La violence à l’école secondaire et la persévérance scolaire des élèves qui en sont victimes

La violence à l’école secondaire et la persévérance scolaire des élèves qui en sot victimes. Depuis quelques années, la lutte contre la violence est devenue un thème central en matière d ‘éducation au Québec. Ce phénomène s’avère impOltant puisqui 1 entretient des relations étroites avec la toxicomanie, la dél inquance, l’abandon scolaire et bien d’autres conséquences psychologiques, sociales et scolaires qui affectent l’adaptation scolaire des élèves (Vitaro et Gagnon, 2000). Bon nombre d’é lèves sont directement conce rnés par la présence de violence dans les éco les, car différents acteurs y participent. Les études identifi ent trois principaux acteurs impliqués dans les manifestati ons de vio lence à l’école: les auteurs, les cibles et les témo in s (Bouvier, 1999; Ga illard, 2004). Quelques cherche urs tentent de comprendre la re lation e ntre la victimi sation par les pai rs et les effets enge ndrés sur le déve loppeme nt des adolescents. Cependant, peu de recherches se sont intéressées à la victimisati on pa r les pa irs au Q uébec jusqu ‘à ma intena nt. La sect ion sui va nte présente un portra it du phénomè ne de la victimi sation par les pa irs da ns les éco les québécoises. La situati on de la v ictimi sation par les paIrs da ns les m ili eux sco la ires s’avère préoccupante. Que lques travaux ayant pOl1é sur sa prévalence auprès des ado lescents permettent d ‘ indiquer la présence é levée d ‘actes de vio le nce da ns les écoles seconda ires (Beaulie u, 2007; Desbiens, Ja nosz, B owe n, C ho uinard et Bé lange r, 2004 ; Institut de la stati stique du Q uébec, 1999). A insi, l’ In stitut de la statistique du Q uébec ( 1999) ra pporte que les jeunes âgés de 9 et 16 ans sont victimes d ‘actes de vio lence à l’éco le. C hez les j e unes âgés de 9 a ns, plu s des deux tiers des ré ponda nts révè le nt avo ir subi a u mo ins un acte de vio lence depui s le début de l’ année scola ire . To utefois, le tiers des j eunes âgés de 16 ans relatent le même état de s ituation, montrant a in si que le nombre de victimes te nd à diminue r a vec l’âge.

Par a ille urs, les trava ux montrent l’ importance de porter une attention partic uli è re à la nature des actes de vict imi sati on perpétrés envers les vict imes, car les é lèves se ra ie nt plus souvent victim es d ‘ actes de vio lence ve rbale que d ‘ actes de vio le nce phys ique. Plus préc isément, Des biens el al. (2004) indiquent que 34,3 % des é lèves du seconda ire sont victimes d ‘actes de vio le nce ve rba le (menaces) et 16,3 % d ‘actes de vio lence phys ique (bagarres). A insi, la victimi satio n ve rba le sembl e occupe r une pl ace pré pondé rante dans la vie des ado lescents. Les trava ux de Bea ulieu (2007) sembl ent appuyer cette tendance en rapporta nt que les é lèves victimes sont plu s souve nt la c ibl e d ‘ actes de grav ité mineure (in sultes, humiliat ions ve rba les, menaces verba les, vo ls) que d ‘actes de grav ité maje ure (a ttaques phys iqu es) . To ujo urs se lon cette recherche, le nombre de victimes varie selon la gravité des actes de violence. Ainsi, plus la gravité des actes de violence portés envers les jeunes est majeure, plus la fréquence des actes et le nombre de victimes diminuent. Parmi les travaux qui s’intéressent aux facteurs susceptibles d ‘i nfluencer la nature et l’ inten sité des actes de violence dans les écoles, certains d’entre eux attribuent, d ‘abord, un rôle important au sexe des élèves tandis que d ‘autres ne semblent pas appuyer cet élément.

D ‘ une part, Desbiens et al. (2004) montrent que les garçons seraient plus souvent victimes de violence verbale et physique que les fill es. D ‘autre part, une récente étude (Beaulieu, 2007) indique, au contraire, que les formes de victimisation ne seraient pas influencées par le sexe des élèves. Ainsi, le sexe est un facteur qui pourrait affecter la victimisation par les pairs. De plus, d’autres caractéristiques ont aussi été identifiées par les auteurs (Craig, 1998 ; Hazler, Green, Powell et Scott-Jolly, 1997 ; OJweus, 1999). Entre autres, certains traits physiques (petite constitution physique, faible poids), psychologiques (faible estime de soi, faible perception de soi, sentiment d ‘échec, faible sentiment de contrôle sur la situation, se blâmer des problèmes rencontrés), sociaux (avoir peur des autres, habiletés sociales déficientes, difficultés à établir des relation s avec les pairs) et scolaires (avoir peur de l’éco le, diminution du rendement scolaire) ont été observés chez les élèves qui sont victimes. La préd isposition de ces jeunes à devenir davantage la cible d’actes de violence s’expliquerait en partie par leur plus grande vulnérabilité. Enfin, la victimisation par les paIrs n’est pas sans conséquence pour les élèves qui en sont répétitivement la cible. Entre autres, la persévérance sco laire de ces victimes peut être affectée par l’augmentation des sentiments dépressifs, la diminution de la motivation et du rendement scolaires ainsi que le déclin du sentiment d’efficacité personnelle (Potvin et al., 2004). La prochaine section présente de récentes recherches portant sur les conséquences engendrées par la victim isation par les pairs sur la persévérance scolaire des élèves.

La victimisalion par les pairs et la persévérance scolaire

Plus ie urs facte urs liés à la victimi satio n sont susceptibles d’affecter la pe rsévérance scola ire des é lèves. Parm i ceux-c i, la recherche semble appuyer l’ impo riance qu ‘occupent les tro ubles inté ri ori sés te ls que la d é pres~ i o n ou l’anxiété dans la persévérance scola ire. D’ une pa rt, la dépression est un ensemble de sym ptômes qui se réperc ute nt sur le rendement scola ire. La perte d’ intérêt gé néra l, l’ insomnie, la diminutio n de l’énergie, les sentiments de dévalori satio n, le m anque de concentrat ion, l’ ambi valence, les idées s ui c ida ires et le suic ide sont des é lé me nts qui caractérisent les indi vidu s aux pri ses avec des senti ments dépress ifs (A meri can Psychiatri c Association, 1996). D ‘autre part, les actes de v i ctimi s~ti o n chez certai ns é lèves pe uvent entraîner le développement du synd rom e de stress post-traumatique caractérisé par une diminution de la concent rat io n, de l’ irritabili té, des ag itat io ns nerve uses et de l’i nquiétude (Wong el al., 2007). L’ intens ité de ces symptômes affectera aussi le rendement scola ire des é lèves victimes. Ai ns i, les travaux de recherche montrent q ue l’augmentati on des sentiments dépressifs/anx ie ux et la d im inutio n du rendement sco la ire sont so uve nt o bservées chez les victimes. Ces de ux éléments liés entre eux sont déterminants dans l’adaptati o n et la persévérance sco la ires des ado lescents. En ce sens, les recherc hes poriant sur la vio lence à l’éco le et les troub les intério ri sés so utienne nt que les expéri ences de victimi sation sont pari iculièrement préoccu pa ntes en ce qu i concern e le décrochage sco lai re. D ‘ abord, la violence à l’éco le a été ide ntifi ée comme un prédicteur important du décrochage sco la ire. Se lon B laya (2005), 80,0 % des j e unes ayant décroché o nt été victim es ou a uteurs d’actes d ‘ agression o u intimidés à l’ école de faço n répétée. Pour plusieurs d ‘ entre eux, des symptôm es liés à des tro ubles in téri o ri sés ont a uss i été déce lés. Plus préc isément, les troubles intéri o ri sés assoc iés a ux victimes ou aux auteurs de vio lence peuvent ma rquer le re ndement scola ire, l’estime de so i, la perception que possède le jeune de ses ha biletés sco la ires et ses aspi rations scola ires (Beaulie u, 2007 ; B laya, 2005 ; Hawker et Bo ulto n, 2000 ; Ho lt et Espe lage, 2005 ; Institut de la stat istique du Q ué bec, 1999) .

En part ic ulier, Perron, Gaud reault et Ve illette (2001 ) ont a na lysé les stratégies sco laires et le vécu psychoaffecti f (fa ible estim e de so i, idées suic idaires et désarro i psycho logique) des fill es et des garçons du seconda ire. Dans cette recherche, le désarroi psycho logique des ado lescents apparaît comme étant un des facteurs qui influe nt sur la perception de so i et notamme nt, sur la perception des ha biletés cognitives que possède l’élève à son égard. La perception qu ‘ un é lève a de ses propres habiletés sco la ires influence ses accomplissements pédagogiques (Corbière, Fraccaroli, Mbekou et Pe rron, 2006 ; G iota, 2006) . Bie n que cette re lation soit complexe, les j eunes ayant un faibl e rendement sco la ire tendent à éva luer leurs compétences à la baisse, à adopter de fa ibles prév is ions quant au succès futur et à déprécier le urs di sc iplines sco laires. La dim in ution de la perception de so i chez les é lèves aya nt des di ffi cul tés psycho logiq ues constitue donc un facteur à considérer lorsqu ‘ il s’agit des objecti fs sco laires visés par l’élève. Perron el al. (2001) indiquent également que plus le désarro i psyc ho logique des j eunes est sévère, plus le ur aspiration sco lai re diminue se lon l’ord re des secteurs de fo rmati on que préconise le système.

Enfin , la portée de la vio lence chez les j e unes s ‘ avère un problè me suffi samment préoccupant pour penser que le secteur d ‘ études vers lequel des élèves victimes souha itent se dirige r en so it influe ncé. Q ui plu s est, les reche rches porta nt sur le décrochage sco la ire identifie nt plusie urs prédi cte urs de ce phénomène. Parmi l’ensemble des facte urs pouva nt affecter cette orientati on, l’ intensité des sentiments dé pressifs de l’ élève, le ma nque d ‘engagement de l’é lève dans les acti vités ·sco la ires a insi que la fa ible performa nce e n mathématique et e n français représentent de pui ssants déterminants de l’abandon des études (Potvin el al., 2004). En pa rticuli er, les travaux du M ELS (2008b) renvo ient le décrochage scolaire à la proportion de la populati on ne fréquentant pas l’ éco le sans avo ir obtenu de diplôme du secondaire. Les diplômes du secondaire considérés sont le diplôme d ‘ études seconda ires (DES), le dipl ôme d ‘ études professionne lles (DEP), l’attestation de spécialisation professionnelle (AS P) et le certificat en fo rmation en entreprise et de récupération (CFER). En 2006, 19,0 % des j e unes de 19 ans, 16, 1 % de ceux de 18 a ns et 10,2 % de ceux de 17 a ns ont décroché de l’ école (MELS, 2008b). Ces études établi ssent a ins i l’ importance de plusieurs é léments à considérer da ns la vie d ‘ un j eune po ur ex pliquer la persévérance scolaire. Enfin, la litté rature sc ientifique semble appuyer l’ importance des réperc uss ions psycho logiques et sociales de la victimisation par les pairs qui se module ro nt sur la persévé rance scola ire des élèves. Cependant, pe u d’ études ont jusqu ‘ ic i examiné les intentions des j eunes à persister à l’éco le au moment où ces de rniers sont victimes de violence. La prochaine secti on montre ains i qu ‘ il est légitim e de cro ire que les aspirations scola ires pui ssent être distinguées par la victimi sati on pa r les pairs, notamment celles à la formation profess ionne lle.

Table des matières

RÉSUMÉ
ABSTRACT
L ISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES SIGLES ACRONYMES
INTRODUCTLON
PROBLÉMATIQUE
l.1 La violence à l’école secondaire et la persévérance scolaire des élèves qui en sont victimes
1.2 Les parcours scolaires qualifiants et le secteur de la formation professionnelle au secondaire
1 .3 L ‘orientation des jeunes ayant des difficultés vers le secteur de la formation professionnelle
1.4 Les aspirations scolaires des adolescents aux différents secteurs de fondation..
1.5 Problème et question de recherche
CADRE THÉORIQUE
2.1 Les aspirations scolaires des adolescents
2.2 La victimisation par les pairs
2.3 Les aspirations scolaires à la formation secondaire des é lèves victimes de violence par les pairs : état de la situation
2.4 Hypothèses
M ÉTHODOLOGI E
3. 1 Participants
3.2 Instruments de mesure
3.3 Procédure
3.4 Plan d ‘analyses statistiques
RÉSULTATS
4. 1 Les caractéristiques liées aux aspirations scolaires et aux formes de victimisation par les pairs
4 .2 Les formes de victimisations liées aux aspirations scolaires des élèves du secondaire 88
DISCUSSION
5. 1 Aspirations scolaires des répondants, leur perception de la formation professionnelle ainsi que la nature et l’intensité de la victimisation par les pairs vécue
5.2 Description des aspirations scolaires à la formation seconda ire et la perception de la formation professionnelle des victimes de violence par les pairs
CONCLU SION
RÉFÉRENCES
ANNEXES
Annexe A. Le système scolaire au Québec
Annexe B. Questionnaire sur les aspirations professionnelles
Annexe D. Tables des contingences des as pirations scolaires selon le sexe, le cheminement scolaire et l’indice de milieu socioéconomique
Annexe E. Tables de contingence de la perception de la formation professionnelle selon les aspirations scolaires des élèves
Annexe F. Tables de contingences de la victimisation par les pairs selon le sexe, le cheminement scolaire et l’indice de milieu socioéconomique….
Annexe G. Table de contingences des aspirations scolaires des élèves victimes selon le sexe, le cheminement scolaire et l’indice de milieu socioéconomique
Annexe H. Tables de contingence de la perception de la formation professionnelle des élèves victimes de violence par les pairs

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