Impacts émotionnels de l’orientation sur l’identité

Le rapport au savoir

Comme nous venons de l’expliciter, le rapport au savoir est en lien avec le sentiment d’efficacité personnelle. C’est pourquoi nous le plaçons à cet endroit. C’est également un concept qui est très souvent revenu lors de nos entretiens. Tout d’abord, selon Charlot (2002) « on ne dispose pas actuellement d’une théorie du rapport au savoir suffisamment bien établie pour que la recherche puisse prendre appui sur des fondements solides et stables. » (p. 8) Malgré ces propos, nous allons tout de même définir ce concept d’après les lectures que nous avons effectuées. Dans l’oeuvre de Charlot, on peut découvrir qu’il existe trois formes de rapport au savoir. Il les a mises en évidence avec l’aide de Bautier et Rochex (1992). La première forme consiste à « s’approprier un objet virtuel (le « savoir ») » (p. 80) qui est symbolisé « dans des objets empiriques (les livres par exemple) » (p. 80), « abrité dans des lieux (l’école) » (p. 80) et « possédé par des personnes qui ont déjà parcouru le chemin (les enseignants) » (p. 80). Apprendre signifie donc acquérir du savoir dont on ne dispose pas encore mais qui existe au travers des objets, des lieux et des personnes. Ces dernières ont le rôle d’accompagnant car elles ont déjà suivi le chemin qu’un individu a à parcourir pour s’approprier un nouveau savoir.

La seconde forme est le rapport identitaire au savoir. En effet, « tout rapport au savoir comporte également une dimension identitaire. » (p. 84) Cela signifie que lorsqu’une personne apprend quelque chose, quelle que soit la forme sous laquelle le savoir se présente, il y a continuellement la construction et l’image de soi. « L’enfant et l’adolescent apprennent pour conquérir leur indépendance et pour devenir « quelqu’un ». » (p. 85) Le rapport au savoir est également en lien avec le rapport à l’autre. En effet, l’autre est la personne qui aide un individu à comprendre les mathématiques. Cet autre est soit admiré, soit détesté. La dernière est le rapport social au savoir. Dans cette forme, il y a deux points. Le premier explique que le rapport social au savoir est en lien avec « l’identité du sujet » ainsi que son «être social ». C’est-à-dire que « l’identité sociale induit des préférences quant aux figures de l’apprendre mais l’intérêt pour telle ou telle figure de l’apprendre contribue à la construction de l’identité. » (p. 87) Le deuxième point est le fait de « comprendre le rapport d’un individu au savoir. » (p. 87) Pour cela, il faut tenir compte de l’identité sociale d’un individu ainsi que l’évolution du marché du travail et du système scolaire.

La reconnaissance

Selon Dejours (1993), la reconnaissance joue un rôle dans la construction de l’identité d’un individu. La reconnaissance est également une source de motivation et de satisfaction (Bourcier et Palobart, 1997). Pour Todorov (1995), la reconnaissance est ce qui fait qu’un individu entre dans l’existence dite humaine. Une personne est reconnue lorsqu’elle réalise une action et que celle-ci est constatée par un semblable. Cela signifie que ce dernier lui accorde une place. Lorsqu’un enfant transforme son monde environnant ou s’il imite un adulte, il sera reconnu comme l’acteur de ses actions, ceci lui donnera une certaine existence. Todorov dit que « toute coexistence est une reconnaissance. » (p. 95) La reconnaissance peut avoir plusieurs natures : « matérielle ou immatérielle, de la richesse ou des honneurs, impliquant ou non l’exercice du pouvoir sur d’autres personnes. » (p. 96) La volonté de reconnaissance peut également être consciente ou inconsciente. Les individus ressentent le besoin de reconnaissance dans différents domaines tels que : le plan professionnel, les relations personnelles, l’amour et l’amitié. Si une personne s’est beaucoup investie dans le domaine public et n’a pas de reconnaissance en retour, elle se sentira dépouillée d’existence. Un enfant est reconnu pour la première fois par des personnes qui ont une certaine autorité sur lui, tel que ses parents. Par la suite l’enfant sera reconnu par des membres de la société tels que les enseignants. Concernant les enseignants, ils sont reconnus au travers des élèves car ceux-ci ont besoin d’eux.

Toujours selon Todorov, un individu peut être sa propre source de reconnaissance. Il peut le faire soit : En allant dans la voie de l’autisme, en refusant tout contact avec le monde extérieur, soit en développant son orgueil et en se réservant le droit exclusif d’apprécier ses propres mérites, soit en suscitant en soi une incarnation de Dieu qui serve à approuver ou désapprouver nos conduites. (p. 98) Il y a deux sortes de reconnaissance, qui s’opposent entre elles. La première est la reconnaissance de conformité, c’est-à-dire qu’un individu est considéré comme étant semblables aux siens. La seconde sorte est la reconnaissance de distinction, c’est-à-dire qu’un individu est considéré comme étant différent de ses pairs. Il existe également une sorte de reconnaissance qui est propre à l’enfance. C’est ce qu’il se passe lorsque des enfants se conforment aux autres, par exemple lorsqu’ils s’habillent comme le reste de la classe afin de faire partie d’un groupe. Il existe plusieurs formes de reconnaissance, mais également deux étapes. La première est « la reconnaissance au sens étroit », c’est lorsqu’un individu reconnaît sa propre existence. La seconde est appelée « processus de confirmation » et consiste à confirmer sa propre valeur. Ces deux étapes sont en liens. En effet, la deuxième ne peut être atteinte que si la première l’est également. Dans le concept de reconnaissance, il peut y avoir des défaillances.

Celles-ci sont au nombre de deux : le rejet et le déni. Le rejet correspond à une contestation d’un jugement alors que le déni correspond à refuser qu’il y ait eu un jugement. La reconnaissance est donc une relation entre deux personnes qui est dite asymétrique. En effet, une des deux personnes reçoit la reconnaissance et l’autre la donne. Le fait d’être en interaction avec une autre personne et « non plus au regard d’autrui » (p. 102) procure également de la reconnaissance qui est soit directe ou indirecte. Le vecteur : De la reconnaissance directe reçoit les bénéfices d’une reconnaissance indirecte. Se sentir nécessaire aux autres fait qu’on se sente soi-même reconnu. L’intensité de cette reconnaissance est, en règle générale, supérieure à celle de la reconnaissance directe. (pp. 102-103) Encore selon Todorov, la reconnaissance sociale amène un individu à désirer occuper une place qui lui a été attribuée, comme cela il a l’impression d’appartenir à un groupe et ainsi d’avoir une existence sociale. Nous pouvons illustrer ce propos par l’exemple suivant : « le fils de paysan deviendra paysan et aura par là même acquis le sentiment d’être reconnu. » (p. 105)

Profil des interviewés et brève description de leur parcours

En ce qui concerne notre choix pour les interviewés, nous avons privilégié le « bouche à oreille » par le biais des réseaux sociaux ainsi que nos connaissances. Nous avons posté cette annonce : « Nous recherchons pour notre travail de Bachelor, des personnes de tout milieu professionnel ayant suivi leur scolarité dans une voie à options ou générale qui suivent actuellement des études de niveau tertiaire ou qui ont obtenu un titre universitaire. Il s’agirait de partager cette expérience lors d’un entretien ». Ainsi, trois personnes nous ont contactées pour participer à notre recherche. Nous avons pris le temps d’étudier la pertinence de leur parcours pour notre recherche et les avons sélectionnées. Il s’agit de personnes habitant dans le canton de Vaud, et qui ont entre 20 et 30 ans. Ces personnes ont été orientées selon le système EVM. Afin de garder l’anonymat de ces personnes nous leur avons donné des prénoms d’emprunts, à savoir : Sophie, Léa et Marc. Dans les quelques lignes qui suivent, nous allons décrire brièvement le parcours de ces personnes. Sophie a été la première à être interviewée. Durant sa scolarité obligatoire, elle n’a jamais rencontré de difficultés scolaires. Elle a été orientée en VSG puis est allée au gymnase en voie diplôme. Après avoir reçu son certificat de culture générale, elle a prolongé son gymnase en faisant la maturité sur deux ans. Sophie se trouve actuellement à l’université de Lausanne en première année de psychologie. Léa a été orientée en VSO, mais après une première année sans difficultés, elle a été réorientée en VSG. Elle a effectué ses dernières années d’école obligatoire dans cette voie. Après l’obtention de son diplôme, elle a fait le RAC sur une année afin d’avoir l’équivalent du certificat de VSB. Ensuite elle est allée au gymnase en voie maturité. Elle a terminé sa formation d’enseignante à la HEP BEJUNE cet été. Marc a fréquenté une école privée depuis la 6ème année. Il a vécu différents rebondissements durant ses années d’école obligatoire. En effet, il a voyagé entre les différentes voies dans son école privée sans pouvoir trouver ce dont il avait besoin pour réussir. Sous les conseils de ses parents, Marc a décidé de se concentrer sur des examens lui permettant de rejoindre le gymnase public plutôt que de réussir les examens de son école privée. Il a réussi ces derniers et a fini par rejoindre l’université.

Table des matières

1. Introduction
1.2 Question de recherche et hypothèse
2. Cadre théorique
2.2 L’orientation
2.2.1 L’orientation dans le canton de Vaud
2.3 La motivation
2.3.1 Motivation intrinsèque
2.3.2 Motivation extrinsèque
2.4 Le sentiment d’efficacité personnelle
2.5 Le rapport au savoir
2.6 L’identité
2.7 La reconnaissance
3. Méthodologie
3.1 Plan de recherche
3.2 Technique de récolte des données
3.3 Profil des interviewés et brève description de leur parcours
3.4 Dépouillement des données recueillies et préanalyse
4. Présentation et analyse des résultats
4.1 Impacts émotionnels de l’orientation sur l’identité
4.2 La motivation de s’engager dans un autre parcours scolaire
4.3 L’importance du soutien des proches et des autruis significatifs
4. 4 Reconnaissance des autruis significatifs
5. Synthèse des résultats
6. Conclusion
7. Bibliographie
7.1 Sitographie
Annexes
Annexe 1 : Tableau récapitulatif des votations de 2011
Annexe 2 : Cadre Général de l’Evaluation (CGE)
Sara Bindith et Coralie Schouwey Décembre 2014
Annexe 3 : Pyramide de Maslow
Annexe 4 : Récits biographiques
Coralie
Sara

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