La comorbidité schizophrénie et toxicomanie : Facteurs de risque et conséquences

La prévalence de la comorbidité schizophrénie et toxicomanie est de près de 50 % selon Les études épidémiologiques menées depuis le début des années 1990[1], Cette cooccurence fait aujourd’hui l’objet d’un large consensus. Cet intérêt trouve son origine dans les divers problèmes que pose cette comorbidité, dont les plus fréquents comprennent :
• Des hospitalisations plus fréquentes et plus longues.
• Mauvaise observance thérapeutique et mauvaise compliance.
• Une augmentation des conduites suicidaires.
• Une augmentation des actes médico-légaux et des conduites agressives.
• Isolement sociale et des graves problèmes interpersonnels.

Sur le plan national, La santé mentale et la toxicomanie constituent un véritable problème de santé publique. Plus de 200.000 personnes âgées de 15 ans et plus souffrent de la schizophrénie, et 2,8 % souffre d’une dépendance aux substances soit 2% de la population générale. Or les études sur les associations entre toxicomanie et troubles mentaux sont très rares, d’après une enquête réalisée en 2005 chez 93 malades hospitalisés à l’hôpital Arrazi de Salé, et qui a révélé que le cannabis est la première drogue consommée chez 41.3% des malades mentaux.

Les processus physiopathologiques de la comorbidité schizophrénie et toxicomanie sont mal connues. Les recherches actuelles s’orientent vers l’étude des mécanismes et structures cérébrales qui sont communs à ces deux affections, notamment ceux impliquant le système endo-cannabinoïde. Dans la littérature, trois modèles principaux ont été proposés en vue de rendre compte de la fréquence de cette comorbidité :
1. Le modèle de l’automédication, qui suggère que le schizophrène aurait recours aux SPA en vue de soulager certains symptômes clés, tels que les symptômes négatifs
2. le modèle de vulnérabilité, selon lequel la toxicomanie serait un facteur de déclenchement de psychoses latentes et un facteur d’aggravation de psychoses manifestes.
3. le modèle de facteurs communs, selon lequel des facteurs communs à la psychose et à la toxicomanie (exemples: personnalité, environnement, gènes, neurotransmetteurs, etc.) seraient à l’origine de la psychose et de la toxicomanie .

Généralités sur la toxicomanie

définition :
En 1950, un premier comité d’experts de l’OMS propose une définition de la toxicomanie : il s’agit d’«un état d’intoxication périodique ou chronique engendré par la consommation répété d’une drogue (naturel ou synthétique). Ses caractéristiques sont notamment :
1. Un invincible désir ou besoin (obligation) de continuer de consommer la drogue et à se la procurer par tous les moyens ;
2. Une tendance à augmenter les doses
3. Une dépendance d’ordre psychique et généralement physique à l’égard des effets de la drogue
4. Des effets nuisibles à l’individu et à la société. [18] La drogue est une substance toxicomanogène, Au début, sa consommation a procuré à l’utilisateur des sensations qu’il a apparentées à celles du plaisir. Alors le plaisir a fait place au besoin. La consommation qui s’est envolée, en dose et/ou fréquence, vise alors, surtout à prévenir l’inconfort, voire les affres, qui accompagnent le fait d’être privé de la drogue.ces troubles peuvent être essentiellement psychiques, mais ils peuvent se doubler de troubles physiques.

L’ampleur du problème 

À l’échelle mondiale :
On estime selon le rapport mondial sur les drogues publié par les Nations Unies en 2015, qu’un total de 246 millions de personnes, soit une personne sur 20 entre 15 et 64 ans, a consomme de la drogue illicite en 2013.

L’ampleur du problème mondial de la drogue devient plus évidente lorsqu’on tient compte du fait que plus d’un usager de drogues sur 10 est un usager problématique, souffrant de troubles lies à l’usage de drogues ou de toxicomanie. Autrement dit, quelque 27 millions de personnes, soit l’équivalent de la population entière d’un pays de la taille de la Malaisie, sont des usagers problématiques de drogues. Près de la moitie d’entre eux (12,19 millions) s’injectent des drogues, et on estime que 1,65 million d’usagers de drogues par injection vivaient avec le VIH en 2013.

À l’échelle nationale :
La consommation de drogues au Maroc a suivi la tendance mondiale, à la suite du cannabis, qui commence à être de plus en plus consommé dans les années 1960, c’est l’héroïne dans les années 1970, puis la cocaïne et le crack à partir des années 1980 et enfin les amphétamines et l’ecstasy dans les années 1990 qui, ensemble, forment désormais l’essentiel des produits ingérés ».

Selon les statistiques publiées en 2009 par le ministère de la Santé, 4.2% des marocains de moins de 17 ans ont un problème avec la drogue. Ils sont plus de 500000 usagers à consommer du cannabis. Ces chiffres peuvent être expliqués par l’accessibilité aux substances psychoactives dans notre pays .

La proximité géographique du Maroc avec l’Europe ainsi que les interactions multiples favorisées par les flux migratoires des populations contribuent, sans doute, non seulement à la diffusion de la consommation des drogues dures, notamment l’héroïne et la cocaïne, mais aussi à la diversification des modalités de consommation (drogues injectables). Au cours des dernières années, l’héroïne et la cocaïne sont devenues disponibles, avec une baisse considérable de leurs prix. Les résultats de l’Enquête Nationale de Prévalence des Troubles Mentaux et Toxicomanies réalisée en 2003 et celle de l’Evaluation Rapide des Risques VIH/Sida en rapport avec l’usage des drogues injectables réalisée en 2005, montrent que l’usage de ces deux substances est en augmentation depuis quelques années, avec une recrudescence des risques encourus par cette consommation : overdoses et transmission du VIH et hépatites .

Critères diagnostic de troubles de l’usage de substance : DSM V 

Selon le DSM V, Les diagnostics d’ABUS et de DÉPENDANCE sont abolis, et remplacés par une seule entité : «Trouble de l’usage de la substance X» .

Le seuil pour le diagnostic de trouble d’utilisation d’une substance du DSM-5 est fixé à deux critères ou plus (comparativement à un critère ou plus pour celui d’abus de substance et trois ou plus pour celui de dépendance du DSM-IV)

Les critères diagnostiques de troubles d’utilisation de substances selon DSM 5 :

La réduction du contrôle sur la consommation : (critères 1-4)
1. Quantités plus importantes ou pendant un période plus longue que prévu.
2. Exprimer un désir persistant de diminuer ou contrôler la consommation de substance et de multiples efforts infructueux peuvent être faits pour diminuer ou arrêter la consommation.
3. L’individu peut passer beaucoup de temps à obtenir la substance, à l’utiliser ou récupérer de des effets
4. Une envie impérieuse de la substance (Craving) : un fort désir ou un besoin pressant de consommer la substance qui peut se produire à tout moment et ce d’autant plus dans un environnement où la substance a été obtenue ou utilisé antérieurement .

Altération du fonctionnement social : (critères 5-7)
5. Incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école, ou au domicile.
6. Continuer à consommer la substance malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents causés ou exacerbés par les effets de la substance.
7. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs peuvent être abandonnées ou réduites à cause de la consommation de la substance.

La consommation risquée : (Critères 8-9)
8. . Consommation récurrente de la substance dans des situations où cela est physiquement dangereux.
9. Le sujet peut poursuivre la consommation de la substance bien qu’il sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la substance.

Les critères pharmacologiques : (Critères 10-11)
10. La tolérance, est définie comme le besoin d’augmenter nettement la quantité de la substance pour produire l’effet désiré ou une diminution nette de l’effet en cas d’utilisation d’une même quantité de la substance.
11. Le sevrage, est un syndrome qui se produit quand les concentrations sanguines ou tissulaires d’une substance diminuent à la suite d’une consommation massive et prolongée.

Table des matières

I‐ INTRODUCTION
II‐MATERIEL ET METHODES
1‐ Type de l’étude
2‐ Population
3‐ Fiche d’exploitation
4‐ Collecte des données
5‐ Considération éthiques
6‐ Méthodes statistiques
III‐ RESULTATS
1‐ Analyse descriptive
2‐ Analyse bivariée
IV‐ DISCUSSION
1‐ Généralité sur la toxicomanie
2‐ Généralité sur la schizophrénie
3‐ Hypothèses des liens de causalité entre la schizophrénie et la toxicomanie
4‐ Discussion de nos résultats
5‐ Les limites de l’étude
V‐ PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS
VI‐ CONCLUSION

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