Indicateurs de changement climatique en forêt

Définitions, typologie et caractéristiques des indicateurs

De façon générale, un indicateur :
– est une information (ou variable) associée à un phénomène et permettant d’en indiquer l’évolution dans le temps de façon objective (site internet de l’ONERC );
– peut s’appuyer sur une mesure quantitative, qualitative ou descriptive (d’après Ministry of agriculture and Forestry, 1996), même si la préférence est souvent donnée aux mesures quantitatives ;
– doit être suffisamment simple, politiquement et scientifiquement pertinent, utiles, mesurable et comparable (d’après Montagne-Huck et Niedzwiedz, 2011).
Typologie des indicateurs
Dans sa formulation initiale, le projet SICFOR prévoyait d’explorer trois groupes d’indicateurs :
1. les indicateurs (bio)climatiques pertinents, basés sur des seuils réputés potentiellement dommageables pour les arbres forestiers.
2. les indicateurs d’impacts constatés du changement climatique sur les forêts ;
3. les indicateurs de vulnérabilité des forêts).
Un quatrième groupe, les indicateurs d’adaptation, étaient mentionné pour mémoire, leur mise en œuvre étant suggérée pour une étape ultérieure.
Ces objectifs ont été discutés en concertation avec les experts lors de la réunion de lancement. Les indicateurs de vulnérabilité ont fait particulièrement débat en raison de la difficulté de définir précisément la vulnérabilité, et cette piste de réflexion n’a pas été poursuivie. Elle mériterait sans doute de l’être, en se basant sur des indicateurs biologiques qui évoluent dans le temps et déterminent l’importance de certains impacts. A titre indicatif, on peut citer l’augmentation de biomasse dans les peuplements ce qui les rend plus vulnérables en cas d’incendie, ou de la hauteur des arbres qui rend les peuplements plus vulnérables aux tempêtes.
A contrario, il a été jugé opportun de lancer dès à présent une réflexion sur les indicateurs d’adaptation de la gestion forestière au changement climatique.
Les indicateurs d’impact (2) peuvent ensuite se sub-diviser en :
1. indicateurs d’impacts constatés ;
2. indicateurs d’impacts potentiels : ils indiquent les variations potentielles liées au changement climatique et, le cas échéant, les comparent aux changements constatés ;
3. indicateurs à seuil(s) : ils se traduisent par un effet non linéaire voire des ruptures une fois franchis certains seuils. Par exemple, des changements écologiques importants au-delà de certains seuils sont décrits dans le milieu marin et sont connus sous le nom de ecosystem regim shift (Gros, 2010).
Cette typologie a été proposée à l’issue d’un séminaire ONERC le 31 janvier 2011 consacré aux indicateurs de changement climatique. Les observations et analyses réalisées depuis une dizaine d’années confirment la pertinence des deux premiers types d’indicateurs (constatés/potentiels) comme la suite du rapport l’illustre, alors qu’il est plus difficile de proposer des exemples d’indicateurs à seuil dans le secteur forestier.

Caractéristiques d’un indicateur

Dans le cadre du projet, des options ont été prises par rapport à quelques questions importantes :
– à quelles échelles spatio-temporelles doivent être suivis les indicateurs ?
La variabilité interannuelle du climat impose de s’appuyer sur une ou plusieurs séries de données couvrant une période suffisamment longue pour dégager une tendance. C’est pourquoi l’ONERC emploie le terme « indicateur » pour des séries temporelles longues, d’au minimum 30 années et le terme « descripteur » pour les séries temporelles courtes. Dans le cadre de SICFOR, les experts ont considéré que l’échelle de temps est cruciale, mais qu’il est indispensable de mettre en place de nouveaux indicateurs pertinents pour des aspects non couverts même si la série temporelle disponible est inférieure à 30 ans. La question de l’échelle spatiale est à prendre avec un certain pragmatisme : des jeux de données représentatifs à l’échelle nationale reçoivent un intérêt particulier, mais des jeux de données régionaux ou locaux peuvent présenter un grand intérêt pour divers publics (surtout quand leur représentativité peut être évaluée) ;
– faut-il s’en tenir à des indicateurs basés sur des mesures ou prendre en compte des indicateurs issus des modèles ?
Les 25 indicateurs que présente actuellement l’ONERC sont tous issus de données mesurées. Dans le cadre de SICFOR, les experts ont considéré que la priorité devait être donnée aux indicateurs basés sur des mesures. Cependant, la reconstitution de séries passées plus longues que celles dont on dispose avec des modèles bien validés pourrait avoir un intérêt. Elle doit s’accompagner à l’attention du public d’une explication la plus claire possible ;
– faut-il que les indicateurs retenus traduisent des effets majoritairement causés par le changement climatique, ou élargir la gamme d’indicateurs à des effets dans lesquels différents facteurs interviennent ?
Cette question de l’attribution (à quoi attribue-t-on l’effet observé ?) est difficile à traiter de manière satisfaisante dans la recherche des indicateurs de changement climatique. Ce dernier peut être un élément dominant dans l’impact considéré ; l’indicateur reflète alors fidèlement un déterminant climatique, de manière directe et proportionnelle, ou selon des relations non linéaires. Plus souvent, le changement climatique est un des facteurs en cause, la part relative des différents facteurs est plus ou moins connue, l’importance du changement climatique est plus ou moins forte, mais évoluera plus ou moins à l’avenir. Si on se limite strictement à des indicateurs très fortement liés au changement climatique, cela conduit à restreindre très fortement le champ à certaines fonctions (typiquement la phénologie) et à écarter les fonctions qui sont la résultante de plusieurs influences importantes (ex. : productivité, santé) et, de fait, aussi les plus importantes pour la gestion des forêts. Sur un plan sémantique, on conçoit que l’expression « indicateur de changement climatique » n’est réellement pertinente que pour un indicateur très fortement lié au changement climatique et qu’il faut comprendre les autres comme des « indicateurs de fonctionnement des écosystèmes forestiers soumis, entre autres facteurs, au changement du climat ».

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