LA NOTION DE RIZIPISCICULTURE 

LA NOTION DE RIZIPISCICULTURE 

 La rizipisciculture c’est la combinaison de la pisciculture et de la riziculture. Elle présente son historique, ses avantages et ses inconvénients qui sont décortiqués dans cette section. §1 Historique On combine la riziculture et la pisciculture depuis 2 000 ans dans certaines régions de l’Asie du Sud-Est, mais cet avantageux système cultural a été peu à peu délaissé à cause des pressions démographiques, de la diminution des stocks de poisson à l’état sauvage et de la révolution verte qui favorise une monoculture basée sur des variétés de riz à haut rendement, et à l’utilisation de pesticides et d’herbicides (toxiques pour le poisson). La rizipisciculture malgache semble avoir apparue vers 1900, lorsque des paysans ont commencé à collecter des poissons sauvages dans les cours d’eau, pour les placer dans des casiers de riz, dont ils avaient rehaussé les diguettes (VINCKE, 1975). Les espèces utilisées étaient composées de Carassius auratus et Eleotris legendrei. Avec l’introduction d’espèces à meilleure croissance comme la carpe miroir, cette forme de spéculation agricole s’est diffusée dans d’autres régions de l’île, et vers fin 1964, la rizipisciculture est pratiquée plus ou moins intensivement dans 4 régions (VINCKE, 1972) :  région de Manjakandriana : rizipisciculture sur environ 200 Ha  région d’Ambositra : environ 105 Ha  région de Betafo-Antsirabe : environ 1000 Ha  région d’Ampamaherana (Fianarantsoa) : environ 3 Ha Quant à la pisciculture d’étang, c’est vraisemblablement à partir de 1954 qu’elle a connu un véritable essor (VINCKE, 1972); cela coïncide avec la période où le Service des Eaux et Forêts entreprit de gros efforts, afin de développer cette activité dans l’île, avec l’introduction de différentes espèces de tilapias, la vulgarisation de la pisciculture familiale (KIENER, 1956) et la construction de stations piscicoles. Le nombre d’étang progresse rapidement entre 1955 et 1962, puis il y eut une période de stagnation et de régression à Présentation globale du projet 11 partir de 1964, à l’exemple de ce qui se produisit dans de nombreux pays africains, à la même époque. Depuis plusieurs décennies, plusieurs projets de vulgarisation piscicole se sont succédés, à Madagascar, pour faire valoir le modèle de monoculture de la carpe. Initié par la FAO en 1977, ce modèle a pourtant rencontré diverses résistances en milieu rural. La littérature piscicole malgache ne mentionne souvent que les cas positifs, mais la plupart du temps les cas malencontreux restent dans l’oubli. Dans tout processus novateur, il convient cependant d’analyser aussi ces échecs, pour en dégager les causes et pouvoir formuler des recommandations plus pertinentes. C’est pourquoi nous avons tenu à expérimenter ce modèle, dans un contexte paysan, pour étudier ses différents paramètres technico-économiques, analyser ses forces et ses faiblesses réelles et définir ainsi son domaine de performance et ses limites. Pendant les années 80 et au début des années 90, l’aménagement de systèmes agricoles de rizipisciculture a connu un renouveau, lorsqu’on a commencé à mieux connaître les problèmes liés à l’utilisation généralisée des pesticides. Dans plusieurs pays d’Asie du SudEst, les rizières sont d’avantage utilisées comme pêcheries naturelles, que comme champs de pisciculture, et on favorise les espèces de poisson autochtone, au lieu des espèces cultivées habituellement (comme la carpe, le tilapia ou le silure). En 1980, la rizipisciculture a été développée avec l’appui des différents organismes internationaux (FAO, FED). La privatisation du secteur d’activité n’a commencé qu’à partir de 1990. La rizipisciculture peut accroître les récoltes de riz (jusqu’à 10 % dans certains cas), tout en fournissant aux agriculteurs une source importante de protéines et un revenu supplémentaire. La mise en œuvre est relativement peu coûteuse et comporte peu de risques. Pour intégrer le poisson à une rizière, les riziculteurs doivent accomplir les tâches suivantes : • ils commencent par creuser un petit bassin ou une tranchée de 0,5 à 1 m de profondeur en zone basse, dans une rizière. Cette tranchée devient un refuge pour le poisson, en période de plantation et de récolte, ou quand l’eau disparaît ou devient rare. Le riziculteur peut ainsi garder le poisson vivant, bien après la saison de croissance. • Les matières d’excavation servent à remblayer le pourtour de la rizière, pour une meilleure gestion des eaux. Les remblais fournissent un sol exondé où on peut faire pousser des légumes ou des arbres fruitiers. Présentation globale du projet 12 • Après l’inondation, on plante le riz. On introduit des alevins de carpe, de tilapia, de silure ou d’autres espèces dans les tranchées. • Au bout de trois semaines, une fois les plantations bien établies, on laisse les poissons pénétrer dans les rizières. • Des compléments alimentaires peuvent être ajoutés fréquemment ou pas du tout, selon les établissements et les conditions locales. • À la récolte ou en cas d’utilisation de produits chimiques, on draine l’eau et on recueille les poissons des tranchées. §2 Avantages du système La rizipisciculture consiste à introduire des poissons dans les rizières en eau, modifiées par la création d’un canal latéral, de quelques fosses-refuges, d’une adduction et d’une vidange étanches aux poissons. Ces derniers, carpes communes et Tilapia, mis à 20-40 g, sont récoltés en fin de cycle rizicole à 300g de poids unitaire, ou plus tardivement, si le site permet une prolongation de la période d’inondation de la rizière. La rizipisciculture offre différentes sortes d’avantages tels que :  recyclage d’éléments nutritifs par le poisson, à la faveur de l’alimentation et du dépôt de déjections dans le sol, d’où une absorption accrue par les plants de riz d’éléments nutritifs comme le phosphore et l’azote.  accroissement des rendements rizicoles qui peut atteindre plus de 10 tonnes par hectare  augmentation des revenus tirés du riz et du poisson.  source sûre d’aliments à valeur protéique pour les agriculteurs qui compense la diminution des stocks de poisson à l’état sauvage dans nombreux pays.  réduction des parasites animaux (insectes comme la cicadelle, le perce-tige et le puceron) et végétaux, parce que les poissons en mangent.  réduction de l’utilisation d’engrais. Présentation globale du projet 13 §3 Inconvénients de la rizipisciculture Comme inconvénients, cette technique :  nécessite une main-d’œuvre abondante (surtout chez les familles pauvres pour qui le temps consacré à cette activité peut remplacer l’investissement en argent),  est une activité à risque (ex. inondation, sécheresse, défoncement de terrain, intoxication, etc.) en comparaison avec la monoculture du riz,  difficulté à stocker convenablement les alevins, qui ne sont souvent pas disponibles au bon moment, en quantité voulue et à la taille désirée,  irrégularité de la pluviométrie et carence en eaux d’irrigation,  éxistence de prédateurs du poisson comme les serpents, qui peuvent abaisser les rendements piscicoles. Il existe de nombreuses méthodes de rizipisciculture. Les techniques varient selon la nature des tranchées, les taux d’alevinage, les espèces de poissons exploitées et les compléments alimentaires. Il importe de considérer cette exploitation en regard des méthodes de culture pratiquées par les agriculteurs locaux. 

NOTIONS GÉNÉRALES DE RIZICULTURE

 La notion générale de pisciculture et de riziculture traite respectivement la pisciculture d’une part, et le riz et les besoins nationaux, d’autre part. §1 La pisciculture Le terme pisciculture désigne globalement toute forme de production de poissons par l’élevage. Elle peut se pratiquer dans l’eau douce, saumâtre, ou dans l’eau de mer. Dans cette étude, on s’occupera seulement de la pisciculture de la carpe en étang de terre. La carpe commune (Cyprinus carpio L.) est un poisson idéal pour la pisciculture en étang. Appartenant à la famille des cyprinidés, elle est apparemment originaire de Chine, où de nombreuses variétés exotiques étaient élevées. Elle fut introduite en Europe à l’époque romaine, et aux États-Unis dans les années 1870, et actuellement, elle est élevée dans presque tous les pays du monde, que ce soit en zone tempérée, sub-tropicale ou tropicale1 . C’est un poisson bien adapté, depuis bien longtemps, à la pisciculture en étang de terre. 1 Collection Microsoft Encarta 2009 Présentation globale du projet 14 Elle a été introduite à Madagascar parce qu’elle : • a une croissance rapide ; • accepte presque tous les aliments ; • s’adapte facilement aux conditions d’élevage ; • est prolifique et résiste aux maladies ; • a une chair de bonne qualité. Les spécialistes ont sélectionné plusieurs variétés, allant d’un spécimen complètement recouvert d’écailles, à celui complètement dépourvu d’écailles, en passant par celui qui ne possède qu’une ou deux rangées d’écailles. La forme peut être différente, d’une variété à l’autre. Ces variétés sont appelées variété commune, variété miroir, variété royale et variété à cuir1 . Les variétés sélectionnées qui ont un rapport hauteur/ longueur plus élevé, ont une croissance nettement meilleure que les variétés sauvages qui, dégénérées, reviennent à la forme ancestrale. La carpe commune qui a une grande résistance thermique, supporte des températures d’eau allant de 4 à 40°C : o elle a une croissance optimale à une température d’eau de 23 à 25°C ; o elle se reproduit quand la température de l’eau est supérieure à 18°C ; o en dessous de 15°C, elle s’alimente peu et sa croissance est fortement réduite ; o en dessous de 10°C, elle hiberne : elle cesse de s’alimenter et ne grossit plus du tout (elle peut même perdre du poids, jusqu’à ce que l’eau se réchauffe). L’étang piscicole est une pièce d’eau peu profonde, utilisée pour l’élevage contrôlé du poisson en eau stagnante, et aménagée, de telle sorte qu’elle puisse être aisément et entièrement mise à sec. Quand un pisciculteur a plusieurs bassins groupés qu’il exploite économiquement, on peut parler d’une ferme piscicole. Dans ce cas, il y aura probablement différents types de bassins pour le stockage d’alevins, la reproduction et le grossissement, selon le type d’élevage qu’il veut pratiquer. A part le Paratilapia polleni (marakely) qui est une espèce autochtone de Madagascar, toutes les espèces utilisées actuellement en pisciculture à Antananarivo ont été importées; la plus ancienne c’est le cyprin doré Carassius auratus (trondro gasy).

Le riz et le besoin au niveau national

Madagascar est un pays de longue tradition rizicole. La riziculture occupe une part considérable dans la vie courante et économique du paysan malgache. Les 2 035 000 tonnes environ produites par quelque 1 871 051 riziculteurs à Madagascar ne couvrent pas la demande du marché intérieur. La consommation moyenne étant de 138 kg / an par habitant en milieu rural et 118 kg par an en milieu urbain1 . L’approvisionnement en riz des régions qui ne produisent pas ou pas assez est assuré par les six zones de production. Le déficit étant toujours comblé par l’importation qui est estimée à 200 000 tonnes environ pour l’année 20031 . Le développement de la filière riz est entravé par des problèmes de production et de commercialisation, en l’occurrence des conditions climatiques défavorables (dépressions ou cyclones tropicaux et amplitude de variation des pluies), l’enclavement de certaines zones de production, un prix au producteur peu incitatif, l’état défaillant des réseaux d’irrigation, une mauvaise maîtrise de l’eau, un faible taux d’équipement, une faible utilisation d’intrants, une faible application d’itinéraires techniques améliorés, des coûts élevés de main d’œuvre, la rareté et la cherté du crédit et l’insécurité foncière. Le riz a une importance économique et politique à Madagascar. C’est le principal produit cultivé par la vaste majorité des ménages ruraux, et le principal aliment de base, comptant pour 48% de la consommation totale en calories. En outre, c’est un important produit de vente dont le prix influence indirectement les revenus réels de la plupart des ménages. Malgré les efforts des gouvernements successifs pour augmenter la productivité et la production agricole, le secteur rizicole à Madagascar est resté statique, pendant assez longtemps. Le riz est généralement cultivé selon des techniques traditionnelles. L’adoption de variétés modernes a été négligeable et l’utilisation d’engrais est restée à environ 10Kg/ha, bien en dessous de la plupart des autres pays où le riz est la principale culture. Le rendement moyen du paddy reste faible, soit 2,6T/ha. Ces 35 dernières années, la production rizicole n’a augmenté que de 1,2% par an, ce qui reflète les effets combinés relatifs à la lente progression de ce domaine (0,5% par an), et une croissance molle de la productivité (0,7% par an). Cependant, la population a crû à un taux annuel de 2,7%. Par conséquent, la production rizicole par habitant a baissé de : 275Kg/hab./an en 1970, à 179Kg/hab./an en 2004. La plupart du riz produit à Madagascar est 1 J. RAKOTOARISOA, année 2006 1 Midi Madagascar n° 6306 2004 Présentation globale du projet 17 destinée à la consommation domestique. Sur toute la production de paddy d’environ 4 millions de tonne, seul le quart ou le tiers est écoulé sur le marché. Madagascar est le plus grand producteur de riz de l’Afrique subsaharienne, mais il lui faut encore en importer pour satisfaire les besoins de la consommation nationale. Ces trois dernières années, la consommation moyenne annuelle de riz était de 2,5 millions de tonnes par an, où 150 000 à 300 000 tonnes était du riz importé

Table des matières

REMERCIEMENTS
LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES
GLOSSAIRE
INTRODUCTION GÉNÉRALE . E
PREMIÈRE PARTIE:PRÉSENTATION GLOBALE DU PROJET
CHAPITRE I : INFORMATIONS GÉNÉRALES . S
Section I : LA NOTION DE RIZIPISCICULTURE
Section II : NOTIONS GÉNÉRALES DE PISCICULTURE ET DE RIZICULTURE
Section III : CHOIX DE L’IMPLANTATION DU PROJET
CHAPITRE II : ÉTUDE DE FAISABILITÉ ET DE STRUCTURE ORGANISATIONNELLE
Section I : ÉTUDE DE MARCHÉ
Section II : POLITIQUES ET STRATÉGIES MARKETING À ADOPTER
Section III : ÉTUDE ORGANISATIONNELLE
CHAPITRE III : ÉTUDE TECHNIQUE . E
Section I : IDENTIFICATION DES TECHNIQUES ADOPTÉES
Section II : TECHNIQUE DE RÉALISATION
Section III : CONDUITE D’ÉLEVAGE
DEUXIÈME PARTIE:CONDUITE ET ÉTUDE FINANCIÈRE DU PROJET
CHAPITRE I : LES COÛTS DES INVESTISSEMENTS
Section I : LES INVESTISSEMENTS NÉCESSAIRES
Section II : LE PLAN DE FINANCEMENT
Section III : LES COMPTES DE GESTION
CHAPITRE II : ÉTUDE DE RENTABILITÉ . É
Section I : COMPTE DE RÉSULTATS PRÉVISIONNELS
Section II : BILAN PRÉVISIONNEL
Section III: PLAN DE TRÉSORERIE
CHAPITRE III : ÉVALUATION ET IMPACTS DU PROJET
Section I : ÉVALUATION SOCIO-ÉCONOMIQUE DU PROJET
Section II : ÉVALUATION FINANCIÈRE
Section III : LES IMPACTS DU PROJET
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE.
ANNEXES
LISTE DES ILLUSTRATIONS

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