LA POLITIQUE DU GEL DES LOYERS

LA POLITIQUE DU GEL DES LOYERS

Pour comprendre la situation socio-éco géographique, il est nécessaire d’étudier l’évolution politique et sociale du Portugal de l’après guerre à aujourd’hui. C’est la conjonction des politiques locales, nationales, supranationales, et des effets de mondialisation, de standardisation des villes européennes à partir de théories néolibérales qui permettent d’expliquer en partie la construction sociale de la ville de Porto.Nous allons, dans cette première partie, présenter les principales raisons, qui nous ont semblé être à l’origine du déclin sociodémographique du centre ville de Porto. Deux . Il est clair que l’explication d’un phénomène social complexe ne peut se résumer à ces quelques pages. La recherche a donc volontairement été orientée et simplifiée afin d’avoir un aperçu relativement juste de ces processus. Pour comprendre l’état de délabrement de Porto, il est nécessaire de retourner à la Loi de 1946, sous la dictature, instaurée par Salazar. Cette loi prévoyait le gel des loyers (d’habitations et de commerces) dans les zones urbaines de Lisbonne et Porto. Cette mesure d’intérêt social avait pour objectif de permettre l’accès au logement des classes les plus pauvres en les mettant à l’abri des phénomènes d’inflation. En plus de garantir le maintien des loyers pendant des années, elle assurait la transmission du contrat de location aux descendants des occupants après le décès de ces derniers indépendamment de la volonté du propriétaire. L’instauration de cette loi avait une grande portée politique, elle permettait un relatif calme des classes populaires, alors que le Portugal ne bénéficiait pas des « avantages » économiques de ses voisins dus à la reconstruction d’après guerre.

La première période s’est caractérisée par une politique très traditionnaliste. La volonté du dictateur fut de rééquilibrer le budget de l’Etat, ainsi que de faire de l’escudo une monnaie forte. L’escudo sera d’ailleurs une des monnaies les plus fortes du monde. Toutefois, ces résultats sont obtenus au prix d’une politique économique étriquée : refus de grands investissements industriels, refus de grands travaux de génie agricole, refus d’investissements scolaires. Salazar veut conserver au Portugal son caractère de paysagricole. Pour réduire les importations, l’accent est mis sur la production nationale de blé et ce, au détriment de cultures plus rentables. La stabilité de la monnaie n’est acquise qu’au prix d’une contraction du marché intérieur et le niveau de vie baisse régulièrement jusqu’en 1939. Par la suite, la prospérité engendrée par une habile neutralité pendant la Seconde Guerre mondiale ne profite qu’à une minorité. Cette politique nationaliste et autoritaire permit au Portugal d’éviter les guerres, mais fût au détriment de l’économie du Pays, donc au détriment des populations. On observa jusqu’en 1953 une diminution du niveau de vie, qui peut être corrélée à l’instauration de la loi de 1946 relative au gel des loyers.

A partir de 1953, l’échec économique est affiché. On peut dire, d’une certaine façon, que c’est la « chute » du Salazarisme. On assiste à une ouverture du marché portugais à l’économie mondiale et au développement de l’industrie. Cette période se caractérisa par un fort essor économique et une hausse du niveau de vie. Elle perdura jusqu’aux prémisses de la désindustrialisation. L’essor économique permit de commencer à répondre aux problèmes sociaux, par des politiques de logements en 1962 qui prévoyait de développer un « Quartier des affaires » dans la « downtown » périphérique au centre historique. « A la fin des années 1960 on compte que beaucoup de familles (20%) de la classe populaire pauvre du centre historique ont été relogées en périphérie. Néanmoins, pour les populations qui y restent, les problèmes sont d’activités » (Queirós, 2009). Cette politique ne fut dans de nombreux cas jamais mise en pratique, surtout dans le centre historique. Les seules institutions à intervenir dans les initiatives de logements publics furent systématiquement l’église catholique et les organisations associées.A partir de 1953, les contestations vont se faire de plus en plus virulentes face au pouvoir politique, sur fond de débâcle coloniale. Après la mort de Salazar en 1970, le nouveau régime autoritaire de Marcelo Caetano sera renversé le 25 Avril 1974 par les militaires, ce sera la Révolution des Œillets. Les militaires organiseront de nouvelles élections afin de mettre en place un état démocratique. Il aura fallu attendre ce changement de gouvernement pour voir « la première initiative de l’état concernant le renouvellement urbain et de l’habitat pour le centre historique de Porto (figure 1). Depuis cela, celui-ci a été témoin de ce qui a été appelé par ailleurs « trois générations de politiques urbaines » (Queirós J. , 2007) » (Queirós J. , 2009). Nous allons dans la partie suivante discuter des différentes politiques ayant engendré ou n’ayant pas su répondre, aux problèmes du centre de Porto, ainsi que de leurs conséquences. Mais également des événements notables ayant favorisé ce déclin sociodémographique ayant.

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