La fonction d’introduction référentielle dans les récits des apprenants

La fonction d’introduction référentielle dans les récits des apprenants

Distribution des structures syntaxiques associées à la fonction d’introduction référentielle chez les apprenants

Le tableau VII-1 donne une vue d’ensemble de la distribution des formes linguistiques associées à la fonction d’introduction référentielle dans les récits des apprenants francophones et sinophones. En général, nous observons dans les récits en L2 les mêmes structures disponibles dans les L1, que nous répétons ici pour commodité : les tournures en AVOIR (« il y a un policier qui arrive ») ; la présentative de Perception (« on voit un policier (qui arrive) ») et les phrases construites autour du verbe ETRE (« c’est un policier (qui arrive) ») où le SN apparaît notamment au sein de la structure en c’est…(qui) à focus large en français L2 et en tant qu’argument du verbe copulatif en chinois L2. L’ordre inversé verbe-sujet (« arrive un policier ») n’est pas observé dans le corpus des apprenants, en dépit de sa disponibilité dans les L1. A côté des structures présentatives, nous observons l’emploi de l’ordre non marqué sujet-verbe, lequel peut comporter un SN préverbal défini (« la police arrive ») ou indéfini (« un policier arrive »). Enfin nous relevons des cas où le référent est introduit dans le discours en tant qu’objet du verbe (ex : « il a appelé la police ») et la construction passive (du type « elle est vue par une dame »), cette dernière étant documentée seulement en chinois L1 et dans les récits en français L2 des apprenants sinophones dans le contexte d’introduction référentielle Tout d’abord, les résultats montrent que les stratégies mobilisées pour assurer l’introduction des nouveaux référents dans le récit sont sensiblement différentes dans les deux groupes d’apprenants. Les structures présentatives en AVOIR ne représentent pas la tournure privilégiée par les apprenants sinophones en français L2, car nous en avons seulement 14 occurrences. Chez ces locuteurs, les nouveaux référents sont introduits dans le récit surtout au moyen de l’ordre non marqué S-V (29/75 introductions, soit le 38.6%). En revanche, dans les récits des apprenants francophones en chinois L2 nous observons une mobilisation massive des structures en AVOIR (39/75 introductions, soit le 52%). En même temps, chez ces locuteurs l’ordre non marqué S-V reste minoritaire, surtout si l’on compare à l’ensemble des structures présentatives (12% et 62.6% des introductions, respectivement). La présentative de Perception et, deuxièmement, la présentative en ETRE sont observées, mais l’ordre inversé V-S est absent dans le corpus des deux groupes d’apprenants. Les énoncés où le nouveau référent est introduit en tant qu’objet verbal sont employés en mesure égale dans les deux groupes de locuteurs. D’autre part, la construction passive – laquelle nous le rappelons n’est employée qu’en chinois dans les corpus des locuteurs natifs – n’est pas sélectionnée pour assurer l’introduction référentielle dans les productions des apprenants francophones et est marginalement employée dans ce contexte chez les apprenants sinophones de français L2. Lorsqu’on compare globalement tous les énoncés où le nouveau référent n’est pas introduit en tant que sujet de ceux où il l’est (comme illustré dans le tableau VII-3), ces derniers s’avèrent très minoritaires dans les productions en chinois L2 des apprenants francophones (12% contre 88%). En 376 revanche, dans les productions en français L2 des apprenants sinophones, le nouveau référent est introduit au sein d’une configuration S-V dans 61.3% des introductions. Maintenant nous analysons plus en détail les caractéristiques des récits dans chacune des deux L2, en commençant par le français L2 (7.1.1) pour ensuite nous tourner au chinois L2 (7.2.2).

Vue d’ensembles des récits des apprenants sinophones en français L2

Globalement, nous constatons que chez les apprenants sinophones de français L2 les nouveaux référents sont surtout introduits dans des énoncés à ordre canonique S-V : (VII.1) FR2_CH1 A ce moment-là un homme livrait une > un plateau de pains dans la boulangerie De plus, à part quelques cas de pontage inférentiel, nous verrons (dans la section 7.6.2) que les SN indéfinis constituent une portion importante de ces résultats (comme dans VII.1 ci-dessus). Parmi les structures présentatives, la structure en AVOIR est le moyen le plus fréquemment mobilisé (14 occurrences sur 23 énoncés où le nouveau référent est introduit par une structure présentative). L’exemple suivant comporte une structure en AVOIR biclausale : (VII.2) FR2_CH1 Donc # il y avait une femme qui est passée devant une boulangerie Cependant, comme nous le verrons (section 7.3.1), chez ce groupe de locuteurs la structure présentative en AVOIR prend le plus souvent sa forme monoclausale [AVOIR + SN], du type : (VII.3) FR2_CH1 derrière elle il y a un p’tit > il y a un camion Nous remarquons 8 occurrences de la présentative de Perception, où l’introduction référentielle se fait grâce à un introducteur comportant un élément de perception285 ; dans l’exemple suivant avec le verbe voir conjugué à la première personne : (VII.4) FR2_CH1 Tout d’abord je vois une fille avec les pieds nus Nous n’observons aucune structure présentative en c’est dans les récits des apprenants sinophones. Le seul exemple libellé « présentative en ETRE » est le suivant, que nous considérons assimilable aux formes figées en c’est du type « c’est l’histoire de SN » documentées dans les L1 (VII.6), voir le chapitre VI § 6.3.4 

Premier encodage des cinq personnages principaux dans les récits en L2

Comme nous l’avons fait pour les récits dans les L1 (chapitre VI § 6.2), dans cette partie nous décrivons les structures linguistiques mobilisées dans les récits en français et en chinois L2 pour introduire chacun des cinq personnages principaux. Ce choix, nous le rappelons, est justifié par le fait que les stratégies d’introduction peuvent varier selon la situation. Notamment, à part le personnage de la voleuse, qui est le nouveau référent non identifiable par excellence (7.2.1), certains référents sont susceptibles d’apparaître en tant que sujets préverbaux définis : nous nous referons aux référents du policier (7.2.5) et du boulanger (7.2.2). Pour d’autres le contexte sémantique en fait des patients prototypiques : c’est le cas de Chaplin287 qui est donc systématiquement encodé en tant qu’objet verbal – sans le recours à une structure présentative ni à l’ordre non marqué S-V (section 7.2.4). D’autres référents encore sont des référents entièrement non identifiables mais dont le contexte sémantique ou pragmatique déclenche un encodage spécifique selon la langue. C’est le cas du référent de la moucharde, qui nous offre donc un point de vue privilégié pour observer les stratégies adoptées dans les L1 (chapitre VI § 6.2.3), et, comme nous le verrons (en 7.2.3), les choix faits par les apprenants de ces langues. Ainsi, le tableau VII-5 montre la distribution des mêmes formes linguistiques disponibles dans les L1 (chapitre VI, tableau VI-2) telles qu’observées dans les récits des apprenants sinophones de français L2 (« FR2 » dans le tableau) et dans les récits des apprenants francophones de chinois L2 (« CH2 » dans le tableau) relativement à l’introduction de chaque personnage principal qui apparaît dans la vidéo (à savoir : la voleuse, le boulanger, la moucharde, Chaplin, le policier). Dans ce qui suit nous discutons ces données

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