvent éloignés des chantiers ; et donc la nécessité
d’un chargement, d’un transport et d’un déchargement pour le principal matériau de la construction à réaliser ; ‘k l’introduction de matériels spécifiques : presses, mais aussi pulvérisateurs, cribles, malaxeurs (3) qui sont non ou malaisément fabricables localement et, dans tous les cas, beaucoup plus onéreux que les moules en bois traditionnels !
Cette double évolution n’a donc pas conduit à un remplacement des constructions traditionnelles en adobe, mais a généré un nouveau type de constructions, certes de meilleure qualité, mais aussi de coût nettement plus élevé. Comme il existe par ailleurs d’autres tech- niques fortement concurrentielles (comme le parpaing de sable- ciment par exemple), on comprend que les constructions en B.T.S. (Blocs de Terre Stabilisée) aient du mal à se développer depuis une trentaine d‘années.

La terre bicouche

Dès le milieu des années 70, à l’E.I.E.R., on a procédé à une première critique de l’évolution sus- indiquée : au fond, à quoi sert le stabilisant ?
Cet exercice que l’on peut qualifier d’analyse fonctionnelle a débouché sur les résultats suivants : * le stabilisant améliore la durabilité ù la pluie. Mais cette amélioration est toute relative et loin d’at- teindre l’inaltérabilité (réelle ou supposée) des constructions “en dur” ; ‘K le stabilisant améliore la résistance mécanique de la terre, surtout si celle-ci vient à s’humidifier. Mais il n’est pas nécessaire dans la mesure où la terre est destinée à des constructions : – en rez-de-chaussée (vu le très faible niveau des contraintes : moins de 1 bar),- et adéquatement protégées contre l’humidification de leurs murs. En d’autres termes, le stabilisant tel qu’employé classiquement dans le BTS n’est pas utile pour la grande majorité des constructions en Afrique (qui sont en rez-de-chaussée) à condition de protéger les murs contre : O les remontées capillaires, O les infiltrations par la toiture, et O la pluie. Les deux premiers phénomènes pouvant être efficacement combat- tus par des dispositions constructives simples (à base de films polyanes ou autres), l’E.I.E.R. a principalement travaillé sur la durabilité des blocs à la pluie. Pour ce faire, elle a mis au point un bloc “bicouche” dans lequel le stabilisant est concentré sur la face verti- cale qui sera soumise aux intempéries. Il comprend donc : :k une couche “surstabilisée” extérieure, de 3 ou 4 cm d’épaisseur, qui protège une “couche” non-stabilisée (en fait, le reste du bloc, beaucoup plus épais).

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