Intégration financière en Afrique

Intégration financière en Afrique

En raison de leur intégration financière limitée avec les marchés mondiaux, la plupart des pays africains n’ont pas été directement touchés par la crise financière mondiale. Avec l’avantage du recul, il pourrait être tentant de conclure que cette faible intégration financière était une bonne chose, et qu’il serait dans l’intérêt de l’Afrique de ne pas chercher à l’augmenter. Or, pour accroître son taux de croissance économique et faire reculer la pauvreté, il est indispensable que le continent développe ses systèmes financiers et les intègre au reste du monde. Les systèmes financiers africains sont moins développés que ceux d’autres régions, et les services financiers y desservent un nombre d’usagers moins élevé. La question n’est donc pas de savoir si les systèmes financiers doivent être intégrés, mais plutôt comment et à quel rythme pour faire en sorte d’éviter les difficultés liées à l’activité bancaire transfrontière auxquels se sont heurtés les pays avancés et émergents pendant la crise financière mondiale. : les accords de coopération financière régionale (la Communauté de l’Afrique de l’Est en est un bon exemple) et le déploiement de l’activité bancaire panafricaine. L’impact de cette intégration sur les mécanismes de transmission de la politique monétaire est examiné à la section 3. Enfin, il y a lieu de penser que l’essor de l’activité bancaire panafricaine soulève de nouvelles questions de stabilité financière, notamment quant au rôle de prêteur en dernier ressort des banques centrales des pays d’origine et d’accueil (section 4).

 Profondeur du système financier

L’efficacité de la politique monétaire en Afrique a longtemps été limitée par le manque de profondeur du système financier. Cela étant, il importe de noter que l’Afrique est un continent diversifié présentant, à cet égard, une grande variété de situations, allant des pays émergents, comme le Maroc et l’Afrique du Sud, aux pays en démarrage financier, comme le Tchad et la République démocratique du Congo, en passant par les pays en décollage (Ghana, Kenya et Ouganda). Les indicateurs de la profondeur du système financier – ratio crédit au secteur privé/PIB et intermédiation des dépôts/prêts (tableau 1) – sont bas par rapport à d’autres régions du monde. En Afrique, les systèmes bancaires se caractérisent, en outre, par une marge d’intermédiation relativement importante, signe d’une infrastructure financière lacunaire (agences de notation, par exemple), d’une faible concurrence entre banques nationales et du caractère risqué de l’activité de prêt conjugué à la fragilité des droits de propriété. Les conditions d’une politique monétaire efficace sont notamment le recours aux taux d’intérêt pour allouer l’épargne et le crédit, et la présence de marchés secondaires fonctionnant bien pour influer sur la valeur des grands indicateurs financiers, comme le taux d’intérêt interbancaire. L’intégration aux marchés internationaux joue un rôle dans l’arbitrage entre actifs financiers intérieurs et étrangers. Ce sont tous ces facteurs qui sont examinés ci-après pour évaluer l’impact sur la politique monétaire des récents développements observés dans les systèmes bancaires.

Plusieurs facteurs expliquent l’évolution des flux de capitaux transfrontières en Afrique ces dernières années. Premièrement, le continent a amélioré ses résultats macroéconomiques et les économies africaines ont fait preuve, pendant la récente crise financière mondiale, d’une plus grande résilience que par le passé (graphique 1). Les investisseurs étrangers sont plus optimistes quant à l’activité du secteur privé et au potentiel économique de l’Afrique. Deuxièmement, la circulation des flux s’est déplacée : d’un axe Nord-Sud, on est passé à un axe Sud-Sud, comme en atteste, en particulier, le rôle croissant des grandes économies émergentes.comme le Brésil, la Chine et l’Inde (graphique 2)2. Troisièmement, les marchés financiers d’Afrique présentent une intégration croissante, qui a été encouragée par des initiatives régionales, comme la Communauté de l’Afrique de l’Est et le déploiement des groupes bancaires panafricains. Ces groupes sont motivés par les perspectives d’expansion transfrontière, les possibilités de diffusion des services financiers et des compétences, le désir de soutenir la clientèle du pays d’origine sur les marchés étrangers, le fort relèvement des exigences de fonds propres dans les pays d’origine et la libéralisation des règles d’admission dans les pays d’accueil. Les flux bancaires transfrontières en Afrique constituent le thème central du présent document. les plus dynamiques en termes d’intégration financière régionale. C’est pourquoi elle est citée ici en exemple. Le Traité de la CAE, signé en 2000, engage les États participants à créer une union douanière (instituée en 2005), un marché commun (juillet 2010) et une union monétaire. Des progrès importants sont en cours en matière d’harmonisation de l’environnement réglementaire pour les services financiers et bancaires. En outre, des dispositions ont été prises pour mettre en place un système commun de paiement et de règlement, qui permettrait un règlement en monnaies locales.

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